jeudi 17 novembre 2011

ENGLaND DReAmiNG TaPEs


La délicieuse collection Allia s’enrichit d'une nouvelle et incontournable référence avec England dreaming tapes. 
Jon Savage auteur du fameux England dreaming, consacré au Punk anglais estampillé 77, rallonge la sauce en publiant les nombreuses et généreuses interviews enregistrées lors de la conception de son pavé dédié au Do it yourself.
Au fil des innombrables pages de ce nouveau recueil on retrouve les locaux de l'étape, Joe Strummer, Malcom Mc Laren mais aussi la maman de Sid Vicious, de même que la grande majorité des noms qui peuvent vous venir à l'esprit à l'évocation d'une épingle à nourrice. Tous sont ici réunis pour dessiner ce que je définirais comme le pendant UK du Please kill me de Leg Mc Neil et Gillian Mc Cain, à savoir toute l'histoire, zones d'ombres inclues.
Pour faire court, moins de 2 minutes n'oublions jamais, voilà de quoi, pour ceux qui sauront attendre Noël, garnir les bottes allemandes avec l'assurance qu'un franc sourire accompagne le froissement du papier cadeau.
Hugo Spanky

mardi 1 novembre 2011

Invictus



Tout commence par un convoi, sur une route genre nos nationales.
D’un coté, sur une pelouse verdoyante, bien arrosée, derrière une joly barrière toute de fer forgée, des ti blancs, dans l’ordre et la discipline, se passent un ballon plutôt ovale.
De l’aut’ coté, sur un sol de poussière, mille fois brûlé par le soleil, derrière un grillage à poule éclaté et joliment orné de sacs plastiques et autres détritus volants, autour d’un ballon rond s’éclatent joyeusement et bruyamment une tripotée de ti noirs.
Le film est posé.

Alors que mon tournoi des 5 nations, qui se joue maint’nant à 6, était dans les perturbations atmosphérique ma Douce a eu cette très généreuse idée de m’offrir ce film, histoire de combler mon désœuvrement de l’après midi, « c’est l’truc juste après mon somme… »

Faut dire qu’on est très Clint à la maison en ce moment, livres, films et citations, alors du Clint Rugby un samedi tantôt, ça se refuse pas !

Ce film, hummmm, comment dire-je ?

Si c’était pas un film de Monsieur Clint Eastwood… même pas il est distribué, voilà c’est dit !
  Non pas que le film soit pas bon, ou mal joué avec de mauvais acteurs, non, c’est juste qu’on sais pas trop s’qu’y raconte.

Un poème pour ne pas se laisser aller,
Nelson « Madiba » Mandela, non.
Un Hymne multilingue.
Le Rugby et les SpringBoks lors de la coupe du monde de 1995, non plus.
Alors quoi ?


Faire un film sur Nelson Mandela, personnage au combien emblématique, qui nous a tenu en haleine durant plusieurs décennies via foultitude de chansons, de personnes publiques ou non, de défenseurs des droits humains, de la lutte contre le racisme, l’apartheid, le genre de film pas facile, la plus grande partie de la vie du Sieur en question s’étant principalement passée derrière des barreaux, exilé sur une île.

Clint nous présente ici l’Homme, libéré et nouvellement chef de cette nation que lui voyait Arc en Ciel, le Rugby ne servant ne servant que de fil conducteur, de lien entre les deux parties de cette nation.

Coté acteur, là aussi c’est un peu du vide, bien sûr Morgan Freeman fait un magnifique papy Mandela, mais Morgan Freeman fait de toute façon un délicieux papy. Matt Damon tient son rôle de capitaine « François Pienaar » d’une équipe de looser toute représentante de l’apartheid à l’exception d’un joueur, et quelques types jouant la garde rapprochée du sieur Mandela, que le papy va s’efforcer de faire vivre ensemble.

Du bon sentiment, y’en a !
On est tous frelo sauf que des fois on l’ignore. Clint montre ici comment un homme, par sa vision, veut fédérer au sein d’une même nation ceux qui jusque là sinon s’ignoraient, se foutaient plus ou moins joyeusement sur la gueule.
Un Nelson Mandela, coquin à souhait, malin et qui plus que tout s’efforce à tempérer les ardeurs et envies de revanche. Transformant cette équipe de loosers magnifiques qu’était les Springboks en ce qui va devenir les champions du monde de Rugby en 1995.

Ça fait Light pour un film de Monsieur Clint Eastwood hein ?

Alors faut fouiller un peu, chercher quoi en tirer. Une heure et demi de cinéma, joly voyage en Afrique du Sud, ballade en bus dans les Townships, un Morgan Freeman superbe papy Madiba, une équipe qui s’unie autour d’une idée, d’un nouvel hymne chanté dans les principales langues du pays, du Rugby, la Nation.

