samedi 7 mai 2016

PRiNCe, HiT N'RuN PHaSe 2



 
Le 3 mai 2016, une dizaine de jours après la mort de son créateur, et après quelques mois d'exclusivité sur le site de téléchargements de Jay Z, Tidal, sort en format physique Hit N'Run Phase Two, l'ultime disque de Prince.
Je vais tacher de le chroniquer comme je l'aurai fait sans que les évènements ne viennent me retourner le cerveau.



Depuis 2010 et la distribution de 20Ten (pigé ?) via le réseau de la presse, Prince semblait quelque peu égaré. L'album en question contenait encore de quoi épater l'amateur, (en commençant par ce bijou de Beginning endlessly) et faire battre des records de vente aux magazines finement sélectionnés pour en permettre l'acquisition gratuite (le prix du numéro n'étant aucunement majoré) mais le lien avec le grand public devenait compliqué à maintenir. Surtout, même si elle n'avait rien de nouveau, cette confusion commerciale laissait poindre, un peu plus encore, un trouble du comportement dont la persistance n'inaugurait rien de bon pour la suite. Derrière l'excentricité, le malaise.


Dans ce contexte, on pouvait miser sur une accalmie de la houle lorsqu'en 2014 Prince met sur pied un partenariat avec Warner Bros, son ancien label. En échange d'une rétrocession de ses masters, il accepte d'enregistrer un album packaging, Art Official Age, censé lancer une nouvelle protégé du label, l'anglaise Liane La Havas et moderniser le son du Kid avec l'aide d'un jeune producteur, qui se voudrait en vogue, Joshua Welton. Le tout s'accompagnant d'une cascade de rééditions des piliers de l’œuvre pourpre et d'une gigantissime tournée commémorative. Le plan est chromé sur tranche. Résultat, un single en duo avec Zooey Deschanel (Fallinlove2nite) qui se ramasse tellement que Prince ne l'inclut même pas dans le double album, qu'il refuse de surcroit de promouvoir. Accusant la maison de disque de tout miser sur le fond de catalogue au détriment de l'avenir, le Kid claque la porte et se barre sur la route avec pour seule compagnie un piano et un microphone. Le contrat est rompu, les rééditions reportées aux calendes grecques. Ambiance.


Pourtant, une fois digéré un premier morceau qui fout les miches tant il est putassier et parfaitement impersonnel, Art Official Age s'avère plutôt consistant, même si le plat de résistance est ailleurs, dans l'album parallèle signé 3rdEyeGirl, paradoxalement celui dont Prince s'est réservé l'exclusivité de la réalisation. Plectrum Electrum est ce que le Rock peut nous offrir de plus authentique, l'incarnation d'un style que rien ne remplacera jamais. La dernière émotion humaine avant l'auto censure sensorielle du 21ème siècle. Le genre de disque à combler tous ceux qui rêvent d'un redécollage du Zeppelin. Massif, souple, sensuel et décoiffant, on y retrouve un Prince en mode superpuissant, heavy heavy riffs, rythmiques façon passage à tabac, mélodies corrosives. Ceux qui se souviennent du morceau Chaos and disorder (sur l'album du même nom) ont une idée de ce à quoi ça ressemble. Les autres ont cinq minutes pour combler cette lacune, ou aller se pendre avec la ceinture de leur robe de chambre en velours jacquard de chez La Redoute.


Hit N'Run Phase One déboule en 2015, et fait office de solde de tout compte. Pour cette ultime cure de jouvence, Prince a filé carte blanche à Joshua Welton pour mieux l'évincer sitôt le disque sorti, sans que le fruit de leur collaboration, une sorte d'ambient dub, ne soit en quoique ce soit déshonorant. Dans la foulée, il dissout 3rdEyeGirl (dont Joshua Welton baise la batteuse, vous comprenez bien que ça ne pouvait pas durer) et rameute son New Power Generation pour habiller de swing percutant et de cuivres incisifs, tantôt Rhtyhm & Blues, tantôt Jazz, ce Hit N'Run Phase Two, on y arrive, qui signe la reprise en main de sa destinée. On imagina un renouveau, ce fut un dernier souffle. Mais quel putain de souffle. Une bourrasque de Mistral. 
On l'a décortiqué sous toutes ses coutures ce disque, avec Milady. On l'a mis à fond dans l'auto radio, on l'a testé sur la sono du salon, sur le Scott de la chambre. Au casque, à m'en rendre plus sourd que Brian Johnson et Pete Townshend réunis. Tout ça, rien que pour ne pas se retrouver à en dire plus de bien qu'il n'en mérite. Pour ne pas se laisser emporter par les émotions au point de prendre des vessies pour des lanternes.


