CHeLLe RoSe HaNK 3
De Chelle Rose, sa
vie, son parcours, je ne vais pas vous dire grand chose vu que je ne
sais quasiment rien si ce n'est ce que dévoile la bio de son site
officiel que vous pouvez aller lire aussi bien que moi.
Par contre, je peux vous
causer quelque peu de son album de 2012, Ghost
of Browder Holler dans la mesure où il tourne en
boucle dans mon conduit auditif et qu'il répond en outre à quelques
unes des interrogations que je m'étais moi-même posé dans mon
récent papier consacré à Rachel Brooke.
A savoir jusqu'à quel
point il est pertinent pour un artiste d'enregistrer ses disques
livré à lui-même dans son home studio, sur son canapé ou dans son
garage. Chelle Rose démontre avec son album enregistré à
Nashville qu'un producteur ne sera jamais de trop si tant est qu'il
maîtrise son sujet -ce vieux bourlingueur de Ray Wylie Hubbard
le maîtrise on ne peut mieux- et que l'apport de musiciens du
calibre de Ian Mc Lagan (Faces) ne peut nuire à l'ensemble.
Ghost of Browder
Holler est massif mais sale, précieux mais chahuteur, c'est du
Country-Rock à situer quelque part vers les aspects les plus
Stoniens de John Mellencamp pour ses moments les
plus rageurs même si tout ça sonne terriblement personnel (I
need you, Rufus Morgan, Almony).
Les temps plus apaisés sont eux inclassables, chargés de menaces
comme se charge de nuages noirs un ciel d'été. Banjo lugubre, slide
insidieuse, orgue larvée qui vous attaque direct au niveau du
bassin, harmonica gras en second couteau, le décor se met en place
dès Browder Holler boy et niveau baisse de régime
c'est pas par ici qu'il faut chercher. Chelle Rose est
dotée d'une voix si peu fréquemment croisée de nos jours que les
comparaisons seraient risquées, je dirais qu'on y entend les fêlures
de Stevie Nicks mêlées à la puissance et à la chaleur des
voix venues de la Soul. De bien belles choses pour habiller de sombres histoires de boyfriend mort noyé et de temps gâché qu'on ne rattrape plus.
Seule ombre au tableau,
l'absence de pressage vinyl. Les seul moyens de se procurer ce bijou
semble être le téléchargement via Amazon notamment et le CD
digipack est dispo sur le site de la dame. Ce qui ne fait pas une
raison pour s'abstenir.
Un qui ne se prive pas de
nous inonder de vinyl c'est Hank 3, après le triptyque de
l'an dernier le voilà de retour avec deux belles galettes gorgées
de la meilleure musique actuelle, la plus sauvage et la
mieux armée pour distribuer les coups de boule. Si son album Punk
(mais interprété avec des instruments traditionnellement utilisés
dans le registre Country) A fiendish threat ne me passionne
guère plus que ses précédentes escapades dans le registre, son
double album estampillé pur jus, Brothers of the 4x4,
est une fois encore à la hauteur des espérances qu'il suscite
depuis le début de sa carrière.
Hank Williams III
j'en ai causé en long en large et en travers à maintes occasions
ici même et je continuerai indéfiniment tant il incarne tout ce que
j'aime entendre lorsque je pose un disque sur la platine. D'abord de
foutues chansons, le gars a hérité de son grand-père (que je ne
crois pas utile de nommer) ce talent pour les mélodies qui
s'accrochent instantanément à l'épiderme jusqu'à en devenir
indissociable de votre personne. Elles surgissent dans vos pensées
de la même façon que Lovesick blues ne vous lâchera
jamais. C'est ainsi.
Pour ce nouvel album Hank
3 a quelque peu modifié la donne même si tout ce qui fait son
charme est là et bien là mais avec un petit supplément de
nouveauté. Hank 3 a renouvelé son groupe, fini le Damn
Band semble t-il et si le joyeux bordel est un peu mieux agencé
ce n'est pas pour me déplaire. L'apport avec parcimonie de la guitare électrique
(instrument jusque là dispensé de présence) teinte quelque peu
d'accents rock sudistes (Held up, Broken boogie)
un disque qui s'en retrouve différemment varié que ses
prédécesseurs.
