A l'instar de Thin Lizzy, UFO n'a jamais été reconnu chez nous à la hauteur du talent qui était le sien. Légendaire en Angleterre, trait d'union entre les mastodontes hérités des sixties et la NWOBHM, le groupe a oeuvré pour que d'autres brillent.
Il est cocasse de découvrir que ce mois d'octobre 2024 (!!!) est animé par deux membres, pas les moindres, issus de la formation intersidérale. Michael Schenker, moins original, propose une relecture des classiques disséminés par UFO au fil des albums en s'entourant d'une multitude de chanteurs invités pour incarner Phil Mogg. Et c'est là que le bât blesse. Aucun n'est à l'aise dans ses baskets, la pointure est trop grande. Axl Rose ne fait pas exception en s'attaquant à Love to love. On peine à le reconnaître tant sa voix est usée. Pour le reste, ce sont des versions compressées pour sonner plus heavy que les inatteignables originaux.
Là où bonne surprise il y a, c'est du côté de Phil Mogg, justement. De lui, je n'attendais plus rien depuis longtemps, depuis Making Contact en 1983 précisemment. 1983, l'ovni se crashe tandis que Thin Lizzy domine l'année sur deux fronts, la sortie de Thunder and Lightning, ultime et sublime album du groupe, mais aussi celle d'Another Perfect Day de Motörhead, unique album, hélas, gravé en compagnie de Brian Robertson. Là aussi, de bien des façons, dernier album du groupe à mériter de porter ce nom.
Bref. Phil Mogg. Mogg's Motel pour être exact. Un putain de foutu disque de Hard Rock (à papa, certes). Une claque. Difficile à décrire. La première chose qui m'est venue à l'esprit est l'album Abattoir Blues de Nick Cave ! C'est dire si le décrire va être coton. La sensation persiste au fil des écoutes, donc il doit bien y avoir quelque chose de ça dans l'ambiance générale qu'il dégage. Peut être le timbre de Mogg qui plonge dans les graves sans rien perdre de sa superbe. Peut être, aussi, la soul contenue dans des chansons qui ne sont jamais que la meilleure expression d'elles-mêmes.
Trouver l'origine d'un tel regain de pertinence provenant d'un homme de 76 balais, victime d'une crise cardiaque il y a moins de deux ans, ne sera pas moins étriqué. Peut-on encore parler de phénomène surnaturel en matière de musique populaire ? De force intercosmique ? Ce type que le corps médical voulait envoyer à la casse défend en ce moment même son disque sur scène, quelque part ce soir, ailleurs demain. Ce disque dont le peu que je sais de l'enregistrement c'est qu'il a eu lieu dans le studio de Steve Harris et qu'il a été mené par Tony Newton, bassiste des sympathiques Voodoo Six (auxquels il ne manquait finalement qu'un chanteur pour être un peu plus que celà) mais aussi ingénieur du son pour Iron Maiden. Pas mal. Ici co-compositeur de la totalité de l'album, il multiplie les talents et dote des chansons qui ne surprendront aucun aficionado d'UFO d'arrangements dont l'intelligence signe les disques qui survivent aux écoutes attentives. Tantôt à travers d'arrogants choeurs féminins, Sunny side of heaven, Princess bride, Tinker Taylor, ailleurs en additionnant les guitares comme sur l'efficace Apple pie qui ouvre les débats, chaque titre à droit à son traitement de faveur, à sa construction astucieuse. A la six cordes, même si l'on croirait Gary Moore ressuscité le temps d'un Storyville placé en conclusion, s'illustre Tommy Gentry, guitariste des médiocres Raven Age, qui fait ici un boulot impeccablement positionné entre tradition et modernité. Point trop n'en faut. Aux claviers et seconde guitare, Neil Carter, ex UFO des années de disette. Aux tambours, Joe Lazarus dont je ne sais rien sinon qu'il confirme la Maiden connection puisqu'il est, de son état civil, le neveu de Steve Harris, là où le leader de Raven Age en est le fils.
Tout ça pour dire que l'album pue l'Angleterre, la crucifixion par le blues et l'alcool, cherchez pas de hit calibré FM là dedans. Bien entendu, pour toutes ces raisons, c'est en Amérique (du sud ?) qu'il a le plus de chance de trouver son public. C'est dire si je cause dans le vide.
