Comme
Ranx
est
là pour défendre les causes qui semblent de prime abord perdues ou
indéfendables, on va s'attaquer à une bien ardue: Nicolas
Cage!
Tout
le monde sait que le gazier, il y a fort longtemps de cela hélas, a
été un putain d'acteur dans toute une flopée de films formidables
("Rusty
James"
de Coppola
qui
lui a mis le pied à l'étrier, "Birdy"
d'Alan
Parker,
son premier rôle marquant, "Arizona
Junior"
des frères Coen
où
il se révèle hilarant ou bien encore "Sailor
et Lula"
de David
Lynch qui
inaugura ses interprétations déjantées mais arrêtons-nous là car
la liste serait bien trop longue).
En
revanche peu de personnes savent qu'en 2002 il a réalisé un film
nommé "Sonny"
qui est d'ailleurs passé plutôt inaperçu. Et de façon totalement
injuste à mon humble avis.
Bien
que l'acteur principal, James
Franco,
ne soit pas -loin s'en faut- un de mes préférés du moment, je dois
bien avouer que son interprétation pleine de ferveur m'a soufflé.
Il fait donc des étincelles dans le rôle d'un jeune homme qui,
après un séjour à l'armée, revient dans son foyer familial bien
particulier puisque sa mère (incarnée avec fougue par Brenda
Blethyn)
vit grâce à l'argent que lui rapporte une pute (dont le personnage
a échu à la toujours excellente -mais hélas sous employée- Mena
Suvari)
et qui espère que son rejeton se remettra à refaire lui aussi le
tapin avec les bourgeoises esseulés qui peuplent la Nouvelle
Orléans alors
qu'il n'a qu'une envie, foutre le camp et voir ailleurs s'il peut
enfin devenir quelqu'un.
Avec un tel sujet, on se doute bien que tout
va partir en sucette et que les aléas de la vie vont se montrer
impitoyable envers tout ce petit monde. Mais je nous en dévoilerai
pas plus sur cette histoire afin de vous laisser la surprise de
découvrir par vous même toute la saveur de ce film attachant à
plus d'un titre.
Sachez
seulement que la mise en scène de Nicolas
Cage est
classique; il ne s'embarrasse pas de mouvements de caméras
tarabiscotés: au contraire, il fait la part belle au jeu des acteurs
(même cette limace habituellement insupportable de Harry Dean Stanton est
admirable, c'est dire!). En fait ce n'est que lorsque des scènes
demandent à être moins académiques qu'il apporte une singularité
cinématographique bienvenue à son film (vers la fin notamment, il
apparaît dans une de ses compostions out
of control qu'il
affectionne tant dans une scène mémorable qui traduit les errements
tragiques de son anti-héros).
Pour
ne rien gâcher, le bougre maîtrise l'art de composer des plans dont
la photographie est de toute beauté ce qui nous change agréablement
de tous ces tâcherons qui nous polluent les rétines avec leurs
images d'un jaune pisseux hideux ou de couleur verdâtre à vomir (et
encore ça peut-être pire puisque des fois, il mélange les deux en
même temps, ces salauds!).
De
plus il a également la présence d'esprit d'utiliser la musique avec
parcimonie et à chaque fois qu'il le fait, il tape juste car elle
amène incontestablement une force supplémentaire à la scène à
laquelle elle se rattache.
Avec
ce premier long-métrage, Mister
Cage dépeint
la vie des laissés pour compte du rêve Américain, des parias dont
on ne veut surtout pas côtoyer et que l'on prend en considération
uniquement pour les railler et les faire se sentir encore plus
minables.
Au vu du résultat plus que probant de cette chronique
douce amère (plus amère que douce, il vaut bien en convenir), on
peut se rendre compte que celui que l'on prenait pour un golden boy
cramé aux excès en tous genres, que l'on pensait bien loin de
s'intéresser au sort des petites gens, s'avère être une personne
pleine de sensibilité et qu'il aurait tout à gagner à poursuivre
dans sa voie de réalisateur plutôt que d'enquiller des rôles dans
des films de plus en plus faisandés qui ne font que renforcer sont
statut d'has
been Hollywoodien.
Harry
Max
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