jeudi 14 octobre 2010

BoN SCoTT


Juste avant de sabrer le champagne et d'aligner les Gin/Get dans l'optique savante de vérifier si le bracelet Power Balance l'aide à marcher droit, Hugo Spanky du haut de ses 43 balais tous frais s'adresse à ceux de sa génération. Celle qui entendit AC/DC cogner dans les premiers walkmans.
                               

Attention, je vais dire du bien d'un livre parut chez camion blanc ! Tout arrive. Pour être juste, je dirais que celui de Philippe Marcadé, celui de John Lydon et une maigre poignée d'autres méritent aussi le détour. Et j'ai pas encore lu celui sur les Cramps.
Mais bon, je vais pas relancer le débat, ce serait vain. Après en avoir causé directement avec eux, il semble qu'une fois encore si on paie le prix fort pour leurs ouvrages souvent bâclés (le Joe Strummer est une merde indigne d'afficher le nom du Clash ronchon à sa Une) c'est la faute à la crise, la faute à la fnac, à virgin, la faute à ceux qui achètent pas assez de livres, la faute à pas de chance. Et peut être que tout ça est vrai et peut être même que ma tante en avait. Comme dirait Mike: Qui saura ?  
  
Bref Highway To Hell que ça s'appelle et forcément le héros en est Bon Scott. Un sacré retour sur les années collège de ceux de ma génération, du genre à vous filer un méchant torticolis si vous faites pas gaffe à bien vous y préparer. Du genre aussi à vous triturer les entrailles tellement ces souvenirs sont ceux sur lesquels nous nous sommes battis. 



Le bouquin restitue avec fidélité ce que l'on ressent à propos de Bon Scott rien qu'en matant une poignée de photos, en écoutant ses disques ou en le voyant se mouvoir sur scène tel un vieux briscard charmeur aux allures vénéneuses. Il délimite aussi mieux les contours d'une personnalité finalement très solitaire malgré un talent communicatif pour la communion des âmes damnées. Bon Scott, qu'il soit dans AC/DC où dans n'importe lequel des autres groupes dont il a fait partie, a toujours agi de la même façon. N'appartenant jamais à aucun clan, il s'éclipse à peine arrivé en ville, se pointe seul au concert, parfois par la porte d'entrée réservée au public et en repart tout aussi seul. Partout dans le monde où il ait posé ses bagages, ne serait-ce que le temps d'une nuit, Bon Scott savait où trouver de l'herbe, de la compagnie féminine et où tuer chaque secondes qui le rapprocherait du sommeil. Au delà du chanteur, c'est le portrait d'un homme que dessine l'auteur. Un Rocker, comme il se définira lui même dans un redoutable classique. Un gars qui la veille de sa mort écoute le premier Pretenders, pas Led Zeppelin


Un gars pour qui le Rock'n'Roll était tout aussi sacré qu'il peut l'être pour les têtes de pioches que nous sommes. Et il semblerait qu'il y ait un prix à payer pour ça. A 33 ans, Bon Scott cherchait l'insaisissable âme sœur, écrivait toujours à ses amours d'adolescence, rêvait d'un endroit où il se sentirait chez lui, apaisé. 
Si Bon Scott buvait au point d'en mourir c'est aussi parce qu'il n'avait pas trouvé meilleure raison de vivre.

De continuer à vivre, plutôt. La camarde avait depuis longtemps marqué son territoire en blessant son corps plus que ne l'aurait supporté bon nombre d'entre nous.  
C'est que Bon Scott faisait de la moto. Et pas pour semblant. Il en faisait comme il faisait tout le reste, de manière pas très académique. Il roulait vite, souvent sans casque et la majorité du temps saoul comme un polonais. Lorsque l'on fait tout ça sur un 900 Kawa, faut pas s'attendre à flirter longtemps avec le bas côté. Bien avant de rejoindre les rangs serrés des frangins Young, il se fracassa la gueule et brisa son corps en tellement d'endroits que s'il me venait l'idée de les énumérer ici, vous auriez vite fait de confondre Ranx Ze Vox avec une revue scientifique. 


Le restant de ses jours Bon Scott portera corset, minerve, dentier et s'acharnera à remplacer les barbituriques par de grasses têtes de la meilleure beuh qu'il puisse trouver. Il aura la tentation de l'héroïne mais son organisme ne la supportera pas, le faisant virer au bleu dès le premier shoot. On aurait pu causer de chance s'il n'avait remplacé le dragon par des quantité de whisky à abattre sans prévenir plus gaillard que lui et son mètre 65.  
Lent suicide que les années AC/DC finalement. Un suicide conçu pour laisser le souvenir d'un mec bien, attachant, rigolard et suffisamment amoureux du bon temps roulez pour en nourrir chaque minute qui s'écoule. Avant de basculer et basta. "Comme John Belushi" ose l'un des protagonistes du livre. Il a raison.



Au lieu de vous demander de me croire sur parole, je pourrais vous raconter l'affaire Back In Black et les fameux carnets de paroles disparus dans la nature laissant à penser que ce disque posthume est en fait partie intégrante de la période Bon Scott d'AC/DC. Si ce n'est qu'il lui manque la voix, le frisson et la gouaille canaille. Je pourrais donner dans le pathétique, raconter ses années en foyer de redressement.
Je vais me contenter de vous dire que ce livre pourrait raconter ma vie, la votre, la notre à tous. Celle de ceux qui se sont parfois grillés les ailes pour s'en tenir à un rêve, un idéal, ceux qui ont fait des sacrifices stupides pour une raison qui l'est encore plus aux yeux des crétins : l'amour du Rock'n'Roll. Et derrière cette symbolique, celui de la liberté. La vie de ceux qui ont en eux la nostalgie de ces brefs moments où sans savoir pourquoi, ni comment, on capte la magie, l'éphémère sensation d'échapper à tout contrôle. Le sixième sens à l'affut, en seul guide. Dévorer les instants précieux. Et savoir qu'après ça, ma foi, on peut bien mourir.


Hugo Spanky

5 commentaires:

  1. Merci pour la qualité O combien Rock'N'Roll de ce blog !

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  2. Un question me taraude est-il mort dans une R5 ? C'est con, mais môme quand j'ai appris sa mort, je me suis dit qu'un mec qui calanchait dans une R5 ne pouvait qu'être bon...

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  3. Une R5, exact. Sans doute que dans une Mercedes, il aurait eu la place nécessaire à sa survie.
    Ça tient à quoi la vie...

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  4. bon scott l'âme d'acdc!!bon sang quelle ganache!!quel mec,une belle époque finalement!!!

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  5. pascal arcade2 mai 2012 à 22:47

    ... mon premier concert de r'n'r c'est peut être bien dans ce cinéma qui passait le fameux "let there be rock" et ou des gens se levaient au milieu du film pour headbanger et ou on entendait de temps à autre des "bon scott" criés par une nana ... je devais avoir 14-15 piges, j'avais écouté trust mais pas encore les clash pistols et toute la clique ... dirty deeds done dirt cheap ...

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