jeudi 8 octobre 2015

Be KoOL


C'est l'automne, la rentrée, vos gosses font chier, votre gonzesse vous saoule déjà avec Noël, vous n'en pouvez plus d'entendre Hollande déblatérer des conneries plus grosses que lui. Il n'y a plus guère que dans votre voiture, seul, ou calé chaudement, le casque de l'ipod sur les oreilles, dans un transport en commun, que vous vous offrez un semblant d'évasion en écoutant le dernier album à la mode, le classique de vos 16 ans ou, pire encore, les interminables mixes de Radio Nova. Bref, votre libido n'est plus qu'un lointain souvenir, vous êtes au bord du nervous breakdown, de la rupture avec vous même, à deux doigts de raser vos tempes et de virer au Black Metal norvégien.

Do not panic, remain calm, the situation is under control, j'ai la came qu'il vous faut. Kool and The Gang est là pour vous. On vous a bourré le mou depuis vingt piges avec les Meters à tel point que vous avez décidé de ne pas aimer le Funk tellement vous n'en pouviez plus que tous vos amis aient le même disque que vous. La Nouvelle-Orléans est le berceau, c'est bien et c'est vrai, ils ont le groove, le talent et même qu'ils ont des brutes et des truands mais je vous cause, moi, du Funk de l'ouvrier, de celui d'en bas des escaliers, celui des cités de notre enfance comme du foyer municipal du village, de la MJC du quartier et même des pistes de danse des discothèques. Le Funk des élégants du week-end, celui des costards trois pièces, des cuivres et mocassins lustrés.
Le Funk du New Jersey, le groove d'Asbury broadwalk : Kool et son Gang.


Mine de rien, c'est depuis 1964 que le Gang chauffe les salles, d'abord en se faisant les crocs derrière les vedettes de la Motown ensuite en mode autonome. Deux des trois premiers albums du groupe sont des Live, c'est dire si ils craignent degun quand il faut regarder droit dans les yeux le pécore qui vient de raquer son dollar pour entendre ta basse. 

Je sais que pour la majorité de la planète Rock, Kool and the Gang c'est rien d'autre que des hit singles à la pelle dont on nous a rabattu les esgourdes durant toute notre jeunesse. Il existe un double album, Never Cool with Kool and the Gang qui les regroupe tous et putain ça fout un sacré barouff quand je le pose sur la platine.  Pas moyen de mettre le son autrement que fort, c'est pas un disque c'est de l'autopropulsion. Un indispensable des soirées entre amis. A moins que vous teniez vraiment à jouer au Scrabble. Sitôt la pointe creuse-t-elle le sillon que la moitié des invités a déjà quitté le canapé, arrivé à la fin de la face A, c'est l'hystérie collective, les soutifs jonchent le sol et votre moitié est suspendue au lustre du salon, la tête du voisin de palier entre les jambes ! Je ne connais pas vos mœurs mais Kool and the Gang va les détendre. C'est la seule certitude.


La fois où je les ai vu en concert, j'ai été surpris qu'ils attaquent par Fresh. Waouh, sont gonflés de démarrer par leur plus gros tube que je me suis dis. Quand derrière ça ils ont enchainés sur Funky stuff, Get down on it, Ooh lalala et Celebration, j'ai pigé. Ces mecs n'ont que des tubes à leur répertoire, c'est la pléiade de la boule à facette. Et ils n'avaient pas encore joué Jungle Boogie, Ladies night, Take it to the top, Big fun, Too hot... Je suis sorti de là en état d'apesanteur sensorielle.
Mais quelque soit les immenses qualités de leurs singles multi-platinés, il serait plus qu'injuste de réduire Kool and The Gang à ça. Avant d'aligner de quoi achever bien des chevaux, le groupe des frères Bell (Kool à la basse et Khalis au saxo) a enregistré toute une palanquée d'albums parmi les plus funky de la création. Même James Brown était d'accord sur ce point. 


Si les deux Live de 71 (At The PJ's et At The Sex Machine) sont dispensables, le groupe joue le Top 40 pour remplir la gamelle en se lâchant dans des envolées qui avec le temps ont pris du plomb dans l'aile, dès leur premier album studio en 1969 et jusqu'au fantasmabuleux Spirit Of The Boogie en 1975 le Gang est à classer parmi les meilleurs combos du Funk 70's. Et donc du Funk tout court.

Sur Music is The Message comme sur Kool & the gang, Spirit Of The Boogie, Good Times, Light of Worlds ou encore l'ultra classique Wild And Peaceful de 1973 avec lequel Tarantino a décoré ses meilleurs films, le disque de Jungle Boogie, Funky Stuff, Hollywood Swinging, celui des premiers succès après presque une décennie à ramer dans l'ombre, Kool and The Gang pratique la Funky Music sous toutes ses formes, dans toutes les variantes possibles. La seule constante étant la qualité du truc et son irrésistible pouvoir à gonfler d'aplomb jusqu'au plus complexé des grands timides. 



