samedi 29 juin 2019

ARaKi APoCaLYPse



Quelque part entre Mars Attack!, Rencontre du troisième type et Body Double, Gregg Araki fait du Gregg Araki. Pour la télé. Avec toujours autant de sexe, moins de drogues et une originalité qui s'épuise. 
En s'inspirant notablement des photographies de Richard Kern, le réalisateur avait amené aux années 90 un cinéma coloré à outrance et doté d'une si faible morale qu'il faisait passer Larry Clark pour ce qu'il est, un triste sire. Avec Araki, c'était fun, fun, fun, on en prenait plein les rétines, on en redemandait, il nous en redonnait, Totally Fucked Up, The Doom Generation, Kaboom, Smiley Face, Nowhere, Shannen Doherty, Traci Lords et Rose McGowan dans une même scène, personne d'autre n'avait osé un tel menu de friandises, fusse pour les faire exploser à l’arrêt de bus.






Now Apocalypse aligne toute la panoplie Araki, de jolies filles nues, des gays très costauds en bikini riquiqui, des roulages de pelles intenses, des tripatouillages lubriques, des monstres de foire façon créature du lagon noir, des explosions de couleurs, des coïts en pagaille, des sex toys à tout bout de champ, du surréalisme débile et finalement on s'en fout que ça n'ait aucun sens, on s'en cogne qu'il nous ait fait ce coups là des dizaines de fois. On prend comme ça vient parce qu'on ne verra ça nulle part ailleurs et qu'une fois tous les 4 ou 5 ans ça fait marrer de se taper du Gregg Araki

Bon, doit bien y avoir quelques sombres plumitifs pour trouver un sens profond à une génération qui communique avec l'autre bout du monde sans jamais échanger deux mots avec la personne assise à la même table, peut être que Bernard-Henri Levy a une opinion là dessus qui diffère de celle de Jacques Attali, et sans doute que les astrophysiciens lancés sur les traces des phénomènes extra-terrestres sont une satyre de la CIA, que le monstre fornicateur est Donald Trump en personne, je ne sais pas. Aux analystes de faire leur boulot. Moi, je gobe toute l'histoire comme on me la vend, l'emballage est carrossé pour séduire. Vérifiez par vous-même.




Il fait canicule, moite et collé au cuir déchiré du canapé je ne trouve rien de mieux à faire que rester béat devant Now Apocalypse. S'envoyer toute la saison d'un trait est d'autant plus plaisant que la série trouve son rythme là où toutes les autres s'effondrent, au cinquième épisode. 
Je devrais vous parler du casting, il est nickel, avec juste ce qu'il faut de têtes qu'on est persuadé d'avoir aperçu quelque part, sans réussir à trouver où. L'hétéro du lot est impayable, faut que je vous en touche deux mots. Le gars a une petite copine pas du tout branchée monogamie, passe encore lorsqu'elle lui fait croquer une chouette asiatique aux fesses plates, les problèmes déboulent lorsqu'elle lui annonce négligemment qu'elle vient de baiser deux fois avec un ex. De là, il se défonce à la salle de sport jusqu'à ne plus tenir debout, s'effondre en larmes dans les bras de son colocataire gay avant de soigner son désarroi chez les hétéros anonymes. Dit comme ça, ça ne pisse pas loin, et à vrai dire même une fois mis en scène par Araki ça n'évoque Buster Keaton que de loin. Sauf que l'acteur est jubilatoire. Faut le voir aussi dans cette histoire de séance photos improvisée qui vire au porno soft. C'est confus ? Je me doute. Je ne veux pas dévoiler les chutes, l'important c'est de me croire, Beau Mirchoff (ça peut pas être un pseudo, un blaze pareil) est la révélation de la série. Bon, il y a aussi une webcam girl qui scénarise les branlettes d'une bande de ravagés aux fantasmes aussi imaginatifs qu'un avant centre de district. Tout ce beau monde ne pense qu'au sexe, parce qu'il semble que ce soit la chose à faire lorsque l'on a 20 ans, sans pour autant réussir à trouver quoique ce soit de satisfaisant à ça. Alors, ils cherchent. Un mode d'emploi, un exutoire, une combinaison gagnante. 



