mardi 10 octobre 2023

Comment occuper la canicule sans sortir de chez soi



Tout commence par une envie de reggae venue de je ne sais où, sans doute des 38 degrés dans lesquels j'étais cloitré, semi-catatonique, moulé dans un fauteuil, n'usant de mouvements que pour attraper alternativement la bouteille d'eau à ma gauche et la bombe de Catch insecticide à ma droite. Aussi pour convoquer les disques sur la feutrine dans un effort dont la simple pensée m'épuise encore. 

Mon stock de vinyls aux couleurs jamaïcaines prend la poussière depuis une bonne vingtaine d'années et s'est réduit au fil des ans à une poignée de B.O, celles de Rockers et The Harder They Come. C'est d'ailleurs par là que j'ai calmé les premiers symptomes. Pas par les B.O, non, aussi impeccables soient-elles, je ne les ai même pas tirées de leurs pochettes. Au lieu de quoi, je me suis calé devant la télé et j'ai dégainé les MKV par une solitaire nuit de canicule. Les deux films n'ont pas pris une ride et continuent à faire la nique à tous les biopics et autres farces qu'on propose au menu du Jacques Borel des derniers croyants. J'ai ri, j'ai vibré, j'ai dansé nu sous les étoiles, tout ça en conservant des urines plus irréprochables que celles de Vinegegaard après un contre la montre.

Seulement voilà. J'ai beau avoir retrouvé un semblant d'exaltation tropicale, il n'en demeure pas moins que la production discographique de l'ile m'emmerde joyeusement dans sa grande majorité. Autant j'apprécie de me laisser éblouir par les pépites diffuses qui habillent Meurtres au Paradis, autant écouter un album entier de Studio One, ou Jah sait qui, m'apparait comme un défi. Pour situer, Could you be loved est en ce qui me concerne le pinacle de la carrière de Bob Marley, et New Age Music celui des Inner Circle de Jacob Miller. Je peux jurer avec une irréprochable sincérité qu'aucun chanteur n'ensorcèle mieux que Gregory Isaacs, pas même Julio, et poser More Gregory sur la platine si prestement que celui qui aura prétendu l'inverse n'aura pas eu le temps de fermer son clapet puant. Pourtant, c'est plus fort que moi, ce que je préfère dans le reggae ce sont les effluves de disco que les plus malins ont su y glisser. 

A ce jeu là Third World est au dessus de tous. En quatre albums (les quatre premiers) le groupe a mitonné un melting pot agrémenté d'un don pour la composition accrocheuse jamais pris en défaut. Chez Third World on entend le reggae dans ce qu'il a d'authentique (suffit de se pencher sur leur version du Satta massagana) jouer du coude avec Earth, Wind and Fire, Santana et la bombe à quatre temps on the floor la plus plombée de ce côté ci de Saturday Night Fever. Des titres! Des titres! scande la foule en délire qui ne trouve de tels propos nulle part ailleurs qu'ici. Démerdez-vous leur répond l'écho. Vous ferez peut être de belles rencontres en chemin.

Je dis; la disco a régénéré le reggae et sauvé le rock bien plus concrètement que le punk ou la new wave. Combien de survivants des sixties lui doivent le plus inespéré sursaut de leur carrière ? Combien lui doivent carrément leur carrière ? Même les plus improbables ont tâté du son caractéristique de ses productions. 



De 1975 à 1980, les albums de disco ont apportés fraîcheur, énergie, humour, audace, sexe ! Des disques anonymes le plus souvent, le même artiste ou producteur (en matière de disco ça revient souvent au même) utilisant fréquemment une multitude de pseudonymes pour graver des disques singuliers, anti-conformistes, inspirants. La New Wave anglaise, la No Wave de New York, la House de Chicago, la French Touch, la Makina espagnole, l'Electro, la Dance, la Techno doivent leur émergence à l'un de ces disques, le mythique I feel love créé par l'association de Giorgio Moroder, Pete Bellotte et Donna Summer. I fiiiil love. Aujourd'hui encore, Jimmy Sommerville fait ses rappels sur un mash up de Highway to hell et I feel love et chaque soir, invariablement, il fait un tabac monstrueux. Parce qu'il touche là à des chansons qui transcendent la notion de goût individuel. Et si Highway to hell appartient toujours à AC/DC, il y a longtemps que I feel love appartient à tout le monde. 
De Love to Love You Baby (1975) à Bad Girls (1979) peu de discographies peuvent se targuer d'un aplomb comparable à celle de Donna Summer, d'un tel alignement méticuleux de hits implacables, pourtant I feel love garde quelque chose d'unique, quelque chose de si puissament libérateur que l'humanité entière en comprend instinctivement les arcanes. Le hasard -ou des forces si dangereusement complexes que le Pentagone a choisi de les garder secrètes- a fait que ce titre déjà hautement hypnotique et sensuel s'est trouvé gratifié d'un clip à une époque où ils étaient plus rarissimes qu'une bonne nouvelle sous l'ère Macron. Chaque diffusion altérait l'environnement dans lequel elle avait lieu, d'un côté de l'écran comme de l'autre. Guy Lux, Drucker ou Carpentier paraissaient soudain dotés d'une importance vitale. Mais était-ce seulement un clip ou la parade nuptiale d'une femme cobra en lamé noir ? 

Je m'emporte ? C'est fort possible. Il n'en demeure pas moins que Jimmy Sommerville a pigé ce que le rocker lambda nie, ou est incapable de déceler, à savoir qu'il n'existe aucune antidote à la disco. Par même le Hard Rock, surtout pas le Hard Rock. Les disques post 1978 d'ACDC, Van Halen, Scorpions, ZZ Top...sont mixés comme de la disco. Tous ceux qui se sont infiltrés dans le top 10 des charts armés d'une guitare saturée le doivent à un mixage disco ! Quiconque a connu les premières heures du walkman sait ça. Touch too much pulse de la grosse caisse, Runnin' with the devil sonne comme les Ohio Players, Make it real not fantasy lustre le dancefloor. La preuve ultime étant que les filles aimaient ce hard rock au groove massif au même titre qu'elles aimaient Sylvester. Sans se poser de questions. Parce qu'on peut danser dessus autrement qu'en se flinguant les cervicales. Et nous, trop cons, de croire que c'était pour les belles gueules de Klaus Meine, David Lee Roth ou Bon Scott. Et de vouloir leur ressembler ! On est fait de quoi ? Quelqu'un peut dire avec lucidité qu'un de ces trois là a une BELLE GUEULE ??? En musique, et peut être dans bien d'autres domaines, les filles ont toujours raison. 




J'appâte le chaland avec mes histoires de filles, mais ne vous y trompez pas, le rock avait plus besoin de la disco que l'inverse. Un mensonge éhonté prétend que ce serait une musique pour singles, trois minutes dans le juke-box pour le quota tolérance et on passe à autre chose. Au delà du fait que le rock'n'roll originel est bâti sur le même calibre sans qu'on y trouve à redire, la disco se consomme également au format longue durée. Et pas qu'un peu. Des versions extended ont régulièrement inoculé la fièvre à des maxi démentiels et les albums du genre ont permis l'élaboration d'un lyrisme péplumesque nerveux du popotin. 

