lundi 19 octobre 2015

AMeRicaN HoRRoR sToRY 5


Hôtel. Californie. Luxe en décadence. American Horror Story 5 nous plonge au cœur des ténèbres d'un hôtel qui pourrait tout aussi bien être le corps même du démon. Le labyrinthe des âmes damnées. Les limbes de l'enfer. L'antichambre de l'insanité. Vous en voulez encore ou ça ira comme ça ?
Dire que les freaks de la saison 4 m'ont laissé de marbre est en dessous de la vérité. Ils m'ont ennuyé, fait regretté d'avoir mis le doigt dans l'engrenage. Je n'ai rien trouvé à sauver et j'étais bien plus que réticent à l'idée de repartir pour un tour sur ce manège démantibulé que la franchise AHS semblait être devenue.


Mais les dimanches soirs sont ce qu'ils sont, et quoi de mieux comme prétexte pour se blottir sous la couette que la promesse de quelques frissons d'effroi. Il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives, après deux généreux épisodes de plus d'une heure chacun, je peux toutefois vous affirmer sans trop me mouiller que l'équipage à redressé la barre. En navigant astucieusement d'une intrigue à une autre, d'une époque révolue à nos jours, en utilisant avec tact et à-propos la musique pour estamper de glace un climat déjà oppressant, en multipliant références et clins d’œil bien plus subtils que les couloirs de l'Overlook ne pouvaient le laisser supposer, la série se place enfin à la hauteur de ses ambitions.


Les volutes alambiquées du scénario promettent une bonne tenue sur la longueur, là où la saison précédente fonctionnait au lever de rideau en forme de feu d'artifice avant de laisser apparaître, une fois la fumée dissipée, de trop grosses ficelles pour capter l'attention du spectateur sitôt la curiosité rassasiée. En entremêlant Mode, Art Déco, musique, cinéma, sexe, drogue, vanité, vacuité et flot de sang, la série dresse un édifice majestueux que je me délecte, par avance, de visiter jusque dans les moindres alcôves. Reste à espérer que les fondations soient solidement bâties.


Sensation. Elle. Lady Gaga en meneuse de revue en lieu et place de l’emblématique Jessica Lange, le pari est osé. Pas suicidaire. Si la chanteuse se retrouve à devoir faire négocier un virage en épingle à sa fulgurante carrière, ce n'est que de sa faute. En misant sur l'omniprésence médiatique à coups de surenchères incessantes, de concerts narcissiques, de happenings insondables et de clips accrocheurs, la diva futuriste a noyé sous les fards, tout le talent que son premier album laissait entrevoir. L'intrigante fit du flou artistique dont elle avait su se draper avec élégance, un brouillard si opaque que les dernières notes de saxophone de Clarence Clemons ne suffisaient pas pour en désenchevêtrer l'excellence de certaines compositions. Je ne suis pas sûr qu'elle a fait tout cela de manière inconsciente. Peut être pressée de passer à l'étape suivante. Stefani Germanotta a de la suite dans les idées elle utilise bien plus qu'elle n'est utilisée. Je vous fiche mon billet qu'on n'est pas au bout de nos surprises avec ce petit bout de fée qu'il serait bien hasardeux de snober trop vite. 


Depuis l'an passé, son pas de danse avec Tony Benett lui a permis, sans ralentir le rythme, de s'éloigner avec intelligence de la petite lucarne. Pour mieux y revenir. Et de façon autrement plus glamour que sur MTV.
En bonne italo-américaine, la New-Yorkaise procède par étapes et avec méthode. Affiliée à la bande du New Jersey, elle avait montré le bout de son nez dans un épisode des Soprano mais cette fois ci, l'ambition est toute autre. La saveur de cette nouvelle saison d'American Horror Story repose sur sa capacité à transformer l'étoffe en soie, mais vient en partie du jeu de piste que dessinent les références au cinéma du genre. Si Shining en est la plus évidente de par l'esthétique des décors, Le Village des damnés, Nosferatu ou Seven répondent également à l'appel sitôt les premières bobines déroulées. Il en viendra d'autres. Le personnage interprété par Lady Gaga est quant à lui, une extension de celui de Catherine Deneuve dans Les Prédateurs. Faut pas avoir peur du vide quand on mise tout sur le rouge, la chute pourrait être du genre dont on ne se remet pas. 


