lundi 29 novembre 2010

BaCK tO tHE RooTS !


Tandis que dans notre beau pays un énergumène malfaisant tel que Pascal Nègre ose prétendre que l’offre musicale n’a jamais été aussi large et que nous assistons, atterrés, à la sortie des nouvelles bouses de Zazie, Cali et Pagny, dans les pays anglo-saxons un retour salvateur à la soul et au blues se fait fortement ressentir.
Lassé par la soupe indigente que lui assène l’industrie du disque depuis trop longtemps déjà, le public est avide d’une musique au son chaud qui le fasse à nouveau vibrer tel un premier émoi amoureux.

Lancé, en 2006, par le formidable succès d’Amy Winehouse avec l’album bien nommé « Back to black », ce retour à la bonne musique ne cesse de s’étendre pour le plus grand bonheur de nos esgourdes. Et si la soul a enfin retrouvé ses lettres de noblesse, c’est en partie dû au label Daptone Records. Grâce à lui, finies les Mariah Carey, Whitney Houston, Maxwell et D’Angelo de tristes mémoires qui nous polluent les oreilles avec leur soul de supermarché aussi insipide qu’indigeste. Du balai, au placard toutes ces belettes et blaireaux avariés ! 



Place, notamment, à Sharon Jones & The Dap-Kings, bordel ! La Sharon elle a du coffre, du feeling et elle nous délivre avec son groupe de fous furieux une soul flamboyante au groove si envoûtant que même un François Fillon alité effectuerait une sarabande de tout les diables sous son influence. Quant au Budos Band, groupe phare du label, il n’est pas en reste pour mettre le feu à vos soirées avec ses instrumentaux funk brûlant. Ah, c’est autre chose que de devoir se coltiner du Sinclair ou du Calogero ces gaziers là, pour sûr ! Avec eux vous ne risquez pas de vous endormir sur votre canapé, avec la bière qui dégouline sur vos genoux, et bobonne qui vous bave sur l’épaule. 
Dans le même registre de poussée d’adrénaline incontrôlable, le petit gars Eli « Paperboy » Reed, que l’on peut qualifier de Wilson Pickett Junior sans en avoir honte, s’entend comme pas deux pour enflammer les foules. D’ailleurs, cet été, l’équipe Ranx Ze Vox a jugé la bête sur scène et elle est ressortie les jambes flageolantes, le corps recouvert de sueur et avec trois kilos en moins qui plus est ! Dire que sa musique est si puissante qu’elle vous fait l’effet d’un bourre pif administré par Lino Ventura et que son chant exalté vous cloue sur place ne serait pas faire justice à ce phénomène dévastateur. Chaudement recommandé donc.


Œuvrant plus dans le velours, Raphaël Saadiq, avec son superbe « The way i see it », nous a également enchanté. Un album idéal pour créer une ambiance feutrée propice à des ébats torrides avec sa dulcinée ; pour faire court, tout le contraire du dernier méfait de Jean-Louis Aubert.
Plus récemment d’autres groupes ont fait leur apparition et perpétuent cette nouvelle montée du groove à l’assaut des platines. Kings Go Forth avec « The outsiders are back » pratique une soul volontiers dansante avec des accents quasi disco par moments tandis que Gizelle Smith, avec sa voix d’une sensualité irrésistible, se démène comme une diablesse avec l’appui de son groupe The Migthy Mocambos pour nous faire partager sans compter sa soul matinée de funk.




Après le raz de marée Winehouse, la perfide Albion, elle non plus, n’est pas à la traîne en nous envoyant les petits jeunes de Plan B qui, avec leur troisième disque, désirent mettre la planète entière à leurs pieds grâce à leur soul mélodique, dotée d’arrangements classieux, qui ne sombre jamais dans le sirupeux. 



On l’a vu, la soul music se porte pour le mieux ces temps ci mais, fort heureusement, le blues revient également en force. D’ailleurs il ne faut pas oublier les anciens qui, loin d’être affaiblis par le poids des années, ont retrouvé toute leur sève.