Et en matière de longue durée Alec R. Costandinos était un maitre. Mettez la main sur son Romeo & Juliet en 5 actes, un de ses deux chef d'oeuvres, l'autre étant le premier album de Love and Kisses. Mick Jagger en a dévalisé l'Act III pour en faire le Too much blood des Rolling Stones. Pour les paumés Too much blood se trouve sur Undercover, un disque de 1983 qui à deux reprises nous les laisse entendre faire preuve de pertinence, avant qu'ils ne sombrent corps et âmes dans la sénilité qui les anime encore aujourd'hui. Imaginez la gueule que ça aurait eu si les fabuleux Rolling Stones avaient splitté après un ultime maxi sanguinaire, l'explosive version extended de Too much blood en face A et celle de Undercover of the night en face B. Sur la pochette, le canibale japonais en recto crado relifté par Warhol et au verso Bianca, robe Chanel déchirée, à demi nue au milieu de quelques pathétiques guerilleros sud américain. Malheur, ils auraient fait la nique à Clash. Le rock en aurait gardé sa dignité. Au lieu de quoi, je vous conseille avec insistance de placer vos billes sur Alec Costandinos plutôt que sur l'ignominie qu'ils nous réservent pour les fêtes de Noël. Et puisque j'évoque la nativité, sachez qu'adapter William Shakespeare en disco ne fut qu'une péripétie dans le parcours d'Alec Costandinos, il en fit autant avec Le bossu de Notre Dame cher à Victor Hugo, non sans avoir entretemps breveté, sous le pseudonyme Sphinx, rien de moins que la disco biblique avec l'album Judas Iscariot !



Autre lieu commun, la disco serait bête à bouffer du foin. Ses protagonistes ne connaîtraient de la vie que strass et paillettes. Et de choquer les bonnes âmes en se comportant exactement comme elles l'espéraient. Cachez donc ces corps qui s'épuisent de plaisir sous les stroboscopes. Quelle sorte de métèques faut-il être pour se fourvoyer auprès de pareilles créatures ? Pour la liberté de chacun et de chacune à disposer de son corps, pour la visibilité des minorités raciales, l'homosexualité revendiquée, l'indépendance des femmes, la disco a fait plus que vingt années de folk contestataire. Saturday Night Fever film décérébré ? Plutôt une dérangeante mise à mal du culte du macho. Ce qui me fait penser qu'il faudra que je prenne le temps de discourir à propos de Looking for Mister Goodbar. Cinéma et séries télé ont bonne mine dorénavant de glorifier le mythe du mâle alpha des années 70, la vérité est que cette décennie fut d'inspiration homosexuelle. Les opportunistes de l'entertainment ont largement puisé à cette source, mais quand le sida ravagea le milieu new-yorkais aucun n'a manqué de tourner le regard vers les misères consensuelles du tiers monde plutôt que de monter au front face à une hécatombe qui empilait les cadavres en bas de chez eux. Il sera toujours temps de se revendiquer de Keith Haring plus tard. En 1985 alors que l'épidémie faisait rage depuis le début de la decennie, ce n'est que sous couvert que le Live Aid versa une part de ses recettes à la lutte contre le VIH. Rien ne change jamais là où le courage est absent. Les crétins d'américains qui avaient saccagé le mouvement disco en sacrifiant des disques à la mi-temps d'un match de baseball, fiers comme Artaban d'étaler leur bêtise la plus crasseuse, répondant à l'appel d'un encore plus crétin qu'eux, sont les mêmes qui avaient brulé les disques des Beatles ou empêché Elvis d'être filmé là où l'action est. Un ramassis de dégénérés congénitaux effrayés par le sexe, le sexe entre même sexe, le sexe entre races, les accoutrements déviants, l'art de vivre au dessus de la médiocrité par la simple volonté d'être soi. Que des membres de la communauté rock aient pu se revendiquer publiquement de tels actes, sans que quiconque ne leur oppose d'arguments, est symptomatique des dérives d'une sous culture d'initiés lorsqu'elle devient culture de masse par le seul biais d'un commercialisme forcené. Elle renie ses convictions fondatrices sans même les avoir jamais assimilé. Ou comment quelque chose qui avait un sens devient la caricature de son contraire.




Tant de considérations socio-idéologiques ne m'ont pas empêché d'être, avec mes albums disco, aussi con que Brassens avec son bouquet de fleurs. Une fois mes incontournables vinyls passés en révision, une fois épuisées les découvertes du dimanche, je me suis trouvé dépourvu de cartouches pour alimenter mon addiction. Comme à mon habitude, je suis allé lorgner du côté des blogs. Les quelques recherches effectuées au moment de ma phase reggae m'avaient laissé fort circonspect, les blogs sur le sujet sont pour ainsi dire inexistants et les forums sont invariablement peuplés de fanatiques incapables d'émettre le moindre avis personnel. Ce n'était rien comparé au néant qui entoure la disco. Pour une fois que la France pourrait se vanter de quelque chose en matière de musique, tout le monde s'en désintéresse. Sur ce coup là, on est à l'origine de tout ! Alec Costandinos, dont je vous causais quelques centimêtres plus haut, n'est pas français, certes, mais il aurait pu ! C'est nous qui lui avons servi de rampe de lancement (sans qu'on s'en rende tellement compte). Et Cerrone ? Il est belge, peut être ? Alors, bien sur, sitôt qu'un gars s'appelle Raymond Donnez, il devient Don Ray sur les pochettes, du coup on y perd en traçabilité. N'empêche que c'est une pointure et qu'il est français. Au moins autant que Space et Space Art qui nous en bouchèrent un coin en apparaissant casqués et saturés de parasites à une époque où les frères Bogdanoff ne s'étaient pas encore matérialisés sur notre planète. Deux combos à géométrie variable au sein desquels on retrouve des pointures tel que Jannick Top (de Magma puis à peu près tout le monde) et le guitariste Patrick Rondat (qui aura son heure de gloire lors de l'avènement du hard rock français), le tout pour un résultat largement influencé par Daft Punk (à moins que ce ne soit l'inverse). Synthétiseurs futuristes vulgarisant les plaines lugubres de Mike Oldfield pour en tirer des hits aussi séduisants que les albums étaient médiocres; Onyx pour Space Art, Magic fly et l'épatant Prison pour Space. Tout ceci remplissant si bien les caisses de Vogue et Carrère que tout le monde s'y colle. Les historiques en quête de renouveau comme Barclay, mais pas seulement. Faute de proposition, dès 1976 Cerrone fonde Malligator pour sortir Love in C Minor et encaisse le pactole en devenant au passage détenteur de l'ensemble des droits sur ses productions. Les labels antillais dont la communauté est friande de rythmes nouveaux lui emboitent le pas, tandis que beaucoup d'autres, régulièrement financés par le milieu de la nuit, sont fondés pour des raisons qui nous échappent. Ainsi Fauves Puma de Nicolas Skorsky réinjecte les bénéfices du succès national de Rémy Bricka (le gonze avec des pigeons sur la guitare et une grosse caisse dans le dos) pour créer de toutes pièces Santa Esmeralda avec qui il cartonne à l'international avec une reprise de Don't let me be misunderstood à mettre les Gypsy Kings sur le cul. Skorsky finira en cold case égorgé chez lui après avoir collaboré avec à peu près tout le monde, de Quentin Tarantino à Sophie Favier jusqu'au milieu du rap français. Elle est là la véritable histoire des labels indépendants.



A ce stade de contamination j'avais développé un groove corporel permanent entretenu par un engouement soudain pour Madleen Kane. Ecrasé par la chaleur, j'évoluais péniblement d'une pièce à l'autre avec la grâce d'un Barry Gibb en col pelle à tarte, tandis que dans mon esprit dévasté résonnait, tel un mantra, you can you can you can. J'étais Lon Chaney un soir de pleine lune, insatiable. Puis la lumière a rompu les ténèbres, j'ai trouvé Disco Chez Julian le blog inespéré. Du Disco de toutes les nations, sans distinction. Du frelaté comme du génial. Julian alimente sa créature d'improbables trouvailles. Pour chaque titre, il rédige quelques lignes, pas le truc bégueule qui veut en mettre plein la vue, juste de quoi situer. Et quand c'est pas instructif, faute d'info biographique, ça donne quand même une idée de ce vers quoi on tend. Je me voyais revenu au temps des disquaires compétents et des mille et une découvertes qui en découlaient. Le plus beau, c'est que tous les morceaux sont en écoute. J'en avais les incisives acérées. J'ai carrément remonté tout le blog, ça m'a pris deux mois pour en venir à bout ! J'écoutais tout, collectais les mp3 jusqu'à remplir quatre giga de compilation, incrédule d'en connaître si peu d'un genre dont j'avais été un assidu contemporain. Deux cent albums et une centaine de maxi qui faisaient ma fierté devenus peau de zob en découvrant une production stakhanoviste sur un laps de temps pourtant très court, de 1975 à 1979, avant que le son  ne vire Hi-NRG.

