mercredi 23 octobre 2013

PosSesSioN, aDjaNi eN FuRie


Bon et bien ça y est depuis le temps que l'on me bassine avec ce putain de film, je me suis enfin décidé à regarder «Possession» de Zulawski. Et, comment dire, ce ne fut pas un voyage de tout repos. Par tous les saints, ce fut carrément une épreuve de force; un véritable enfer, oui !
Comme tout le monde le sait plus ou moins, ce film nous conte la dérive d'un couple dont la femme s'est éprise d'une créature tentaculaire qui lui apporte la quintessence de l'extase sexuelle. Un point de départ donc qui engendre un malaise étouffant.
Mais déjà rien qu'avec la photo de Bruno Nuytten, composée de couleurs froides et agressives, qui se mélange à l'austérité des décors d'une ville délabrée nous sommes plongés, dès les premières images, dans une ambiance morbide à souhait.
Quant aux mouvements tarabiscotés de caméra de ce dingue de Zulawski, il accentue encore plus le sentiment d'inconfort croissant que nous assène la vison de ce long métrage ô combien atypique.


Mais tout cela n'est rien face au jeu volontiers outré des acteurs à côté desquels les pensionnaires d'un asile de fou passeraient pour d'aimables enfants de chœur.
Pour ce film, c'est avant tout Adjani qui a été mise en avant et, même s'il faut bien avouer que sa performance foutrait les jetons au pire des salopards à sang froid de la planète, il ne faudrait pas pour autant oublier le jeu tout aussi halluciné – et hallucinant- de l'étonnant Sam Neill. Sa façon de se balancer sur un siège à bascule, son regard de dément, sa gestuelle désordonnée et ses gémissements bestiaux donnent un furieuse envie de prendre ses jambes à son cou lorsqu'on a le malheur de se retrouver face à lui. Le bonhomme inquiète et pas qu'un peu !



Pour autant, il y a pire que lui, Heinz Bennent, qui interprète l'amant éconduit d'Adjani parvient à franchir un palier supplémentaire dans la folie déjà bien gratinée merci bien de tous les protagonistes de ce cauchemar sur pellicule. Il le faut le voir tabasser Sam Neill, lorsqu'il lui prodigue avec ses jambes et ses bras de violents coups en exécutant des mouvements amples comme le ferait un danseur classique, pour comprendre la démence de son personnage suffisant.
Adjani, quant à elle, dans son rôle de femme possédée s'en donne bien évidemment à cœur joie d'autant plus qu'elle n'a jamais été un adepte de la demi mesure. Qu'elle ait la bouche en sang, qu'elle soit prise d'une crise d'hystérie dans un couloir de métro, qu'elle passe absurdement au mixeur des bouts de barbaques, qu'elle assassine à l'arme blanche ou au revolver ou qu'elle se déplace avec de brusques accélération, elle fait subir les pires tourments à son personnage et autrui de la manière la plus exacerbée qu'il soit.


Clairement avec ce film borderline, on se retrouve tantôt face au nanar ultime - celui dont personne n'arrivera à égaler le ridicule tant ses situations sont excessives et prêtent à rire - tantôt face à une œuvre qui nous amène au cœur de la folie la plus totale; de celle dont on ne revient jamais.
Totalement inclassable, aussi consternant qu'intéressant, aussi fatiguant qu’enthousiasmant, ce film a le mérite en tous les cas de bousculer toutes nos certitudes et de nous laisser lessiver et abasourdi lorsque son générique de fin s'affiche sur l'écran.

Harry Max.

10 commentaires:

  1. Ils étaient fortiches pour faire des films de jobastres à ce moment là, quand on voit que maintenant des nanards comme ken park passent pour dérangeant, on mesure le manque d'audace du cinéma des années 2000. On s'est vraiment fait niquer, on ne se déplace toujours pas en navette spatiale pour aller au taf (qu'on a plus d'ailleurs) et Adjani joue les féministes en jupe.
    Pfff, vivement hier.
    Hugo

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    1. Comme je te comprends, ami Hugo, pour moi aussi Adjani est à son meilleur dans ses rôles les plus extrêmes (Possession donc mais également L'été meurtrier, Mortelle randonnée et La Reine Margot, mais dans celui-là, c'est vrai qu'ils sont tous au taquet; c'est la confrérie des dingues!).
      Il manque clairement à notre époque de séries B bien déviantes sans tomber dans le Z le plus navrant.
      Heureusement, l'américain Danny McBride arrive encore à botter les fesses aux conventions avec sa démentielle série Eastbound and down dont la quatrième et ultime saison vient de débuter aux States.
      Pendant ce temps, nous en France, on a Platane d'Eric Judor sur Canal+...

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  2. Je ne m'en rappelais plus vraiment de ce film, mais c'est tellement juste et bien senti ce que tu écris, il m'est revenu aussi sec. Puis pour Adjani c'est vraiment du sur-mesure ce rôle ;D
    Ces Polonais et ces Suédois sont vraiment particuliers en matière de cinéma c'est clair. La semaine dernière j'ai revu Morse, et ça fait quelques temps que j'ai envie de revoir Le septième sceau de Bergman, je vais essayer de le retrouver.

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    1. Morse, je l'ai vu aussi figure-toi et, malgré son rythme des plus lents (mais alors VRAIMENT lent), il marque effectivement les esprits et renouvelle quelque peu - et il était temps! - le mythe du vampire en lui rendant son côté malsain et dérangeant. De toute façon, rien que pour l'hallucinante scène de carnage en pleine piscine (what the fuck!?), il vaut le coup de s'y griller les mirettes dessus.

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    2. C'est clair. Il y en a un autre aussi tout intéressant à ce sujet, mais je n'arrive plus à me rappeler le titre, tu vas peut-être me venir en aide ça fait un moment que je bug dessus, le titre c'est un prénom, genre Francis ou Christian....

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  3. PS : je sais que ça n'a rien à voir avec le sujet, mais tu sais qu'il va y avoir une sorte de remake de Carrie avec Julianne Moore. Pfff, j'ai vu les images suis dégoutée !! Zé dun zsgandal !! ;D

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    1. Le film nommé "Willard" avec l'inquiétant acteur Crispin Glover et ses rats déchaînés peut-être?
      Quant au remake, vu que désormais à Hollywood ils sont incapables de pondre des histoires originales qui tiennent un tant soi peu la route, on a hélas pas finit d'en voir passer. D'ailleurs le "Willard" en question est lui aussi un remake...

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  4. Ah non, je l'ai vu aussi, il est terrible effectivement ;D Je crois que je viens de le retrouver, via ce lien qui répertorie tous les films de vampires, je pense qu'il s'agit de Martin de Georges Romero.
    Je ne savais pas que Willard était un remake, merci je vais faire mes petites recherches.

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  5. O fan' de pute !
    je connais pas ce film !
    Je le visionne illico.

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