Quand Hugo Spanky se lance dans une thématique sur New York, ça commence dans le New Jersey et ça finit à Marseille !
Dans un de ses jours de clairvoyance poudreuse, Jean-Claude VanDamme a dit : Si on enlevait l'air du ciel, les oiseaux tomberaient. J'ajouterai pour le paraphraser: Si on enlevait New York de l'histoire du Rock, on se ferait drôlement chier.
Pourtant ce n'est pas exactement à New York que démarre notre histoire mais plutôt dans sa banlieue, le New Jersey, avec celui deviendra la première idole pour adolescents décadents: Francis Albert Sinatra.

Frank Sinatra mettra très vite tout le monde d'accord sur son cas, sans doute pas au goût de chacun, loin de là, mais incontournable quoi qu'on en pense. Alors pour sélectionner un album ou un autre, comptez pas sur moi, Tony Soprano n'était encore qu'un vague projet pour ses parents que notre homme avait déjà gravé toute une palanqué de fabuleux vinyles. Sinatra est tout bonnement sur le toit du monde durant toute sa période Capitol Records et une compilation ne suffira jamais à résumer la suite sur Reprise. On cause quand même d'un type qui, avec plus de 25 ans d'écart, a enregistré des pointures comme I get a kick out of you (1954) et New York New York (1980)! Vous en connaissez beaucoup qui soient restés à un tel niveau aussi longtemps ? Et tout ça sans s'être jamais mis au Disco, ni teint les cheveux en vert !!!
On s'est compris, peut être est-ce là encore un de mes nombreux blocages, mais en ce qui me concerne Frank Sinatra est notre père à tous, les cinglés de musique.
Si l'interprète de It was a very good year est éternel, ce ne fut pas le cas de son flamboyant New York. Durant les 60's, les quartiers se radicalisent, les mélanges se raréfient, la mort de Kennedy n'arrange rien, l'espoir qu'il incarnait finit le crane en miettes à l'arrière d'une décapotable, s'en est terminé de l'américain propre sur lui, il se découvre les mains couvertes de sang. Dès lors tout ne sera plus que décrépitude. La came, l'alcool à outrance, les pills, la défonce entre dans la partie, Charlie Parker à soudain plein d'émules. Et qui de mieux que Lou Reed pour résumer tout ça ? En à peine dix ans on sera passé du suicide romantique du Heartbreak Hotel de Presley à la souffrance vicieuse, assumée, revendiquée et choisie dont se délecte le Velvet Underground et ses histoires de shooteuses.
L'époque est aux bouleversements, à la prise de conscience, de partout la pression monte, des voix revendicatives se font entendre. Say it loud ! Le temps où James Brown enflammait l'Apollo d'Harlem n'est plus une image, dans le Bronx les brothers font du raffut et ça va pas aller en s'arrangeant. Under the broadwalk, les seringues s'entassent, les billets changent de mains contre un peu de sexe sans tabou.
L'époque est aux bouleversements, à la prise de conscience, de partout la pression monte, des voix revendicatives se font entendre. Say it loud ! Le temps où James Brown enflammait l'Apollo d'Harlem n'est plus une image, dans le Bronx les brothers font du raffut et ça va pas aller en s'arrangeant. Under the broadwalk, les seringues s'entassent, les billets changent de mains contre un peu de sexe sans tabou.




D'un quartier pouilleux, ils vont faire le centre du microcosme Rock et lancer une vague qui va faire trembler la grosse artillerie du business. Aucun autre mouvement n'aura engendré autant de bons groupes, autant de grands disques, autant de fusion des sons, des rythmes, de nouveautés bandantes ! Aucun, pas même le Londres de 77 qui à l'exception du Clash, de P.I.L ou des Subway Sect va tourner en rond très vite, poussant la connerie jusqu'à renier ses seuls groupes aventureux.
La grande force du Punk New Yorkais est d'avoir non seulement lancé le truc dès 75 avec les Ramones, mais surtout de l'avoir porté à un tout autre chose qui ressemble fort à la quintessence de la Rock Music. Je vais essayer de ne pas donner dans le name dropping mais, bordel, rien qu'entre 1975 et 1980, il y a de quoi chopé le tournis en pensant à toutes les figures indélébiles que New York a imprimé dans nos rétines.

