mercredi 24 mai 2017

LiTTLe STeVeN SoULFiRe


La sortie de Soulfire, premier album du siècle en cours de Little Steven a tout ce qu'il faut pour satisfaire les nostalgiques des heures épiques de Southside Johnny & The Asbury Jukes, des Disciples Of Soul, du Jersey shore sound, ce mixage typique du Rock (guitare et voix) et du Rhythm & Blues (tempo et cuivres). Soulfire reprend les choses là où le sommet du genre, Men Without Women, les avait laissé en 1982. Et on le sait grâce à Lou Reed, un homme sans femme tape sur son tambour. Avec vigueur, sensualité et en y mettant toute son imagination. Reste à savoir si Little Steven a encore la sève féconde, si son album apporte autre chose que le parfum des temps immémoriaux.

On pouvait craindre l’exercice de style, l'énième hommage à des codes éculés, il n'en est rien. Steve Van Zandt est trop multiple pour ça. Si sa discographie solo tient sur un timbre poste, il peut se vanter qu'aucun des six albums parus sous son nom ne ressemble au précédent. Humaniste scandalisé par la politique du gouvernement Reagan, il opte, après Men Without Women, pour une tournure plus politisée avec Voice Of America, son album de 1984. La musique s'y fait à la fois plus agressive et moderne, les synthés remplacent les cuivres jusqu'à devenir les fondations du disque suivant Freedom No Compromise avant que l’électro funk minimaliste de Revolution ne cloue son cercueil avec des chiffres de ventes à lire au microscope. On est en 1989, Little Steven est blacklisté par le show business, estampillé communiste depuis qu'il a contribué à faire tomber l'apartheid avec Sun City en 1985, un projet mené avec conviction qui engendra l'engagement de nombreux autres artistes, universitaires et sportifs en alliant un revendicatif E.P six titres à un documentaire réalisé clandestinement en Afrique du sud .




Intelligemment sorti dans la foulée du Live Aid, à un moment où le monde avait les yeux tourné vers l'Afrique, le E.P Sun City réuni sous la bannière Artists United Against Apartheid des noms aussi divers que Miles Davis, Peter Wolf, Joey Ramone, Afrika Bambaataa, Lou Reed, Run DMC, Grandmaster Melle Mel, Keith Richards, Pat Benatar ou encore Bob Dylan, Big Youth, Pete Townshend, Ray Barretto...
Little Steven est un artiste concerné et aussi peu sectaire que possible. Plutôt que de proposer une compilation de titres disparates, il crée un climat de collaboration entre les différents protagonistes et propose de rendre plus fluides les frontières des genres.
Malgré la censure des radios américaines, la chanson atteint son but et secoue les consciences par son impact frondeur. Produit en collaboration avec Arthur Baker, Sun City est le mariage réussi des ambitions mondialistes d'une époque où la musique se voulait témoignage culturel autant que force d'influence sur la direction à donner à l'humanité, ainsi qu'un exemple trop rare de ce que peut donner l'union du Rock et du Hip Hop, lorsqu'elle ne se contente pas de coller les riffs de l'un sur le beat de l'autre, lorsqu'elle se nourrit de sonorités Jazz et World Music. Sun City démontre aussi que la musique peut véhiculer un message cinglant sans tomber dans la caricature partisane des utopies irrationnelles, ni la mièvrerie. A la seule condition de ne pas craindre pour sa carrière. Le luxueux, et éminemment ségrégationniste, parc de loisirs Sun City que Steve Van Zandt prit pour emblème de l'apartheid était aussi l'un des endroits les plus lucratifs pour des stars américaines -et souvent afro-américaines- peu regardantes sur la politique menée par le pays qui accueillait leurs concerts. En faisant pression sur elles afin qu'elles renoncent à ces juteux (et jusque là très discrets) contrats, il mit pour le moins mal à l'aise quelques uns des plus puissants noms du show bizz international. Le retour de bâton ne se fit pas attendre.

