Les projets casse-gueule
aussi aguicheurs soient-ils à s'être retrouvés dans les poubelles
de l'histoire sans même avoir eu l'occasion d'être affichés en
salle sont légion et se multiplient comme des lapins depuis quelques
années. L’avènement du Direct to dvd et du téléchargement tarifé leur offre néanmoins et pour notre plus grand plaisir une vie qui,
aussi éloignée des paillettes et des récompenses qu'elle soit,
leur permet d'arriver jusqu'à nos avides mirettes et, mieux encore,
de faire du genre l'un des plus rémunérateur pour ses producteurs
(souvent en raison des salaires disons plus convenables des acteurs
en comparaisons aux déraisonnables folies dont sont atteint les
blockbusters) et donc de le faire perdurer.
Parmi ces innombrables
projets, celui qui me semblait incarner au mieux l'aspect
casse-gueule, à tel point que je n'aurai pas misé un kopeck sur ses
chances de voir le jour, c'est bien l'adaptation de l'autobiographie
de Linda Lovelace. Voyez-vous la pionnière du porno devait à
l'origine trouver sa rédemption sous les traits de Lindsay Lohan,
actrice au parcours fort tumultueux s'il en est et dont les
incessants démêlés judiciaires sont en train d'enterrer la
carrière plus vite qu'autre chose. Sa participation au film se
limita donc à une série de photos promotionnelles destinées à
allécher les producteurs.
Place donc à Amanda
Seyfried, actrice débutante dont la principale particularité
semble d'être de ressembler à Lindsay lohan plus qu'à Linda
Lovelace mais après tout, on s'en fiche pas mal et à tout dire
on n'y perd pas au change vu que Linda Lovelace tenait
physiquement plus de la pinpin du village à jupe légère que du
canon Hollywoodien.
Outre un casting tout en
second couteaux mais réellement talentueux le film de Rob Epstein
et Jeffrey Friedman -duo auquel on doit Howl,
adaptation de la biographie d'Allen Ginsberg, ainsi que deux
documentaires consacrés à l'homosexualité- propose une réalisation
et une construction qui ne ferait pas de mal à de bien plus
ambitieux projets que lui. Durant toute sa première partie, Lovelace
développe l'histoire sous un angle que l'on peut imaginer être
celui du public d'alors, la success story d'une jeune fille nimbée
des illusions de L'été de l'amour, Linda Lovelace en
incarnation de Petite fleur coquine, cousine de
Améthyste de sable d'or, j'en passe et des meilleurs,
autant de jeunettes conquises par la liberté émancipatrice qu'offre
à toute femme la joie de connaître une multitude d'amants aussi
bien intentionnés avant l'acte que prompt à disparaître dès leurs
burnes soulagées. Ah, le rêve hippie ! Quoiqu'il en soit, la
musique est Funky à souhait, les décors et les tenues sont un régal
multicoloré et l'interprétation est sans faille. On y est. Même si
ça nous emmerderait un peu d'en rester là.
L'affaire devient
probante dans la seconde partie du film, par petites touches d'abord
les flashbacks complètent les scènes précédentes, nous en
proposent le revers de la médaille. Puis le film bascule et le
décorum s'incline, fini les fards, le glamour et les insouciants
cocktails. Welcome to the terrordome, les cris ne sont plus
ceux des coïts, les lunettes de soleil cachent bien plus que les
gueules de bois. C'est de par cette astucieuse narration que l'on se
laisse embarquer dans cette histoire aux nombreux relents de
Déjà-vu. Car bien entendu le scénario ne s'écarte pas d'un chouia
de l'autobiographie et passe à la trappe une réalité bien plus
sordide que celle comptée ici. Pas de partie de jambes en l'air en
compagnie de Mabrouk et seulement 17 jours passés dans le monde du
porno. Les accros à la véracités des faits en seront bons pour
lire The other Hollywood, indispensable bouquin paru aux
éditions Allia et entièrement consacré à la genèse du X à
travers des témoignages de ceux qui l'ont vécu, Linda Lovelace
et Chuck Traynor en tête.
Ceci dit, véracité édulcorée ou pas, on s'en bat les cacahuètes,
grâce à un impeccable casting, Lovelace reste un plaisir
jusqu'à sa dernière minute. Sharon Stone, dans son rôle de
mère revancharde envers le destin, éblouit par son talent, faisant
au passage regretter un peu plus encore la ridicule image de vieille
peau qu'elle entretient dans les journaux people. Peter Saarsgard
est irréprochable dans son interprétation d'un Chuck Traynor
tantôt charmeur tantôt sordide, revoir la trogne de Bobby Cannavale est un bonheur trop rare tant il nous avait régalé dans Romance and Cigarettes, Eric Roberts est méconnaissable, Chris Noth (Mr Big dans
l'imbuvable série Sex in the city) est exemplaire en producteur
qu'on devine mafieux, Juno Temple l'est tout autant en copine
délurée mais attentive, une demi-surprise seulement
puisqu'on avait déjà repéré son talent dans Killer Joe de William Freidkin.