Je vous le dis comme c'est, Hit N'Run Phase Two est le dernier grand disque d'un bonhomme qui fut généreux en la matière. Un disque qui n'a pas fini de faire marcher notre boite à fantasmes, assoiffée d'un futur qui aurait été plus euphorique. D'abord, il délivre au moins trois classiques, pas au rabais, non, des vrais, des hits en puissance, du Prince de gala. Rock'n'Roll love affair, Screwdriver et le tristement bien nommé 2Y2D (avec son irrésistible gimmick de flûte). Trois tourneries infernales aux mélodies entêtantes, aux arrangements malicieux, trois chansons venues d'un autre univers, celui du rock de la légende. La pulsation, le glamour, le charme, l'exaltation et le vice.
Le disque ne faiblit à aucun moment, versant rock, versant funk (Stare, Xtraloveable...), versant onirisme jazzy avec décollage perpendiculaire du freestyle multi-directionnel façon drone (Black muse) ou option soul soyeuse avec caresse du petit doigt sur le clitoris (Look at me look at U) Prince accorde avec talent les saveurs les plus diverses, s'autorise des audaces que plus aucun n'ose ne serait-ce qu'envisager. Il claque trois titres de plus de 6mns et ouvre son disque sur un hommage à Michael Brown et Freddie Gray, victimes de violences policière à Ferguson, Missouri et Baltimore (où il donna un concert en soutien aux manifestants). Donald Trump n'a, à ce jour, toujours pas utilisé le morceau pour entrer en scène à aucun de ses meetings.



Il y a quelque chose de Diamonds and Pearls dans cet ultime album. Cette même façon de prouver une fois de plus, que tout est encore possible. Vous me croyez ou pas, vous tentez si vous voulez, je m'en bats les noix. C'est bien simple même les deux ballades sont bandantes, à l'image de When she comes avec son accordéon façon Flaco Jimenez, qui donne une teinte du barrio qu'on ne lui connaissait pas encore. Et Revelation est plus somptueuse encore. On repère aussi pas mal de clins d’œil, à lui même, aux autres (le riff du Melting Pot de Booker T & The MG's sur Groovy potential, Sly Stone à chaque coin de rue) et, plus que le reste, on retrouve notre Prince dans ce qu'il offre de plus essentiel. Du bon son pour ceux qui croient la voix qui sort de leur stéréo, qui croient au rock'n'roll. Hit N'Run Phase Two transpire de ce bonheur que procure la musique, de cette force irrationnelle qu'elle nous transmet. Cette liberté d'esprit que Prince incarna jusqu'au bout, n'agissant que selon ses propres règles, fussent-elles trop intenses pour le corps humain.



Hit N'Run Phase Two est un disque vivant qui ne se veut pas autrement que fidèle à ce que l'on aime au plus profond de nous, fidèle à cette indéfectible passion pour la musique qui, souvent, nous a obsessionnellement tenu éveillé au delà de nos propres limites. Au fil du temps, on a tous fini par devenir plus raisonnables, par apprendre à gérer le quotidien, se trouver un ventre tout chaud sur lequel poser nos joues caleuses. On a appris nos leçons. Écrasé les mégots, rangé les bouteilles et fait les prises de sang. En l'espace d'un mois, deux mauvais élèves se sont distingués, l'un ne concerne que moi, l'autre nous concerne tous. L'un ne laisse que silence, l'autre nous propose une dernière danse. Les deux sont réunis dans cet afflux sanguin qui crache des enceintes le pouls de la vie. Et mes pieds rivés à cette terre désertée, de souhaiter un bon voyage aux cendres qui s'envolent.

