samedi 16 novembre 2013

La BeLLe eT La BêTe

                           CHeLLe RoSe                                                HaNK 3 



De Chelle Rose, sa vie, son parcours, je ne vais pas vous dire grand chose vu que je ne sais quasiment rien si ce n'est ce que dévoile la bio de son site officiel que vous pouvez aller lire aussi bien que moi.
Par contre, je peux vous causer quelque peu de son album de 2012, Ghost of Browder Holler dans la mesure où il tourne en boucle dans mon conduit auditif et qu'il répond en outre à quelques unes des interrogations que je m'étais moi-même posé dans mon récent papier consacré à Rachel Brooke.
A savoir jusqu'à quel point il est pertinent pour un artiste d'enregistrer ses disques livré à lui-même dans son home studio, sur son canapé ou dans son garage. Chelle Rose démontre avec son album enregistré à Nashville qu'un producteur ne sera jamais de trop si tant est qu'il maîtrise son sujet -ce vieux bourlingueur de Ray Wylie Hubbard le maîtrise on ne peut mieux- et que l'apport de musiciens du calibre de Ian Mc Lagan (Faces) ne peut nuire à l'ensemble.





Ghost of Browder Holler est massif mais sale, précieux mais chahuteur, c'est du Country-Rock à situer quelque part vers les aspects les plus Stoniens de John Mellencamp pour ses moments les plus rageurs même si tout ça sonne terriblement personnel (I need you, Rufus Morgan, Almony). Les temps plus apaisés sont eux inclassables, chargés de menaces comme se charge de nuages noirs un ciel d'été. Banjo lugubre, slide insidieuse, orgue larvée qui vous attaque direct au niveau du bassin, harmonica gras en second couteau, le décor se met en place dès Browder Holler boy et niveau baisse de régime c'est pas par ici qu'il faut chercher. Chelle Rose est dotée d'une voix si peu fréquemment croisée de nos jours que les comparaisons seraient risquées, je dirais qu'on y entend les fêlures de Stevie Nicks mêlées à la puissance et à la chaleur des voix venues de la Soul. De bien belles choses pour habiller de sombres histoires de boyfriend mort noyé et de temps gâché qu'on ne rattrape plus.



Seule ombre au tableau, l'absence de pressage vinyl. Les seul moyens de se procurer ce bijou semble être le téléchargement via Amazon notamment et le CD digipack est dispo sur le site de la dame. Ce qui ne fait pas une raison pour s'abstenir.




Un qui ne se prive pas de nous inonder de vinyl c'est Hank 3, après le triptyque de l'an dernier le voilà de retour avec deux belles galettes gorgées de la meilleure musique actuelle, la plus sauvage et la mieux armée pour distribuer les coups de boule. Si son album Punk (mais interprété avec des instruments traditionnellement utilisés dans le registre Country) A fiendish threat ne me passionne guère plus que ses précédentes escapades dans le registre, son double album estampillé pur jus, Brothers of the 4x4, est une fois encore à la hauteur des espérances qu'il suscite depuis le début de sa carrière.


Hank Williams III j'en ai causé en long en large et en travers à maintes occasions ici même et je continuerai indéfiniment tant il incarne tout ce que j'aime entendre lorsque je pose un disque sur la platine. D'abord de foutues chansons, le gars a hérité de son grand-père (que je ne crois pas utile de nommer) ce talent pour les mélodies qui s'accrochent instantanément à l'épiderme jusqu'à en devenir indissociable de votre personne. Elles surgissent dans vos pensées de la même façon que Lovesick blues ne vous lâchera jamais. C'est ainsi.



Pour ce nouvel album Hank 3 a quelque peu modifié la donne même si tout ce qui fait son charme est là et bien là mais avec un petit supplément de nouveauté. Hank 3 a renouvelé son groupe, fini le Damn Band semble t-il et si le joyeux bordel est un peu mieux agencé ce n'est pas pour me déplaire. L'apport avec parcimonie de la guitare électrique (instrument jusque là dispensé de présence) teinte quelque peu d'accents rock sudistes (Held up, Broken boogie) un disque qui s'en retrouve différemment varié que ses prédécesseurs.