Chrissie Hynde, qui a toujours su rester honorable dans sa production (bon ok, le duo avec UB40, c’était pas glorieux…) a enregistré, dès 2008, avec son groupe Pretenders un opus bien roots à consonances blues : « Break up the concrete ». Les morceaux tels que Love’s mystery, Boots of Chinese et Rosalee sont de véritables bombinettes à l’instrumentation minimaliste qui nous plongent dans un bonheur total. Bref, on jurerait que l’adage moins c’est mieux a été conçu pour qualifier ce disque.
Plus surprenant, Cyndi Lauper (oui celle des tubes pop 80’s et des tenues vestimentaires digne d’un daltonien…), s’attaque au registre du blues avec « Memphis Blues ». Aidée par Allen Toussaint, le célèbre pianiste de la Nouvelle Orléans, Charlie Musselwhite, l’habile harmoniciste, Johnny Lang, le surdoué de la guitare, BB King, la légende du blues et Ann Peebles, une ancienne gloire de la soul music, elle nous livre un album splendide de bout en bout. Just your fool et Down don’t bother me respirent le blues cru, Early in the mornin’ se singularise avec sa rythmique qui rend hommage au Professor Longhair, Don’t cry no more, typiquement rhythm’n’ blues, provoque des convulsions incontrôlables au niveau des guibolles et Wild women don’t have the blues semble enregistrée dans un bouge du fin fond du Mississipi. Habitée par cette musique, la Dame n’a jamais aussi bien chanté et elle a même coproduit cette galette de vinyle délectable qui sonne comme si elle avait été gravée à la belle époque. Ce disque est un régal à écouter de toute urgence et il serait criminel de se priver de ce plaisir pour cause de snobisme mal placée envers la Lauper.


Alors que Robert Plant nous a toujours bassiné avec ses hurlements de truie en furie avec son groupe de balourds surestimé Led Zeppelin, il nous met un coup à l’estomac avec son nouvel effort solo « Band of joy ». D’une tonalité folk blues, le disque commence très fort avec Angel dance une reprise fabuleuse d’un morceau, déjà fantastique à la base, de Los Lobos. Les compositions House of cards (de Richard Thompson), Harm’s swift way (de Townes Van Zandt) et Silver rider achèvent de nous convaincre de la maîtrise du bonhomme dans les ballades atmosphériques au lyrisme échevelé. Quant on sait que le Robert chante de façon mesurée, qu’il nous gratifie même d’un titre de pur rock’n’roll (You can’t buy my love) et que tout cet album se tient, il ne faut pas hésiter une seule seconde à se le procurer, non mais !


Même The Steve Miller Band s’est mis, avec « Bingo! », au disque de reprises de standards du blues. Autant dire qu’avec des titres comme, notamment, Hey yeah, Don’t cha know, Sweet soul vibe (tous trois signés Jimmie Vaughan), Tramp (de Lowell Fulson) et You got me dizzy (de Jimmy Reed) il ne valait mieux pas se planter ! Rassurez-vous, le résultat vaut largement le détour.


Il convient aussi de souligner le retour aux affaires du célèbre label Alligator Records. Productif comme jamais, il réédite à tour de bras ses plus beaux albums (ceux de Johnny Winter, Lucky Peterson, Albert Collins, Hound Dog Taylor, etc.) et remplit, tous les mois, les bacs de nouveautés. Les lp de Tommy Castro (du blues avec cuivre pétaradant), Guitar Shorty (et sa gratte rageuse), Janiva Magness (à la voix ensorceleuse) et Anders Osborne (le plus moderne, aussi subtil qu’incisif) sont des pépites indispensables pour tout amateur de blues qui se respecte.

Alors qu’en France les formations de blues ne sont guère palpitantes dans l’ensemble (faut dire qu’avec des « références » telles que Paul Personne et Bill Deraime ça ne facilite pas les vocations…), nos compatriotes allemands nous envoient Memo Gonzalez & The Bluescasters qui, avec « Dynomite », nous balancent un blues trépidant de première bourre, ponctué de ballades à tomber. Et pourtant, le Memo à le look Chicano pur jus tandis que son groupe pourrait aisément figurer dans un film sur la Gestapo, comme quoi, il ne faut jamais se fier aux apparences.

D’autres artistes, qui ont émergé depuis quelques années déjà, ne doivent pas être négligés.
Joe Bonamassa, qui a 8 albums studio à son actif, ne cesse d’affiner son style. Pratiquant un blues aux influences très rock, guitariste virtuose, il excelle aussi dans les morceaux acoustiques. Et puis le bonhomme connaît si bien ses classiques qu’il reprend  Cradle rock du grand, et hélas oublié, Rory Gallagher. Rien que pour ça, respect !


