vendredi 20 novembre 2015

KiTTY, DaiSY & LeWiS, coNCeRT au RocKSToRe


Si j'avais dit à mon grand-père que je faisais acte de résistance en allant voir un concert, il se serait sacrément foutu de ma gueule. Mais on a l'héroïsme que nos ennemis méritent. Des gars qui tirent à l'arme lourde dans le dos de gens désarmés et pacifistes anéantissent d'eux même la portée de leurs actes. La victime ne peut tellement rien leur opposer qu'ils en deviennent une simple potentialité. Comme celle de passer sous un camion en traversant une rue. Qui va renoncer pour autant à traverser la rue ? Ils sont fous, dangereux mais vains. Et la disproportion de leurs agissements est d'une telle lâcheté que l'on ne peut que les mépriser. Et de fait, continuer à vivre sans considération pour leur misérable existence.


C'est ce qu'ont choisi de faire tous ceux, nombreux, qui étaient présents ce jeudi 19 novembre au Rockstore de Montpellier. Et c'est aussi ce qu'ont choisi de faire Kitty, Daisy & Lewis, ainsi que leurs adorables parents et l'inoxydable Tata, enthousiaste et communicatif trompettiste jamaïcain, dont les "je t'aime" distribués à chacun de nous n'ont pas manqué de faire chaud au cœur. Au moment où tant de groupes annulent leurs venues en France, politesse qu'il ne faudra pas manquer de leur rendre quand enfin ils se trouveront une paire de couilles, Kitty, Daisy & Lewis, eux, sont là et bien là. Les deux générations de la famille Durham et le vieux sage jamaïcain ne fuient devant personne lorsqu'il est question de porter la bonne parole du Rock'n'Roll.


Et putain, c'est rien de dire que de Rock'n'Roll il en fut question. Et sous ses formes les plus  variées, tantôt Rhythm & Blues, ailleurs sous dominante Ska, souvent zébré de Rockabilly. Ça faisait un sacré bail que ni Milady, ni moi, n'en avions reçu une telle ration. Pas question ici, d'apprécier par indulgence une quelconque vieille gloire dont l'évocation des années fastes constitue les trois quart du show. Pas de replay, de sentiment de déjà-vu. Kitty, Daisy et leur frère Lewis sont jeunes, talentueux et pimpants. Les deux sœurs, toutes en glamour rétro-futuriste, ont du charme à revendre. Et à voir la nuée de jeunes mâles prosternés devant leurs talons à paillettes, je peux affirmer sans risque qu'elles sont bien parties pour remplir le rôle de fantasme indélébile que Poison Ivy a rempli pour nous, en ces temps lointains où chaque pochette de nouveau disque était comme une promesse d'extase éternel. 




Ok, vous allez me dire que c'est bien joli d'avoir une remontée de sève mais que l'essentiel reste la musique. Le fait est qu'il serait même dommage de ne pas le souligner, Kitty, Daisy & Lewis sont effrontément bons. Mieux que ça, ils sont insolents de classe, de personnalité et de savoir-faire. A tour de rôle Lewis et Kitty dégainent les bottes secrètes, font swinguer les Gretsch dans l'ampli Fender. Pas de démonstration, pas de branlette, pas de singerie acrobatique façon Brian Setzer, loin de là. Tout est dans les variations d'ambiances, du glissé calypso à l'attaque rockabilly, des enchainements bluesy de Lewis aux accords délicieusement jazzy de Kitty sur ce Never get back d'un autre monde qui nous porte jusque dans ses bras de déesse enchanteresse. Magie et sortilèges que les déboulés funky et ravageurs de la dévastatrice Daisy rendent encore plus envoutants. 



