mardi 16 février 2016

ViNYL


Ils l'ont fait. Mick Jagger, Martin Scorsese, Bobby Cannavale, Terence Winter (scénariste des Soprano) et quelques autres jobastres l'ont fait. Vinyl, je ne vais pas vous le cacher, je l'ai un peu redouté. Déjà, je suis loin d'être un inconditionnel de Scorsese. Ensuite, les films sur le Rock, les biopics, je les trouve invariablement nazes. C'est le Rock pour les nuls. Quiconque a trainé ses tiags sur le bitume à 6 heures du matin du côté des abattoirs, après une nuit à se déchirer la tête, le sait. Les biopics, c'est pour les enfants sages. 


Mais ils l'ont fait. Je viens de regarder Vinyl, non, non, non, je viens de me ramasser Vinyl en travers de la tronche, et je suis scotché. En à peine moins de deux heures de pilote, Vinyl vient de me refiler une dose de secousses sismiques comme je n'en avais plus reçu depuis...j'en sais rien. M'en souviens plus. Depuis Les Soprano sur HBO. Voila, c'est ça. Ce sont les radios qui ont inventé le Rock affirme un D.J sévèrement gavé de coke. C'est vrai, il a raison. Et en 2016, c'est une chaine de télé qui maintient la créature en vie. C'est sur HBO que le Rock'n'Roll renait de ses cendres. Martin Scorsese filme sa résurrection au milieu des décombres d'un monde en ruine.


Vinyl commence par un coup de pute, je ne sais pas lequel des brigands qui président à la destinée de la série, à eu cette idée, mais elle donne le ton d'emblée. Ils ont enterré les dialogues dans le mixage, on est obligé de monter le son de ce foutu téléviseur. Et vous savez quoi ? Ils ont mis la musique à fond les gamelles. Bordel, quand les New York Dolls attaquent Personality crisis, ça vous arrache la tête !


Pour le reste, on connait le niveau quand Scorsese est au meilleur de sa forme. Et c'est le cas. Si Vinyl était sorti en salle, ça aurait été son meilleur film depuis des lustres. Les biopics, c'est pour les enfants sages disais-je, oui, sauf quand c'est Mick Jagger qui produit. Vous avez vu le boulot qu'il a fait pour Get On Up, son film sur James Brown ? Vous avez une idée de ce qui vous attend. Vinyl, nous conte les instants de folie furieuse du monde déjanté du Rock business, en prenant pour prétexte de suivre Richie Finestra, patron au bout du rouleau d'un label new-yorkais sur point d'être racheté par Polygram après avoir été conduit au bord du gouffre par une équipe de bras cassés.


Vinyl, c'est 1973, année de transition, de bouleversements dans le mode opératoire. Le moment où Mick Jagger commence à mettre son nez ailleurs que dans la poudre. Où lui et une poignée d'anglais, qui n'ont pas grandi entre le parmesan et la coppa, s’intéressent de près aux pourcentages, remettent en cause le système à l'ancienne. Les trusts se forment, le cynisme est la norme, les loups montrent les crocs. En parallèle à tout ça, les flashbacks nous baladent dans l'espace temps pour croiser d'autres loups, ceux de l'origine du truc. Les ritals de la mafia en combine avec les juifs du show business. Et là, ça rigole carrément pas du tout, on est chez Scorsese et on est sur HBO. Capice ? Le réalisateur des Affranchis bosse pour la chaine des Soprano. Fallait pas s'attendre à ce qu'ils tressent du macramé, ces fous furieux cassent littéralement la baraque.


Une fois la poussière retombée, le générique achevé, le quotidien a repris sa place. Triste réalité sur mon écran télé, je me suis retrouvé nez à nez avec un dangereux rebelle des années 90. Un rapeur à gros biscotos qui menaçait de bombarder le pays. Parait même qu'il y a eu des couillons pour s'en inspirer. Le gars fait dorénavant la nounou pour des folkeux en herbe, sur la petite chaine qui descendra pas plus bas.
Mais vous savez quoi ? Je m'en bats les couilles, je suis armé pour supporter ça. Je viens de faire le plein de vibrations lourdes. Je viens de voir Vinyl.


Hugo Spanky

22 commentaires:

  1. Je n'ai vraiment qu'un mot à dire : ça dépote !

    P.S : et ça fait du bien ! ;P

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Triple oui ! Quelle claque. D'autant plus qu'enfin l'histoire est placée dans son contexte. Pas de petites niches, de petites cases, de génie torturé qui se tripote le zguègue en pleine crise de créativité. Ils ont été malins comme des singes en se débarrassant de l'aspect glorification d'une idole, qui pollue systématiquement les biopics en isolant un cas pour en faire une exception. Avec Vinyl, c'est comme The other Hollywood, tout le monde trempe dans le même merdier.
      Les métaphores sont puissantes, c'est bourré d'humour, violent comme la rue, et on retrouve ce que j'ai adoré dans Les Soprano, à savoir que Richie Finestra, comme Tony Soprano avant lui, n'est pas résumé qu'à une seule facette de sa personnalité. On le suit patron de label, mais aussi père de famille, on le sent passionné par la musique, mais aussi enclin à faire passer les affaires avant tout. On le sent paumé, on le voit renaître.
      Ce pilote remplit son rôle à la perfection, je crève d'envie de voir la suite.