En deux épisodes, Lady Gaga a rassuré sur un point. Là où le rôle qu'elle incarne dans sa carrière conjugué à celui que lui offre la série pouvait mener droit dans le mur de l'excès, elle fait preuve de sobriété. Autre élément fort parmi les nouveautés du casting, Wes Bentley dans le rôle du flic hanté par la culpabilité, prompt à se faire happer tout cru. Sera t-il cousin psychologique du tourmenté Jack Torrance ou plutôt du Al Pacino de Cruising, seule la suite le dira. L'abysse est grand ouvert sous chacun de ses pas.

 

 
Alors que l'entame de la deuxième saison de Fargo m'a laissé de marbre tellement elle sent le micro-ondes, American Horror Story semble vouloir  gratter sa 3eme étoile. Et comme pour mieux émanciper la franchise de ses aspects les plus teenagers, ses créateurs ont développé en parallèle un spin-off ultra kitsch en équilibre précaire entre West Craven, Scary Movie et les films de blondes, Scream Queens dont Le Cabinet des Rugosités ne devrait pas tarder à vous faire écho.
Préparez le Pop-Corn !

Hugo Spanky

13 commentaires:

  1. Les images proposées sont tentantes, je suis sûr que c'est bien, mais ça me fait tellement chier de suivre une énième série que je vais m'abstenir… tant pis pour moi !

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  2. J'a été lire les autres critiques sur ce blog des anciennes saisons... J'étais Comme Keith, mais finalement rien ne nous oblige à rester fidèles à une série, le nombre que j'ai entamé sans les finir quand l'ennui s'est installé ou l'envie de voir ailleur. Sauf? The SHIELD, LIFE ON MARS, ou des séries de moins de 10 épisodes. mais. Bon, puisque cette série est autonome je vais commencer par cette saison là... et Si sympa, je retournerai bien aller voir Jessica Lange que j'adorais de l'adolescent que j'étais sur KING KONG ... jusqu'à MUSIC BOX.... à suivre

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    1. Ne nous emballons pas et attendons la suite car ce n'est certainement pas avec deux pauvres épisodes que l'on peut d'ors et déjà crier au chef d'oeuvre (d'autant plus que cette série est coutumière du fait de décevoir aussi rapidement qu'elle a enthousiasmé).

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    2. Voila, attends la fin pour regarder le début.....Tel est le conseil de ce vilipendeur de mauvais aloi de Harry Max ! La dernière série qu'il a aimé remonte à l'ORTF !!! N'écoute surtout pas cet être nocif, cher Devant Hantoss.
      Hugo Spanky

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    3. Ha Ha !! Me fait trop rire Harry Max. Nous ne sommes jamais assez méfiant ;)) C'est vrai que la dernière saison était fatigante et fatiguée, mais les auteurs de American Story sont esclaves de leurs influences pour notre grand plaisir, du moins le mien, car il se trouve que j'ai les mêmes. Comment ne pas être touché par le final de la saison 4 (même s'il est quasi copié/collé du Freaks de Tod Browning), ou séduit par la ressemblance non fortuite du Chelsea Hotel déguisé en Overlook ou des Prédateurs.. Pour l'instant en tout cas, moi je suis sous le charme. La suite, ben on verra après hein ! ;))

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    4. L'homme de Picardie, Jacquou le croquant, Les dames de la cote ça c'était de la série de qualité au rythme trépidant, à l'image splendide, aux acteurs époustouflants de modernité dans leur jeu et à la mise en scène inspirée comme jamais, j'en ai encore la larme à l'oeil rien que d'y penser, tiens...

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    5. O putain Les dames de la côte avec leurs grands chapeaux au bord de la falaise. C'est un coup à s'abonner au site de l'INA. Ceci dit, ils ont un catalogue d'émissions musicales de dingues sur ce site (honteusement payant alors que c'est du service publique rentabilisé depuis 1000 ans). Pop Deux du début des 70's avec des sommaires que t'imagines pas, mais aussi des shows d'Aretha Franklin, un spécial Four Tops à Paris et des caisses de Chorus. Y a carrément des interviews de Lou Reed et John Entwistle ! C'est un véritable défi de savoir lequel des deux ça emmerde le plus ))))
      Hugo Spanky

