samedi 23 février 2013

THe KLaNsMaN



Au vu de l’affiche de « The Klansman » de Terence Young qui comporte une croix enflammée, un Lee Marvin lourdement armé, un affreux du Klu Klux Klan avec son costume ridicule et un Richard Burton à l’air contrarié accompagné d’une beauté black, on peut se dire qu’avec ce film nous allons assister à une série B grand guignolesque de style Blacksploitation. Sauf que se serait une grande erreur de penser cela.
Déjà rien qu’en constatant au générique que Samuel Fuller a participé au scénario, il va s’en dire que vu les états de service du bonhomme spécialisé dans la réalisation de films âpres, le résultat à toutes les chances d’être décapant. Et effectivement on est cueilli par la noirceur implacable qui se dégage de ce long métrage sans concessions.

Situé dans un bled bien pourri du Sud des Etats Unis (celui où les autochtones n’ont rien d’autres à foutre que de s’allumer à longueur de journée avec du mauvais alcool qui exacerbe leurs rancœurs et les pousse donc à commettre les pires exactions au nom de la race blanche), il débute par le spectacle désolant d’une bande de redneck qui s’excite devant un noir demeuré qui prend de force une de ses congénères. Déboule alors le shérif du comté, incarné par un Lee Marvin toujours aussi impressionnant de charisme viril et d’autorité naturelle, qui vient mettre un terme à cette ignominie. Cette atmosphère, déjà bien tendue, sera encore plus mise à mal par le viol d’une blanche par un noir (qui va entraîner une battue sanguinaire d’une violence abjecte) et l’organisation d’une manifestation des blacks pour leurs droits civiques (qui comme de bien entendu rends furieux nos joyeux amis encagoulés…).




Un unique blanc, incarné par un Richard Burton magistral parce qu'étonnant de sobriété dans son jeu (oublier ses interprétations outrancières où il hurle tel un forcené les yeux révulsés de fureur; point de cela ici !) ose s’opposer à ces fanatiques haineux : propriétaire d’un vaste domaine, il attise le courroux de ses semblables à cause des ses accointances malvenues avec les gens de couleur.





Avec ce long métrage, qui accumule les scènes marquantes et ne nous laisse aucun répit, Fuller et Young tapent sec : blancs ou noirs, peu importe au final la couleur de peau car tout le monde prend cher pour son matricule ! Ils dépeignent avec une rare acuité à quel point le bêtise humaine peut être sans limites lorsque les individus se regroupent et se lancent avec une terrifiante ferveur dans les pires actes barbares qui soient (viols, castration au couteau de chasse, meurtre sauvage et incendie criminel). Alors que bien d’autres films traitant de ce sujet sont tombés dans les facilités d’un discours donneur de leçons et simpliste (où les bons et les méchants sont rapidement -et lourdement- identifiés), ils nous balancent en pleine face que n’importe quelle personne lambda peut se transformer très vite en un salaud incontrôlable et que la noirceur de l’âme humaine est insondable.

2 commentaires:

  1. Ce Richard Burton est tellement talentueux qu'on peut même deviner qu'il a une jambe goï, rien qu'en regardant sa photo, quel acteur !^^
    Cette histoire est abominable. Dire que des gens comme ça existent encore ça fait froid dans le dos ! Entre le casting, la musique, la participation de Fuller c'est un sans faute, ça va droit au but dixit Dja ;))

    Sylvie

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    1. Burton est un acteur d'exception au talent malheureusement sous estimé.
      Ses films avec Elizabeth Taylor, dans lesquels ils se crèpent le chignon pour un oui ou pour un non en hurlant à s'en faire exploser la rate, sont de grands moments de cinéma. A ce titre, "Qui a peur de Virginia Woolf" et "La mégère apprivoisée" en sont les exemples les plus décapants. Mais, il ne faudrait pas oublier le méconnu "Boom" qui vaut également le détour. De toute façon ce satané Irlandais boderline est tellement bon que dans "La menace" avec Lino Ventura (un autre cador, lui aussi), il parvient à nous foutre les jetons rien qu'avec son regard d'halluciné alors qu'il interprète un sale type, dôté de pouvoirs télékinésiques dévastateurs, plongé dans le coma!

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