Son
grand-père est un Rocker
Mal connu de
par chez nous, la country cultive les lieux-communs et
s'apparente, dans les esprits chagrins, à une musique de ploucs
prétexte à des samedi soirs à base de croix brûlées, d'esclaves
pendus et de pratiques zoophiles.
Le genre a
pourtant fourni une sacrée ribambelle d'albums magiques aussi
somptueux que méconnu dans nos contrées. Rarement un genre cousin
du Rock aura été aussi peu courtisé, du public comme des médias.
Dans un pays où la presse s'apparente souvent à un reliquat de fan
club, il suffit pour s'en convaincre de jeter un regard rapide sur
les titres en kiosque, soul ceci, blues cela, jazz machin, rock à
tous les étages mais ploucland music non ça jamais, c'est
foutrement dommage.


La country-rock des 60's californiennes avait su en son temps rénover le style et offrir son compte de beautés avec des albums comme celui de Doug Dillard et Gene Clark, the fantastic expedition ou ceux des Flying burritos brothers, de l'International submarine band (safe at home) deux groupes au sein desquels s'illustre Gram Parsons. Il faudrait aussi réhabiliter les New riders of the purple sage ou ce chef d’œuvre de l'ombre, l'intemporel No other de Gene Clark tout ça sans négliger l'actualité du genre et tout d'abord l'incroyable album El santo grial la pistola piadosa du non moins incroyable Slackeye Slim, un petit bijou paru en 2011, Justin Townes Earle (fils de Steve) Amanda Shires, Eilen Jewell, Jayke Orvis (it's all been said), l’ensorcelante Rachel Brooke et son compère Lonesome Wyatt dont le e.p en duo (a bitter harvest) autorise quelques rapprochements avec l'alliance Nick Cave/PJ


Et surtout il
faudrait causer de temps à autre de Hank Williams III, ne
serait-ce que pour signaler la sortie de ses disques !
D'accord faut aussi dire que la Country n'y met pas du sien. Idéal pour bouffer du kilomètre, le genre s'est trop souvent fourvoyée dans le gros son, les stéréotypes, les histoires d'amour vaseuses pour séduire un public peu regardant et pour le moins traditionaliste. Un public qui ne se révolte même pas lorsque l'immense Hank Williams se voit refuser l'intronisation au Grand Ole Opry hall of fame. Toujours revancharde, la légendaire salle n'a jamais pardonné au pionnier d'avoir foulé sa scène raide bourré, plus camé qu'un Johnny Thunders.
Et pourtant.
Que serait devenu la musique américaine sans Hank Williams ?
Je vous le demande.


Un Johnny Cash restera à jamais dans cette catégorie alors que les deux larrons jouent à ce moment là strictement la même musique. Débraillé, mal éduqué, indigne des ondes, des salles prestigieuses et fréquemment vu en compagnie de "nègres", le jeune Presley verra vite son style gratifié d'un nom qui arrange tout le monde, tout en le mettant à l'index des puristes: le Hillbilly. Sauf que ça reste juste un nom. Une étiquette qui désigne une origine frelatée. Il était pas bio, le Presley.
Je ne sais pas si l'étude de la transmission des gènes est un sujet qui vous passionne mais si c'est le cas, le gars Hank III est pour vous. Fils illégitime et délaissé de Hank Williams Jr (un besogneux qui œuvre dans le sous ZZ Top) le gars III a tout de son grand père. La voix, la tronche, le talent et les tracas. Pas besoin de test de paternité pour déceler les origines du bonhomme. Auteur de textes dans lesquels la menace se mêle à l'insulte, Hank III va revigorer un style à l'agonie, le régénérer à la façon dont les Pogues avaient régénéré le folk irlandais. En lui foutant la gueule dans la boue.
C'est en suivant les conseils de la délicieuse Poison Ivy, via une interview de la dame, que je découvre le bonhomme avec son premier album, Risin' Outlaw, parut en 1999. Un disque un chouïa encore timide, constitué en majorité de reprises, principalement du méconnu mais excellent Wayne Hancock. Tout est en place, il manque juste un brin de folie qu'on devine latent.

En 2006, Straight To Hell met définitivement le feu aux poudres. Longtemps retardé, la maison de disque ne voulant pas d'un truc aussi virulent, le double album s'impose comme le sommet de ce que la musique peut encore offrir de plus sale, de plus authentique, de plus poignant (le splendide Country Heroes). Alternative assumée et revendiquée au son devenu trop conventionnel de Nashville, Hank Williams III a le feu sacré. Sans lui la race des Rockers trépanés serait morte avec Lux Interior. Traînez pas à découvrir ça.
En parallèle à
cet album, III enregistre This
ain't country, album bien nommé puisqu'il projette d'y
faire découvrir au public son autre passion musicale, le trash
metal ! Rien que ça.
Déjà tendues,
les relations avec le label Crub
ne vont aller qu'en se dégradant. Plutôt middle of the road dans sa
production, Crub refuse
purement et simplement de sortir le disque. Il s'en suivra un
imbroglio juridique contraignant finalement le label à laisser libre
cours à l'inspiration de son remuant chanteur. D'abord avec Damn
Right Rebel Proud, un
brûlot maltraitant
autant que faire se peut le petit monde bien huilé de la country
grand public en dézinguant notamment et dès le premier morceau sa
principale institution, le Grand Ole
Opry.