 


Steve Van Zandt n'a surement pas que des qualités, mais le carriérisme à tout prix ne fait pas partie de ses défauts. Déjà en 1973, durant l'enregistrement de ce qui allait devenir le premier album de Bruce Springsteen -Greetings From Asbury Park- il avait claqué la porte du studio, après s'être opposé à la volonté conjointe de leur manager/producteur Mike Appel et du tout puissant John Hammond de faire de Springsteen le nouveau Bob Dylan avec une production lorgnant plus volontiers vers le Folk Greenwich Village que l'âpreté du Heavy Rhythm & Blues que les deux compères pratiquaient depuis déjà plusieurs années dans les clubs du New Jersey. Écœuré par la docilité avec laquelle le futur boss se laissait entortiller par ces deux là, Van Zandt met sa guitare au clou, trouve un job sur des chantiers et rumine sa rancœur en maniant le marteau-piqueur, jusqu'à ce que son faux frère ne fasse amende honorable en revenant le chercher pour donner la touche finale à Born To Run


Commence alors l'âge d'or de leur collaboration. Complémentaires au possible, l'émulsion entre les deux hommes fait des étincelles. Entre 1976 et 1981 le duo va graver une centaine de chansons qu'ils vont distribuer autour d'eux pour le plus grand bonheur de Robert Gordon  (Fire), Donna Summer (Protection) ou Patti Smith (Because the night) et bien sur Southside Johnny & The Asbury Jukes (trois albums entiers qui s'ils ne vendirent guère n'en sont pas moins les piliers du fameux son du New Jersey) puis Gary US Bonds à qui ils livreront deux albums cousus main (Dedication et On The Line) et Ronnie Spector dont ils produiront le single du come back en 1977, Say goodbye to Hollywood composé par Billy Joel mais interprété par le E.Street Band au grand complet. Compositeurs jumeaux, Springsteen et Van Zandt se distinguent par la capacité du second à torcher des arrangements mirifiques mitonnés d'ingrédients venant des années Nelson Riddle de Frank Sinatra autant que des symphonies du Brill Building. Quelque part entre la rugosité poisseuse de Sam & Dave et l'élégance aristocratique de Sam Cooke, se trouve le talent de Miami Steve Van Zandt



L'inévitable fin du duo viendra de l'indéniable différence de tempérament des deux hommes. Bruce Springsteen est un angoissé à tendance dépressive incapable de prendre une décision sans l'avoir interminablement réfléchie. Steve Van Zandt, à l'inverse, fonce tête baissée, se nourrit de tous les sons, ne se soucie d'aucune sorte de postérité Il trimballe Springsteen dans les concerts de la nouvelle vague, lui fait incuber Clash, Prince, le Reggae, les singles Punk. C'est sous l'influence de cette bouillonnante énergie que le duo enregistre son album le plus urbain Darkness On The Edge Of Town. Le disque se pose comme la pierre tombale du New York tel que les italo-américains et les latinos l'avaient incarné jusque là. Il est à la fois nostalgique de Little Italy et moderne dans son implacable tension annonciatrice du communautarisme revendicatif dépeint une décennie plus tard par Spike Lee dans Do The Right Thing. Une fois encore the times they are a changing, mais c'est sur un tempo bien éloigné du folk que l'histoire sera cette fois contée.

Avant d'en arriver là, ils auront flanqué à la poubelle, un album entier dont les bandes sortiront officiellement en 2010, The Promise. Un époustouflant chef d’œuvre auquel le procès qui oppose Springsteen et Mike Appel, le manager limogé suite au retour de Steve Van Zandt, aura donné le coup de grâce. Interdit de publier des albums sous son nom durant plus de 18 mois, Springsteen abandonna ce projet pour lequel le duo avait travaillé plus conjointement qu'il ne le fera jamais. La plaie ne sera pas cautérisée. 


L'arrivée de Jon Landau dans l'entourage du chanteur jettera de l'huile sur un feu déjà ardant. Comme son prédécesseur, le nouveau manager cherche à éloigner Van Zandt des prises de décisions. L'enregistrement de The River tourne à la lutte fraternelle mais âpre. Little Steven imagine un album de Doo Wop contemporain et rageur fait de romantiques malédictions et de lutte sociale, Jon Landau cherche à conforter l'axe plus fédérateur du Rock middle of the road porté par des textes consensuels sur la quête de l'inextinguible rêve d'éternelle adolescence. Un registre que Bruce Springsteen explore de plus en plus régulièrement avec des compositions souvent balourdes et rarement passionnantes au delà d'une poignée d'écoutes. Le double album qui naitra des nuits blanches au Power Station Studio traduit l'incapacité du chanteur à trancher entre ces deux pôles. Plombé sur un tiers de sa durée par des titres médiocres (Ramrod, I'm a rocker, Cadillac ranch, Crush on you, You can look) que ceux de The Promise auraient pu remplacer haut la main, The River signe la prise de contact entre Bruce Springsteen et l’Amérique profonde, celle qui, bien au delà de New York et du New Jersey, le conduira par son soutien indéfectible jusqu'au règne mondial de Born In The USA