Pour les fanas de slide guitar, Sonny Landreth, qui,entre autres illustres personnes, a collaboré sur les albums de Dr John, John Hiatt, Buddy Guy et Alain Bashung (sur Osez Joséphine) est un maître dans le domaine et ses disques sont des modèles de blues éthéré et délicat. Robben Ford, un de ses amis, se débrouille plus que bien dans la même catégorie musicale avec toutefois des accents nettement plus énervés par instants.



Loin d’être exhaustive, cette énumération d’artistes soul et blues a pour but de démontrer la vitalité retrouvée de ces deux genres musicaux majeurs et d’éveiller l’envie de s’y replonger corps et bien dedans. Car plus on sera nombreux à défendre des artistes talentueux plus on aura de chance de voir disparaître des boulets tels que Christophe Maé, Emilie Simon, Christina Aguilera, Michael Bulbé et autres consorts du même navrant acabit. 


  Révérend Harry Max Powell



jeudi 18 novembre 2010

jerry Lee LeWis !



Le vertige. Voilà la sensation que m'évoque le parcours de Jerry Lee Lewis. Du pur Rock'n'Roll des années Sun à la Country du passage chez Mercury, dieu que la route fut longue et sinueuse pour le Killer. Abandonné par les pisseuses hystériques de la perfide Albion pour une histoire de mariage somme toute assez banale dans le sud des 60's américaines, notre homme n'a rien oublié. Et surtout pas qu'il doit d'avoir pu continuer sa carrière aux barbus truckers, ces solitaires des highways, les seuls durant les 70's à avoir porté à bout de bras celui que bon nombre rêvait de voir fini, laminé par les pills et le whisky. Sauf qu'on hérite pas d'un surnom comme le sien sans y mettre de la bonne volonté.


2010 et Jerry Lee Lewis, dernier des pionniers à encore se donner la peine d'enregistrer des disques, sort un nouvel album ! Mieux, ce Mean Old Man démarre par une surprise : Un morceau sans piano ! Un peu comme si AC/DC torchait un reggae. Ce mec est grand, vous pouvez arrêter de me lire là, j'ai tout dis. 

L'album est orchestré autour de trois titres aux relents stoniens sans pour autant que l'influence du groupe soit perceptible. Je m'explique. Deux reprises d'abord, Dead Flowers (avec Jagger) et Sweet Virginia (avec Richards) que le Killer traite de la plus simple des façons, la sienne. Les Stones avaient fait traverser l'atlantique à la country de chez ploucland en arrondissant les angles des mélodies, jusque là crachées plus que chantées, des pionniers du genre, Jerry Lee leur fait faire le chemin inverse. Il américanise les morceaux des Stones, leur refile un coup de violon bastringue et de vice sous-jacent. Bref, il les pulvérise et les sublime. Le troisième titre est celui qui ouvre les hostilités, ce Mean Old Man gravé en compagnie d'un Ron Wood en grande forme.



Une fois qu'on a dit ça, on peut passer aux choses sérieuses. A commencé par ce You can have her, si Clapton est présent pour faire plaisir à la maison de disques, c'est pour moi la participation active de James Burton qui porte le morceau au pinacle. Le maitre riff, parsème de licks brillantissimes un morceau qui en devient la pierre angulaire de l'album, un pur joyau mené tambour battant tout comme cette énième version du fameux Rockin' my life away avec cette fois Kid Rock (dont le Killer semble ne plus pouvoir se passer depuis Last Man Standing) et un Slash qui démontre qu'il mériterait bien mieux que son éternel statut d'ex Guns and Roses. Pour tout dire, le gars expédie les solos rabâchés d'un Brian Setzer aux oubliettes et envoie un ravageur feeling Rockabilly nous ramoner les esgourdes avec une telle jouissance qu'on en oublie de culpabiliser. Là est la force de Jerry Lee depuis son précédent album de « duo» il pousse au meilleur même les plus anecdotiques tout en ne leur laissant que des miettes. 
Jerry Lee Lewis est l'incarnation même du Rock'n'Roll !
 
