samedi 22 décembre 2012

BiOLaY, VeNGeaNCe


Je ne me suis jamais penché sur le cas de Benjamin Biolay, dont la personnalité en rebute plus d'un. Il est vrai que le gonze a l'allure carrément hautaine et un franc parler qui n'épargne rien ni personne. Pour autant ses prises de positions anti langue de bois ont le mérite d'être souvent juste et de tirer à boulet rouge sur le milieu musical français d'une hypocrisie sans commune mesure.
Le mec agace soit mais qu'en est-il de son œuvre musicale? Plutôt indifférent à son répertoire jusqu'à présent, ce n'est qu'a la faveur de son dernier single en date, qui m'a bien titillé les esgourdes, que je l'ai vraiment découvert.


Sur son dernier album "Vengeance" nombre de titres ont pour influence directe "Play Blessures" de Bashung: Sous le lac gelé, L'insigne honneur et -surtout- Marlène déconne plongent allègrement dans la dark new-wave et mélangent orchestration classique, musique électro et textes sombres. D'autres morceaux baignent dans une atmosphère hip-hop: Ne regrette rien (avec Orelsan) et Belle époque night shop # 2 (avec Oxmo Puccino) de prime abord nous font craindre un résultat catastrophique et pourtant ces deux titres s'en sortent plus qu'honorablement. Quant aux compositions Le sommeil attendraLa fin de la fin et Confettis, d'un abord plus classique, elles bénéficient d'un travail sonore qui rehaussent leur intérêt.


Le morceau titre Vengeance qui est décliné en deux versions radicalement différentes (latine et anglo-française) a du mal à convaincre tout comme Personne dans mon lit et Trésor, trésor qui sont plutôt pénibles (en même temps, comme elles rappellent le style de ce gros naze de Miossec, il faut pas s'en étonner...). 
Les deux pièces maîtresses de cet opus sont le single Aime mon amour (un modèle de chanson pop aux arrangements tarabiscotés avec cuivres dissonants) et la splendide Profite, un duo avec Vanessa Paradis, qui nous envoûte complètement grâce à sa délicatesse musicale combinée à des paroles acides. 
Ce qui frappe dans ce disque bancal mais néanmoins attachant, c'est le travail de production de Biolay. Ce type sait admirablement faire sonner tous ces morceaux (enfin quelqu'un qui sait utiliser une table de mixage; les blaireaux de Canal Plus devraient lui demander conseil...) et a un don certain pour apporter des instrumentations variées et baroques à ses compositions. C'est bien simple, dans notre époque d'une abyssale tristesse musicale, il est l'un des rares à façonner la matière sonore de manière à apporter un souffle nouveau à une chanson française sclérosée qui en a bien besoin. 


Outre son talent de compositeur et d'arrangeur le bougre n'est pas en reste pour ses textes. Avec lui point question de mièvrerie, de langage policé, de bienséance dans les relations sentimentales. Au contraire son discours, âpre et sans concessions, tape fort et nous change agréablement des lourdeurs habituelles dont nous assènent à longueur d'ondes des blaireaux comme M (que quelqu'un l'abatte celui-là!), Jean-Louis Aubert (soit Mr. Nunnuche en chef...), Bruel (le romantique à deux sous) et consorts du même triste acabit.
Bon, on l'aura compris, le Biolay il commence à me plaire et comme je suis passé complètement à côté de son précédent double album "La Superbe" qui, paraît-il est un chef d'oeuvre, je sais ce qu'il me reste à faire.
           
Harry Max

5 commentaires:

  1. Très juste ce papier, belle découverte. Le gars a de la morgue et se révèle à la hauteur.
    A suivre.
    Hugo

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  2. Biolay a du talent, c'est indéniable ou alors on est de mauvaise foi. Compositeur-arrangeur de première catégorie entre rock, pop et chanson, il fait partie des rares créateurs qui comptent en France. Le problème ne vient pas uniquement de lui, même s'il porte une part de responsabilité dans l'image irritante qu'on a pu se faire de lui. La médiature mainstream demande aux artistes pipeule leur avis sur tout et c'est là que ça coince. Biolay devrait éviter de se répandre sur des thèmes où il passe pour un amateur parmi d'autres. Seule sa petite notoriété bottin mondain fait qu'on lui tend micros et caméras. Généralement, les journaleux en charge de recueillir les mots des pipeule ne s'intéressent pas à la musique. Ses déclarations lui aliènent des gens qui pourraient apprécier son travail artistique. J'attends d'un songwriter de bonnes chansons, pas des déclarations sur l'économie mondialisée, le FN ou le socialisme à la flamby, faut pas tout mélanger. J'ai offert "La superbe" à ma compagne il y a quelques temps; depuis, on a découvert un univers riche avec ses fulgurances rares et aussi quelques fautes de goût plutôt rassurantes car elles ébrèchent l'aspect bobo hautain donneur de leçons du personnage. (Pas écouté "Vengeance" mais je vais le faire.)

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  3. je ne sais pas comment formuler ou écrire ce que j’ai à vous dire
    Je me lance
    Bravo a vous pour le décloisonnement musical ici chez vous.
    Parce qu’on peut très bien écouter Hank williams 3 et Benjamin Biolay .
    Et puis le gone a fait le conservatoire de Lyon et il en sort avec succès.
    Pardon pour mon Français sommaire.

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  4. C'est vrai que l'un ne chasse pas l'autre. Moi non plus je ne connaissais pas, je m'étais arrêtée à son air hautain et j'avoue être agréablement surprise, et malgré le côté sombre de la chose, il y a beaucoup de légèreté qui s'en dégage. Merci donc'

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  5. St Grunjj, si c'est toua qui nous envoi la d'ssus,
    promis je vais essayer !
    De toute façon ton papier donne envie, et c'est déjà pas rien, fallait oser !!

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