Entre temps, Steve Van Zandt se sera réinventé en Little Steven et volera de ses propres ailes. Sa principale participation à Born In The USA se fera en collaboration avec Arthur Baker par le biais d'une série de remix électro des principaux titres du disque pour le marché des maxi singles. Pour le reste, comme il le dit lui même : "Pendant que les gars du E.Street Band se bâtissaient un empire mondial, j'étais planqué sous une couverture dans une bagnole traversant Soweto."
Little Steven Van Zandt vivra le déclin, puis l'abandon, de sa carrière solo en se tournant d'abord vers la production puis comme acteur dans Les Sopranos et Lilyhammer. Fondateur d'une des premières radio indépendantes du web, Underground Garage -depuis assimilée à la sphère Sirius- qu'il complétera par un label, Wicked Cool avec pour unique but dans les deux cas de défendre une certaine idée du Rock'n'Roll.


Musicalement, sa production fut famélique durant plus de deux décennies. Une beauté de ballade bercée de mandoline, The time of your life enregistrée avec Bon Jovi comme backing band en 1995 pour la B.O d'un navet avec Hugh Grant (Nine Months) suivi quatre ans plus tard par Born Again Savage, un album de Hard psychédélique gravé en power trio avec le mec de U2 à la basse et le fils Bonham aux fûts barbares. Un peu vain, assommant à écouter sur toute sa longueur, l'album n'en reste pas moins supérieur à tout ce que le Garage a pu nous asséner dans le registre ces quarante dernières années.




Malgré l'apparente distance prise par leurs parcours, Bruce Springsteen n'a jamais manqué de demander l'opinion de son consigliere avant chaque nouvelle parution. Quitte à se ramasser des secousses comme lorsqu'il lui fera écouter le test pressing de Tunnel Of Love, son premier album post Born In The USA en 1987 "Qui en a quelque chose à foutre des états d'âme d'un mec de trente ans sur sa femme, sa nouvelle voiture et son désir de paternité ? Le monde a besoin de plus que ça venant de toi 
Springsteen a beau mettre en scène une revue Rhythm & Blues au beau milieu des concerts qui suivent la sortie de l'album, Little Steven décline l'offre de rejoindre la troupe. Tout comme il déclinera la position de leader de la nouvelle formation qui doit accompagner le boss pour sa première tournée sans le E.Street Band en 1993. 
Il cédera aux larmoiements de son vieux comparse deux ans plus tard, le temps d'enregistrer Blood brothers, mea culpa Springsteenien (et typiquement rital) envers ses complices limogés sans ménagement dix ans plus tôt. Il faudra attendre encore quelques années de plus et la reformation définitive du E.Street Band, à l'occasion de la tournée immortalisée par le Live In New York de 2001, pour retrouver Little Steven sous les feux de la rampe. Mais pas trop, plus autant, et sans se faire d'illusion, seulement prendre du plaisir. La conception des albums de Bruce Springsteen, il la laisse volontiers à Jon Landau, s'implique seulement quand un morceau lui inspire une partie de Rickenbaker Byrdsienne, quelques saupoudrages d'encens psyché ou de salutaires coup de pieds au cul. Pour l'essentiel, il signe les arrangements des versions live, joue au chef d'orchestre durant les concerts, plante une paire de duo au micro et parfois un solo ravageur qui gifle un public venu voir un spectacle dont il connait par cœur chaque code, et qui soudainement sorti de sa torpeur béate ne sait plus trop ce qu'il fout là. 



