C'est donc d'une musique cadenassée par les contraintes que tous les possibles trouvent matière à survivre. Sans doute que, comme pour le Blues avant lui, les stéréotypes dont on affuble le Black Metal sont dans l'esprit de ses détracteurs. Je dois remonter loin pour trouver un tel mélange en déséquilibre tranquille au bord de la falaise que celui proposé par le nouvel album de Gaahl, chanteur norvégien d'œuvre cantique. Trelldom pour le nom du groupe, By the shadows pour celui du disque et larguez les amarres. Un saxophone libre, des rythmes trépidants, des voix, partout, hantées, des guitares qui grincent, hurlent, piétinent. De l'aventure. On dirait le Outside de Bowie passé par la marmite des réducteurs de têtes.
Ailleurs, Doedsmaghird, Omniverse consciousness. Un clavier décalé, des sonorités dissonantes, un mixage qui s'évertue à camoufler toute flagornerie séductrice. Bon sang que cette musique se mérite, et pourvu que ça dure de la sorte. Qu'aucun consensus ne vienne la placer sous les projecteurs de la hype. Que tout ceci ne soit jamais atteint du syndrome qui en flingua combien d'autres, bravaches et revanchardes. Pourvu qu'aucun étudiant ne se badigeonne de corpse paint à la prochaine soirée infirmière du Bikini.