Avec plus ou moins de réussite, le groupe se montrera, au fil des années, téméraire dans ses productions et incarnera à jamais ce que le CBGB avait de plus mignon en rayon. Parce que dès qu'on cause des Ramones ça se gâte niveau charme, même si Debbie désignera Joey Ramone comme étant l'homme le plus sexy au monde avant d'enregistrer à ses côtés le sucré Go lil' Camaro go pour l'album Halfway To Sanity des turbulents faux-frères.
Arrivé là, je dois dire qu'avec les Ramones, niveau musique on touche au légendaire. Notre Révérend Harry Max Powell leur a consacré un blog complet il y a peu ici même, donc je ne vais pas m'étaler. Mais ne vous privez pour rien au monde de Leave home, Rocket to Russia, Road to ruin et Alive, ni bien sûr de l'album fondateur du Punk Rock, leur premier.
Les Heartbreakers de Jerry Nolan et Johnny Thunders vont pousser à l'extrême le son des Dolls avec le bordélique, ébouriffé et indispensable L.A.M.F. L'un des plus fidèles témoignages du son New Yorkais dans toute sa cradingue splendeur. N'écoutez pas ceux qui critiquent encore et toujours le mixage du Lp, le débat est aussi vain que pour Raw Power, ce ne sont pas des disques fait pour plaire mais pour cogner fort.
Johnny Thunders avec, puis sans, ses Heartbreakers va débouler sur Londres (où seront enregistrés la plupart de ses disques, LAMF y compris) et influencer ce qui deviendra la scène Punk anglaise avec des concerts furieux, foutraques et une attitude de poupée brisée, inspirée par sa rencontre avec Marc Bolan (dont il reprendra The Wizard) à la toute fin des 60's.
Sur le tard, le gamin de Brooklyn aura bien essayé de réorganiser une carrière pour le moins chaotique. Musicalement irréprochables les démos pirates (Bootleg Studio) de ce qui aurait dû être son dernier album laissent entrevoir un futur plus apaisé. Hélas, son sang ne contenait plus de quoi finir le voyage, atteint de leucémie Johnny Thunders ne laissera pas le temps à la maladie de faire son œuvre et ira mourir d'un shoot frelaté dans cette Louisiane où il projetait depuis si longtemps d'enregistrer.
Il reste les disques, dont Copy Cats sur lequel le bonhomme dévoile l'étendu de son bon goût à travers des reprises sublimées avec panache et le souvenir d'un mec recta pour qui la musique ne devait subir aucune concession. Autant dire un mec d'une autre époque.

Pensez-y, les Talking Heads faisaient des tubes intelligents et instructifs, qui titillaient l'éveil culturel du public. Le dvd live Stop Making Sense témoigne de tout ça et son acquisition n'est dispensable qu'aux cons.


Dans le genre hormones en folie, les Electric Chairs de Wayne County, depuis devenu(e) Jayne, étaient également une sacrée machine à pulsations soniques. Leur album de 1978 avec Eddie and Sheena, Bad in bed et Fuck off est une merveille de pur Rock'n'Roll.
D'autres se montrèrent plus radicaux comme Suicide, puis Alan Vega en solo (Juke Box Babe, Collision Drive), Richard Hell (Blank Generation), James White and the Blacks (Off White), Lydia Lunch (jetez vous sur son livre Paradoxia paru au Serpent à Plume, dans le genre cru et vécu on ne fait pas mieux) ou carrément exotiques comme Kid Créole and The Coconuts (Tropical Gangsters, Fresh Fruits In Foreign Places), voire revival comme les Stray Cats. Quant à Television, désolé mais j'ai jamais accroché.
Pour faire bonne figure (ne vous y habituez pas, c'est rare) je vais même citer (soyons fous) la harpie velue en chef, Patti Smith et son valable Radio Ethiopia. Et il faudrait que je cause cinéma. Jim Jarmusch, Tom DiCillo, Richard Kern vont saisir sur celluloïd les mêmes instants troubles dont les disques, les peintures et les livres témoignent. On en finirait pas, New York, fasciné par lui même, narcissique comme jamais, s'est laissé immortalisé dans sa folie déjanté par tous les formats existants.

Tandis que le Punk Rock s'égare dans l'héroïne et la No Wave (Jim Jarmusch étant ce qui en est sorti de mieux même si les compils New York Noise et No N.Y ont leurs bons moments), du Bronx va sortir un groupe qui révolutionnera la face de la planète: Public Enemy ! La bande à Chuck D va balancer un son d'une puissance et d'une agressivité qui n'a d'égale que la virulence du message véhiculé par des textes habités par la révolte.
La New Wave n'a pas fait tomber les barrières que du côté blanc-bec de la société ricaine, les Blacks ont perçu la secousse et s'invitent à la fête. Tout un mouvement va émerger des ghettos, que ce soit via les graffitis, la danse, le DJing ou le Rap, rien dans le monde tel que nous le connaissons n'aura échappé à l'influence du Hip Hop.
Dès le début des 80's, GrandMaster Flash, Kurtis Blow, Afika Bambaataa ou Run DMC lancent la machine, mais c'est Public Enemy qui fait le joint avec le monde du Rock, lorsqu'en plus des discours de Martin Luther King, Malcom X ou Louis Farrakhan, en plus des samples de James Brown, ils envoient des riffs de guitares à faire passer Exploited pour des adeptes d'Alan Stivell !!!
Mot d'ordre: Bass for your face !!!!
Fear Of Black Planet, It Takes A Nation Of Millions To Hold Us Back, How You Sell Soul To A Soulless People, Muse Sick And Hour Mess Age ou New Whirl Odor témoignent de la déflagration sonore dont est capable le groupe. Pour les avoir vu avec 7red à Marseille, il n'y a pas si longtemps, je vous l'affirme Public Enemy est le dernier des grands groupes Rock !

Depuis cette période aussi unique qu'intense me voilà en rade de nouveautés estampillées norme de qualité N.Y. Il y a bien eu des soubresauts (la constellation Wu Tang Clan) mais jamais aucun mouvement à la hauteur.
Récemment, 7red causait de sa destination s'il arrivait à dégoter une machine à remonter le temps, je crois que je n'ai plus besoin de vous dire la mienne.
Hugo Spanky
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