Aussitôt repéré, aussitôt téléchargé, aussitôt adoré. Elles m'ont démonté. Ces nanas alignent les clichés les plus éculés, leur nom, Thunderpussy, rien que ça déjà t'y crois pas, leur goût pour le burlesque, les batteurs consommés par paquet de deux, la mèche blanche estampillée Joe Perry de la guitariste -qui comme de bien entendu joue sur Gibson- même leur sexualité ne surprendra personne. Ya know whada mean. Sauf que voila, même en raclant dans les coins, en rameutant toute la famille mauvaise foi, y a pas d'autre constat à faire que celui ci : Elles sont bonnes !
Molly Sides à une voix d'une puissance dingue. Attention, je ne parle pas d'une brailleuse qui perce les tympans à coups de note suraiguës dispensées à tout va, non. Je parle d'une chanteuse. Avec du coffre, de l'amplitude d'en bas à tout là haut, de la justesse, une vraie chanteuse, à l'ancienne serais-je tenté de préciser. C'est bien simple, elle m'a évoqué Grace Slick à tel point que je n'ai pas été surpris le moins du monde en découvrant sur youtube leur reprise de Somebody to love captée live sur l'excellentissime radio KEXP. Molly Sides retenez bien ce nom, c'est une star. La dame est multi-talentueuse, danseuse, actrice, performeuse et surtout une incroyable chanteuse. Je me demande si elle fait la cuisine.
A sa gauche, Whitney Petty, la guitariste. Là aussi le talent est de mise. Elle ne s'est clairement pas contentée de potasser la sainte trinité du Heavy (Hendrix, Page, Van Halen), elle va chercher des gammes au delà du cénacle. Il y a du Brian Robertson en elle, dans cette façon de filer le coup de wah wah funky là où Angus Young aurait collé dix fois supplémentaires la sempiternelle même note. Si quelqu'un se souvient du boulot qu'abattait Marc Ford aux grandes heures des Black Crowes, c'est de ce calibre. Le placement des guitares dans l'album est un redoutable délice. Genre l'attaque de l'étoile noire par les vaisseaux de la rébellion. Il en arrive de partout, au casque l'effet est saisissant. Faut dire que l'album est impeccablement produit par Sylvia Massi qui, pour situer, a fait ses classes d'ingénieur du son sur le Diamond and Pearl de Prince. En cent comme en mille, Thunderpussy ne se goure ni dans le casting, ni dans le scénario. A ça, vous ajoutez une batteuse venue du Jazz qui, entre deux fracassages en règle de l'ensemble de son kit, se permet des motifs sur le cercle aux antipodes de l'école John Bonham, et une bassiste qui tient la baraque avec ce qu'il faut de consistance et de séduction lascive pour que l'édifice ne flanche pas lorsque la six cordes part en spirale.
Tout ça c'est bien beau, mais ça n'a jamais empêché un disque d'être chiant comme la mort. Des virtuoses produit par des cadors de la console, c'est pas ce qui manque dans les bacs de soldes. Parce que rien ne dispense de composer de bonnes chansons. Velvet noose. Me regardez pas comme ça, courez dénicher la chose sur Youtube, Spotify, Amazon ou lorgnez en bas de cette page. C'est un hit, un tube, une addiction, un vice que les radios devraient propager entre chaque quart d'heure de publicités.
Je ne vais pas vous le survendre, l'album est roublard, sexy, punchy et déroutant, un salvateur bol de fraicheur au milieu des dépressifs chroniques et des trépanés de l'adolescence perpétuelle. Surtout, il s'adresse à nous comme si soudain on se remettait à nous parler en adulte.
Speed queen et Thunderpussy sont des petits bolides hystériques taillés pour la scène, ils sont aussi les seuls titres à se contenter de n'être que ça. All in mise sur une sensualité Heavy Blues, l'intro de Torpedo love paye son tribut à Rain song sans s’empêtrer dans les similitudes qui rendent pathétiques Greta Van Fleet comme Kingdome Come avant eux. Thunderpussy déborde de personnalité et Molly Sides est un imbattable joker, tant pis si je me répète mais cette chanteuse fait la différence. Elle trouve systématiquement une direction nouvelle vers laquelle embarquer les riffs de Whitney Petty, tout connement parce qu'elle en a les capacités vocales. Gentle frame en est un exemple parmi douze autres, avec Velvet noose, Badlands, Pick it up et Fever il forme l'ossature de l'album, ainsi que la définition du style Thunderpussy, des chansons mouvantes et parfaitement cohérentes.
Moins immédiats sont les entêtants Utero tango, The cloud et Young and pure, on nage là le long des rivages chimériques jadis approchés par Jane's Addiction. Les mélodies se délayent jusqu'à la baie de San Francisco, les arrangements se font plus subtils, les guitares plus acides, thérémine et mellotron font office de tapis volants. Les Thunderpussy ne commettent pas l'erreur de confondre énergie et agressivité. Elles bâtissent en partant des fondations sans rien sacrifier des ornements de façade nécessaires pour aiguiser la jalousie des voisins.