Hugo Spanky 



27 commentaires:

  1. Merde, le dernier paragraphe m'a cloué et cassé mon élan de commentaire. Tu sais, moi des articles comme celui ci, je le lis au rythme, tu évoques un titre, je me le passe... puis je reviens à la lecture. Je trouve un contact FLAC sur Soulseek pour ne pas avoir à me pendre. J'arrive gentiment au "Hitnrun Phase Two" et de titre en titre, en suivant ton fil, je gagne en euphorie. Content que tu te sois (vous vous soyez?) sacrifié (s) à l'écoute en casque tout en conduisant dans ta chambre (tu vois j'ai bien tout lu) ... Un Prince accessible, jubilatoire, printanier, plein de saveur et de pêche ... C'est bon, putain ça promet, on est même à oublier...
    Mais paf, tu finis, tu racontes, tu expliques, tu balances le seau d'eau froide, tu claques... Finito la commedia, le con, on l'aime, il est parti pour de bon, merde... Et tu laisses deviner d'autres ombres. Tu as réussi à me donner envie de croire au fantôme. C'est vraiment fini? Sérieux? Vous déconneriez pas avec ça, hein? Bon.
    Je me remets Rocknroll Loveaffair, j'aimais bien le début de ton article... Je peux y retourner?

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    1. J'avais oublié de parler de cette pochette, PRINCE entre dans South Park? Fête et grosse déconne alors?

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    2. Ouais, je voulais tenir jusqu'au bout dans l'enthousiasme, zapper la fin de l'histoire, faire comme si. Et puis faire comme si, quand on tente de causer de sincérité, ça fait quand même un peu crétin.
      J'ai bien aimé l'idée des radios ricaines, de diffuser simultanément Nothing compares to U, pile 7 heures et 15 jours après le décès du Kid. Ça rappelle que le mode d'emploi pour le garder en "vie" c'est tout connement de jouer sa musique. Et comme il faisait bien les choses, il nous en a délivré une dernière ration qui vaut tous les albums que les tristes sires veulent foutre dans les musées.
      Faites tourner Screwdriver sur les platines !

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  2. J'ai jamais été un grand fan de Prince. Ses sons de claviers des années 80's m'ont toujours écorché les oreilles et à part quelques morceaux il ne m'a jamais trop interessé mais curieusement son décès m'a plus touché que celui de Bowie ou de Lemmy que j'ai toujours pris pour des fumistes...

    Là je découvre, en grande partie grâce à toi et aux divers panégyriques, l'importance de son oeuvre récentes. Ce type, sa finesse, son sens du funk, me plaisait bien en fait. C'est un peu con de ne pas assez profiter des vivants.

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    1. Bien sur que tu l'aimes Prince, c'est juste que tu ne le savais pas. C'est même lui qui a offert son dernier hit à Mitch Ryder : https://youtu.be/mHWB2A-V_IM
      c'est dire si tu l'aimes ))))

      Les synthés qui sifflent, ça a irrité plus d'un rocker, on en revient au Hip Hop et à la grande scission, pourtant si t'écoutes bien le He's so dull de Vanity 6 c'est jamais que du pur Brooklyn des 60's. Et sur scène c'est encore plus flagrant, vise un peu ça, le fameux concert de 1981 au Palace https://youtu.be/RbtFvMnPF0c plus rock, c'est Clash !

      Au delà des considérations, Prince, c'est surtout le dernier des grands aventuriers. Il a tâté à toutes les musiques en y mettant à chaque fois tout son cœur. Tu peux en télécharger jusqu'à demain matin que tu en auras toujours pas fait le tour, mais qu'est ce que tu auras voyagé ! C'est l'esprit de Sandinista (dont le double album Sign O' The Time est l'héritier, en tout cas c'est comme ça que je l'ai compris sur le coup. Et j'étais bien content qu'il existe).