Faut que je choisisse quelques mots pour vous en causer spécifiquement de la demoiselle Daisy Durham. Un cas rare que cette jeune femme. Si il est un minimum de dire que le Rock'n'Roll, malgré sa générosité passée en la matière, manque de nos jours cruellement d'incarnation crédible, il n'en est que plus indispensable d'affirmer haut et fort à quel point Daisy est la salvatrice réponse à nos espoirs les plus irrationnels. Qu'elle se place au clavier, qu'elle aille passer à tabac sa batterie ou qu'elle irradie d'incandescence derrière son micro, cette jeune femme dégage une insolence à soulever les montagnes. Regard noir, moue fougueuse, provocante et libératrice, Daisy Durham met à genoux les cœurs endurcis. Si aucun des membres de la fratrie ne brille par une quelconque indolence, Daisy n'en demeure pas moins encore plus explosive que les autres. Faut la voir cogner sa caisse claire comme une possédée tandis que la transe saisit le Rockstore tout entier, le temps d'un époustouflant final que je croyais uniquement réservé au domaine de la nostalgie.


Kitty, Daisy & Lewis sont jeunes, ils sont aujourd'hui. Je ne vais pas vous dire que leur concert n'a souffert d'aucun couac, ce serait les décrire comme de vulgaires machines parfaitement huilées. Mais même ce qui fonctionne un peu moins bien au milieu de tant d'excellence, est porteur d'ambition. Ce groupe ne veut pas en rester là, on les sent désireux de creuser encore, de trouver des pistes, de tenter, d'explorer. Le chemin qu'ils ont parcouru en trois albums est sidérant d'audace et fédérateur. Et c'est la vocation de la musique vivante que d'être abordée ainsi. 



Oui, c'est bien de cela dont il fut question hier soir au Rockstore, de vie. Tous rassemblés pour célébrer, pour avancer coûte que coûte. Pour danser, vibrer. Se remplir les poumons de cet indestructible sentiment de liberté que la musique n'a eu de cesse de nous insuffler. Garder l'espoir vivant. Et on ne pouvait rêver meilleure compagnie pour cela que cet impeccable groupe qui ne ressemble à aucun autre. Pour preuve, ils étaient là au rendez-vous.


Hugo Spanky
spécial merci à Milady pour les photos


15 commentaires:

  1. C'est Les Aristochats en fait ! ;)) Je les aime ♥

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    1. Ouais j'ai bien vu que tu étais à l'aise avec O'Malley )))))

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  2. Je n'ai pas encore écouté leur album que j'ai quelque part mais leur énergie devait être la bienvenue...
    Beau papier...

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    1. Si l'album que tu as est Third, fonce, c'est le remède idéal contre la morosité ambiante.

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  3. Un groupe des proche des "glam" des années 80 qui savaient apporter un peu de folie à leurs concerts… proche aussi de l'ambiance disco de la même époque

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    1. Disco ? T'y vas pas de main morte, c'est pas Brigitte )))) C'est les combinaisons des filles qui te font cet effet là. Le côté séries B Sci-Fi des années 60. Peut être même que leurs fly case sont en formica ))))))

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    2. Effectivement ces charmantes donzelles se fringuent de manière extravagante et c'est tant mieux pour nos mirettes; pour autant leur musique n'a rien à voir avec le disco et le glam pour sûr.
      Ici on a affaire à un groupe qui a digéré tout ce le rock'n'roll a pu nous fournir de meilleur depuis les débuts de son existence et qui compose des morceaux on ne peut plus réussis.
      Mon cher Hugo, je comprends ô combien que tu ais flashé sur Kitty & Daisy mais il ne faudrait pas néanmoins en oublier ce cador de Lewis qui lui aussi nous enchante les esgourdes.
      Mais bon je constate que la Spanky Woman, elle, lui a montré une totale adhésion. L'honneur est sauf donc.

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    3. Heureusement que je suis là pour maintenir l'équilibre ;))

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  4. Je ne connaissais ces zèbres ni des lèvres ni des dents et voilà-t'y pas qu'à peine ai-je fini de lire ces lignes je me crashe sur le canap devant un infâme navet avec Dustin Hoffman et Emma Thompson (j'adooore la voix d'Emma Thompson!!) dans lequel un groupe joue dans la rue, ce truc m'interpelle, j'attends le générique et ... bingo !
    C'est un signe. En plus de la Danelectro. Et de jouer du banjo en combo moulante. Aooouuuhhh !!!