Amanda Seyfried donne
de la candeur à son personnage de Linda Lovelace dans la
première partie du film avant de révéler un jeu nuancé et de
subtilement dresser le portrait d'une femme soumise que l'on imagine
d'abord séduite par cette gloire soudaine mais dont elle laisse au
fil des minutes apparaître toutes les fêlures. Les scènes en
contre point avec Sharon Stone sont à ce titre de grands
moments du film.
Aussi étonnant que cela
puisse paraître l'histoire du porno et de ses protagonistes donne de
meilleurs films que les biopics sur les musiciens, peut être parce
que la surenchère n'y est pas possible et que le sujet n'a de valeur
que s'il est traité avec un minimum de franchise. Peut être aussi
parce qu'aucun studio n'a en tête d'en profiter pour nous gaver de merchandising,
pas de rééditions en version deluxe de Deep throat, pas de poupée gonflable à l’effigie de Linda Lovelace dans les rayons de Noëlmais ce constat qu'après l'excellent Rated X avec Emilio
Estevez et Charlie Sheen sur le parcours chaotique des
frères Mitchell (réalisateurs de Behind the green door)
le cinéma X des débuts continue de fasciner malgré la
vulgarisation du genre et son aspect dorénavant aussi banal que
dépourvu du moindre charme. Tant que ça donnera des films de ce calibre, on ne s'en plaindra pas.
Avant tout je voudrais dire que je suis très heureuse pour Mabrouk d'avoir appris qu'il s'était donné autant de bon temps avant de nous quitter. Moi-même je viens d'avoir un coup de cœur pour un cheval .... ;))) Sinon, oui Amanda Seyfried est vraiment très attachante, et ce film qui ne tombe jamais dans le scabreux, au contraire, il a comme tu le dis la subtilité d'y comprendre la face A et B de ce milieu. J'avais vu "Le sexe qui parle" aussi, très drôle ;)
Ce film était une telle arlésienne que je pensais qu'il était passé à la trappe! En tout cas, me voilà bien alléché par un tel programme qui semble-t-il a pour curiosité supplémentaire de nous proposer la Stone dans un rôle enfin intéressant. Ce qui nous changera de toutes les innombrables daubes dans lesquelles elle s'est compromise par appât du gain.
Oui, Sharon Stone est tout simplement parfaite dans le rôle, son interprétation toute en subtilité est un vrai délice. C'est d'ailleurs vrai de la totalité du casting, il faut préciser que la maîtrise de la réalisation exclue de fait tout cabotinage superflu. Celui que j'ai trouvé vraiment surprenant, sans doute parce que je ne le vois jouer que rarement, est Chris Noth, ce gars là a la décontraction que j'aimais tant dans le jeu des acteurs américains jusqu'aux années 90's et l’avènement d'acteurs plus européen dans leurs interprétations (keanu reeves, adrien brody et des pires encore dont les noms m'échappent mais je pense que tu continueras la liste sans trop de soucis). Amada Seyfried nous a mis sur les fesses, Milady et moi, de prime abord on la réduit à la beauté de service puis au fil des scènes on finit addict devant tant de talent. A surveiller. Hugo
Bon et bien mézigue, je viens d'apprendre que le pénible Abdellatif Kechiche a annoncé que son prochain méfait cinématographique sera un biopic sur... Marilyn Chambers. Au secours!
Quant au film Lovelace, la petite Seyfried nous sort effectivement le grand jeu: elle passe par toutes les humeurs avec un talent certain et nous touche droit au coeur. La Stone et Robert Patrick, dans le rôle des parents, sont également en tout point remarquables. Les réalisateurs font leur boulot sans génie mais il n'en demeure pas moins que ce film se suit avec un réel plaisir (si on peut dire...). On peut juste regretter son aspect parfois un peu trop manichéen (les retrouvailles finales larmoyantes avec les parents sont quelque peu too much notamment).
Oui, ok pour le final mais c'est aussi ça l'Amérique. John Wayne ne tue pas Natalie Wood à la fin de La prisonnière du désert et du coup ça fait jurisprudence. Le Duke ne dégaine pas et nous voila avec 50 ans de happy end. Hugo
Une déception pour moi. Et pourtant, j'aurais voulu l'aimer, ce film. Mais entre une mise en scène manquant singulièrement de style (on est très loin de Boogie nights) et un script paresseux qui survole son sujet (les mafieux sont trop sympas), j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans. Un peu comme dans un téléfilm tiède et désincarné. Malgré tout, je te rejoins sur la qualité du casting. Amanda Seyfried livre une vraie performance et les seconds couteaux sont remarquables (notamment Sharon Stone et Robert Patrick). À voir tout de même, ne serait-ce que pour connaître le chemin de croix enduré par Linda Lovelace. Une histoire de souillure et de rêve brisé. Hollywood, quoi.