      Il y a un truc que j'envie à tous ceux qui découvrent Prince maintenant, c'est le plaisir qu'ils vont prendre. J'aimerai bien découvrir un équivalent, un gonze qui lègue une œuvre aussi riche et variée. C'est un truc de malade quand tu mets le doigt dedans, rien qu'en sessions restées inédites il y a un univers entier. Ce petit mec a vécu sa musique 24/24, il a enregistré de quoi remplir des disques durs rien qu'avec lui seul. Et sans jamais être autrement qu'aventureux. Tout n'est pas génial, tout ne parle pas à tout le monde mais le moindre morceau mérite attention.

      Crois moi, Serge, on ne peut pas aimer tout ce que tu aimes sans aimer Prince.

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    2. C'est exactement ça. Il a vécu sa musique 24/24, et c'est elle qui l'a avalé. Et les deux se sont fait engloutir par les studios de Paisley Park. Et je peux vous l'annoncer à ce jour au risque de vous décevoir, mais on ne reverra jamais une si belle, inventive et outrageuse créature que lui.

      J'ai une autre annonce à faire aujourd'hui : j'ai arrêté de fumer depuis ce matin.

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    3. C'est vrai que sans jouer le fan transi, il semble difficile de croire qu'un autre comme lui finisse par apparaître un beau jour (ou peut être une nuit). Rien que ce nouvel album, il regorge de morceaux incroyables (ce groovy potential, je ne m'en lasse pas, la construction est démente. Et Revelation ? Pow, quelle gifle celui là aussi).
      Il n'y a rien de daté ou de ringard chez Prince et pourtant c'est d'un classicisme absolu. Sur Screwdriver, il repart (une fois de plus) de T.Rex (Marc Bolan est une influence que l'on ne souligne pas assez dans son cas) et il nous pond un instant-hit qui ne ressemble qu'à lui. Dans tous ses morceaux, il y a toujours un ingrédient qui vient donner une direction différente de tout ce que l'on a déjà entendu mille fois. Il y a une telle connaissance des sonorités, une telle palette de savoir. Et tout ça, sans tomber dans la branlette, sans jamais que ça devienne excluant. Tu prends When doves cry ou Kiss (pour citer du connu) c'est dépouillé au possible (l'album Lovesexy est un modèle du genre) et malgré ça, d'une richesse sidérante d'inventivité.
      En ce moment, je me plonge dans les albums pharaons : Crystal Ball (quintuple), Emancipation (triple) et j'en redemande au point d'avoir téléchargé les 9 volumes de The Work (4cd par volume!), je veux me noyer dans du Prince. Purple rain ? Purple sea !

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  3. Je vois que tu es en pleine crise de Prince, Ranx ! Je vais être chagrin, mais je dois t'avouer que je n'aime pas du tout. Je ne lui conteste aucunement son talent de guitariste, de chanteur, d'arrangeur, de producteur, de compositeur, et sa prolificité, mais je ne goûte guère sa musique. Déjà pour moi, le groove de Prince... mmmhh... je trouve pas ça tellement groovy, clouer sous les synthés et les sons flashy des années 80. Pour moi, le groove, c'est Curtis Mayfield, James Brown, Funkadelic.... On pourrait en discuter évidemment des heures, mais dans tout ce que j'ai pu écouter, ses fameux grands albums, rien ne m'enthousiasme.
    Pour moi, il a su faire une chose : ouvrir la musique Funk brute (Mayfield, Brown, Funkadelic...)au public blanc en y greffant de la Pop music dedans. Prince pour moi, c'est un peu comme un gros gâteau d'anniversaire plein de crème et de sucre, mais dont le goût est fade.
    Sans doute que quelques très bons titres m'échappent sur son immense discographie, mais il ne m'a jamais touché.