Hank
Williams peut reposer peinard, il ne sera
peut être jamais intronisé mais, avec une telle descendance, il
n'est pas près d'être oublié.
Débarrassé des contraintes de son label, Hank III retravaille les bandes de l'avorté This ain't country et en tire non pas un mais deux albums qui paraîtront à deux ans d’intervalle, Assjack dans un premier temps, en 2009, Hillbilly joker ensuite. Deux disques à effrayer même les plus endurcis fanas de Slayer, Exploited ou Sepultura. Deux ovnis enregistré en solo sur lesquels le bougre martyrise alternativement tous les instruments ! Même si ce ne sont pas des disques vers lesquels je me retourne souvent, chacun contient son lot de vraies bonnes chansons, Tennesse driver pour le premier, Hillbilly joker ou Life of sin pour le second en sont les plus évidents exemples.

Sans que ça n'étonne personne, vu le contexte, Crub et Hank III décident de mener route séparée. Néanmoins le label garde le droit de sortir des bandes restées jusque là inédites, comme ce sera le cas en avril 2012 avec Long gone daddy (qu'Hank III appelle à boycotter) et exige un dernier véritable album avant que le chanteur ne soit rendu à sa liberté. Ainsi, Rebel within sort en 2010. Porté par le splendide et aventureux single Karmageddon, le disque, s'il n'est pas décevant et se permet même d'étoffer le son avec l'apport d'une guitare électrique, souffre par endroit du syndrome album de fin de contrat.
Sans perdre un
instant, Hank Williams III crée son propre label indépendant,
avant de s'enfermer en studio. Le résultat de ces fructueuses
sessions paraît en septembre 2011 sous la forme de trois albums bien
distincts.
Dans la veine disons classique, le diptyque Ghost to a ghost/Guttertown tutoie les sommets, que ce soit avec le morceau ghost to a ghost, un bijou enregistré avec la participation de Tom Waits pour un saisissant final éblouissant de beauté, time to die et son violon tzigane ou dans un registre plus paillard ce Don't you wanna au texte sans équivoque (lookin all around trying to find me a girl who wants to fuck...)
L'album n'appartient quasiment plus à aucun genre tant la personnalité troublée du chanteur s'y étale avec talent, ambition et panache. Ridin' the waves s'autorise les distorsions d'une guitare électrique tout autant qu'un galopant banjo et applique à la country les recettes du métal pour un étonnant résultat, la lente et dépouillée valse The devils movin in côtoie l'hystérique Cunt of a bitch, Ray Lawrence Jr offre deux plages au nouveau venu du même nom, un gars sacrément prometteur que III a choisi de parrainer sans qu'il n'y ai rien à redire.
La seconde
partie de ce triple album proposent un film sonore, Gutter town,
une idée qu'Hank III avait déjà développé sur la seconde
partie de Straight to hell mais qu'il présente cette fois de
manière beaucoup plus aboutie. Entre bruitages sonores définissant
une ambiance lugubre et chansons aux influences cajuns, ce second lp
indissociable de Ghost to a ghost, nous embarque dans un
univers qui fini de placer Hank III en dehors de toutes les
catégories.

C'est
d'ailleurs en partageant l'affiche avec quelques uns des plus
significatifs représentants du Hard rock que III va visiter,
trop brièvement, l'hexagone le temps d'un concert le 15 juin 2012 au
Hellfest de Clisson. Le reste de la tournée européenne évite
malheureusement les salles françaises, sans doute trop frileuses
pour s'éloigner des sempiternelles reformations de vieilles gloires
du punk qui garnissent inlassablement leurs affiches. On ne peut rien
contre la connerie, certes, mais il serait temps d'instaurer dans
notre pays un système exigeant que les subventions versées à ces
salles imposent une programmation plus éclectique. Après tout
lorsqu'on est financer par l'argent publique, il serait normal de
répondre à un cahier des charges qui correspond à la diversité
des goûts des français. Bon, je ne vais pas une fois de plus
m’irriter l'ulcère sur le sujet mais merde.
Hugo
Spanky
Ce jeune homme a en effet tout pour plaire...
RépondreSupprimerSalut Serge.
SupprimerJ'ai reçu le disque ce matin, une somptueuse édition triple vinyls. Écoute le morceau ghost to a ghost, l'arrangement violon, accordéon sur un rythme de tango est éblouissant.
Voilà un gars qui sait faire quelque chose de totalement neuf avec des ingrédients qui sont les piliers de l'éternelle bonne musique.
Hugo
Je confirme que ce disque est un véritable bijoux. Merci pour ces découvertes Ô Grand Ranx <3
Supprimersuper bueno.
RépondreSupprimerclap clap clap
Merci
de la country sous acide, waouah!!
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