C'est pas du Coppola c'est sûr mais c'est plutôt au dessus de la plupart des biopics je trouve et la reconstitution de l'époque est bien, les critiques sont sévères surtout quand parfois sur le même blog le gonze s'extasie sur des machins comme le biopic des Runaways. Je radote par rapport à mon papier mais Rated X est à voir et The other Hollywood à lire absolument. Hugo Spanky
Avant tout je voudrais dire que je suis très heureuse pour Mabrouk d'avoir appris qu'il s'était donné autant de bon temps avant de nous quitter. Moi-même je viens d'avoir un coup de cœur pour un cheval .... ;)))
RépondreSupprimerSinon, oui Amanda Seyfried est vraiment très attachante, et ce film qui ne tombe jamais dans le scabreux, au contraire, il a comme tu le dis la subtilité d'y comprendre la face A et B de ce milieu.
J'avais vu "Le sexe qui parle" aussi, très drôle ;)
Ce film était une telle arlésienne que je pensais qu'il était passé à la trappe! En tout cas, me voilà bien alléché par un tel programme qui semble-t-il a pour curiosité supplémentaire de nous proposer la Stone dans un rôle enfin intéressant. Ce qui nous changera de toutes les innombrables daubes dans lesquelles elle s'est compromise par appât du gain.
RépondreSupprimerOui, Sharon Stone est tout simplement parfaite dans le rôle, son interprétation toute en subtilité est un vrai délice. C'est d'ailleurs vrai de la totalité du casting, il faut préciser que la maîtrise de la réalisation exclue de fait tout cabotinage superflu.
SupprimerCelui que j'ai trouvé vraiment surprenant, sans doute parce que je ne le vois jouer que rarement, est Chris Noth, ce gars là a la décontraction que j'aimais tant dans le jeu des acteurs américains jusqu'aux années 90's et l’avènement d'acteurs plus européen dans leurs interprétations (keanu reeves, adrien brody et des pires encore dont les noms m'échappent mais je pense que tu continueras la liste sans trop de soucis).
Amada Seyfried nous a mis sur les fesses, Milady et moi, de prime abord on la réduit à la beauté de service puis au fil des scènes on finit addict devant tant de talent. A surveiller.
Hugo
Bon et bien mézigue, je viens d'apprendre que le pénible Abdellatif Kechiche a annoncé que son prochain méfait cinématographique sera un biopic sur... Marilyn Chambers. Au secours!
SupprimerMerde, on va se fader télérama comme concurrent....
SupprimerHugo
Quant au film Lovelace, la petite Seyfried nous sort effectivement le grand jeu: elle passe par toutes les humeurs avec un talent certain et nous touche droit au coeur. La Stone et Robert Patrick, dans le rôle des parents, sont également en tout point remarquables. Les réalisateurs font leur boulot sans génie mais il n'en demeure pas moins que ce film se suit avec un réel plaisir (si on peut dire...). On peut juste regretter son aspect parfois un peu trop manichéen (les retrouvailles finales larmoyantes avec les parents sont quelque peu too much notamment).
RépondreSupprimerOui, ok pour le final mais c'est aussi ça l'Amérique. John Wayne ne tue pas Natalie Wood à la fin de La prisonnière du désert et du coup ça fait jurisprudence.
SupprimerLe Duke ne dégaine pas et nous voila avec 50 ans de happy end.
Hugo
Une déception pour moi. Et pourtant, j'aurais voulu l'aimer, ce film. Mais entre une mise en scène manquant singulièrement de style (on est très loin de Boogie nights) et un script paresseux qui survole son sujet (les mafieux sont trop sympas), j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans. Un peu comme dans un téléfilm tiède et désincarné. Malgré tout, je te rejoins sur la qualité du casting. Amanda Seyfried livre une vraie performance et les seconds couteaux sont remarquables (notamment Sharon Stone et Robert Patrick). À voir tout de même, ne serait-ce que pour connaître le chemin de croix enduré par Linda Lovelace. Une histoire de souillure et de rêve brisé. Hollywood, quoi.
RépondreSupprimerC'est pas du Coppola c'est sûr mais c'est plutôt au dessus de la plupart des biopics je trouve et la reconstitution de l'époque est bien, les critiques sont sévères surtout quand parfois sur le même blog le gonze s'extasie sur des machins comme le biopic des Runaways.
SupprimerJe radote par rapport à mon papier mais Rated X est à voir et The other Hollywood à lire absolument.
Hugo Spanky