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    1. Ce que tu dis n'est pas faux, vu les albums auxquels tu fais référence. Effectivement le son Prince des années 80 est très novateur, mécanique, basé sur les boites à rythme et comme tu le soulignes les synthés persiflant (jusqu'à 1999 pour les synthés). Les rythmes sont plus proches du Rock que du Funk.
      Sauf que tu jettes bébé avec l'eau du bain. C'est plus que quelques bons titres qui t'échappent )))
      Prince a ensuite beaucoup chamboulé son approche, dès la période NPG, il réduit la part laissée aux machines et passe à des sons moins austères et plus proches de la tradition Funkadelic/Sly Stone. Il ira de plus en plus vers des sons ronds, mais tout en conservant l'aspect Electro et Rock de sa musique.
      Écoute des albums comme Musicology, Lotus Flower ou justement ce Phase Two que je chronique plus haut plutôt que ses "grands albums" sempiternellement les 3 ou 4 mêmes désignés ainsi par des critiques qui ne pipent pas grand chose ni au Funk dans son ensemble, ni à Prince en particulier. Les témoignages de certains "journalistes" au moment de sa mort ont de ce point de vue étaient à pisser de rire. Dès qu'ils sortaient de Purple rain ou Parade les gonzes se barraient dans des délires sur le Jazz, sur Zappa, sur ma cousine Suzette et aucun ne citait des évidences comme Rick James.
      Comment réduire à 4 disques un mec qui en a fait plus de 40 (officiels) avec le soucis de ne jamais se répéter ?
      Et sinon, oui, je suis en pleine crise.))) C'est récurant chez moi, je fais des blocages. J'ai une dizaines de musiciens sur lesquels je reviens depuis toujours et que je peux passer des mois à jouer en boucle. Prince en fait partie et les événements n'ont pas arrangé mes symptômes. Il a l'avantage, de par sa production démentielle (les bootlegs studio sont au niveau de ses meilleurs albums, pour situer. Et les Live offrent des relectures radicales des versions originales) d'offrir un immense choix d'angles pour apporter telle ou telle période.
      Savoir que plus jamais je ne serais dérangé par son nouvel album, désorienté par une nouvelle approche ou un revirement total, ça va me manquer grave. Avec lui, on ne savait jamais à quoi s'attendre, c'est devenu rare aujourd'hui.
      T'inquiète, il viendra un moment dans ta vie de passionné de musique où immanquablement il te mettra le grappin dessus.

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    2. Mieux encore si tu tripes Funkadelic, chopes toi Exodus son album signé NPG. Tu vas être sur le cul.

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    3. @Budgie, J'étais comme toi. Je dois dire que mes derniers préjugés ont sauté avec sa mort.... Trop tard évidemment... "Plutôt la vie", comme disait l'autre.

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    4. @Serge : Ça y est, t'as écouté He's so dull de Vanity 6 ? ))))

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    5. Oui. Tout a fait dans l'esprit des girls group des années 60. Du r'n'r quoi...

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  4. Pour moi Prince est l'Artiste pop ultime qui mélange tous les genres dans sa musique (rock, funk, soul, jazz, hard etc.) pour en faire une mixture mélodique imparable lorsqu'il est à son meilleur.
    Autant le Hit'N'Run Phase One et ses morceaux plutôt toc ne m'a absolument pas convaincu autant le Hit'N'Run Phase Two mérite amplement son nom tant il est revenu à son sommet avec cet opus.
    Dès la première écoute ce disque flatte les esgourdes et propose d'emblée avec ses trois premiers titres (Baltimore, Rocknroll love affair et 2 young 2 die) un tiercé gagnant de hits en puissance admirablement troussé où pas une note n'est superflue et s'accorde avec une harmonie sidérante.
    Une telle science de l'arrangement parsème d'ailleurs l'ensemble des morceaux qui composent cet album dont le maître mot est délicatesse.
    Foin de sonorités et de gimmicks faciles ici (tel que les synthés cheaps des années 80 qui ont par moments dénaturés et datés ses chansons de l'époque) bien au contraire la luxuriance musicale coule de source et n'est point là pour nous enfumer: les cuivres, les cordes et les harmonies vocales renforcent d'autant plus le pouvoir mélodique inoui des compositons. Même les ruptures de ton au sein d'une chanson - péché mignon du Kid de Minneapolis - sonnent comme une évidence alors qu'il faut un putain de talent pour arriver à une telle maestria.
    Joyau pur qui ne s'endort jamais sur ces lauriers et propose une foultitude d'idées par morceaux, ce disque s'annonçait comme le retour triomphal d'un artiste que tout le monde croyait hors circuit.
    Hélas le destin en aura décidé autrement...