Roll over Beethoven et Bad Moon Rising sont de telles réussites qu'en dire plus est superflu. You are my sunshine en compagnie de Sheryl Crow est mon chouchou, le gimmick de guitare est magistral. Whisky river avec Willie Nelson est un Country léger et énergique, le genre de truc que les deux fadas pourraient faire tourner pendant des heures tant ils le maitrisent. Ce qui nous laisse avec Middle age crazy
Et là, Jerry Lee me scotche, tant de sentiments, de frissons partagés. Middle age crazy est le morceau qui me colle, celui sur lequel je reviens sans cesse afin de percer à jour cette magie, celui qui contient en lui ce qui m'a si irrémédiablement accroché à la musique. Cette indéfinissable sensation d'évidence. Bordel, qu'il est bon de laisser courir le long de son épiderme ce frisson d'éternité, ce bien être dérangeant car inexpliqué, ce feeling qui console de tout.



Au frustrant cd standard ainsi composé, le cd en édition deluxe et surtout le double vinyl trois faces rallonge la sauce de 8 titres Country qui sont tout sauf dispensables. 
J'y retourne. Railroad to heaven avec Solomon Burke, putain de titre prophétique, entraine une dernière fois le soul man preacher sur les terres boueuses chères au Killer, Swinging doors avec Merle Haggard et James Burton est une tournerie bourrée de clin d'œil au genre tandis que trois autres morceaux sont piochés dans le répertoire d'Elvis, Release me, I really don't want to know et ce Hold you in my heart que le King envoyait au delà des étoiles sur son From Elvis in Memphis. De ces trois titres, Jerry Lee offre une relecture proche de l'os, stylisée, crue, là où Presley les atomisait à grand coups de puissance gospel. Ce n'est pas pour rien que le Killer menaça d'un flingue son rival, il le savait le seul à pouvoir le supplanter. Will the circle be unbroken en compagnie de Mavis Staples, Nils Lofgren et Robbie Robertson (du Band) est un vrai régal, les voix, les guitares, tout se mêle au rythme hypnotique et au delà de la Country, du Blues, du Gospel, apparaît la vérité, la part humaine, l'Amérique toute entière, ce melting pot de malédictions indiennes, de souffrance venu d'Afrique et ce désir jamais éteint de partir de ce désastre pour bâtir quelque chose de grand. La foi !


Miss the Mississippi and you clôture l'affaire. Jerry Lee Lewis seul au piano, face à lui même puisque de dieu ou du diable il n'aura jamais choisi, se contentant de rester à sa place, être humain parmi les êtres humains. Au delà des avis, au delà des jugements, Jerry Lee il est, Jerry Lee il reste et j'espère de toute mon âme que ce n'est pas la dernière fois qu'il nous accorde de son temps devenu si précieux. Il se pourrait bien qu'en enterrant cet homme on enterre bien plus qu'un peu de chair agitée par les battements d'un cœur, il se pourrait bien qu'après lui, tout soit définitivement perdu.
En redoutant ce jour maudit, jouissons !


  Hugo Spanky

lundi 8 novembre 2010

TéLé NaVeT



Dimanche soir, j'ai tenté de regarder "Wolverine". Quelle erreur... ce film est une honte ! 




Ils font table rase des origines de Logan pour en tirer une histoire risible dans laquelle il est le frère de... Dents de sabre. Ce dernier est incarné par un acteur aussi subtil que De Niro et il est méchant tout plein si bien qu'il veut tuer Logan mais finalement non... il lui sauve la vie! 

Quant au Projet X, ils en font n'importe quoi bien évidemment, la transformation de Logan dure 3 minutes; il pousse un petit cri de souffrance et puis c'est tout. 
Bref, encore une daube! 

Si ça continue ainsi, on va finir par regretter le Batman de la série télé des années 60 qui, a côté de telles conneries dopés aux effets numériques minables, passe pour un chef d’œuvre (c'est dire le niveau!). 

 
Quant à hier soir, sur M6, il passait une comédie soit disant géniale nommée "Tout ce qui brille" qui a fait un carton au box office français. Comment dire... tu regardes ce truc infâme à peine 5 minutes que tu as déjà envie d'atomiser la planète entière et de pulvériser l'univers en même temps pendant que tu y es, tiens! 



Pour conclure fissa, tant que les gens cautionneront des bouzes pareilles, le niveau cinématographique actuel n'est pas prêt de se relever.

Harry  Max