Qu’il est bon de vivre dans un monde auquel Jerry Lee Lewis appartient toujours, ça nous réserve de bonnes surprises au moins de temps en temps.
A commencer par ce nouvel album, Rock’n’Roll Time. Je ne vais pas vous la beurrer cent ans, c’est sans doute le meilleur album du Killer depuis des lustres. Ce n'est pas une coïncidence ou un coup de nostalgie vaguement commerciale si il pose devant le studio Sun, c’est juste que c’est là que l’album puise sa source. Oui monsieur, Country, Blues et Honky tonk boogie, voila le menu. Et attention, pas façon gros son et invités tape à l’œil comme sur les malgré tout excellents précédents efforts du maître, Last man standing et Mean old man, non, cette fois ci la production est sèche et ultra minimaliste, Jim Keltner, homme de bon goût s’il en reste, à fait un boulot fantastique derrière la console. Il s'est contenté de laisser tourner la bande.
Jerry Lee a posé sa mise sur les cases feeling et savoir-faire et je ne le remercierai jamais assez pour ce cadeau. Le disque démarre en douceur matinée de slide avec le Rock’n’Roll time de Kris Kristofferson, une sorte d’étoile des neiges toute en beauté et délicatesse avec chœurs gospel et chaleur du coin du feu. Little queenie arrive en suivant et si on peut se demander pourquoi une énième version de ce classique, on est vite rassuré, c’est juste pour ramener la chanson à ses racines. Superbe. Keith Richards et Ronnie Wood s’écharpent en rythmique avec une discrétion mêlée d’élégance. C’est d’ailleurs l’un des points forts de l’album, la sobriété des guests. Tous se sont mis au service des chansons, aucun ne tire la couverture. Robbie Robertson et Nils Lofgren sur une intemporelle version de Folsom prison blues ou Derek Trucks et Doyle Bramhall II sur le Mississippi kid de Lynyrd Skynyrd ne font que le sublime nécessaire dont ils sont capables et merci pour ça. Et sinon, et surtout, Kenny Lovelace est bien là et Jerry Lee en personne tient la six cordes le temps de deux titres.
Plus que tout Jerry Lee tient le micro de bout en bout, un seul duo au programme, et bordel que c’est bon de l’entendre chanter encore et toujours. Et si il ne ravage plus l’ivoire comme lui seul su le faire, il nous gratifie de quelques splendides coups de griffes placés en embuscade. Ce sont les blues qui me saisissent en premier, le Stepchild de Bob Dylan, le Bright light big city de Jimmy Reed et ce Blues like midnight de Jimmie Rodgers qui ne me lâchera plus, je le sais. Magnifique et finalement si rare quand le Killer donne dans le genre que forcément ça m’émeut. Bordel que cet album est fantastique ! Faut entendre la façon dont il fait sonner tout ça, c’est juste intemporel, ça vous colle des frissons le long de l’épiderme, ça vous fait tutoyer les étoiles. On est en 2014 et c’est encore possible.
Here comes that rainbow again, une valse country de Kris Kristofferson est un autre grand moment comme le Keep me in mind de Mack Vickery, dont il avait déjà honoré le Rockin’ my life away. Quant à la version de Promised land qui conclut l’affaire elle est grattée jusqu’à l’os, Jerry Lee Lewis transforme tout en du Jerry Lee Lewis c’est pas nouveau mais qu’il se paie le luxe d’être capable de le faire sur une scie pareille, c’est juste la classe ultime. Tout l’album pue la classe, l’arrogance de celui qui sait, le nectar et rien d’autre. Onze titres, seulement 5 qui dépassent, de tout juste, les 3mns, un Sick and tired de derrière les fagots torché en 1m54 et le reste à la volée, je ne sais pas, les mots qu’il faudrait je ne les ai pas.
Rock’n’Roll Time est le nouvel album de Jerry Lee Lewis et aussi un de ses dix meilleurs, croyez le ou allez vous faire foutre.
Pour compléter notre bonheur, comme si ça suffisait pas, gourmands que nous sommes, Rick Bragg, journaliste américain honoré du Pulitzer est allé recueillir les souvenirs du Killer, le livre, His own story, est sorti le même jour que l’album et j’espère qu’il sera traduit rapidement en français. J’ai envoyé un mail en forme de supplique aux éditions Allia, faites pareil ça peut marcher.
Indestructible cet homme là!!!
RépondreSupprimerPas encore écouté, mais alors quel avant propos. J'aime bien ce qu'il nous fait en dernier, mais sans plus. J'ai vu un DVD juste sympa, avec un Tom Jones bien rafistolé... Du coup, je me passe régulièrement son live au "Star Club hambourg" pour ne pas oublier la bête de scène. L'air de rien, je l'associe à des Who Live At Leeds pour le déchaînement. Et au Piano, le monsieur, un groupe derrière qui finira par lâcher tellement il part en furie.