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    1. Ouais, Hit N'Run Phase Two, c'est un sacré album pour tirer sa révérence en foutant bien les glandes à tout le monde.
      Le Phase One, il m'a secoué dans mon fauteuil (au sens se lever pour changer de disque) comme souvent avec lui quand il entreprenait de changer d'approche. Et puis, j'ai fini par y venir. Au final, je l'aime plutôt bien. Je sais que c'est pas trop ton truc, mais j'aime son côté dub planant, comme shooté dans une soirée lounge. Y a que lui pour me faire écouter des machins pareil. Voila une de ses qualités qui va me manquer, me faire écouter des sons que j'aurai jamais tenté sinon.
      Tiens, comme ses fameux synthés cheap. Ça m'a hérissé le poil quand c'est sorti, je me demandais pourquoi il infligeait ça à des morceaux aussi fabuleux que ceux de Dirty Mind, Controversy, Vanity 6 ou 1999. Et puis, ils me sont devenus familiers et j'étais tout content de les retrouver chez Grandmaster Flash, toute la clique Sugarhill records et chez Big Audio Dynamite aussi. Je suis resté amoureux de l'Electro depuis, je regrette même que plus personne ne soit fichu de faire avancer ce style. De toute manière, ça vient de Pete Townshend, les synthés. A la base. Who Are You était un album électro-rock d'une certaine façon. Non ?

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    2. Eh oui ce dingue de Townshend a été le précurseur de bien de choses c'est sûr.
      D'ailleurs sa maitrise des synthés à amener un certain Jean-Michel Jarre à le faire collaborer sur un titre de son dernier album.
      Mais bon de là à écouter cela faudrait peut-être pas abuser non plus...
      En fait les synthés ne me dérangent pas plus que ça quand leur usage apporte l'ossature primordiale d'un morceau et que leur sonorité sont bien plus travaillée qu'un simple "piou piou" dérisoire qui en vient rapidement à être daté.
      En ce sens, pour mézigue, l'album 1999 justement est assez inécoutable désormais alors qu'en comparaison les albums Violator, Songs of faith and devotion et Ultra de Depeche Mode ont passé admirablement l'épreuve du temps.

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    3. Jean-Michel Jarre, figure toi qu'il a fait des trucs plutôt pas mal du tout. Sylvie en écoute pas mal et je dois bien reconnaître qu'il y a du bon. Dépêche Mode, je suis d'accord, ça a globalement très bien vieilli. Pour les synthés de Dirty Mind, c'est ma marotte cet album, ils sonnent cheap parce qu'ils le sont. Ça coutait une fortune un synthé performant (vise des photos de ce dingue de Keith Emerson lorsqu'il est sur scène avec son 1er synthé, tu vas voir la bête -et le poids allait avec) donc ceux qu'on retrouve sur les disques de hip hop et de Prince, c'est du super bas de gamme, l'équivalent des guitares de Johnny Ramone. C'est ce qui en fait le charme. Je pense que l'apparition du Farfisa à du faire la même impression au début.)))))

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    4. Dirty Mind, je l'aime beaucoup itou. Son funk synthétique cradingue demeure toujours une joie à écouter contrairement à 1999 qui lui a pris un sacré coup de vieux.
      Là, je viens de découvrir une autre merveille The Vault: old friend 4 sale qui, avec son ambiance feutrée à consonance jazz, propose des morceaux alambiqués qui ont la force d'être aussi mélodique que les compositions plus volontiers pop du Kid de Minneapolis.
      Un autre album m'a laissé lui aussi laissé sur le cul, c'est l'exceptionnel The Truth qui redéfinit à lui tout seul le fondement des compostions acoustiques.
      Alors que dans ce genre d'exercice l'auditeur peut rapidement se lasser du fait d'une monotonie inhérente à ce concept périlleux, Prince fait feu de tout bois et nous régale d'idées d'arrangements plus dingues les unes que les autres. Cet opus fait montre d'une fraicheur et d'une inventivité qui force autant l'admiration que le respect.
      Plus que jamais ce qu'il faut retenir de ce sacré bonhomme, c'est que durant toute sa vie il n'a jamais cesser de faire bouger les lignes établies de la musique et que pour lui la création musicale était aussi vitale que l'air que l'on respire.