      Supprimer
    2. Moi aussi ;)
      J'adoré aussi "cette vague" genre Jurassic Park, à l'arrivée du son nouveau des New York Dolls, qui allait désormais tout piétiner sur son passage ;)

      Supprimer
    3. Tu parles de la scène où Richie Finestra est dans sa voiture, et qu'elle se fait submerger par une vague de filles hystériques qui se ruent vers le concert des New York Dolls au Mercer Art Center ? )))))
      J'aime la concision de tes raccourcis.

      Supprimer
    4. Exact ! ;)) Un vague inévitable et dévastatrice. Un nouvelle ère ;)

      Supprimer
  2. J'vais aller vérifier, manquerait plus que je te croie sur parole quand il s'agit de série TV qui parle rock 70's traité par des ritals.
    Scorsese les trucs que j'aime pas chez lui font partie d'un tout qui fait que ben moi Scorsese je vote pour, anytime.
    La première fois que je suis allé à NYC (chuis pas devenu un habitué non plus ...) j'avais en tête quasi exclusivement une virée à St Mark's Place. Mes enfants, jeunes à l'époque, me reparlent encore de certains trucs qui les avaient, heu, étonnés.
    Et encore, sûr que c'était déjà bien loin de ce que c'était à l'époque, j'imagine qu'aujourd'hui y a plus rien.
    On va donc s'y replonger ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai jamais eu l'occasion d'aller plus loin que l'Italie, mais parmi les destinations qui me feraient boucler mon baluchon en 5/5, New York est en tête de liste. Même si comme tu le fais remarquer, ce serait plus un voyage dans le temps qui me fait rêver que le New York d'aujourd'hui.
      T'as raison de pas me faire confiance, tu vas voir dans Vinyl où elle mène la confiance)))) Si toute la série est du calibre du pilote, on va s'en délecter les mirettes. Ils ont fait fortiche, ça mélange tout ce que j'aime. C'est méchant, parfois complétement loufoque et souvent réaliste et exalté. J'aime quand une série se sert de sa durée pour présenter un personnage sous toutes ses facettes, et ça semble bien parti pour être le cas, vu comment ça se combine avec sa femme et ses gosses...

      Petite auto satisfaction personnelle en relisant à la lumière du jour, les premières lignes de Dancing with Mr Mick, mon papier de l'été 2014 consacré à Mick Jagger. Je crois que j'avais bien choisi l'année et le contexte. C'est quasiment les 10 premières minutes de Vinyl résumée en 5 lignes. Je vais leur faire un procès )))

      Supprimer
  3. Il parait que Robert Plant fait partie du 1er pilot de la série ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Lui même en personne, non. Par contre, un acteur joue son rôle. Ça surprend un peu au début, de voir des faux New York Dolls ou Led Zeppelin, mais ça va, c'est pas plus dérangeant que ça.

      Supprimer
    2. Ca donne envie pour sûr !
      En tout cas la petite Juno Temple est devenue des plus sexy. Elle a un petit air de Stevie Nicks ou je me trompe ?

      Supprimer
    3. On la voit de plus en plus souvent dans les bons plans cette petite Juno Temple. Elle a fait du chemin depuis Lovelace.
      Je crois que Stevie Nicks est devenue l'icône féminine de référence des 70's. J'ai l'impression de la voir partout. D'ailleurs, elle est partout.

      Supprimer
  4. Hugo, moi aussi j'ai eu une montée d'adrénaline quand j'ai entendu "Personality Crisis" dès les 5 premières minutes du pilote. Je vais reprendre le visionnage de ce pilote avec beaucoup de plaisir...Ah ce que j'aime la télé quand elle nous sort des séries pareilles! Cela me permettra d'attendre le retour de GOT plus facilement.

    RépondreSupprimer
  5. enfin, Martin Scorsese qui a l'air de se remettre au niveau où il était lorsqu'il a sorti sa célèbre trilogie Taxi Driver, Les Affranchis et Casino, à laquelle on peut aussi rajouter Mean Streets et Le temps de l'innocence, mais dans ce cas on arrête de parler de trilogie. Parce que depuis, ce qu'il a sorti, style Aviator, Les nerfs à vifs, Gangs of New-York, Les infiltrés, Le loup de Wall Street, Shutter Island, ça craignait, c'était un peu boursouflé et surcôté, et ça avait l'air de coïncider avec l'abandon de son acteur fétiche De Niro au profit de la belle gueule de De Caprio. Quoi qu'il en soit, je lui souhaite que sa série Vinyl soit une série Rock indémodable, irrésistible, craquante et irrévérencieuse que tout le monde attend après les feux de paille qu'ont été les biobics sur Ray, James, Tina, Les Doors, Les Runaways, Johnny Cash, les Beatles (Backbeat) et autres Dylan. Rock, sex and drugs à tous les étages, on en demande pas plus...