Et nous voila en 2017 avec ce Soulfire sur les bras. Première évidence, le disque tourne en boucle durant la rédaction de cet interminable pavé (qui plus est, dépourvu de la moindre photo de donzelle dénudée) et aucune envie ne m'a saisi de me lever pour le remplacer. Encore moins par un album de Bruce Springsteen. Forcé de reconnaître que Soulfire s'avère autrement plus tranchant et consistant que les récentes, et pourtant honorables, productions du E.Streeter en chef. J'ai eu la crainte, en voyant sur la tracklist que Little Steven reprenait ses propres classiques, qu'il ne sombre dans la facilité bedonnante d'une auto-glorification dont notre époque est friande, il n'en est rien. La version de Love on the wrong side of town n'apporte pas grand chose de nouveau, mais celle de I don't want to go home est complétement réinventée, et si la version originale par Southside Johnny et ses Jukes est un trop impeccable chef d’œuvre pour être surpassée, il n'en demeure pas moins que cette relecture tient sacrément bien la route.

Parmi les douze chansons de l'album, deux sont entièrement inédites (I saw the light et The city weeps tonight), deux sont des reprises, les huit autres ont été composés pour divers interprètes et sont éparpillés sur des albums de Jimmy Barnes, The Breakers, The Cocktail Slippers, Gary US Bonds et inévitablement Southside Johnny. Aucune des douze chansons n'avait été jusque là enregistrée par Little Steven lui même.
Quatre titres dominent un débat homogène et de qualité. La ballade doo wop The city weeps tonight pour d'évidentes raisons que je vous laisse découvrir par vous même. L'épique The Blues is my business piqué à Etta James, délivré ici avec un souffle que je n'avais plus entendu depuis la mort de Johnny Winter. En cet instant unique, le Blues is still alive and well.
Mes deux sommets perso haussent encore le niveau de quelques crans en se succédant avec malice. La reprise de James Brown Down and out in New York city qu'il aborde en faisant flirter avec une interprétation rock, les éléments typiques du funk de la blaxploitation des 70's, trompette jazzy inclue. Même approche pour Standing in the line of fire (offert à Gary US Bonds en 1984) qui multiplie les ambiances cinématographiques en passant d'une cavalcade de western digne des B.O de Ennio Morricone à une trame relativement classique pour notre homme, mais ponctuée d'arrangements faisant se confronter sonorités mariachi, cuivres soul, guitare hurlante et violons du Brill Building. 
Avec ces deux là, on se surprend à croire à nouveau en de vieilles promesses galvaudées. No retreat, no surrender, des conneries comme ça qui l'âge venant prennent une connotation trop souvent vaine, s'accompagnant d'une pincée au cœur plus couramment que d'une montée d'adrénaline.


La grande intelligence de ce disque est dans la savoureuse subtilité de ses arrangements, cette capacité à intégrer mille motifs qui se subliment les uns les autres sans superflu. Soulfire transpire d'énergie et d'amour pour le labeur, chaque chanson a été écrite au sens strict du terme. Les parties de cuivres sont travail d'orfèvre et la spontanéité est condition sine qua non. Steve Van Zandt est un merveilleux compositeur rarement reconnu à hauteur de son talent, Soulfire nous donne à entendre quel sublime interprète il est également. Vous savez quoi ? Je trouve que ça fait trop longtemps qu'il n'a pas envoyé son boss se faire foutre. Trace ta route Steve, on est avec toi. This time it's for real, baby.

Hugo Spanky 

jeudi 18 mai 2017

FiGHT FoR PaRTY iN THe BaCK !


New York n'en finira jamais de m'épater. Ce coup ci, c'est avec High Waisted, un groupe de Brooklyn savamment constitué d'une jolie chanteuse, Jessica Louise Dye, qui aime montrer ses nénés comme on a toujours espéré que Poison Ivy le fasse, et de trois mecs patibulaires dont un qui adore prendre sa chanteuse en photo. Cool.

Plus cool encore, les High Waisted ont bon goût. Pour preuve, ils jouent de la surf music nerveuse comme un Chris Isaak en cure de caféine (ils reprennent Blue hotel  sur leur mixtape Acid Tapes Vol.3) et si ils tracent leur chemin sans perdre une minute, ils n'en oublient pas de prendre le temps nécessaire pour composer de merveilleuses chansons toutes enguirlandées de mélodies pop qu'ils interprètent avec une délicieuse impeccabilité. 
Paru en début d'année dernière, leur premier album On Ludlow donne un exemple mieux que présentable de ce que l'on est en droit d'attendre d'un bon disque. Sans jamais trop s'éloigner de la formule du Doo Wop Surf tel qu'elle a été définie par Lou Reed, mise au point par Johnny Thunders et sublimée par In the flesh de Blondie, évoquant parfois l'énergie des Go-Go's, l'acidité des Bangles, les vapeurs de Mazzy Star sans pour autant manquer de personnalité dans l'assemblage minutieux qu'ils font des ingrédients. High Waisted tape juste et fort joliment. 