 Une drôle de résonance après les quelques semaines qu’on vient de passer, entre autre du coté de Toulouse, mais s’aurait pu êt’ dans n’importe quelle aut’ grande ville.

L’idée de ce qu’est, ou devrait êt’ une Nation.
Ce tournoi de Rugby, annuel, en est une splendide image, Cinq Nations « je compte que celles là », liées par l’histoire. De guerres plus qu’interminables à une colonisation des plus désagréable, d’une qu’a la prétention de tenir les aut’ sous sa botte mais se fait fournir ses reines et princes par l’aut’.
Sans doute des gens qui se détestent un peu mais, vivant ensemble depuis si longtemps, ne s’auraient plus quoi faire sans son voisin.
Autant d’amour que de haine, d’envie d’en découdre que de respect, le Rugby quoi !

Je reste sur cinq nations parce que ça représente exactement le sujet, et puis aussi une époque, je crains plutôt révolue, où des types de 120 kilos ne craignaient pas de mouiller les yeux lors des hymnes parc’que le sujet n’était pas tant une coupe ou un salaire mais bien la Nation, on est là !


 C’est p’us un s’cret j’suis un grand nostalgique, et pas qu’en matière musical, coté Rugby aussi. 
Si je me régale de s’qu’est devenu not’ équipe nationale, je regrette néanmoins le Rugby à Papa, et d’y a pas si loin !


Juste avant qu’on embauche des types venus de l’aut’ bout du monde, leur fournisse papiers et tout et tout au détriment des gars du cru, qui eux plus que tout ont leur place.

Je suis nostalgique de cette équipe de France menée en avant, ballon passé en arrière, par le Magnifique Abdelatif Benazzi, ouais, nous aussi on a eu une Nation Arc en Ciel, et elle existe toujours, dans des ti patlins où’s qu’on s’fout d’l’origine du grand père, t’es là, tu vis avec nous, tu t’bas avec nous, faut pas qu’on t’touche !

Le Rugby présente cette finesse, « j’utilise exprès le mot », qu’on peut aller au stade en famille, avec femme et louveteaux, s’asseoir à coté d’un supporter de l’équipe d’en face, se moquer et se congratuler à la fin de la partie, et au lieu de se crier des injures, aller vider des canons. Important ça, les canons !

Le Rugby est bien le seul sport de contact, voir de combat, où tu peux représenter une Nation, sans haine, avec fierté mais pas celle qui consiste à se croire meilleur que les autres, sans aucune idées racistes, sans trop d’préjugés, des tout p’tits ont souvent montrés un courage hors pair sur le terrain, juste une Nation.
Un mot qu’on ose à peine utiliser aujourd’hui, synonyme de fascisme, de haine & de peur.
Qui nous a inculqué cette idée de merde et laissé les nazis s’emparer de ce mot ?
Comme l’image d’un aîné avec sa cigarette l’idée de Nation est devenu un gros mot, un truc à effacer.

Partout aujourd’hui on ressent cette gêne, dans les transports en commun, les lieux publics, comme si on était pas tous ensemble, d’ailleurs on l’est de moins en moins.

Faut-il que des germains qui s’ront jamais mes cousins, ou des english qui acceptent de tirer en premier nous foutent sur la gueule pour que d’un seul élan, comme une seule personne La Nation se lève ?
Faudra t-il un tiramisu ou une couscous sismique ou une vérole de narine au second tour pour qu’on se sente solidaire, frelo, avec son voisin ?
En fait je sais p’us si ce film est si … pas plus intéressant qu’ça.


Je crois que bien au contraire, sous ses airs un peu cul cul, ses images toutes belles de flics blancs qui se prennent dans les bras avec des mômes du Township une fois la victoire du pays annoncée, de ces gardes du corps noirs qui s’inquiètent de travailler avec leurs nouveaux collègues et surtout Ex Enemy tout blancs, de ce président qui prend le temps et la peine d’apprendre le nom de chaque joueur d’une équipe de Rugby et de transmettre à son capitaine qu’ils n’allaient plus aujourd’hui jouer pour quelques milliers de blancs Afrikaners mais pour 46 millions de Sud Africains, une Nation.

 

Ouais, Papa Clint une fois encore je crois a fait mouche, à contre pied, ou c’est les tristes événements qui lui donnent raison mais pas question de l’appeler Clint Eastradamus.
Juste prendre le temps de regarder un film, écouter un hymne et sentir un peuple, épaule contre épaule, se souder.