    RépondreSupprimer
  6. Ouais, c'est le Scorsese d'After Hour, je trouve. La même façon de mettre des paillettes sur des trucs bien glauques. Et ce mec planté au milieu d'un tas d'embrouilles qui l'emportent malgré lui.

    RépondreSupprimer
  7. L'épisode 2 est une tuerie. Tout le monde en piste, on tient du lourd. Bobby Cannavale est énorme, il défonce l'écran (et aussi deux ou trois autres trucs au passage))))

    RépondreSupprimer
  8. Yo RANX,

    Tu me donnes encore plus envie que j'en avais déjà. IL est bon ce Martin, un grand passeur de la chose musicale, son anthologie du blues, ses docus et ses films tout simplement.

    Les biopics c'est pour les enfants sages, certes, mais il le fait bien. J'aime quand il s'aventure sur des terrains vierges (pour lui), Hugo Cabret était splendide, une déclaration d'amour au cinéma. J'attends sont nouveau projet avec DiCaprio avec impatiente, encore un biopic (plus ou moins) sur HH Holmes.

    Mais pour l'heure je vais attendre le blu ray de Vinyl, histoire d'en profiter dans les meilleures conditions.

    RépondreSupprimer
  9. Oui, je fais suite à l'article et vos commentaires. On va pas se raconter d'histoire, c'est juste bandant. Tellement que... D'abord j'ai pris une version NON-HD, j'ai regretté et rechargé une version de qualité. Ensuite j'ai dû me faire la scène du début jusqu'au New York Dolls cinq fois, seul ou avec des amis et fiston. Rien que pour lepied et voir si il était partagé.
    Les premières impressions: le NYD est criant de concert fantasmé, le spectacle est dans le public et l'acteur sous coke joue de dieu avec sa tronche qui découvre ces titres, (ensuite je me suis fait un album de NYD pour ne pas rester planté comme ça) le reste est à l'avenant les Flash Back sont étonnant d'intuition. Ha ha ha Led Zep, j'imagine la difficulté d'obtenir des droits pour jouer des scènes de Led Zep qui défendent leurs droits. Génial. L'évocation de J Page avec juste son bas de pantalon.
    Je n'ai pas été au bout du pilote, pas encore, j'en suis au meurtre qui est bien secouant.
    Et j'en oublie... Le peu de batterie sur Black Sabbath, je me le suis repassé pour pouvoir profiter d'un son augmenté (trop court!!) etc...
    Reste la question: est ce que cela va accrocher ceux qui sont nés dans les années 70? Allons nous nous enfoncer encore davantage dans la rétromania. Je commence à être entouré de "gosses" qui découvrent le rock de cette époque, comme je découvre la soul de cette même période... À suivre

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu es impeccablement raccord avec mon questionnement du moment, qui sera l'objet de ma prochaine tirade. Si j'arrive à m'en dépatouiller. Car figure toi que j'ai eu le même réflexe que toi, ressortir les albums des New York Dolls. Et putain, c'est comme si le Mercer Arts Center...aïe, tu n'as pas encore vu la fin ? Alors je n'en dis pas plus. Juste que les Dolls, merde, c'est toujours aussi fantastique !

      Supprimer
  10. PU……… COMME ÇA FAIT DU BIENNNNNNNNN………… Merci Ranxy j'en attendais pas moins de vous, vôzêtes vraiment des bons j'te l'dis depuis le début…… ça fait du bien de vous savoir là……… faut que j'arrête de regarder la série ou je vais tout envoyé péter remettre mon blouson en cuir rouge repeint aux couleurs des Pretenders et retourner vire dehors la nuit…et plus JAMAIS renter… c'mon Ranx…… ;) Fred Jopo

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Haha, Vinyl c'est un rush d'adrénaline cette série. En plus, en remettant les stars au rang d'être humain comme les autres, elle désacralise, elle redonne l'impression que c'est possible de le faire. Que demain, il suffit de récupérer un lieu cagneux, une poignée de mecs qui ont la foi et que l'étincelle va tout ravager.
      Comme toi, à chaque épisode, je ressens des trucs que j'ai plus ressenti depuis un bail. Le grand frisson.
      Yeah !

      Supprimer
  11. J'attendais (je sais pas quoi) pour la regarder mais après lecture, je vais précipiter son visionnement...
    Je suis plutôt une enfant sage mais je n'aime pas les biopics quand même (à part "The Doors" et "Walk the line"...)...par contre j'aime beaucoup Scorsese...
    Enfin bref je prends toujours grand plaisir à te lire, surtout que c'est souvent sur des choses que je connais très mal voire pas du tout...:)

    RépondreSupprimer