Julian ratisse large, faut le voir pour le croire, je suis tombé sur des pépites vers lesquelles je n'aurais pas levé les yeux. Ma préférée est une reprise du classique d'Andrea True Connection, It's all up to you enregistré en Italie en 1978 par une Jeanne Mas débutante et drôlement sexy. 



Je devenais siphonné du premier album des canadiens Bombers, Don't stop the music, Dance dance dance et leur reprise du Mexican de Babe Ruth nourrissaient mes nuits, je théorisais seul et sans fin sur leur guitariste Walter Rossi, inconnu ici, pointure du blues chez eux, qui sonne exactement comme David Gilmour. La disco réflecte le passé et le propulse vers l'avenir. Funky town par Lipps Inc flirte ouvertement avec The changeling par The Doors, Chilly allonge le temps de cuisson du For your love des Yardbirds, Macho se charge du I'm the man du Spencer Davis Group et la plupart des albums disco sonnent comme Fun House débarrassé de Ron Asheton et Iggy Pop. Et de découvrir à quel point Dave Alexander était grand. Regardez les photos des Stooges et comprenez pourquoi les autres devaient le virer pour continuer à se prendre au sérieux. Lui ricane tandis qu'ils jouent aux affreux SS, aux tortionnaires de chats. Merde alors, Queen Samantha 2 recycle carrément les coups de wah wah cradingue, tandis qu'une flûte y va de son couplet. Par pans entiers tout s'éclairait. Aussi sec, je sortais Pleasant Dreams et bien sur il sonnait aussi parfaitement disco que Road To Ruin, je testais ma théorie avec Scream Dream, pour un résultat identique à celui obtenu avec les Ramones. Ted Nugent sonnait disco, Wango tango n'était pas un hit venu de l'espace, il était impeccablement calibré pour proposer aux radios une alternative rock sans rien perdre du format disco qui ressuscita le rythme sur des ondes empêtrées dans la guimauve. Je revois l'extase des spécialistes à la parution de Some Girls. Hallelujah les Rolling Stones redeviennent des rockers après les errements de Black & Blue ! Vraiment ? Avec un album qui repose sur Miss you et Beast of burden ??? Je ris. Et de saluer Dylan qui voit la lumière avec Slow Train Coming, le renouveau du fameux son du sud, mon vié, les mains que Wexler & Beckett ont appliqué sur le saint homme sont celles de la disco. Celles définies par Arif Mardin, homme de l'ombre de la mafia turque d'Atlantic records qui fit claquer les disques d'Aretha Franklin comme jamais ceux d'Otis Redding ne parvinrent à claquer. Lui aussi qui finalisa la formule avec Jive talkin' et Night on Broadway. Quincy Jones était un imposteur, comme souvent ceux qui restent dans l'histoire, mais les Bee Gees savent à qui leurs suiveurs doivent leurs sacres. 







Proche de l'hallucination, j'entendais de la disco dans tout ce que j'écoutais. Je jubilais de mépris envers les ignares persuadés d'avoir été débarassés de la bête. Je décidais donc fort logiquement d'écouter un album des Amboy Dukes. Migration, quel absolu chef d'oeuvre que voilà. Parfaitement raccord dans mon esprit avec septembre qui s'étiole. Hot R.S et leur reprise très personnelle de House of the rising sun (15 minutes de disco dub ponctué de débauche féminine) m'avaient indiqué la voie des origines, bien sur que les faiseurs de disco n'étaient pas tombés du ciel, ils avaient écouté les mêmes disques que vous et moi. Ils en avaient juste retiré d'autres ingrédients. Plutôt que se compromettre dans des poses extatiques de guitaristes en égotrip, ils avaient isolé la basse grommelante et l'inflexible beat puis les avaient calé sur métronome. Une chose que les Amboy Dukes seraient bien emmerdés de faire. Ne me faites pas dire, ce que je n'ai pas dit, les Amboy Dukes groovent. Ils sont de Detroit et les groupes de Detroit groovent. Tous. Grand Funk Railroad plus que les autres, certes, mais le Bob Seger System et toutes la clique sortie des couilles de Mitch Ryder ont un groove dont les crocs ne lâchent pas le mollet. Là où chacun trace sa route, c'est dans leur capacité de discipline. Les Amboy Dukes n'en ont aucune. Il faut n'avoir jamais écouté Ornette Coleman, Sonny Sharrock ou Pharoah Sanders pour hurler au free jazz en évoquant Fun House et Kick Out The Jams. Ces deux disques sont si structurés, et quelque part implacablement dépourvu d'imagination, qu'ils n'ont de free que quelques secondes atonales somme toute bien sagement planquées en fin de parcours. Les Amboy Dukes sont d'un tout autre calibre. En ce sens qu'ils n'ont de free, comme de jazz sans doute, pas l'ombre d'une référence. On sait d'Iggy Pop, qu'il se faisait bichonner les douilles par Nico, qu'il nourrissait un tel complexe envers New York (puis Londres, puis Berlin et enfin Paris) qu'il était près à n'importe quelle pirouette pour paraître cultivé (jusqu'à reprendre Joe Dassin, Yoko Ono et George Brassens sur le même disque). Ted Nugent et ses Amboy Dukes ne s'encombraient d'aucun complexe. Un arc, des flêches, une montagne, pas besoin de Jean Ferrat. La musique de ces types là se barrait dans tous les sens parce qu'ils ne savaient pas faire autrement. Ecouter leurs albums demande de dépasser la torture que celà peut représenter. Sur les deux premiers le chanteur est quelque peu compliqué à tolérer, on s'y fait. Sur Migration, le groupe recrute Rusty Day, futur chanteur de Cactus et sans tergiverser parmi les plus abrasifs gosiers de son temps (qui fut court, il sera abattu chez lui en compagnie de son fils adolescent et d'un colocataire lors d'un deal de coke). On se prend donc à espérer qu'ainsi renforcés l'album des Amboy Dukes va casser la barraque. S'il n'était pas en grande partie instrumental ! Qu'importe, Migration est fabuleux. J'en suis devenu obsédé. J'alternais dans un même bonheur la désinvolture de ses feedbacks et libertés rythmiques avec le romantisme robotique de Giorgio Moroder. Et ça tenait en équilibre. 

Hugo Spanky

39 commentaires:

  1. Après un tel déferlement d'énergie, sûrement que ta clim a dû tourner à fond !
    Pas bon pour la planète, tout ça, mon petit Hugo !!!!!
    ;-)
    :-D

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    1. Malheur, les écolos ne nous jetteront pas au cachot, on n'a même pas la clim dans la voiture )))
      60 degrés sur la terrasse, 40 dans la turne, c'est de la véritable mise en situation journalistique, tout est écrit dans les mêmes conditions que sur la piste de danse du Studio 54 !!! 🥵🤪

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  2. Il me semblait bien que Daft Punk faisait de la Disco.
    Nicolas Sarkozy ça par contre c'est une surprise.
    C'est aussi pour ça qu'on traîne par ici ...
    Welcome back Sonic ! euh Hugo !

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    1. Plus rien ne m'étonne de Nicolas Sarkozy, ce type prend un pain par Jacques Martin, épouse une top modèle, marie Johnny Hallyday, n'est toujours pas en prison, devient quasiment sympathique avec le temps, a un fils qui produit Doc Gynéco, une poupée vaudou à son éffigie, parle aux français comme dans un film d'Audiard, fait buter un dictateur....Waouh ! Si avec ça, il n'avait pas fait de Disco, reconnais que ça aurait été décevant )))

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    2. C'est vrai. J'ai vu récemment un documentaire où il était en prison, ça m'a paru bizarre ... j'ai monté le son en fait c'était Phil Spector.