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    5. Dirty Mind c'est un classique incontournable (pour moi). C'est vraiment le rock'n'roll des 60's passé à la moulinette électro-trasho. Ce disque garde une pêche incroyable et une fraicheur sur laquelle le temps n'a aucune emprise. Il est bref, nerveux, novateur, follement audacieux et irrespectueux, c'est LE disque qui ringardise tous les revivals. Et puis il y a When you were mine, la chanson qui m'a accroché à vie à Prince. Et Uptown ! Purée, celle là aussi quelle merveille. Il n'y a rien à jeter dans Dirty Mind.

      The Truth est une composante du pharaonique Crystal Ball (5cd plein à la gueule). Le volet Kamasutra est bien perché mais l'ensemble est indispensable.

      Quant à The Vault, c'est là que se pioche There is lonely dont je cause dans le précédent papier sur Prince (Ultime révérence). L'album est extra, comme beaucoup des mythiques inédits contenus dans la fameuse crypte de Paisley Park.

      On n'en a pas fini avec Prince. Je cogite un nouveau papier ))))

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  5. J'ai perdu le fil Hugo.. figure toi que je viens de perdre un comm parce que je n'étais pas sur ma session .. Va me falloir un ordi pour moi tout seul ;D
    Bon, faut que je retrouve le fil... dans le désordre.. je parlais du fait d'avoir l'impression d'avoit toujours connu Prince sans l'avoir approfondi. Ou plutôt comme tu dis de l'avoir toujours kiffé sans le savoir. 2009 J'avais pil 40 piges et c'est parti direct. Le soucis ces que j'ai pécho sa discographie officielle dans les bibli et que les compressions sont anarchiques, sans aucune reconnaissance .. du coup, impossible de retrouver tel ou tel morceau. J'en ai une flopée qui me botte, mais je nage et finalement j'aime bien.
    Ah oui, je disais aussi que l'abondance des sorties de disk pouvait avoir un côté négatif, crier au loup.. etc etc. On se souvient plus des albums de Michael. C'est un peu comme Murat que tu adores ;D.. un album par an, tt le monde finit par s'en battre, Pourtant, moi j'aime bien cette hyper activité, rebondir, emmancher, produire, créer.. C'est pas souvent que j'ai un flou total sur la discographie et les chansons d'un artiste que j'écoute régulièrement depuis 2009 ;D.. Plus je vous lis, plus je vois en lui un métissage Zappa/Hendrix avec une tonne de choses en plus.
    Sinon, ça fait flipper les mecs qui sont hyper suivis niveau médical, un doc à la maison, ou un dealer pharmaceutique.. enfin, j'en sais rien, j'aime pas les toubib, j'ai même comme alibi d'avoir arrêté de peindre pour fuir les carburants.. tous les prétextes sont bons.
    Merdouille, je crois bien que je préféré mon comm précédent..perdu ;D

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    1. De l'ordre et de la méthode, cher Charlu, c'est tout ce qu'il te faut. Ou interdire l'accès à l'ordinateur à quiconque d'autre que toi ))))

      Bon, alors voyons ton cas de plus près. Murat ? Il pourrait sortir un disque tous les 5 ans que j'en aurai quand même rien à cirer ! Ok, ça c'est fait )))

      Se souvenir mieux des albums de Michael que de ceux de Prince parce qu'ils sont moins nombreux ? Tu me fais de la peine là. D'abord Michael, ça reste un chanteur à singles pour moi. Ses albums sont rarement bons sur la longueur, alors que ses hits sont impeccables. Donc, je ne me joindrai pas à la cohorte de ceux qui rapprochent son cas de celui de Prince. C'est presque son antithèse, à vrai dire.

