lundi 18 mai 2015

BaD OMeN, RaCHeL BRoOKe & LONesoMe WyaTT


Il y a des disques qu'on ne sait pas conseiller, ni à qui. De ces drôles d'objets qui vous mettent dans un drôle d'état que les mots réduisent sans jamais rendre justice. C'est pourquoi cet album je ne vais pas vous en dire grand chose même si je me sens obligé de vous signifier son existence. L'essentiel est donc déjà fait.

Bad Omen est le second méfait de la paire Rachel Brooke, Lonesome Wyatt. Rachel Brooke, je vous en ai déjà causé ici, elle a sorti en 2012 A Killer's Dream, un foutu disque si vous voulez mon avis, genre inespéré. Il est rangé pas loin de mes Hank III et n'a guère l'occasion de prendre la poussière. Lonesome Wyatt, c'est avec son groupe Those Poor Bastards qu'il œuvre le plus régulièrement. Pas facile à définir ceux là, chaque adjectif que je pourrais utiliser vous mènerez sur une mauvaise piste tellement les termes cintrés du ciboulot, originaux, grands malades au talent obscure sont galvaudés et attribués au moindre crétin qui se branche sur la prise électrique. Disons qu'ils ne ressemblent à rien de ce que vous connaissez.


Bad Omen, donc. Mazette, c'est pas rien ce disque. Tenez vous bien c'est un disque de chansons. Deux guitares, deux voix, parfois à peine un peu plus et surtout ces putains de chansons. Avec des mélodies, des vraies, intemporelles, belles, saisissantes. Pas des mélodies pompeuses, pas des airs qui se fredonnent en allant acheter le pain non plus. Des mélodies qui agissent sur le système pileux, font faire des vols planés aux méninges. Au moment où je vous parle c'est If the beasts should hunt us qui tourne et c'est la plus belle. Je me disais exactement pareil pendant le morceau précédent.


Le disque est capté tel quel, ils n'ont pas dû passer cent ans sur l'équalisation ou les overdubs, à mon avis il n'y a ni l'un ni l'autre. Un bel écho Sun sur la voix de Rachel et deux, trois bricoles dans l'arrière de la boutique comme sur Miles and miles, du tuba (à moins que ça soit du trombone), un crash de cymbale, quelques coups de grosses caisses façon fanfare et basta. On dirait du Hank Williams avec des harmonies de Doo Wop. Ou ce que Johnny Thunders aurait pu en faire. On sait que Rachel Brooke est raide dingue des Beach Boys, ça ne se dément pas à l'écoute de Dance with me, de l'orgue, une guitare banjo, de la magie dans les sillons.


Je peux continuer comme ça pour chacune des chansons, parler de Gospel blanc, de Blues, de Country, de possession dans les collines sous une lune ronde à la lumière de laquelle dansent les libellules. Citer Evil One parce que je l'adore avec son tempo tout riquiqui, sa belle touche de guitare électrique et des sons bizarres que je sais pas avec quoi ils les font. Ça fera peut être de jolies phrases mais on ne sera pas plus avancé ni vous, ni moi. Je suis convaincu de tenir là un album qui ne va pas me lâcher et vous êtes septiques parce que vous vous dites que vous avez mieux à faire. Et vous avez tort et j'ai raison.

Hugo Spanky

10 commentaires:

  1. Ben, quand j'ai écouté les premiers morceaux je me suis dit elle a vu la vierge Rachel ! Illuminé dépressif, fermons les écoutilles... et puis là, en écoutant If the beasts should hunt us "ah oui quand même ! Ça c'est vraiment le genre de musique que j'aime. C'est aussi beau et profond que le Summer Wine, j'adore. Ouverture des esgourdes. J'aime bien quand il descend à la cave Lonesome Wyatt ;) La voix de Rachel est jolie aussi mais elle est limite agressive je trouve quand elle monte... mais bon c'est quand même un très bel album et j'aime beaucoup la pochette au demeurant ;)

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  2. Vind'jiou ! C'est quoi cet OMNI (objet musical non identifié) ?!? C'est enregistré au fond d'une cave par deux musicos aussi branques l'un que l'autre ! Il en ressort un "machin" totalement inattendu et follement envoûtant. Soudain, on est projeté dans un film d'horreur des années 50, avec des morts-vivants en carton et des aliens en pâte à modeler et des autocollants d'araignées pleines de poils.
    Je le déconseille aux pétochards… les autres en feront un sympathique petit 4 heures (du matin !) complètement à l'Ouest !!!!!

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    1. C'est exactement ça ! Content que le disque t'ait plu, j'en suis fada. Je l'écoute en boucle en mangeant des insectes enfermé dans un placard avec un crucifix et une hache.
      Hugo Spanky

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    2. Je suis également tombé sous le charme de ce bien bel album dont l'atmosphère crépusculaire me rappelle celle qui nimbe le disque "Ultraviolence" de Lana Del Rey.
      Un conseil d'ami pour terminer: enchaîner donc ce "Bad Omen" avec le nouveau Calexico "Edge of the sun" et ce sera l'accord parfait.

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  3. Je ne connaissais absolument pas et effectivement ca m'a l'air d'être un sacré album! Ce que j'ai écouté m'a fait pensé à la folk americana de Marissa Nadler avec le côté éthéré et cotonneux de Cat's Eyes...
    Aurais tu un lien pour l'album complet?
    Merci pour cette belle découverte en tout cas!

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    1. Je connais pas les deux que tu cites, je vais me pencher là dessus. L'album est non seulement magnifique mais il semble inusable également, j'arrive pas à m'en lasser. Pour le choper autrement qu'en te faisant le bonheur d'acquérir un beau vinyl, y a soulseek. Et sinon tu me files ton mail et je te l'envoie.
      Hugo Spanky

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  4. vous avez de t'ces visions ... terrifiant ? bon cool je trouve, suave et romantique, la voix du mec un peu austère, mais ça souligne la voix féminine ... si vous aimez ces ambiances essayez anita lane (la copine a nick cave), ou aussi l'album de mazzy star (merci jimmee bruits magiques)

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    1. Romantique oui, suave par contre... J'ai écouté anita lane et mazzy star et pour le coup j'y entend beaucoup de production, c'est vachement léché et (re)travaillé. Pas grand chose à voir avec ce Bad Omen.
      Hugo Spanky

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  5. ah ouais ? plutôt l'album d'anita lane alors, d'accord, ce que j'ai de mazzy star est assez sobre. je parlais d'ambiance musicales, mais bon c'est ma perception ...

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    1. Ouais, je pige ce que tu y entends mais c'est tout ce que ce disque évite il me semble. Il est bourré de sonorités dépouillées mais inventives, d'un souffle de vérité que je n'arrive jamais à capter dans les productions que tu cites. Après comme tu dis c'est une question de perception, de ce qu'on y cherche. Lonesome Wyatt, on peut évoquer Nick Cave vu qu'il a une voix caverneuse, comme à une autre époque on aurait cité les Cramps, c'est réducteur. Rachel Brooke c'est différent, son timbre ne ressemble à aucun autre et casse justement le contre effet féminin en balançant une lumière crue sur le charme du vampire. Odetta vs Béla Lugosi gravé sur deux sillons rouges.
      Hugo Spanky

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