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    3. Tiens, je rebondis, on part de Sarkozy, on en vient à Spector, allons jusqu'à Pacino et j'en profite pour signaler la série Hunters qui vaut le coup d'oeil.

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  3. Ha ha non je ne guettais pas ce papier et il tombe à pique. Quoique allons y doucement, avant de s'échauffer DISCO et vérifier les dernières théories AMBOY, THIRD WORLD ça me convient bien. Déjà je ne connais pas du tout. Dans ces années là après Bob Marley, j'ai acheté quelques vinyles roots bien sentis et bien vite abandonnés mais en restant fidèle à Bob Marley et sa série de mélodies bien troussées. Et maintenant? J'ai une excuse, j'en suis à la lettre S du Dico Assayas (j'avance au rythme de l'Académie) pas encore Tenté la lettre T ni Utilisé la lettre U (ni Vu etc..).
    Vu que les références du papier c'est à y revenir plutôt N fois qu'une. Donc pour l'instant THIRD WORLD. Les vocaux comme la soul précieuse que j'adore, un son plutôt léché, reste à entrer dans la nonchalance, canicule passée il faudra attendre les prochaines montées de Celsius, au passage chez nous ce fut 38 à l'ombre, alors tu penses 35. Les quatre premiers! L'idée de les avoir en vinyles pour la collection de pochettes. Avec les compilations je note que la suite a de belles pépites "Dancing On The Floor (Hooked On Love)" "Roots With Quality" "Try Jah Love" "Lagos Jump"... A suivre...

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    1. Dans un registre particulier avec des riffs hard et des influences pop, les albums New Age Music et Everything is Great de Inner Circle sont aussi à découvrir.
      Et penche toi sur Alec R. Costandinos, c'est vraiment un cas.

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  4. Whouahh.. tu m'as filé un gros coup de chaud là.. je suis liquide. Perso quand ça tape dur je mets du folk à la papa, un coup de boisé dans l'enceinte et les ralaouettes au frais. En tout cas ton super billet j’en ai pour qq lectures afin de fouiller comme il faut..parce je dois bien avouer que je suis un peu light en disco.. et pourtant, c’est vraiment pas une musique que je boycotte, loin de là. Bercé même, depuis mes culottes courtes. Pour faire direct, « Main Course » est pour oi un chef d’œuvre que je passe régulièrement. Je ne suis pas connaisseur et surement je me vautre qd je dis fier comme un pou que c’est l’ALBUM précurseur. L’explosion des poilus et les aigus de Barry. Y’a pas si longtmeps, j’ai maté le doc sur les BEE GEES qui ne va pas plus loin que la TRAGEDY, mais à travers lequel j’ai découvert ce tsunami sonore et l’éruption des dance floor. Évidemment on débouche sur ce veau de Steve DAHL et la nuit abjecte, une homophobie surtout avec des récupérations et des aberrations. La genèse de « Saturday Night Fever » est monstrueuse. Et j’entends encore le bon vieux Jojo au Pavillon de Paris qui crâne que le disco en a pas pour longtemps. et que le rock n roll il est là pour rester  obligé de jouer ce rôle pépère, sinon les p’tits Lou vont grimacer. Et je suis d’accord avec toi, les ZZ TOP « Afterburner » ça sonne disco, c’est ce que j’aimais dans ce disque. Les Stones aussi (Emotional rescue..y’en dedans nan ??). Bref z’ont tous mis la patte dedans.
    Eh bah pour le reggae, c’est un peu pareil.. Consommateur mais pas connaisseur. Mais j’aime l’idée que ça vient du SKA/Rock et comme c’était trop rapide pour les gars, ils ont tout ralenti 

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    1. Pour joindre disco et relax il y a l'album Move by yourself de Donavon Frankenreiter. Tu l'as sans doute déjà. De toute façon le son disco (qui en gros est celui de Philadelphie dopé aux poppers) est devenu la norme pendant les dix ans qui ont suivi. Les productions Brian Eno pour Talking Heads, c'était disco. Même London Calling a ce clinquant typique, et Ian Dury n'en parlons pas.
      Les Bee Gees j'en parle peu parce qu'il faudrait ne parler que d'eux. Comme Donna Summer, j'en finirais plus. Tu as raison pour Main Course, c'est le mètre étalon de la disco, jive Talkin', nights on Broadway, Fanny sont les premiers classiques, d'où ma référence à Arif Mardin. Et Saturday Night Fever est un disque monumental, je dirais qu'il fait partie des piliers de toutes bonnes collections de disques.
      Emotional Reçue, c'est mon Stones de référence, celui qui m'a été le plus contemporain et assurément le plus disco de tous (même si la face B de Tattoo You se pose aussi là). Jagger avait le chic pour choper l'air du moment, c'est un talent qu'on reconnaît plus souvent à Bowie et pourtant...en 73 il patauge encore dans le glam, alors Goat's head soup balance dancing with mister D, Heartbreaker et tout le toutim Philadelphie que Bowie ne maîtrisera que l'année suivante (une année des 70's comptant pour 5 années actuelles).
      Bordel je suis sur mon téléphone je m'en sors pas des touches minuscules et du correcteur qui rend fou. Je reviens.

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    2. Ah ça va mieux, la mise à jour interminable est bouclée.
      Je disais donc. Johnny ? Il en a fait le bougre de la disco. Son album Hollywood tape en plein dedans. Paradoxalement Le bon vieux temps du rock'n'roll est complètement disco ! Pareil pour la version de Bob Seger, d'ailleurs. Mais fallait pas le dire. C'est ce que je tente de formuler, ce snobisme débile du rock alors que la sauce des deux genres était irrésistible. Blondie, Kiss, Queen, Rod Stewart (Da ya think ok c'était sympa, mais Passion c'est carrément une tuerie), Wings (good night tonight, c'était pas bon ? Et les prods de London Town et Back to the egg sont globalement sous influence. Macca 2 aussi). Il faudrait en citer tant, african reggae de Nina Hagen c'est quand même plus disco que reggae !! Et Another brick in the wall, c'est quoi ?

      Mais vaut mieux se pencher sur le vrai truc, tant qu'à y être. Surtout qu'il y a de quoi faire. Des albums comme Once upon a time de Donna Summer, ça occupe un bon moment. Et puis en disco, il y a de tout. Du truc frappadingue genre Lady bug de Bumblebee Limited à des oeuvres chiadées comme le Romeo & Juliet de Costandinos. Dee D Jackson est pas mal aussi, très paranoiaque et futuriste à la fois (lucide, donc ?)) son album Cosmic Curves (qui en France s'appelle Automatic Lover) est excellent. Galaxy police, tout ça. Terrible. Un concept à la Blade Runner, 4 ans AVANT Blade Runner !
      Dans son cas, c'est la disco qui tend vers le rock.

      Giorgio Moroder évidemment, inévitable. Ses premières B.O (Midnight express, American gigolo, Cat People, Foxes) mais aussi son groupe Munich Machine et ses albums solo (Knight in white satin, From here to eternity), c'est du lourd.

      Il y aussi plein d'albums zarbi, genre Cloud One (atmosphere strut), si t'es dans le mood, ça te chope et te lâche plus. Gino Soccio (Outline, Face to Face). Et les classiques qui tamponnent toujours Cerrone, Madleen Kane, Earth Wind and Fire, le premier album de Boney M, celui avec Daddy cool. Et les singles, le hit et puis plus rien, mais quel hit. Là y en a des tonnes. Je suis pile sur le Baby O' de Porkchops, c'est démoniaque.