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    1. Bien vu, j'aurai jamais imaginé les croiser là dedans mais il parait que Dustin Hoffman est fan. Le morceau est toujours à leur répertoire dans une version qui secoue les fondations. J'en profite pour glisser un mot sur leurs parents, Ingrid Weiss qui les accompagne à la basse et Contrebasse fut un temps batteuse des Raincoats et Graeme Durham (guitare et noix de coco) réalisait les masters des albums d'Island records, période Bob Marley, Kid Creole, Grace Jones, B52's, Gregory Isaacs, Toots & the Maytals....
      Une happy family bien contagieuse, en somme.
      A ne pas rater.

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  5. Pas envie de gâcher la fête, surtout après tant d'enthousiasme. Je connais "The third" et j'étais tombé devant les mêmes recommandations.
    Sauf que l'album est à écouter autrement je trouve: rock un peu, country un peu, swing un peu, billy un peu, cuivre un peu, pop un peu, de tout un peu ... faut pas faire croire que ça déménage comme les débuts des Flammin ou les Cramps comme les photos sembleraient le faire penser..
    Reste que
    Ton papier est bien vu, les photos sont top top top, j'en reviens pas, vous étiez placé où? Incroyable.
    Alors sur scène? Le son monte peut-être davantage?
    Ceci étant dit, je l'aime "The Third" pour son côté décontracté, cool et éclectique! Maintenant un ou deux titres studios un peu plus saignants et c'est le carton plein. Allez ça m'a donné envie d'un NO WOW des Kills et un "Teenage Head"

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    1. Sur scène c'est effectivement plus puissant mais ce n'est certainement pas un groupe à apprécier pour sa force de frappe. Tout est au contraire dans le swing et le feeling. On est à des années lumières des Kills ou des Cramps, il n'y a aucune pulsion destructrice ou même provocatrice. De la bonne musique, une bonne attitude et zéro superflu. J'ai dansé !!!!! Et putain quoi dire de mieux ? Un groupe qui m'emporte jusqu'à me faire danser, j'en ai pas vu des caisses.
      Donc perso, je ne les comparerais pas à Status Quo (à moins que je ne me trompe, Teenage Head, c'est bien Status Quo, non ?)))))
      On avait les coudes sur la scène, on ne pouvait pas rêver mieux. Et ils ont un avantage énorme sur tous ceux que tu cites, ils ont là ici et maintenant, en tournée en France.
      Hugo Spanky

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  6. Non, non il s'agit des Flamin' Groovies, à moins que je me sois embrouillé dans le titre. mais c'est sans importance si ce n'est qu'ils ont la démarche plus proche un zeste de passé sans singer. J'imagine ta tête en pensant à STatus Quo ;-)
    Danser? Je te crois bien
    Et des pulsion destructrices... The Killers? Pas trop fait gaffe
    Les White Strypes aussi comme renouveau du Rock, ça pouvait se comparer comme de lointains cousins
    Je répète bravo à la photographe. Les coudes sur la scène, damned, bon sang c'est bien sûr... Maintenant que tu le dis. Mais si tu m'ajoutes que c'est avec un téléphone, je reviens ajouter un autre juron!!

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    1. Tu as ramené du rhum de Cuba ? C'est toi qui me parle de The Kills et non pas de The Killers ))))) Pour ce qui est du duo (The Kills, donc) ils avaient quand même pas des tronches d'athlètes. Plutôt le genre à revendiquer les années toxiques de Lou Reed, voire à se mettre en couple avec Kate Moss...
      Et non, non, non Kitty Daisy & Lewis n'ont rien à voir avec White Strypes et consorts. Ils ont beaucoup trop écouté Julie London pour ça. Ils sont bons ! Vraiment, rien à voir avec un simple gimmick à la mode.
      Pour les photos, c'est avec, non pas un, mais deux téléphones samsung, et les plus bas de gamme encore. J'attends ton juron ))))
      Ha, j'avais percuté pour les Flamin' Groovies, je suis taquin sur le sujet mais c'est juste pour réveiller Everett ))))))

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    2. Merde Kills et Killers.. je confonds toujours, pas à l'oreille, hein! La mémoire des noms.
      Julie London!! Ha voilà qui est dit!! Et bien dit
      Et pour Status Quo(i), j'aurai dû me douter, p'tain de premier degré.
      Avec des Samsung!!!!!!!!! ch**** de p***in de bo**el à q****

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