jeudi 28 décembre 2023

PRiSCiLLa


On a regardé hier soir, et encore cet après-midi, le nouveau film de Sofia Coppola, Priscilla, consacré à celle qui fut la femme d'Elvis Presley. Un film sur l'enfermement, mental et physique. Sur une adolescence confisquée, les illusions surannées dans un monde définitivement disparu. Il ne faut pas s'attendre à voir un biopic sur Elvis, encore moins un document sur le rock'n'roll, Priscilla est privée de cette partie de la vie de son époux. Elle ne voit de cette exaltation que le bus qui passe les grilles de Graceland. Au delà de l'histoire, c'est du Sofia Coppola. Un film qui ne dit presque rien, à travers lequel on comprend beaucoup.



Le casting est parfait, sans ressembler à Elvis, Jacob Elordi nous le donne à voir de façon saisissante, quant à Cailee Spaeny, elle est impeccable de justesse. Je ne sais rien d'eux, ne les ai jamais vu nulle part auparavant, ils m'ont embarqué instantanément avec un tact de vieux routards qu'ils ne sont pas. En partie filmé à huis clos, en tête à tête, rien n'est caché de ce que l'on sait déjà sur les travers d'Elvis. Sans faire dans le sensationnel, Sofia Coppola traite un sujet que d'autres auraient pris comme prétexte pour planter au bout d'une pique l'idole d'hier, au nom des moeurs d'aujourd'hui. Son propos est ailleurs. Elle nous raconte deux solitudes qui s'additionnent plus qu'elles ne se guérissent. L'une est subie, l'autre est incurable.

Ceux qui aiment le cinéma de Sofia Coppola seront ravis. Les autres ne changeront pas d'avis, ce qui prouve bien que ce sont des imbéciles.

Hugo Spanky


26 commentaires:

  1. Tu m'as pris de vitesse 😜 J'ai eu un coup de cœur également pour se film et pour le choix de ces acteurs, qui ne serait-ce qu'au niveau de leurs tailles respectives et si c'est volontaire, est très judicieux. Dans une scène où notamment Elvis dépasse du cadre et son corps disparaît, en laissant Priscilla collée au mur, écrasée par une force invisible qu'on nomme emprise. La vision de l'esprit. C'est très fort 👍

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    1. C'est clairement le genre de films dont on découvre un nouvel aspect à chaque visionnage. Sofia Coppola a ce talent devenu rare (ou peut être est-ce juste une volonté) de faire saisir au spectateur le point de vue de chaque personnage. Son cinéma n'est pas machiavélique, il ne trucide pas l'un pour encenser l'autre, d'ailleurs il ne met pas en balance les personnages. On peut sortir de Priscilla en se disant, quelle conne dépourvue de personnalité, ce pauvre Elvis aurait mieux fait d'épouser Ann Margret. Tout comme on peut en sortir en la trouvant héroïque d'avoir supporté aussi longtemps ce plouc capricieux au caractère de mollusque. C'est dans la nuit et les jours qui suivent que le film fait son travail.

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    2. Mais bien sur qu'il aurait dû épouser Ann Margret !!! Ne me cherches pas avec ça 🤣🤣
      Petite spéculation au passage concernant Elvis -basé sur tout ce qu'on nous laisse entrevoir à travers les documentaires et même dans le film de Sofia-, est qu'il avait l'air un peu immature.

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    3. Je m'incruste dans la conversation car j'aimerais savoir si tu te réponds à toi-même, ou bien si vous êtes deux personnes (et deux blogs) distincts ?