      Prince, en plus de savoir torcher des singles qui atomisent la concurrence à tel point qu'il ne lui en existe aucune, il savait (putain de conjugaison de merde) faire tenir debout des triples albums à se taper le cul par terre. Et sans l'aide de personne, ni se ramasser des procès pour plagiat. Et il aurait pu en faire deux fois plus si il avait voulu, ça ne m'aurait pas gêné. D'ailleurs, j'ai 15 giga d'albums inédits ! Sans compter les Live. Tu situes mieux ma névrose ?

      Prince, niveau rythme, c'était comme Clash, tous les deux/trois mois tu envoies un signal balistique (d'ailleurs Mick Jones est l'un des rares rockers a y avoir tout compris) sauf que lui a maintenu le rythme pendant quasiment 40 ans (d'où les toubibs, forcément. Je pourrais faire un papier entier sur les toubibs véreux et le Rock, le traitement qui vient de flinguer Prince a failli tuer Stevie Nicks dans les années 90 -et combien d'autres encore ?)

      Ta technique d'écoute est bonne, je trouve. Prince tu mets 30 giga dans un dossier et le mode shuffle. J'aime mieux te dire que tu vas en faire des circonvolutions du corps et de l'esprit.

      Et pour finir, arrêtez avec Zappa, Hendrix, Jackson ou François Valery. Prince, il est parti du Doo Wop pour les mélodies, de Rick James pour le slip et de Santana pour la liberté dans les destinations. Pour le reste, il a tout inventé.

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    2. Alors et d'une et puis de deuxio.. Murat est un punk grunge de par ici.., un poète absolu , le seul à pouvoir reprendre le flambeau Ferré juste histoire de visiter un poil la Madrigal Triste...
      Moins nombreux certes, mais j'y peux rien.. c'est les journaleux.. et j'ai appris à écouter les 2 en même temps. J'aime les 2 vraiment, sauf que Jackson, c'est digéré, Prince c'est un début pour tout le monde, et on a pas finit d'approfondir. Il atomise, terrible, mon corps et mon esprit n'a pas fini.. "aimons nous vivant" ;DD

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    3. Bordel Hug.. impossible de mettre un nom sur les disk princiers écoutés... pourtant j'en ai un bon là.. je vais demander à mes grands de faire péter le Shazam appli..

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    4. Dis leur de te laisser le shazam a proximité, t'as pas fini d'en avoir besoin.

      Pour Murat, tu as tout résumé. Les punks m'ennuient à mourir depuis 1978, le grunge est une horreur sans nom en plus d'être une inutilité totale, et la poésie à la Ferré m'en touche une sans réveiller l'autre. Donc, je suis cohérent avec moi même.))))

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  6. Clap clap pour tes papiers sur le Kid, qui kiffait grave le Killer .


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    1. Merci.
      Le Killer, c'est le seul que les cachetons n'auront pas eu. Pas plus que l'alcool, les femmes, les nuits sans dormir, la poudre ou dieu seul sait quoi d'autre encore qu'il a pu s'enquiller dans le cornet. Le Killer ne se fera pas baiser comme Prince. Les toubibs c'est lui qui les crève. En plus, le Killer ne prend jamais l’ascenseur, il déteste descendre et ça fait longtemps qu'il est déjà tout en haut.

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  7. et puis je remarque que prince vieillissait bien, ce que j'ai le plus agréablement écouté c'est ses albums du troisième millénaire, ses spot télé a canal pluche par exemple c'est la dernière fois que j'ai pu l'écouter en pleine action vu que j'ai pas fait l'effort de le suivre live dans les moments ou il passait par ici, bien sur que j'aurais aimé ... mais j'ai pas reçu d'invitation mmmh ... j'écoute bien ce que tu dis avec le rapport aux clash il y a ce morceau dont je retrouve pas le titre qui aurait pu passer après "overpowered by funk" si j'étais dee jay ... parle pas de punk rock avec prince il a choisi une autre voie, ce qui a fini par l'isoler j'imagine ... vraiment dommage, mais tout ça fait une belle histoire ... bon je vais m'en rouler une .. hé le serge c'est quoi un fumiste ? t'es dans le brouillard, tu serais pas du genre illuminati ?

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