Hank 3 semble
avoir compris qu'après les sommets atteint l'an dernier avec Ghost
to a ghost/Guttertown il se devait d'emprunter d'autres chemins
fussent-ils tout aussi peu balisés. Outdoor plan sa
trompette et son refrain stupide si addictif que je le chantonne à
longueur de temps arborant un air aussi satisfait que preuve d'une
absence totale de capacités intellectuelles performantes, certes,
mais avec un franc sourire qui me barre le front, en est peut être
l'exemple le plus probant tant il incarne la joviale décontraction
qui accompagne l'écoute de l'album.
Surtout Hank 3 se
donne du temps, plusieurs morceaux dépassent allégrement les 5mns
sans être ponctués de longueurs intempestives. A tout dire, ce
Brothers of the 4X4 on s'y régale tant versant bayou (Nearly
gone) que versant Nashville (Possum in a tree)
et plus encore lorsque Hank sort sa coiffe d'indien (Gettin'
dim) ou la botte secrète dont il nous estoque avec
délectation, la ballade lugubre, registre dans lequel il s'est fait
expert (Ain't broken down). Et quand il porte le coup fatal en ravageant son Hillbilly façon speed metalos (Brothers of the 4x4) je ne rêve plus que du bistrot qui osera nous envoyer ça à fond les manettes à l'heure de pointe. Ça ferait le tri.
Avec cet album, Hank 3
s'offre une respiration,
nous fait parcourir l'étendu de son talent et la variété de la
palette Country sans jamais se départir de l'authenticité qui a
fait de lui celui qui a remis sur les rails un genre à la dérive.
L'apparition de groupe comme les fabuleux The Steeldrivers,
la sortie l'an passé d'un chef d'oeuvre comme le Long ride
home de l'incroyable
Darrell Scott et toute la pléthore d'autres dont ce blog (et
quelques trop rares autres) se fait l’écho avec la régularité
d'une horloge en panne ne peut que nous redonner espoir, oui on peut
causer de bons disques sans sempiternellement en revenir aux mêmes. A bon entendeur, salut !
Merci Chelle Rose et Hank III de nous délivrer du mal ! Mis à part Rachelle Brookes qui propose quelque chose d'autre et que j'adore (n'ayons pas peur des mots), j'en peux plus de ces pleureuses et de leurs grin-grin. Sans parler de la bande à Imelda May..
RépondreSupprimerAlors un petit coup dans la fourmilière ça fait du bien, et puis à Chelle Rose en fait, je m'y frotterais pas ;D
Finalement, la tradition se perpétue. Hank est bien le même genre de white trash que l'était son grand père. Flingues, 4x4 et cambrouse... La même chose transposé dans les années 2010. Ambiance "The last good kiss"... Sacré personnalité celui là.
RépondreSupprimerHank 3 est salutaire ! Brothers of 4X4 est ce genre d'album qui à la première écoute semble bâclé et sur lequel on revient encore et encore en découvrant à chaque fois un petit truc planqué dans le mixe jusqu'à s'apercevoir que le machin est une foutue cathédrale.
SupprimerJ'en profite pour lancer un appel à tous les tourneurs de France, à tous les subventionnés qui passent leur temps à se faire plaisir sur notre dos avec des programmations à dormir debout, j'échangerai volontiers l'omniprésence des Lords of Altamont (pour ne pas citer toutes les reformations glauques de groupes de merde dont on se croyait débarrassé) contre une seule date dans le Sud de ce satané Hank 3 !
Give the people what they want ! (c'est bien comme ça qu'ils disaient tes potos, hein Serge ?)
Hugo
Hank III a le talent collé à ses boots, pour sûr! Et tout comme son verre de Jack Daniel's toujours à portée de main, il n'est pas prêt de s'en débarrasser, le bougre.
SupprimerQuant à Chelle Rose, son album intemporel -qui prend aux tripes de bout en bout- est fait pour durer une vie durant. Un coup de maître que l'on souhaite ardemment voir renouveler.