Thunderpussy est un premier album d'une incroyable impertinence, celui d'un groupe à maturité, forgé aux années de scène, sûr de son fait. Comptez pas sur elles pour mendiez votre indulgence. Les influences sont transcendées, depuis longtemps assimilés, que Thunderpussy soit un groupe féminin est un détail, aucun gimmick ne se planque là dessous, pas l'ombre d'un Kim Fowley dans cette affaire. Ces quatre nanas là ne sont en quête d'aucun Pygmalion, elles ont les compétences intrinsèques pour que leur musique multiplie les saveurs sans ajout de colorant artificiel. Leur album partage l'essentielle qualité des grands disques de Hard Rock, celle de ne rien laisser dans l'état où on l'a trouvé.
Moins immédiats sont les entêtants Utero tango, The cloud et Young and pure, on nage là le long des rivages chimériques jadis approchés par Jane's Addiction. Les mélodies se délayent jusqu'à la baie de San Francisco, les arrangements se font plus subtils, les guitares plus acides, thérémine et mellotron font office de tapis volants. Les Thunderpussy ne commettent pas l'erreur de confondre énergie et agressivité. Elles bâtissent en partant des fondations sans rien sacrifier des ornements de façade nécessaires pour aiguiser la jalousie des voisins.
Hugo Spanky
Ma première rencontre avec ces Thunderpussy ne s'est pas tellement bien passée à vrai dire ;) Déjà je fais une indigestion du mot pussy, et de tous les clichés que peut contenir le clip de Speed Queen. Et puis quatre jeunes et jolies filles, c'est quatre bonnes raisons de les détester d'avantage ;) Puis j'ai entendu Velvet noose, et j'ai repris mes esprits. J'ai enchainé les morceaux, les clips et me voilà, moi, enchaîné à mon tour, esclave d'elles et de leur musique de sirène, envoutante, rampante et puissante. Je suis addict ;D
RépondreSupprimerMerci pour ce bol de fraîcheur -_*
Ah le clip de Speed queen )))) Elles sont paradoxales et semblent maitriser le second degré, les Thunderpussy. Ce clip il fait défiler tous les clichés typiques du clip heavy metalleux à grosses boules, moto, bar, baston, gonzesses et je ne peux m'empêcher d'y ressentir comme une pointe de moquerie sous-jacente. Faut peut être être un mec pour s'en rendre compte, mais j'ai comme la sensation qu'elle se foutent un peu de notre gueule, à nous, les durs en cuir )))
SupprimerMine de rien, la façon dont elles abordent le féminisme me réconcilie avec le discours. Elles font de la moto sans casque, mais avec du vernis à ongles et de délicates tenues flottant dans le vent. Enfin des femmes qui aiment les femmes pour leurs qualités de femmes. Et là, je comprends mieux. Même si du coup, ça devient plus raide de savoir mon irrésistible charme crânement ignoré par de si attrayantes donzelles, alors que jusque là me savoir privé de golgoth tel que Joan Jett ne m'avait jamais ne serait-ce que fait sourciller ))) Bon, la batteuse a encore du boulot, elle ressemble à un Beastie Boys )))
Et puis, comme tu le soulignes, tout ça c'est bien joli mais l'important reste que pour une fois voila un groupe de nanas qui ne nécessite aucune bienveillance machiste pour être aimé. Leur disque se défend tout seul face aux critères impartiaux. Tu vas voir que bientôt on comparera les progrès des groupes de mecs à l'aune des Thunderpussy. Vive les femmes !
Ca faisait une paye que l'on attendait un groupe de ce calibre, bien plus fun et entraînant que les trop sérieux Rival Sons et consorts; le pendant féminin à The Darkness en somme.
SupprimerDu plaisir à l'état pur de la sorte ça ne se refuse pas !
Je tire mon chapeau sur cet article, il m'a fait craquer dans le sens du portefeuille, j'ai acquis ! Et l'article et la vidéo l'ont emporté.
RépondreSupprimerLe couple vocal - Grace Slick ça c'est de l'oreille - et la guitare qui joue pratiquement tout le temps, parfois me fait penser à une réflexion que je me faisais sur Led Zep, toujours en jeu rythmique ou solo, toujours présent. Effectivement faut du coffre pour tenir vocalement.
Finalement, un léger regret, la bande sonore du concert est encore plus tranchante. Ou bien ce sont les images peut-être ? Pourtant elles restent assez sages sur scène, mais j’oublie que c’est un studio pas une scène de concert.
En résumé un son du tonnerre.
Je pensais à ta remarque sur les Black Crowes, tu crois que l’on peut encore nous faire le coup du rock pas mort et repartir de plus belle ?