      Le mieux c'est d'aller chez Disco Julian et de fouiller. Tu peux écouter et même te faire ta compil, il y en a pour tous les goûts. Profites-en pour écouter Jeanne Mas avant sa depression chronique )))
      http://discochezjulian.blogspot.com/search/label/Jeanne%20Mas

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  5. "Fanny"... quelle merveille, quel lyrisme, elle pourrait ne jamais s’arrêter. Jony et son costume de King, il aurait mis des talonnettes et hop, dancefloor pour une battle avec Travolta. Il voulait suivre son Seger de près, gagné du coup. Tiens d'ailleurs le Bob, je sais pas quel recul il avait sur le Disco, et surtout sur son bled, les Tigers of Detroit.. et Chicago et cette nuit abjecte du demolition night. Et j'adore "Hollywood" avec ses bonus.
    Les Stones, je suis venu très tard sur "Emotional Rescue"..j'avais déjà classé ce disque dans la "mauvaise période" sans l'avoir écouté. Et pourtant c'est une tuerie. Et pour le coup y'a du disco à fond et du reggae ("Dance" .. "Send it to me"..).
    J'ai noté tous tes tuyaux, je vais surfer un peu.. j'ai une caisse de CD techno, electro, des années 2000 que je dois aussi fouiller, quant à Jeanne Mas t'es sûr.. c'est pas un piège à con ?? :))))))) Je te laisse sur "Dance" qui tourne à fond ici.. j'ai les talons qui poussent et les poils sur le torse. (d'ailleurs ils sortent quand "Dance part 2" ??)

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  6. Texto..dans le livret de 3Hollywood" réab 2015 avec ts les bonus : "Ils s'appellent ABBA, Chic, Donna Summer, Gloria Gaynor.. Inconnus hier.. Ils règnent sous une étiquette hautement généreuse en strass et paillettes : artistes disco. Le disco, ce n'est guère la tasse de Johnny Hallyday qui s'est revendiqué une fois de plus absolument rock'n'roll ces dernières années.... Johnny a mesuré l'ampleur des transformations musicales qui soufflent sur ces temps nouveaux: il s'adapte, il se diversifie.. joli terrain de jeu..." dont acte.. tout est dit.. euh nan tout est Johnny. Et en plus d'une indigestion de disco, les crooner lui tapent sur les nerfs, en plus d'être allergique au tango.. merci Mallory. L'est pas fou le Smet, il est à fond dedans et fait son branleur.
    Puis je sors la boule à facette du Young avec les Primal dedans("Mirroball"). "I'm the ocean".. un disco crade sans talonnette mais avec la chemise qui schlingue avec pour dancefloor un terrain boueux sans paillette ?

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    1. Mais oui il était dedans comme les autres, fallait juste faire croire que non. Alice Cooper faisait partie des pitres qui voulaient la mort de la disco alors qu'il n'enregistrait que ça depuis deux ans ))) Et c'est un exemple parmi des centaines.
      La Disco pour les rockers c'est comme la blague de Coluche sur les grosses et les mobylettes, c'est rigolo jusqu'à ce qu'un copain te voit dessus )))

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    2. Refaire The final Cut ? ))) Je l'aime bien Waters, sans lui Pink Floyd n'a plus valu un clou, quelle soupe. Il faut des têtes de cons comme lui dans le rock, ne serait-ce que pour secouer le ronron. Bon, je n'ai aucune intention d'écouter sa version de Dark side, pas plus que celle de The wall. Je pense qu'il est devenu créativement stérile, comme Pete Townshend à la même époque. Les gars ont donné ce qu'ils avaient à donner, c'est triste de les voir s'enfoncer dans une nostalgie dramatique. J'ai vu des extraits d'un concert des Who en 2023, ça fait peur.

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  7. Voilà, voilà. "Romeo & Juliet" j'avoue que ça marche, ça danse plutôt. Gros orchestre à cordes, basse rondonnate et rythmique d'enfer, comment résister. Je comprends le rejet du genre, tu es musicien ou même auditeur, tu te fais chier à composer ou écouter un truc un peu alambiqué et puis soudain t'as ce truc qui plait de suite mais surtout qui dure. C'est énervant ;-)
    En vous lisant, je me disais "de la disco partout"? Bob Seger? C'est vrai que le chemin funk rock (J Geils) ne doit pas être loin de la recette. Mais je n'ai pas votre oreille. Les évidences ça va: "Miss you", "Da ya ", le Kiss repris par Bruce Springsteen en ayant supprimé le rythme disco? ("I Was Made.." vs "Outlaw Pete")
    Du coup je me demandais si Disco c'est + que basse/rythme, il me manque une oreille musicale, j'ai un ami qui a tenté m'expliquer que le "Canon de Pachebel" a inspiré plein de morceaux rock (voir ce sketch https://www.youtube.com/watch?v=JdxkVQy7QLM) Et je n'arrive pas à vraiment entendre ce qu'il m'explique. Donc le Disco? Je viens d'écouter "Another Brick In The Wall" et oui oui, je l'entends et je n'y avais pas fait attention. Marrant une compilation avec des titres moins assumés que "Miss You"
    Bon Ciao, je profite du temps pourri pour rester enfermé avec mon casque

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    1. Techniquement la définition de la Disco, c'est le four on the floor, un coup de grosse caisse sur chacun des quatre temps. C'est la base. Par la suite, ça a évolué vers un style de production qui se différencie du Funk par un minimalisme rythmique toujours de rigueur, disons l'aspect robotique qui a engendré la branche Techno, mais aussi un dynamisme dans les arrangements qui s'éloignent de ceux devenus soporifique du Funk pour rombières. En celà la Disco (et c'est la raison pour laquelle elle a été aussi vite assimilée par les groupes issus du CBGB et par New York de façon globale -et par Clash qui était obnubilé par ce qui s'y passait alors) est comparable dans le rôle qu'elle a rempli à celui du Punk vis à vis des tendances pompeuses du Rock. Par la suite, elle s'est distinguée de sa branche la plus mainstream par l'utilisation de synthé cheap, d'une production qui l'était tout autant et de gimmicks futuristes en veux tu en voilà. L'Italie a brillé dans ce registre (dont Giorgio Moroder était précurseur), mais New York plus encore (No Wave) qui a influencé les albums Dirty Mind et Controversy de Prince. Ca a donné de sacrés mélanges incluant Disco, Rock et Free Jazz, James White & The Blacks (Off white) ou Defunkt en sont de bons exemples.
      Tente toi l'album Cosmic Curves (Automatic Lover selon les pressages) de l'anglaise Dee D. Jackson, il est au confluent de tout ça (les dissonances Free Jazz en moins).

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  8. C'est marrant comme ton article téléscope le thème de notre blog. En te lisant, je me dis que ce serait un honneur d'avoir une compilation Let's Dance signé RanxZevox.
    C'est toujours passionnant de te lire avec ce regard décalé par rapport à ce qu'on lit d'habitude.
    Pour ce qui est du disco, je vais chroniquer le dernier Jessie Ware, tu connais?

    PS: Ce fond rouge... Ouyouyouille...

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    1. Je suis toujours peiné de constater que les anglais, inventifs comme ils ont pu l'être, tombent eux aussi dans la médiocrité revival. Et ça commence à faire un moment que ça dure. Jessie Ware, comme des centaines d'autres avant elle, est un aggloméré de petites choses insipides qu'il aurait mieux valu laisser reposer en paix. Je suis curieux de lire ce que tu vas trouver à en dire.