10 épisodes de 30 minutes, générique inclus, je ne récapitule pas. C'est pas la série de la décennie, pas même celle de l'année, je suis à peu près certain qu'en cherchant sans trop se fouler, il doit en exister en ce moment même une ou deux de meilleures. Des machins avec des dragons, des tueurs sanguinaires, des super-héros sur le point de sauver l'univers. Dans aucune d'entre elles, vous ne verrez Henry Rollins. On parie ? Now Apocalypse, c'est Gregg Araki dans le poste, sans surprise, ni déception, passer devant sans s'arrêter n'est pas une option. 

Hugo Spanky




14 commentaires:

  1. Houla j'ai dans l'idée que cela risque de rester longtemps inédit de par chez nous. Tout ça m'a bien l'air coloré en tout cas et bien fendard. Je pensais te dire que tu exagères concernant Larry Clark, mais en fait je connais pas du tout, seul le nom familier m'a trompé et je sais toujours pas pourquoi. En attendant je vais jeter un oeil sur tes autres références, il se trouve aussi que GREGG ARAKI ne me dit rien non plus.... Hop c'est parti

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    1. Aussi étonnant que ce soit, figure-toi que ça se trouve en VOSTFR mais aussi en VF !!! Aucune idée de qui a diffusé ça en France mais ça existe.
      Gregg Araki, bonne pioche si tu connais pas, c'est un univers sacrément délirant et je me demande si ça doit pas être encore plus percutant de le découvrir maintenant, vu le contexte, que dans les années 90.

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    2. Bon ben si ça se trouve, et en VOSTFR, je vais essayer de chercher alors.
      Gregg Araki c'est comme Henry Rollins, je connais pas vraiment bien mais je leur accorde tout mon crédit. Ca leur fait une belle jambe tiens.

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  2. Oh j'adorais Gregg Araki dans les 90s..j'avais un peu perdu sa trace après bien que j'ai Kaboom !
    Il faut que je voie ça, merci pour l'info 😉

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  3. Bon, quelques films récupérés mais aussi donc la série Now. J'ai bien ri (c'était pour placer Araki Rit... mais j'arrive pas à trouver le moyen de caser ça l'air de rien)
    Marrant, ma première envie c'était de retrouver des films de Kevin Smith, l'époque Clercks ou Zak. Ce côté bavardage nonchalant marrant. Bon Araki lui colle tout ce qu'il peut mettre sur le compte du sexe, mais même dans ces cas, ça s'intègre bien dans cette ambiance où tout est marrant banal/normal.
    J'ai lu une critique positive et injuste sur le jeu des acteurs qui sois disant surjouent le "mauvais" jeu d'acteur. Au contraire, ils ont un naturel qui te font regarder tout ça avec la banane.
    Par contre, je me disais, pas à regarder avec des mômes, il y a plus malsain c'est certain, mais tu passerais ton temps de parents à expliquer chaque scène pratiquement. "Pourquoi le monsieur il crie comme ça?" ... "Ho, et c'est quoi ce truc..!" "Heeuuu, quel truc?" "si si le truc avec la dame qui lui passe des mouchoirs en papier"....
    "Bon, fiston, ce film est nul, il se passe rien, tiens, on va regarder le SILENCE DES AGNEAUX tu verras c'est mieux"

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    1. Clercks était mortel, je l'avais oublié celui là )))
      Je suis d'accord avec toi, je trouve les acteurs très détachés de l'énormité des situations et ça leur confère un naturel qui rend crédible le plus improbable. Et d'accord aussi que Le silence des agneaux est bien moins traumatisant pour des adolescents qu'une scène pécheresse de masturbation, sans même évoquer (ATTENTION SPOILER QUI TUE) le scandaleux final avec l'extra terrestre sodomite ! Un coup à finir au purgatoire.))))