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  3. Allez, ça y est je m'y suis plongé, le premier épisode... 1h, ha ouai quand même. Je n'ai pas pu m'empêcher de m'extasier sur le soin porté à l'image, les décors, les fringues, les postures... L'hôtel... Mais je n'ai pas pu non plus m'empêcher de sourire grandement sur le catalogue, c'est qu'il y en a des références. Bon, pas de morts vivants, pas de monstre de Frankenstein. J'ai rapidement pensé, en condensé, à l'oeuvre de Jean Ray, les Harry Dickson, genre de Sherlock Holmes qui devait se cogner à peu près toute les horreurs littéraires connues à l'époque. Du coup ça neutralise un peu l'ambiance de peur qui ne s'installe pas. Mais l'esthétique est vraiment sympa, donc je vais continuer (et attaquer la saison 1, pour Jessica...) ... Au fait, je me demande si ce n'est pas le vieux truc de la voix du tueur qui fout le plus les jetons...

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    1. Ceci dit, y a une scène dans le deuxième épisode qui mêle sexe et lames, elle fait pas rire. C'est un peu le principe d'AHS, t'es tranquille dans une ambiance limite BD et, bim, tu te prends un truc bien trash dans la tronche.
      Hugo Spanky

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  4. j'hésite à rebondir sur ton commentaire, cela ouvre la question de ce qui peut nous faire peur (à nos ages hum) et pourquoi devrions nous avoir peur, hein? Hein? En ce qui me concerne, la fiction réaliste et sadique pourrait fonctionner mais je ne suis pas client. Il reste quoi? Le stress que provoquent les indices indirects d'un malfaisant, genre justement les coups de fil dans le premier épisode, du coup j'accroche. le "bouh fait moi peur" genre Alien, pas facile de rester indifférent. pas facile de figurer l'indicible mais je ne suis pas encore complètement blasé, on peut encore me foutre la trouille même à l'abri derrière un livre ou un écran.

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    1. Je suis bon client pour frissonner devant l'écran. Hurlements, quand j'étais ado en sortant du ciné à l'heure de la pénombre ou Blair Witch des siècles plus tard en ramenant le dvd au distributeur une nuit d'automne, me suis régalé de la même façon d'avoir le sang glacé. Le Cercle m'avait fait de l'effet (version ricaine, le cinéma asiatique m'emmerde) et Simetierre, L'exorciste, Evil dead.... Tout les films d'horreur des années 70 et 80. L'Au-delà de Lucio Fulci m'avait bien traumatisé.
      Les effets sur fond vert ont tué ma réactivité depuis quelques années, le gigantisme tue la crédibilité. A la base, je suis un enfant de Hitchcock, j'ai besoin que ça tienne debout avant de me laisser embarquer dans l'irrationnel. De me sentir impliqué. Évidemment, qui dit Hitchcock, dit Brian De Palma. Et là on touche au sacré. Son chef d’œuvre, Blow Out me révulse et me bouleverse à chaque visionnage, aujourd'hui comme hier. Sans masque de latex, ni créature s'échappant des enfers, ce film nous fait vivre la plus terrifiante des horreurs. Être le témoin impuissant.
      Hugo Spanky

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  5. Jessica Lange a calangé, heu, calanché ?
    Et y nous collent Lady Gaga à la place ?
    c'est comme s'ils remplaçaient Michael Chicklis par Vincent Lindon dans The Shield.
    Sans moi.
    Malgré Angela Bassett et Chloé Sevigny (qu'il vaut mieux redécouvrir dans Hit & Miss)

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    1. Mouais, on entend beaucoup ça en ce moment, cette vénération pour Jessica Lange en contrepoint d'un rejet farouche de Lady Gaga. L'un ne marchant jamais sans l'autre.
      Pour ce que j'en pense, Jessica Lange ça fait 40ans qu'elle fait des films que personne ne va voir, c'est donc dommage qu'autant de gens se soient réveillés si tard.
      Lady Gaga, je la trouve parfaite pour le rôle, je ne vois pas trop ce qu'on peut objectivement lui reprocher.
      Une rumeur les annonce toutes les deux réunies dans la prochaine saison, ça risque de faire des débats marrants.
      Chloé Sevigny est excellente, comme toujours, et trop rare pour s'en priver.
      Hugo Spanky

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