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    2. "Aggloméré de petites choses insipides", c'est de la formule! ^-^ Cette notion de revival, je ne comprends pas le truc. Autant pur ceux qui aime écouter des choses nouvelles qui leur rappelle leur jeunesse que de dire que parce que ça a été fait avant, c'est forcément nul. Les deux n'ont aucun sens pour moi.
      Bien sûr, je peux avoir de la nostalgie quand des productions me rappellent ma jeunesse ou que j'écoute des choses pas forcément géniales mais qui ont fait partie à un moment donné de mon ADN musical. Donc Jessie Ware est effectivement revivaliste. Mais on sent une vraie personnalité derrière. Et les paroles, de ce que j'en comprends, sont un hymne assez osé. à la sexualité (y compris solitaire), loin d'être aseptisé.
      Sur cet album, ce sont les vibrations qu'il dégage qui me plaisent. je n'ai pas ta culture musicale des années 70, donc le disque me plonge dans un univers que je ne connais pas par coeur. Et il faut aller au-delà des singles, un peu formaté radio (Free yourself a quelques tics agaçants et en même temps ils parlent à la jeune génération et s'il peut aider à leur faire découvrir autre chose, c'est déjà pas si mal).
      Ce qui me plait chez Jessie Ware, c'est qu'elle ne chante pas comme une ersatz d'Adèle, elle ne danse pas comme Madonna ou Rihanna, elle n'a pas la physique tout lisse, on sent que c'est une femme qui a déjà vécu et qui ose se transformer en une diva sans forcément en avoir le physique parfait. Ce n'est pas une Donna Summer à qui un mec fait chanter ce qu'il fantasme de la femme. Ce que j'aime, c'est que c'est un disque écrit et chanté pour donner du plaisir, dans tous les sens du terme et généreux. Sans doute a-t-il été étudié et réfléchi, mais le résultat n'est pas forcément formaté, prémaché. Je dirais pour moi que c'est le geste d'une artiste finalement libre et qui se moque des plans marketing et fait la musique qui lui plait (même si les deux ne sont pas 100%incompatible). En tout cas, moi, je trouve que ça s'entend dans l'euphorie de son chant, dans l'amour de la musique qu'elle invoque et que ce que dégage le disque fait un bien infini.

      Voilà.

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    3. Je pige ton point de vue. Le plus beau c'est que personne ne me gonfle plus que les puristes. C'est dire si je te comprends. J'ai eu la main lourde sur celle qui ne le méritait pas forcément le plus, c'est fort possible, sans doute qu'elle a ramassé pour toutes les nanas qui se font la tête de Lady Gaga tout en copiant les tics vocaux de Katy Perry. C'est devenu si fréquent que ça en devient insupportable. Je n'arrive même plus à me caler une heure sur une chaine musicale.
      Attention quand même, Donna Summer écrivait ses textes (et pas seulement celui de love to love you baby). Et même des musiques parfois. Là aussi ce n'est pas le meilleur exemple.

      Revival ou pas revival, c'est un feeling adaptable. Je désespère autant quand je vois des tribute bands remplir des zénith, que quand je lis des commentaires sur youtube qui encensent béatement les concerts des Who 2023. Pour moi c'est dans le même sac, aucun intéret, que ce soit des revival à la gomme ou les survivants à l'agonie du groupe original. Les mecs essorent la même éponge usée. Et les Stones qui reviennent ! Malheur.
      Jessie Ware fait son truc, elle exprime des choses qui te parlent et à partir de là, la musique a rempli son rôle. Y a pas à chercher plus loin. Quand un disque me fait de l'effet, moi aussi j'emmerde le reste du monde.

      Dans ton papier tu évoques Amy Winehouse, elle m'est venue à l'esprit quand je t'ai répondu. Le soucis que j'ai avec tout ça, c'est le dosage. Les artistes ont toujours injecté dans leurs créations des éléments de genres qui les ont précédé, tout va bien avec ça. Led Zeppellin s'octroie les crédits de In my time of dying, fallait oser, mais ils en font quand même quelque chose de radicalement différent. La plupart des grands noms ont commencé en pillant le passé, l'invasion british, c'était déjà ça. Ensuite, ils se sont inventés. C'est à ce stade que ça pêche. Prince, la New Wave, la Techno, ça filait des coup de boules dans le décor, ça ne se contentait pas de jouer la mijorée. C'est un peu la différence entre Clash et les Stray Cats. Les deux ont largement tapé dans le passé, mais au final t'as un groupe original et créatif et de l'autre un gadget rétro pour amuser la galerie. Et c'est très bien que la galerie s'amuse. Mais ça serait bien aussi que réapparaissent quelques créateurs.

      Je me suis levé ce matin sur l'album Homage de Jimmy Sommerville. On pourrait lui appliquer ce que tu dis de Jessie Ware sans changer un mot. Il fait un disque hommage à la disco, et ça me va. C'est le genre avec lequel il a grandi, celui qui l'a amené à la vie qu'il mène, c'est cohérent et je sais que ce qu'il a enregistré avec Bronski Beat ou les Communards était frappé du sceau de l'originalité. Alors peut être que ce qui me manque c'est d'avoir connu les disques précédents de Jessie Ware pour savoir qu'elle a aussi son univers musical bien à elle. Bon, pour être totalement honnête, j'ai regardé son concert à Ibiza en 2017, pour moi c'est du baloche.

      Reste la question de savoir si les nouvelles générations doivent favoriser l'écoute d'ersatzs ou se fader des machins qui ont 50 ans et ne sont parfois disponibles qu'en maxi 45 tours !
      J'ai pas la réponse, surement que la vérité est au milieu du gué. Tout ce que je peux dire, c'est que je cherche encore, je n'ai pas renoncé à croire que c'est encore possible et que tout ça est avant tout contextuel.
      Il suffiraaaa d'une étincelle. Peut être.
      Je suis dans Dylan en ce moment. C'est un bon exemple mine de rien. Il a démarré en copiant Woody Guthrie à la lettre. Pas une once d'originalité. Puis il se branche sur son époque, se fout des puristes et fait son truc. C'est cette évolution là qui me manque aujourd'hui. On en revient à Amy Winehouse. Comment elle fait pour sortir de l'ornière si elle n'a pas le moindre talent qui lui soit propre ? Et en même temps, on s'en fout un peu, tant qu'on danse. D'ailleurs c'est le principe de la danse, s'en foutre de tout le temps que dure le disque.

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    4. A priori, Jessie Ware a pas mal évolué depuis son précédent album (j'en connaissais juste quelques titres).

      La musqiue qui a bougé sur ces 20 dernières années, je pense que c'était plus l'électro que les guitares. Peut-être qu'on en a fait le tour, des guitares? Faut juste compter sur des artistes qui savent encore écrire des chansons qu'on n'a pas encore entendues? De toute façon, moi, je n'attends pas plus, qu'un disque contiennent 4 ou 5 titres qui resteront, avec des autres titres qui prolongent l'univers créé... Et finalement, même dans les années 60 70 ou 80, c'était assez souvent le cas, si on écoutait avec un peu d'exigence (allez on va pousser à 6 ou 7 titres à ces époques bénies).

      Pour moi, ce sont aujourd'hui les chansons qui priment sur les albums. Les albums sont juste un support que j'apprécie pour les découvrir, parce qu'on rentre dans un univers créé par un artiste dans lequel on s'immerge plus que dans une chanson. Après, l'oeuvre d'un artiste, surtout dans le rock, c'est souvent 3 ou 5 ans de magie, 10 ans de talent et après des miettes ici ou là. Avec quelques exceptions rarissimes qui arrivent à durer au-delà sans qu'on baille.

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    5. Je suis d'accord que la période créative d'un groupe de rock dure entre 5 et 10 ans. Pour un compositeur, c'est différent. Si ceux qui restent pertinents au delà d'une decennie sont rares, ils en existent néanmoins.
      Pour les albums, je m'éloigne de toi, j'en connais tant qui fonctionnent impeccablement du début à la fin. Peut être pas ceux qui année après année sont invariablement désignés comme étant indispensables, d'autres plutôt qui ne sont parfois impeccables qu'à mes oreilles. Mais n'est ce pas là le seul critère valable ?
      Les chansons, c'est encore une autre histoire. Celle du single, qu'il soit un hit ou pas. La chanson qui tient debout toute seule, qui chante dans le poste avant que chacun n'en fasse sa version en la fredonnant plus ou moins agréablement. C'est de l'ordre de la culture populaire et ça n'a pour moi rien à voir avec les albums dans le sens où je peux adorer une chanson sans pour autant vouloir en connaître davantage de son interprète. Elle remplit son rôle de baume au coeur jusqu'à ce qu'une autre prenne sa place. C'est ce sublime moment où un air, presque rien, nous touche en plein centre. Une émotion. Là où un album est une humeur.