RépondreSupprimerBon, ceci dit, tu expliques un son sans tentures, coussins et velours, je lis quelques titres qui donnent bien envie. Je serai bien content de l'amener à la terre entière en disant: écouter, là il est vraiment encore debout!!
Merci
Debout ou assis derrière son piano, Jerry Lee Lewis reste toujours au dessus des autres. Le Rocker ultime.
SupprimerHugo Spanky
Pour ça, la faucheuse a été son complice...
SupprimerPas vraiment, il était déjà parmi les tous meilleurs des meilleurs. Lui, Elvis, Gene Vincent et Johnny Burnette ça reste le quatuor de tête parmi les pionniers en ce qui me concerne. Ceci dit entre 1955 et 1960 il y a eu tellement de grandes chansons dans le registre que tout classement est réducteur, même des gars qui n'ont pas fait carrière ont sorti un ou deux singles et c'était des tueries à chaque fois. Les compilations Rare rockabilly ou Imperial records en sont gavées, Jackie Lee Cochran, Johnny Carroll, Eddie Fontaine, Justin Tubb (fils de l'immense Ernest du même nom)...
SupprimerIncroyable, inexplicable, sensationnel ce moment de pure magie.
Hugo Spanky
Halleluia !
RépondreSupprimerMerci pour lui, il attire pas les foules Jerry Lee, pas étonnant que la musique soit dans cet état là.
RépondreSupprimerHugo Spanky
Il attire ceux qui savent là où le talent se trouve encore et c'est déjà bien quoique pas suffisant, il est vrai.
SupprimerAlors ce nouvel album, je viens de me l'enfiler avec un bonheur rare.
C'est le RETOUR du rock: le vrai, le seul, l'unique celui sans fioritures aucunes et au plus près de l'os.
Ca sonne comme à le grande époque et plus important et essentiel, ce n'est pas poussiéreux mais d'une revigorante fraîcheur; un putain de disque qui met la patate direct et qui prouve que les fondamentaux, il ne faut jamais les laisser de côtés sous peine de s'égarer.
Avec cet opus, Jerry Lee met une fois de plus tout le monde à l'amende et administre un gigantesque camouflet à tous les parasites qui ont la prétention de sonner rock'n'roll alors qu'ils ne sont qu'insipidité même.
Inespéré d'avoir à notre époque un tel prodige à portée d'oreilles; merci à toi Jerry Lee et puisses-tu défier la camarde avec panache pendant longtemps encore et continuer à faire un doigt d'honneur à tous les baltringues qui polluent nos ondes.
Ca me rappelle une charade
RépondreSupprimermon premier est une salade
mon deuxième est une salade
mon troisième est une salade
mon quatrième est une salade
mon cinquième est une salade
mon sixième est une salade
mon septième est une salade
et mon huitième est aussi une salade
mon tout est écrivain anglais célèbre
réponse à mon prochain passage
... pour toute salade une sauce se necessito ... en 2014 elle est là ... pas plus ... pas moins ... donc si la sauce prend c'est du tout bon ... j'en profite pour faire la pub aux capitol's de saint germain du puy/paname si j'ai bien tout suivi ... un tribute band ... moi faire la pub d'un tribute band ! ... il m'ont eu ! ... le chanteur est dans le ton ... j'espère juste qu'il ne se feront pas plomber trop tôt et qu'ils passeront à la phase composition ... essayez sur notre u-tube si pratique ... il existe une version de "who slapped john" du feu de dieu ... bon hugo, si tu trouve que je suis hors sujet banni moi a vie, ça me fera des vacances ... des compos bordel ! ... j'espère les écouter en concert avant que ...
RépondreSupprimerOuais ils sont pas mal tes petits gars. Un brin de naturel ne leur feraient pas de mal, le chanteur recycle carrément tous les tics de Gene Vincent (vivement qu'il en arrive à foutre sur la gueule à tout le monde, saoul comme un polonais, ça sera marrant). Après comme tu dis, c'est un peu dommage, la qualité est là.
SupprimerA Toulouse aussi il y avait (et il y a peut être toujours, Serge nous dira ça) une paire de groupes rockab' qui faisait plaisir à voir (de temps en temps, hein) mais les seuls dont je me souviennes et qui apportaient une vraie touche d'originalité au truc c'était les Oriental's. Aux dernières nouvelles d'il y a 5 ans minimum, ils tournaient avec une troupe burlesque italienne.
Pour le point météo je reviens dans une heure.
Hugo Spanky