Elles ont aussi une sacrée présence, la crânerie de la bassiste est fondante et le batteur (la batteuse) change rien ce n’est juste pas possible donc change rien…
Ah la batteuse....je suis fan absolu )))) Le Rock pas mort ? Reparti de plus belle ? Je signe de suite pour que ce soit le cas, il faudrait tout un mouvement, une dizaine de groupes du calibre de Thunderpussy qui prennent les bacs d'assaut, se ruent sur les scènes du monde en fuyant, comme il se devrait, tous ces affreux festivals pour réinvestir les salles, conquérir le public tête par tête au corps à corps.
SupprimerDonc, c'est pas gagné.))))
Mais, même si ce n'est que trop rarement, tant qu'il y aura des chansons comme Velvet noose pour me coller ce frisson sans pareil, ça ira pour moi. Et si en plus il y a tout un album autour, alors pourquoi ne pas y croire après tout.
Maintenant ce qui serait bien, ça serait de les voir sur scène. Parce que comme tu le soulignes, la cerise c'est qu'elles sont encore meilleures en live que sur l'album !
Cut me loooose, cut me loooose...putain j'y retourne ))))
C'est pas trop mon taf, et les références que tu cites ne me branchant qu'à moitié j'avais décidé de vous faire confiance et d'en rester là.
RépondreSupprimerJusqu'à ce que je lise KEXP. Les live de KEXP, entre la programmation, l'ambiance, le professionnalisme des animateurs, il se passe toujours quelque chose, je ne connais rien de mieux. Le Jurado est génial, Chuck Prophet, Wooden Shjips, j'en passe et des meilleures.
Du coup j'ai regardé, c'est toujours pas trop mon taf mais elles la classe, ça ne se discute pas !
Exact pour KEXP, que ce soit en repiquant les vidéos sur youtube ou en écoutant la radio directement depuis leur site, c'est une excellente source. Comme tu le précises, les mecs sont pros et savent enregistrer du live sans rien égarer en route, ça serait peut être pas con de leur envoyer en stage de formation nos ingénieurs de l'ortf ))))
SupprimerPas ma came les Thunderpussy. La voix de la chanteuse j'aime pas. Je trouve que ça sonne Star Academy. La meuf elle chante avec son ventre, ou avec ses poumons, ou avec sa gorge même parfois. C'est bien techniquement, rien à dire, mais ça manque de tripes et au final on dirait un produit marketing. Et la reprise de Jefferson Aiplane, mon Dieu non!!! Encore à cause du chant. Désolée, mais là où Grace avait une voix claire, l'autre elle a une voix travaillée. D'ailleurs y'a une autre vidéo sur Youtube où elles reprennent (mal) the Chain de Fleetwood Mac. C'est bien le syndrome Star Ac/The Voice et tout ça. La chanson revisitée, comme la crème brûlée revisitée, la bisque de homard avec une langoustine à la place du homard. Oui, elle peut tout chanter, mais c'est froid, et quand on revient aux originaux, ben là ça fait un peu mal non? Par contre les autres c'est des tueuses! Elles jouent rock'n roll quand l'autre chante pour faire plaisir à son égo. J'ai écouté l'album et franchement bof bof bof. Bref, chacun son truc comme disait Garcimore, mais question hard rock sans les graphismes auxquels moi non-plus je ne comprends rien, en 2018 je préfère Audrey Horne (écoute Audrevolution stp... c'est un tube hard comme on n'en a plus fait depuis je sais pas, Wish I could Fly like Superman des Kinks peut être, et c'était en 1979 je crois). Et Phill Campbell a aussi sorti un album qui tue en 2018. The Age of Absurdity ça s'appelle, et franchement ça vaut peut-être 30 minutes de ton temps. Mais y'a pas les filles sur la pochette ;))) Sinon il est pas mal ton blog, mais des fois (souvent) tu dis des conneries. Mais puisque tu as choisi de les dire avec conviction...
RépondreSupprimerOula, faut pas t'énerver comme ça, t'avais tout bien dit dès la première phrase et après tu t'égares.
SupprimerBon, j'ai écouté Audrey Horne, je veux bien que tu trouves Thunderpussy trop marketé, mais alors eux ! C'est le gros son bien rectiligne qui m'emmerde depuis Green Day (et peut être même avant). Quant à Phil Campbell si il voulait démontrer que c'est à cause de lui que les albums de Motörhead ne valaient plus rien depuis des lustres, il a réussi. T'as vu, des conneries j'en ai encore plein ma hotte. Mon blog est tout rouge, parce que c'est Noël tous les jours par ici.)))
Et puisqu'un conseil en vaut un autre, tu devrais écouter la reprise du Apeman des Kinks par Serge Lama (qui devient Superman par la magie de la traduction), tu seras plus tolérante envers ma petite chérie des Thunderpussy après ça ))))
Bienvenue Paresseuse.
Oh! Terrible le coup du Superman de Lama.
RépondreSupprimerJ'avoue, ça fait drôle de penser que j'ai sûrement connu sa version avant Apeman, parce que ça passait à la radio quand j'étais gamine, pendant que je faisais mes devoirs. Et v'là qu'un jour j'écoute les Kinks, et j'imprime illico, grâce au Lama que j'ai là dans un coin de ma mémoire. Pfff, épatée je suis.