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    4. Il parait que les deux gros bouquins (deux volumes apparemment) sur Elvis sont super.
      Pauvre Elvis.
      Merci Julian pour le lien 👌😀

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    5. Pour les deux énormes bouquins de Peter Guralnick sur Elvis, j'ai envie de dire bof. Le premier c'est de sa naissance à ses débuts de chanteur, autant dire que t'as 500 pages sur sa mère psychodingote, son père bon à rien, son frère jumeau mort-né, la pauvreté, Dieu et aussi Dieu. Après avoir enduré tout ça, tu attaques le second volume motivé à l'idée que ça va enfin causer musique et le gars te liste les dates de sessions d'enregistrements, les noms des musiciens, les tournages de films, les concerts et compagnie sans jamais exprimer le moindre avis, ni raconter quoique ce soit d'un peu passionnant.
      Si t'as pas peur de t'enfiler 500 pages de plus pour savoir à quelle heure il a enregistré Always on my mind, comment il était habillé et qui tient le tambourin que l'on entend dans l'enceinte de gauche à 1mn37 du début, alors c'est un livre pour toi )))

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    6. Entre ma concentration aléatoire et mes nouvelles lunettes je serais bien incapable de m'atteler à une telle tâche. Je vais opter pour les livre audio tiens. Voilà une nouvelle résolution 😁

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  2. Comme je ne sais pas quand je regarderai ce film, comme je voulais laisser un commentaire, comme le Stones juste après me permettait de commenter en évitant le Coppola mais comme je tenais compulsivement à dire ceci:
    "Ceux qui aiment le cinéma de Sofia Coppola seront ravis. Les autres ne changeront pas d'avis, ce qui prouve bien que ce sont des imbéciles"
    Je tire mon chapeau – de paille – a cette conclusion qui claque. J’étais d’abord content car j’aime bien les films de Coppola fille, même que je l’aime bien dans le Parrain III, alors je ne me sentais pas visé. Puis je vérifie la filmographie et je constate ne plus avoir vu ses films après Marie-Antoinette.
    Du coup je ne suis plus certain.
    Et puis je veux d’abord voir la bio de Elvis.

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    1. On peut dire que le biopic d'Elvis et le film de Sofia Coppola sont visuellement les exacts opposés. L'un est tapageur comme un feu d'artifice, l'autre est si feutré qu'on se demande quand elle finira par ouvrir ces putains de tentures aux fenêtres. Jusqu'à ce qu'on pige que c'est précisément le sujet du film.
      Le soucis du biopic, c'est le cahier des charges. Tous ces films sur les rockstars sont exactement les mêmes, tu peux mettre Elvis dans celui sur Freddie Mercury et Freddie dans celui d'Elton John (et je tenterais bien Elton John dans celui sur Johnny Cash)). C'est filmé pareil, grosso modo comme un Marvel, et scénarisé avec les mêmes intentions moralisatrices (il faut bien que jeunesse se passe). Et historiquement, c'est aussi fiable que Rock&Folk )))

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    2. Tu es méchant, j'ai bien aimé le biopic romancé sur Elton :) Enfin je comprends ce que tu veux dire à propos du cahier des charges.

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    3. Je l'ai bien aimé moi aussi et celui sur Elvis également, mais le terme biopic laisse entendre que ce serait biographique alors que c'est du pur divertissement qui empile les clichés sur une époque plus que sur les personnages qu'il prétend aborder.
      Celui sur Liberace est mon préféré, le personnage était tellement kitsch et superficiel qu'il explose le cahier des charges )))
      Et paradoxalement c'est celui qui retranscrit le mieux l'être humain qui se cache derrière.

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    4. Je vais essayer de me le trouver. J'ai aussi celui sur Claude François à voir. Je me doute que la ligne conductrice est la même que pour Elton ou Elvis : du divertissement grand public, du "plein les yeux" avant tout...

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    5. Oula Claude François si tu fais un biopic fidèle à la vérité, tu finis crucifié par ses fans ))) A l'époque où on vit je suis déjà surpris que sa statue de cire ne soit pas à la cave et ses disques interdits à la vente. Il a du bol d'être mort avant me too.
      J'ai vu Cloclo mais je ne m'en souviens plus, je sais que l'acteur était bon et il me semble que le film était pas mal dans le genre biographie officielle approuvée par la famille. Ni coke, ni zob.

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    6. C'est vrai que c'est la mode aujourd'hui de lui cracher dessus... Je trouve ça bizarre que tous ces gens aient attendu 40 ans pour révéler leurs "vérités" à son sujet... Je me demande si tout ça n'est pas une fois de plus du "buzz" médiatique et rien d'autre...