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    6. Merde j'arrive trop tard, j'en suis à ma plunième écoute du dernier Madame Ware. D'abord complètement accro à l'enchaînement "Hello love".."Freak Me Now". Je me souvenais de vos commentaires et je voulais y placer mon grain, mais entre temps vous avez sacrément évolué en échanges. Cet album est euphorisant même si à ranger dans la "retromania". Concernant la quête de musique je constate qu'il y a encore chez nous/vous l'envie de découverte. Un vrai sujet à part entière: envie de nouveauté exigeante? Ou rattraper un chef-d'oeuvre du passé ignoré? Ou explorer d'autres territoires géographiques, musicales? Ou du neuf avec du "vieux" (Jessie Ware)? Ecouter de la musique prends du temps et j'espère toujours ne pas être obligé de me pencher trop longtemps sur mon passé d'écoute. Après tout j'ai rarement relu un livre - sauf à m'en rendre compte en plein milieu - et il y a encore tellement à découvrir. En tout cas merci Ranx pour cet espace, aussi bon qu'un bouquin qui donne envie d'écoute. A+

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  9. Très heureux de te lire à nouveau! Je vois que tu t'es bien amusé!
    Je partage complètement ton avis pour Third World. Personnellement, mes albums reggae ne sortent que lorsqu'il fait très chaud... et lorsque je commence, j'ai souvent beaucoup de mal à écouter autre chose. Je ne me lasse pas des albums de Groundation et l'album reggae de Sinead O'Connor ressort régulièrement dès les premières chaleurs.

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    1. Le reggae a eu un âge d'or au niveau des albums, hélas ils ont vite été uniformes. Third World, Inner Circle (avec Jacob Miller), Mikey Dread ont été à peu près les seuls à être audacieux. Marley est un cas à part, il était si doué pour les mélodies qu'il rend le style anecdotique. Il aurait pu aussi bien abandonner la syncope et faire de la Pop que ça n'aurait pas changer grand chose. La grande majorité des autres, avec toutes leurs qualités, s'est contentée de rabacher le même son, les mêmes relances jusqu'au désintérêt général. Le genre est devenue une garniture sur les albums de rock, le reggae de service un peu obligatoire à la crédibilité avec plus ou moins de réussite. Je ne connais pas l'album de Sinead O'Connor, je vais m'y pencher.
      En fait, c'est resté une musique de singles, comme le Punk ou le Rhythm & Blues, trois genres qui se sont éteint faute de renouvellement.
      C'est cool de te recroiser par ici.

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  10. Black in busines ? J’espère sur vous allez bien.

    Serge

    Gros fan des Amboy Dukes également.

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    1. Pas mal de changement dans le quotidien, mais tout baigne. Les Amboy Dukes ne laissent aucun choix, tu es fan ou tu les détestes. C'est ce qui manque le plus, des groupes clivants.

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  11. Article que j'ai pris plaisir à lire... Je suis tombé un peu par hasard sur ton blog, en cliquant sur ton profil blogspot. Moi-même, après des années de recherches de titres disco, je suis encore impressionné par l'immense production entre 75 et 80 (enfin, perso, comme je "ratisse large" comme tu dis, je commence de 73 jusqu'à 83 environ). Chaque semaine, je découvre de nouveaux titres qui m'emballent. Des titres bien poussiéreux totalement oubliés... Sans internet, tout cela n'aurait jamais été possible, vu que sur les compils disco on retrouve invariablement les mêmes hits usés jusqu'à la moelle. Ce qui m'étonne aussi, c'est que le disco a vraiment été une musique internationale, on en a fait partout, même au fond de la brousse africaine (d'ailleurs le disco intègre beaucoup d'éléments de la musique tribale), jusqu'au Pakistan, pays musulman conservateur très éloigné de l'occident...

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    1. Vu la façon dont tu développes le sujet, tu pourrais bien écrire un livre sur le disco en tant que phénomène de société :)

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    2. Oups, je voulais répondre à ton dernier message, mais il a disparu.

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    3. Je me suis embrouillé en voulant faire une correction. Je l'ai retrouvé dans mes mails, le revoilà:
      Il y aurait bien un livre à écrire, et en tout cas je serais heureux de le lire, sur les ramifications qui unissent des mouvements artistiques présentés comme radicalement différents. Le dicton diviser pour mieux régner n'a jamais été aussi vrai qu'en matière d'engouements populaires. Et sans tomber dans le complotisme à la noix, je pense que la culture "rock" au sens large, qui englobe musique mais aussi les formes qui s'y rattachent de cinéma, théatre, peinture, danse, littérature, a été cloisonnée en sous genres, autant que possible opposés les uns aux autres, parce qu'elle représentait à un moment de l'histoire un véhicule trop efficace pour des révoltes qui ont fait vaciller les sociétés. Du moins qui les ont remises en cause d'une façon pacifiste contre laquelle il était délicat de lutter avec les armes habituelles de l'etablishment.
      Dans mon esprit, et dans les faits, ces ramifications existent, que ce soit Pink Floyd et les ballets de Roland Petit, la littérature beatnik et son influence capitale sur Dylan et par extension tous ceux qu'il a inspiré. Concernant le cinéma les exemples rempliraient des pages et le Hip Hop a montré à quel point des disciplines telles que le graffiti et la danse faisaient intrésèquement partie de son adn. Il en va de même pour la Disco dont une large part de l'imaginaire qui l'accompagna a émergé de l'effervescence créée par des spectacles pluridisciplinaires comme Hair ou O Calcutta dont Saturday Night Fever puis Fame ont été des prolongements. Je veux dire, même un film aussi vide de contenu que Rien n'arrête la Musique se paye le luxe de faire référence aux Garçons de la bande de Friedkin )))
      Dès le départ, l'influence des formes d'expressions noires sur la jeunesse blanche a posé problème aux conservateurs et si ils ont patiné dans la mélasse pendant une bonne décennie, ils ont quand même fini par trouver comment cloisonner ou discréditer, en tout cas désunifier, le mouvement. Là où un hippie écoutait sans gêne Led Zeppelin, James Brown, les flûtes de Jajouka et Barbra Streisand, les chappelles initiées dans les années 70 n'ont eu, elles, de cesse de s'opposer. On était Hard rock ou New Wave, Disco ou Punk, jusqu'à l'absurde. Rien qu'en matière de Hard Rock il existe aujourd'hui une bonne trentaine de sudivisions qui s'affrontent aussi connement que des supporters de foot et on ne doit pas être loin du compte en matière de Dance Music. Ceci étant un reflet des recettes appliquées à l'ensemble de la société sur tous les sujets pour lesquels une union populaire serait problématique.
      Bref, sinon je vais encore extrapoler pendant des plombes, je pense que ce que nous avions entre les mains était un peu plus consistant que du simple divertissement comme on nous a inculqué de le considérer avec une once de mépris.
      Ceci dit, en ratissant large, ton blog oeuvre à retisser les liens en mettant l'éclairage sur l'impact commun qu'une musique peut avoir sur des environnements culturels que l'on nous présente comme étant aussi irréconciliables que l'occident et l'orient.