Hugo Spanky
Ce papier est dédié à Paul Di'Anno et Christine Boisson
Alors ? comment va ? ça fait une paye que chuis pas passé par la, j'écoute Aerosmith du coup ça m'a m'a fait penser a vous autres toujours la niake ? ouais sur, j'ai pas lu l'article j'y reviendrais hein ah que que coucou
RépondreSupprimerHa !? Ben... chat alors ! Je ne m'attendais pas à le trouver ici, celui-là : le "Mogg's Hotel". M'enfin, voilà bien un disque qui ne m'éveillait aucune envie, pas la moindre once de curiosité. D'autant plus que les dernières sorties des "grosses pointures" - galette "blues" du Slash comprise, ainsi que le Mr Big et mister Kotzen - sont dans l'ensemble un peu décevantes (y'a forcément toujours du bon, ce ne sont pas des vieux briscards pour rien 😉). Jusqu'à la présente bafouille. Maintenant, il va falloir que j'y prête une esgourde 😊
RépondreSupprimerC'est vrai que les UFO ère-Schenker sont particulièrement bons, parfois même flamboyants. Quelques beaux retours aussi, avec notamment "Walk on Water" (avec Schenker) et, plus étonnamment, avec "You Are Here" et "The Monkey Puzzle" avec un Vinnie Moore mesuré, tout en retenu (voire, occasionnellement, presque bluesy. Etonnant, non ? 😲 )
Je ne m'attendais pas non plus à écouter cet album, je suis tombé dessus par hasard sur bandcamp et il m'a accroché pour les mêmes raisons que les albums de UFO en d'autres temps. Des compositions solides, de la personnalité, des arrangements malins, des exécutants qui vont à l'essentiel. Le tout sans chercher à refaire Lights Out ou No Heavy Petting. J'étais d'autant plus surpris que je me penche rarement sur les albums des vieilles gloires ratatinées qui, trop souvent, se contentent d'enchainer les clichés. Celui ci est doté d'une fraicheur tout à fait étonnante. Tu me diras ce que t'en penses.
SupprimerBon ben... voilà... ce n'était pas au planning, mais j'ai capitulé. Quelques titres ont suffit à me séduire. Décidément, ma CDthèque ne cesse de s'agrandir 😲
SupprimerJe n'irai pas jusqu'à dire que tout est du même tonneau, mais il y a effectivement dans ce "Mogg's Hotel" quelques belles pièces de heavy-rock efficace. Et ce, sans redondances et sans trop de clichés qui minent trop souvent ce genre de production. De plus, Mogg n'essaye pas d'en faire trop, adaptant autant sa musique que sa voix à ses capacités actuelles, forcément réduites.
Ha oui, ça me fait penser à ces groupes de hard, genre Great White, qui avaient un ou deux super titres mais qui tenaient pas l'album. Seulement là ça tient tout l'album. De titre en titre pas facile de se décider, pour l'instant je me suis repassé "I Thought.." Et Quant aux des intro frimes, j'adoooore à condition que le démarrage ne fasse pas pshiiit... Et ici? Ça marche "Other People.." lent lourd et au passage super la voix. UFO faudrait qu'on en recause, tu avais fait un papier qui poussait bien l'écoute.
RépondreSupprimerJ'avais oublié ce papier, merci, je l'ai mis en réverbération. Je ne vois pas trop ce que je pourrais y ajouter, par contre j'incite tout le monde à oeuvrer pour la cause.
SupprimerPete Way est mort depuis, non sans avoir sorti son autobiographie. Faut avoir l'estomac bien accroché, son existence est une dramatique suite de nuits blanches, d'overdoses et de compagnes menées à la tombe pour avoir partagé un rythme de vie qui ferait passer celui de Lemmy pour un parcours de santé. Faut aussi ne pas être découragé par l'anglais, le livre n'a pas été traduit. A ce propos faudra m'expliquer pourquoi les livres sont dispos en italien, en allemand, en espagnol et jamais en français. L'exception culturelle ?
Phil Mogg, lui, est toujours parmi nous et garde fermement le cap. Comme tu le soulignes, ce qui est épatant avec son album c'est qu'il tient le haut du pavé du début à la fin. Un vrai bonheur. Phil Mogg a bien fait d'abandonner toute idée de retraite, sa voix a pris une patine dont il serait cruel de nous priver.
Ouaip... la littérature "rock" chez les fromages-qui-puent est un mystère ; elle s'évertue à se limiter aux éternels Beatles, Rolling Stones, Pink Floyd et Hendrix (là, on croule carrément sous la masse - où il y a à boire et à manger), suivi désormais de près par Springsteen, Led Zeppelin, Nirvana, Maiden, Cure, Metallica et... Johnny Halliday. M'enfin ! Heureusement que certains éditeurs, tels que le Castor Astral, Le Mot et le Reste et Camion Blanc, se sont remontés les manches. Même s'ils semblent s'essouffler... et tourner un peu autour des mêmes groupes et artistes.