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    7. Disons que Claude François avait et revendiquait des goûts en matière de jeunes filles qui aujourd'hui poseraient problèmes. Pour autant, ceux qui le dénoncent avec de grands effets ne sont surement pas ceux qui le devraient et on peut penser qu'effectivement ils le font surtout pour faire parler d'eux. Je crois que les films et documentaires sur les célébrités se devraient d'être honnêtes sur ces sujets, et d'autres. Ce qui me parait malsain c'est lorsqu'ils occultent les zones d'ombres, qui souvent sont liées au contexte d'une époque, que l'on peut condamner de façon globale mais pas en désignant l'un et en donnant l'absolution à l'autre. Beaucoup de personnalités de la gauche soixante-huitarde devenue moraliste ont eux même revendiqué certaines libertés par le passé, notamment envers les plus jeunes, qu'ils mettent aujourd'hui sous le tapis pour mieux détourner l'attention vers des cibles plus commodes.
      Et que dire des parents ? Ceux qui laissaient leurs filles adolescentes passer des nuits entières sur le palier de Claude François, comme ceux qui les livraient à Johnny Hallyday en lui demandant de les déflorer ! Et il n'est qu'un exemple parmi d'autres. Ou encore la mère de Flavie Flament qui en toute connaissance de cause la confiait à David Hamilton. On peut penser que eux aussi ont une responsabilité. Le sujet n'est pas mince et l'hypocrisie règne. Et j'ai du mal à croire que le couple présidentiel soit bien placé pour changer les mentalités en la matière...
      C'est en tout cas une des qualités du film de Sofia Coppola, il n'est à charge envers aucun personnage, mais il montre leurs travers sans faire de sensationnalisme, ce qui est d'après moi la meilleure approche. Au spectateur, ensuite, de se faire son opinion ou de ne pas en avoir.

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    8. J'apprécie justement les films qui ne sont pas moralisateurs et qui laissent le spectateur juger par lui-même et tirer ses propres conclusions. Les films avec un bon très très gentil et un mauvais très très méchant, c'est bien pour Disney :). En tout cas tu m'en apprends encore avec ces anecdotes. C'est vrai que les parents avaient une certaine responsabilité là-dedans. Et puis, ne pas oublier que les mentalités de l'époque étaient bien différentes de celles d'aujourd'hui. Je suis certain que de nombreuses adolescentes rêvaient vraiment de passer une nuit avec Claude François ou un autre...

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  3. Tu m'as donné envie de le voir :) Dans un autre style, je me suis trouvé le biopic sur J. R. R. Tolkien...

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    1. Bonjour Julian et merci pour l'info, ça m’intéresse aussi 🙋‍♀️

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    2. Bonjour, j'ai un lien de téléchargement ici : https://1fichier.com/?1zh5zz3w5n8ialln1yof&af=4836655

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    3. C'est cool, merci. J'essaye de te choper un lien valide pour celui sur Liberace, mais on dirait bien qu'il est enterré avec uptobox.

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    4. Ah dommage... mais merci quand même.

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    5. https://1fichier.com/?rb4tkyp6jeqped9wfr6k
      Liberace en VOSTFR pour bien démarrer l'année )))

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  4. Bonjour RanxZeVox, j'aime bien cette définition " Un film qui ne dit presque rien, à travers lequel on comprend beaucoup." Il est vrai que pour son nouveau film « Priscilla » avec Cailee Spaeny et Jacob Elordi , le casting m'a aussi embarqué et ce long métrage m'a séduit mais, pour autant je me suis justement comme Priscilla un peu ennuyé et j'aurai préféré que Sofia Coppola nous montre son affranchissement après sa rupture avec Elvis Presley mais , çà c'est une autre histoire que madame Presley ne souhaitait pas voir vivre à l'écran ...sans doute .

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    1. Son affranchissement, c'est la rupture, non ? Je le vois comme ça.

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    2. Ceci dit, je n'aurais rien contre une rallonge sur ses années Dallas et Y a t-il un flic pour sauver la reine ? Mais il aurait fallu Mel Brooks plutôt que Sofia Coppola à la réalisation )))

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