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    4. Tu as mis les mots sur ce qui était à la fois concret et abstrait dans mon esprit, surtout que me concernant, je connais très mal la période rock des années 60-70, à part les classiques qui passent encore à la radio de nos jours. Mais je sais quand même que cette musique a fait bouger quelques lignes au sein de la société... Pour parler du disco, tu as donc ressenti sur mon blog l'aspect sociétal du phénomène, au delà de la simple musique à écouter et télécharger...et j'en suis heureux, car comme tu le soulignes, quand on creuse un peu, le disco était "plus consistant que du simple divertissement". D'ailleurs dans la marge de mon blog, tu as peut-être vu certains articles, dont celui consacré au film "Caligula", ou bien les pubs, affiches et couvertures de magazines associées à la période disco. Vu que je n'ai pas connu cette époque, c'est en faisant des recherches sur Internet que j'ai réalisé que ça avait été un vrai phénomène de société, avec des jouets disco pour les gosses, des magazines X pour les adultes, et même des produits alimentaires estampillés "disco"...sans parler de la mode des rollers en boîte de nuit, des "noirs" mis en avant comme avec Sheila B. Devotion, etc, etc...

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    5. Oui, on peut dire qu'il y a eu une surexploitation du "phénomène" disco qui est allée jusqu'à l'écoeurement. Ceci dit, ce n'était que la suite d'une logique commerciale entamée dès Elvis Presley, puis les Beatles. A la différence que le processus était dorénavant bien rodé et efficace à grande échelle y compris en ayant pour base des artistes parfois médiocres, là où pendant un temps les businessmen avaient cru que seuls les plus talentueux pouvaient engendrer une fascination suffisante pour justifier l'achat d'accessoires qui n'avaient à voir qu'avec l'image de l'artiste et non son art proprement dit.
      L'anglais Robert Stigwood fut précurseur de cette commercialisation tout azimuts. Dans les années 60 il gagna des fortunes en tant que manager d'Eric Clapton et de son groupe Cream qui avait été conçu de toutes pièces pour séduire le public américain en étant promotionné comme le premier super groupe de l'histoire du rock. Peu importe si les deux autres membres n'étaient connus que des milieux les mieux informés, le coup fonctionna parfaitement. Stigwood s'implanta définitivement en Amérique et injecta une partie des bénéfices dans des comédies musicales à fort potentiel, parce qu'elles permettaient au grand public de "côtoyer" le mouvement hippie tout en restant propre sur lui. Ce fut Hair et O Calcutta, deux succès qui lui permirent de gravir les marches jusqu'à Hollywood. D'abord avec l'adaptation cinéma de Tommy, l'opéra rock des Who (dans lequel il glissa Eric Clapton) puis, attention les yeux, avec Saturday Night Fever et Grease ! Rien que ça. En sachant que depuis les années 60 il était, tu vas voir comme le hasard fait bien les choses, le manager des Bee Gees et depuis peu celui de John Travolta qu'il avait repéré dans un sitcom !! Pas mal comme addition.
      Comme on le voit, l'exploitation du disco est un processus enclenché bien avant la naissance du genre. D'ailleurs les mêmes principes avaient été utilisés à l'échelle anglaise avec la vague Glam rock du début des 70's qui a plusieurs autres points communs avec la disco.

      En parallèle à Robert Stigwood, les membres du groupe Kiss avaient mis au point un principe d'exploitation de leur image avant même de parvenir à vendre des disques. Eux ont démontré l'étendu de tout ce qui pouvait se vendre en se réferent à un groupe de rock pour si peu que son image soit forte. Ils ont été les premiers à déposer le nom d'un groupe afin d'en faire une marque et de toucher des droits sur son utilisation (et quand on s'appelle Kiss, ça fait vite une belle fortune).
      Kiss a vendu à peu près tout ce sur quoi il y avait suffisament de place pour coller leur logo. Des cartables, des tourne-disques, posters, bande dessinées, porte-clefs, médiators, bien sur des t.shirts, des casquettes, des blousons...Et même une carte d'adhésion à la Kiss Army qui permettait d'avoir des réductions minimes sur encore plus de produits. Tu verras parfois des pubs improbables si tu fouilles dans les magazines américains pour ado des années 70. Surtout, il faut savoir que jusque dans les années 80 le merchandising rock était très peu protégé, n'importe quelle boutique de France et d'ailleurs pouvait fabriquer et vendre des t.shirts estampillés aux noms en vogue. Kiss a changé tout ça en devenant l'exemple à suivre. Terminé l'anarchie, il a fallu rentrer dans le rang et passer à la caisse (sauf l'Italie, ce qui n'a rien d'étonnant vu l'origine des fonds utilisés pour mettre en place ce racket, pardon, ce business. Mais c'est encore une autre histoire)).

      à suivre (blogger prétend que mon commentaire est trop long...comment est-ce possible ???))))

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    6. ...et donc, la suite

      Et la disco dans tout ça ? Et bien le label de Kiss était Casablanca, autrement dit celui qui distribua aux Etats-Unis les disques de Donna Summer et les productions Moroder, Costandinos, Village People, j'en passe et des meilleurs. Et le label appliqua à tous la recette Kiss et à Kiss la recette disco en leur faisant enregistrer I was made for loving you qui sera leur plus gros hit. C'est aussi Casablanca qui produisit le film Thanks God it's Friday pour servir de vitrine à ses artistes phares. Cette fois encore, il serait passionnant d'évoquer l'origine des fonds que Casablanca servit à blanchir.

      A partir de là, tout le monde s'y est mis et la musique est devenue une vache à lait, au point de passer au second plan. L'important était d'avoir une gamme de produits à vendre. Il n'a pas fallu longtemps pour que la qualité des disques devienne accessoire et très vite ils ne furent plus garnis que d'un hit ou deux entourés de remplissage insipide. Ce qui semble être la norme encore aujourd'hui.

      En France, Carrere et Vogue ont rapidement pris le train en marche en distribuant les albums disco venu de l'étranger, concurrencés à l'échelle européenne par les allemands Polydor, ce qui les poussa à développer leurs propres noms en collant des rustines à de vieilles gloires comme Sheila et en en formatant d'autres pour leur succéder tel que Karen Cheryl. Je t'avoue que pour avoir été môme à cette époque là Sheila faisait très bien le job en matière de fantasmes prépubères )))

      Au final tout ça a donné un pudding bien indigeste qui a sectionné le genre en une multitudes de sous divisions dont la plus influente sur l'avenir fut la House de Chicago qui sut repartir des qualités musicales de la disco en s'appuyant non plus sur des producteurs de groupes factices, mais sur la créativité des DJ's de club. Là aussi, c'est devenu la norme encore aujourd'hui.

      Pour la mixité raciale, sa mise en avant tient plus de la solidarité entre minorités que de l'origine ethnique de la disco qui est plutôt de sensibilité blanche et européenne, contrairement à la funk qui est noire américaine. Mais son implantation en Amérique s'est faite à travers les clubs homosexuels new yorkais qui étaient parmi les endroits les plus tolérants sur l'origine raciale de leur clientèle qu'elle soit noire, blanche ou portoricaine. C'est ce mélange au sein duquel se trouvait beaucoup de danseurs et danseuses issus des comédies musicales et d'acteurs et actrices du théatre underground et du porno qui donna à la disco ses chorégraphies quasi systématiques, chose qui ne se faisait pas du tout avant. On en revient là à toutes les valeurs qui ont fait l'importance de ce genre.

      J'avais repéré ton avatar Malcolm McDowell et la référence à Caligula sur ton blog, ce qui me fait penser qu'avec sa production italienne et sa sortie en 1979, il est étrange que Moroder n'en ait pas fait la B.O pour Casablanca records. Il doit y a voir quelque chose à fouiller de ce côté là. Un désaccord entre capo, peut être ))

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    7. Je me suis délecté à la lecture de tes commentaires ;)

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  12. Voila une belle introspection dans le monde magique de la musique qu'elle soit disco ou Rock avec pour l'immortaliser les bons vinyles . C'est tout à vrai et très fort de dire que "Highway to hell" appartient toujours à AC/DC, et qu'en effet, il y a longtemps que "I feel love "appartient à tout le monde. La musique nous rassemble et nous fait bouger et transcender nos émotions pour souvent finir, O magie, par nous sauver.

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    1. Je n'imagine pas une vie sans musique. C'est le cassoulet de l'âme ))
      Ca fait plaisir de te recroiser par ici.

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