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    2. Bon, effectivement tu as en partie SePOILÉ mais tout les personnages n'ont pas été hum.. dénoué, donc une suite?
      C'était bien fendard. Merci.
      Maintenant les films, pour pas être en reste.
      Kevin Smith, le fiston m'a retrouvé le DVD de "Zak et Miri font un porno" Lui, qui le suivait de près m'a dit qu'ensuite c'est devenu sérieux, maintenant il fait de la réalisation épisodique de série (Super Girl) ... triste. Même si il pense refaire un CLEKS 3... qui s'éternise.

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    3. Clerks est typiquement le genre de film qui fonctionne parce qu'il tombe pile dans son époque, difficile de faire une carrière en imaginant réitérer le coup. Dogma était pas mal, sans commune mesure.
      Araki est plus consistant, la trilogie des débuts (Totally fucked up, Doom Generation, Nowhere) est un festival loufdingue dont Now Apocalypse est une relecture actualisée pour la télé (comme Kaboom l'était pour le cinéma en 2010), il a su ensuite se démarquer sans se renier. Parfois avec un ton plus sombre (les excellents Mysterious skin et White Bird) ou purement comique comme pour Smiley Face avec Anna Faris dont le rythme hystérique évoque le Arizona Jr des frangins Coen.
      Une saison 2 de Now Apocalypse, ça serait cool, Araki n'a pas vraiment d'équivalent, Euphoria manque de fantaisie pour prétendre à la concurrence. Mais j'y reviendrai sans doute.

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    4. Fun et sympa, cette série ne va guère plus loin que cela. Le casting est vraiment l'atout majeur tant les acteurs savent rendre leurs personnages attachant après ça tourne en rond très rapidement. Cette série me fait l'impression de n'être qu'un reader digest des œuvres passées d'Araki.
      Bof bof bof… mieux vaut donc revoir les films que tu cites fort à propos.

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    5. C'est une fantaisie à prendre comme telle...jusqu'à ce que tu vois Euphoria. Et là, tout s'éclaire soudain et tu cries au génie devant Now Apocalypse !!! Non pas qu'Euphoria soit mauvais, techniquement c'est même surement meilleur, sauf que c'est d'un chiant carabiné. Pleurniche sur la droguée de service pour qui tout va toujours mal, hourra pour la webcam girl obèse qui retrouve confiance en elle, un petit coup de Twin Peaks pour le capitaine de l'équipe et son amour secret que son père a baisé avant lui, et pas l'ombre d'un gay assumé (même si ils le sont tous potentiellement). This is America great again, plus sérieuse qu'un cancer jusque dans les moments de fêtes déjantées. Et du coup, oui, merci Araki d'encore faire du vide avec du vide, de proposer 30mns de pure connerie impeccablement incarnée. Le futile est tout ce dont on a besoin. Et si en plus ça donne envie de revoir les films (ce qui, tu as raison, est la chose à faire en priorité) alors c'est mission accomplie. A ce propos, on vient de s'envoyer Splendeur, il est cool aussi dans le registre comédie romantique zarbi.

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    6. L'idéal serait que Danny McBride revienne à ce qu'il sait faire de mieux en se lançant dans l'élaboration d'une nouvelle série; rien de tel pour sortir du tout venant.
      Parce que sa collaboration au scénario du nouvel Halloween qui n'a strictement aucun intérêt, on peut pas dire que se soit une réussite...

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    7. Danny Mc Bride au scénario de Halloween ? Ça sent l'annexe de contrat pour un autre projet avec le studio cette histoire. Enfin, je l'espère, sinon c'est qu'il en est réduit à faire de l'alimentaire. Croisons les doigts.

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    8. C'est Noêl en été, frérot !
      Je n'avais rien prémédité mais figure-toi que mon vœux est exaucé: https://www.hbo.com/the-righteous-gemstones
      Ah putain, j'ai hâte et en plus il y a John Fucking Goodman avec lui !

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    9. YEEEAAAAAAAAAAHHHHHH !!!! HBO peut continuer à engranger les dollars avec des daubes tant qu'ils veulent si c'est pour financer des merveilles comme ça. Je suis dans les starting blocks. Extra good news !!!

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