Hank 3 semble avoir compris qu'après les sommets atteint l'an dernier avec Ghost to a ghost/Guttertown il se devait d'emprunter d'autres chemins fussent-ils tout aussi peu balisés. Outdoor plan sa trompette et son refrain stupide si addictif que je le chantonne à longueur de temps arborant un air aussi satisfait que preuve d'une absence totale de capacités intellectuelles performantes, certes, mais avec un franc sourire qui me barre le front, en est peut être l'exemple le plus probant tant il incarne la joviale décontraction qui accompagne l'écoute de l'album.
Surtout Hank 3 se donne du temps, plusieurs morceaux dépassent allégrement les 5mns sans être ponctués de longueurs intempestives. A tout dire, ce Brothers of the 4X4 on s'y régale tant versant bayou (Nearly gone) que versant Nashville (Possum in a tree) et plus encore lorsque Hank sort sa coiffe d'indien (Gettin' dim) ou la botte secrète dont il nous estoque avec délectation, la ballade lugubre, registre dans lequel il s'est fait expert (Ain't broken down). Et quand il porte le coup fatal en ravageant son Hillbilly façon speed metalos (Brothers of the 4x4) je ne rêve plus que du bistrot qui osera nous envoyer ça à fond les manettes à l'heure de pointe. Ça ferait le tri.




Avec cet album, Hank 3 s'offre une respiration, nous fait parcourir l'étendu de son talent et la variété de la palette Country sans jamais se départir de l'authenticité qui a fait de lui celui qui a remis sur les rails un genre à la dérive. L'apparition de groupe comme les fabuleux The Steeldrivers, la sortie l'an passé d'un chef d'oeuvre comme le Long ride home de l'incroyable Darrell Scott et toute la pléthore d'autres dont ce blog (et quelques trop rares autres) se fait l’écho avec la régularité d'une horloge en panne ne peut que nous redonner espoir, oui on peut causer de bons disques sans sempiternellement en revenir aux mêmes. A bon entendeur, salut !


4 commentaires:

  1. Merci Chelle Rose et Hank III de nous délivrer du mal ! Mis à part Rachelle Brookes qui propose quelque chose d'autre et que j'adore (n'ayons pas peur des mots), j'en peux plus de ces pleureuses et de leurs grin-grin. Sans parler de la bande à Imelda May..
    Alors un petit coup dans la fourmilière ça fait du bien, et puis à Chelle Rose en fait, je m'y frotterais pas ;D

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  2. Finalement, la tradition se perpétue. Hank est bien le même genre de white trash que l'était son grand père. Flingues, 4x4 et cambrouse... La même chose transposé dans les années 2010. Ambiance "The last good kiss"... Sacré personnalité celui là.

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    1. Hank 3 est salutaire ! Brothers of 4X4 est ce genre d'album qui à la première écoute semble bâclé et sur lequel on revient encore et encore en découvrant à chaque fois un petit truc planqué dans le mixe jusqu'à s'apercevoir que le machin est une foutue cathédrale.
      J'en profite pour lancer un appel à tous les tourneurs de France, à tous les subventionnés qui passent leur temps à se faire plaisir sur notre dos avec des programmations à dormir debout, j'échangerai volontiers l'omniprésence des Lords of Altamont (pour ne pas citer toutes les reformations glauques de groupes de merde dont on se croyait débarrassé) contre une seule date dans le Sud de ce satané Hank 3 !
      Give the people what they want ! (c'est bien comme ça qu'ils disaient tes potos, hein Serge ?)
      Hugo

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    2. Hank III a le talent collé à ses boots, pour sûr! Et tout comme son verre de Jack Daniel's toujours à portée de main, il n'est pas prêt de s'en débarrasser, le bougre.
      Quant à Chelle Rose, son album intemporel -qui prend aux tripes de bout en bout- est fait pour durer une vie durant. Un coup de maître que l'on souhaite ardemment voir renouveler.

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