J'ai même déjà mes petits favoris dans le lot, Nuclear lover fantasmagorique single -si seulement les singles fantasmagoriques existaient encore- Maybe baby, fantasmagorique face B de single -si seulement les faces B existaient encore- et Trust intelligemment placé en ouverture sans que ce soit le plus tabasseur des morceaux, ce qui leur permet de nous coller une salutaire double gifle en appuyant sur le champignon dès le deuxième titre Party in the back. Une roublardise qui ne manque jamais de me séduire, preuve d'un savoir-faire que tous les groupes devraient maitriser avant de se radiner dans mes enceintes. La suite grimpe encore d'un cran avec l'addictif Shithead et Door flanqué à ses trousses avec des chœurs en clin d’œil appuyé au Chain gang de Sam Cooke. On est entre gens du monde.



Moins fignolées que l'album, les trois mixtapes du groupe n'en sont peut être que plus indispensables. En trois volumes, dont le premier est constitué de deux chaotiques démos enregistrées à Nashville, les Acid Tapes nous font entendre un groupe qui lâche la bride, tant sur des compos originales que sur des reprises chahutées avec amour et dans le respect de l'esprit originel. Ça swingue autant que ça raffute, c'est viril et girlie à la fois, ça incarne la salutaire turbulence d'un New York qui refuse de refermer le livre de la grande vie, celle qui se mène au rythme de la jungle des guitares qui s'écorchent, d'où s'extirpent les mélodies douces des sirènes de Coney Island. Telles des caresses qui laissent des bleus sur l'épiderme.


Très axé sur les reprises, le Volume 2 des Acid Tapes n'offrent comme originaux que deux démos de titres que l'on retrouve sur On Ludlow (Waist et Hey Hey) au milieu d'une palanquée de reprises au feeling live qui nous donnent l'occasion d'entendre le crapuleux son de New York comme on ne l'avait plus guère entendu depuis la bootleggeuse époque de In Cold Blood et Stations Of The Cross. Sont entre autres passées en revue, Link Wray (Jack the ripper), Rodriguez (Sugar man),  Swinging Blue Jeans ( Don't make me over), le Apache des Shadows,  Sleepwalk de Santo & Johnny, Monster mash de Bobby Pickett, avec mention spéciale pour la version de That's how strong my love is de Otis Redding qu'un Johnny Thunders des grandes heures n'aurait pas rendu plus authentique.


Bien plus généreux en compositions originales avec 5 titres inédits, le Volume 3 est à mon avis ce que le groupe a enregistré de plus personnel et essentiel. Moins maousse compression que l'album, globalement moins virulent -même si la cover de Judy is a punk est à couper le souffle- doté d'une série de reprises magistrales allant du Lovin' you de Johnny Guitar Watson, du hit 60's Nothing but a heartache des trop rarement citées The Flirtations au Blue flower de Mazzy Star, sans manquer d'honorer Chris Isaak puis Roy Orbison (Crying). Ce Volume 3 est fait de séduction à l'image de leur compo Night drive ou de la version du Human performance de leurs voisins de palier -à suivre de près également- Parquet Courts.




High Waisted vient s'ajouter à une déjà trop longue liste de groupes que je désespère de ne pas pouvoir apprécier sur les scènes de l'hexagone, la faute à un public préférant se faire dépouiller par les Rolling Stones, jusqu'à 300€ le ticket, pour assister à des versions apoplectiques d'un répertoire dont il ne transparait plus rien des implications passées. Le plus triste étant de constater que les progénitures de pareils crétins préfèrent soigner la mauvaise conscience de papa en l'accompagnant à ses frais au concert du troisième age, plutôt que de manifester pour le droit de voir Jessica Louise Dye culotte par dessus tête dans un club surchauffé. Avec semblables cons, le changement, c'est pas pour demain.


Hugo Spanky