SupprimerUn bouquin sur le long parcours, semé de chutes, d'espoirs et de gâchis, doit être assez sympa. Y'a d'la matière 😉
Le mot et le reste et le castor astral avaient bien commencé, avant de rentrer dans le rang du tout pour la subvention. Camion Blanc n'a jamais fait les efforts nécessaires en terme de qualité des traductions (à quoi s'ajoute une ligne éditoriale sulfureuse qui leur a valu le boycott des distributeurs bien pensants). Allia domine les débats, mais demeure trop élitiste. Pour faire simple, comme pour le cinéma, préférez les V.O.
SupprimerJ'adore les éditions Allia. Elles ne sont pas élitistes à moins de considérer que lire est déjà une activité élitiste. J'en profite pour recommencer le livre de Richard lloyd...qui n'est pas traduit en français. Bonne continuation. Julien depuis Quimper
SupprimerJ’apprécie énormément Allia, leurs publications consacrées au mouvement rock (sens large) sont ce qui se trouve de meilleur en langue française. Elles sont quand même très peu nombreuses et traitent plutôt de la sociologie qui entoure un genre musical comme Can’t stop won’t stop le fait pour le hip hop.
SupprimerC’est parfait ainsi. N’empêche que je les vois mal publier l’autobiographie de Pete Way ou un pavé sur le death metal en milieu urbain. J’espère me tromper, ce serait passionnant a lire.
J'dois avoir un truc ou deux d'Allia (je ne garde pas tous les bouquins que j'achète ), mais il me semble que cette boîte n'est pas vraiment prolifique.
SupprimerPar contre, j'ai quelques bouquins de Camion Blanc qui ne m'ont pas déplus. En dépit, effectivement, d'évidents défauts de traduction, quand ce ne sont de grosses coquilles récurrentes sur des auteurs français. Visiblement, le personnel doit être réduit préposé à la relecture et correction doit être réduit.
Je ne sais pas si ce modeste éditeur, Camion Blanc, a vraiment une réputation sulfureuse, mais apparemment leur commercial est soit débordé, soit souvent en vacances... Car un pote disquaire n'avait pas eu de réponse lorsque, il y a maintenant des années, il avait essayé de les contacter pour étoffer sa boutique. D'autre part, une grosse enseigne possédant un bel espace culturel (du moins, celui de ma région), a arrêté la vente parce que non seulement les invendus n'étaient pas repris, mais aussi parce que ce n'était pas toujours très réactif sur les commandes (délais annoncé d'environ un mois...). Problèmes inhérents aux petites structures ?
Je sais pas trop comment ils fonctionnent mais le résultat est bizarre. Des centaines de références en quelques mois puis plus rien ou presque. Et une mise en place anarchique. Je sais que la fnac n’en veut pas. Et aussi que certains ouvrages sur le satanismes et ses dérivés leur valent une réputation politique qui passe mal dans le milieu culturel. On connaît la musique, on a vu le film aux US avec les procès d’un autre siècle et aussi l’affaire des 3 de Memphis. Alors le vrai du faux...va savoir.
SupprimerEn ce qui me concerne j'ai renoncé aux auteurs français, aucun ne fait d’enquête, leurs livres rabachent banalités et vieux avis des magazines dont on a lu en leur temps les nombreuses âneries. Ce qui craint c’est qu’effectivement les traductions d’ouvrages anglosaxons autrement plus serieux sont faites par google traduction )))
Résultat, je buche mon anglais en lisant en V.O (en bonus, les livres sont moins chers qu’en edition FR)
Tout pareil !!! J'ai lu "everything IS combustible" de Richard lloyd et j'attaque "dancing with myself" de Billy Idol. Je ne suis pas déçu. A bientôt. Julien
SupprimerHa, oui, mais le versant sulfureux, c'est sous Camion Noir 😁 "Pas pareil" 😄😉
SupprimerNon, effectivement, c'est la même boîte, mais sur le net, les responsables ont bien scindé les deux entités.
Sinon, c'est vrai qu'il semble y avoir quelques bouquins particulièrement tendancieux, carrément malsains pour certains. Il y a aussi du grand n'importe quoi.
Ha, oui, l'Anglais... Ils ne pourraient pas parler Français, les Anglais !!! M'enfin ! Pour ma part, je ne suis pas, hélas, assez bon en la matière (euphémisme) - même mes enfants se foutent de ma gueule. Pourtant, il y a des années, j'avais réussi à parler longuement musique avec un Ecossais 😲 Etonnant, non ? ... Bon, on était tous les deux passablement éméchés 😄 (comme quoi...)
Cela me rappelle des personnes passionnées d'Heroic-fantasy qui lisaient en Anglais, parce qu'elles estimaient (à l'époque) qu'en la matière on ne trouvait pas grand chose de vraiment intéressant dans la langue de Molière. Quand ce n'est pas de grosses erreurs de traductions (pour exemple, toujours présentes dans "Le Seigneur des Anneaux". Et des grosses)