C'est après un passage en roue libre -entre 1976 et 1978 ils enregistrent 5 albums de plus (!) et forcément le niveau morfle un peu- que le groupe va se renouveler et connaître l'apogée commerciale de sa carrière, réussissant le tour de passe-passe qui les fera atteindre les sommets en terme de vente tout en ciselant quelques-uns de leurs meilleurs titres. Le Gang va dans un premier temps s'attacher les prestigieux services du producteur Eumir Deodato et dans la foulée engager un chanteur aux yeux de biche et à l'organe enjôleur, J.T Taylor. Le premier job de Deodato va être de calibrer un brin le foutoir et de faire d'un groupe de musiciens, un groupe avec chanteur. Ça parait rien mais ça change tout, c'est la différence entre les Meters et les Neville Brothers, entre Joe Satriani et Van Halen, entre Talk is Cheap et Voodoo Lounge, que sais-je encore. C'est la différence entre une voiture avant et après peinture, chromes et accessoires. C'est surtout le jackpot pour des mecs qui commençaient à la trouver amère. Le gang des chemisettes est devenu machine de guerre.




En quatre albums alignés comme à la parade, Ladies Night (1979), Celebrate!, Something Special (le must de cette ère dorée) et As One (1982) le groupe va atteindre le nirvana jusqu'à devenir la référence ultime en matière de Funk. Le Hip Hop va muer sur leurs fondations et le Rock va s'aligner sur la pulsation chromée de Deodato, désormais devenu le nouveau standard pour passer en radio. Plus rien ne se fera sans Kool and The Gang, ni Saturday Night Fever, dans lequel ils casent Open Sesame, ni l'anniversaire de votre cousine du Gers. 


Plus que n'importe quel autre groupe Funk, à l'exception de James Brown et ses troupes, Kool and The Gang se sera construit par les planches, usant leurs talonnettes de New York à L.A en ratissant le plus large possible, avant de rayonner par les ondes. Des gars du New Jersey, des qui lâchent rien et continuent encore à ce jour à tourner un peu partout dans le vaste monde, de ceux dont on fait les légendes. Pour réchauffer le corps et l'esprit dans la grisaille du petit matin, le message reste inchangé : Get down on it !

Hugo Spanky  

Ce papier s'accompagne d'une pensée pour Leny Escudero

11 commentaires:

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    1. ))))))))))))))) Les sœurs Goadec ont la culotte sur la tête !
      Hugo Spanky

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  2. Super photos! Bel article

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  3. Vais je résister à cette tentative de me faire changer d'avis? Le quel?
    Kool, ça commence par "Emergency" que j'ai du écouter 3 fois mais passé souvent en soirée. j'aimais bien mais j'écoutais pas, normal. Ensuite je les oublie.
    C'est il y a quelques années où je me suis passionnés pour le Funk, surtout entraîné par un ami fou du genre (participe à ce forum incontournable sur le genre, comme ici, cela ne jure que par le vinyle: http://funk-o-logy.com/) Et là c'est ma grande découverte, ils étaient parmi les grands, au top en 1974, mon année fétiche. En même temps que la période Payback de J Brown, Sly...
    Et voilà que tu débarques et tu racontes: les Kool c'est le carton des années 80....
    Pendant que j'écris, je me passe un Best Of qui te rejoint, trop même, la période Funk & Sueur a plutôt était réduite à un minimum. Ou bien au contraire, c'est le moyen d'éviter de confronter deux périodes qui opposent pas mal d'auditeurs: les Funky qui réclament de la sueur sur la scène avec section de cuivre et les "Disco" qui réclame la piste de danse.
    OK. il suffira d'oublier GANG pour la deuxième période, penser EWF, Bee Gees (même duplicité),
    La question reste et j'hésite, un bon Best Of serait suffisant ou bien je me lance dans ces albums?,
    "Ladies Night (1979), Celebrate!, Something Special (le must de cette ère dorée) et As One (1982)".
    En gros les titres généralement absents donnent quoi, remplissage ou bonne surprise?
    A leur première période il y avait des trucs plutôt bien envoyés, un mix funky mais Jazz et rythme Africains... Ce côté "tuerie" me manque un peu dans la période 79/82... Mais je juge sur les tubes... Donc?

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    1. Ok, l'ami, on va tacher d'y voir plus clair.
      D'abord, Emergency c'est déjà presque pas un disque de Kool and the Gang, c'est quasiment un album solo de JT Taylor et Deodato n'est plus là. A part Fresh, le reste s'apparente au tout venant calibré 80's sur lequel plus aucune étiquette n'adhère. Un peu de Hard FM, un peu d'Electro, beaucoup de synthé et pas trop de fatigue du côté des musiciens.

      De la période Deodato, objectivement le meilleur est Ladies Night, le 1er avec le producteur star à la console, c'est LE disque de club de 1978. Quelque chose comme la perfection, 6 titres dont 5 parus en single parmi lesquels Too hot, LE slow qui déchire sa race tellement il est classe et qui fut dans un 1er temps la face B du 45t Ladies night mais sera finalement édité en face A tellement les radios vont craquer dessus. Pour situer.

      Something Special vient juste ensuite. C'est mon chouchou à moi, entre autre parce que je suis fan absolu de Get down on it, ce morceau est un de mes morceaux fétiches, c'est comme ça, c'est irrationnel l'effet qu'il me fait. Et le reste du disque est loin d'être du remplissage.

      Le soucis de se contenter de ces deux là et de zapper Celebrate et As one, c'est que tu vas rater de sacrées cartouches.
      Mon conseil serait donc de t'orienter vers le double Never Cool with Kool and the Gang qui contient le must de cette période mais après c'est toujours qu'un best of. Je veux dire, Kool and the Gang c'est extatique ! Une fois que t'as accepté l'idée que, oui, tu as le droit au bonheur et que, non, il n'existe pas une règle suprême qui ferait que tout rocker qui sera surpris avec un grand sourire en train de faire des assouplissements de colonne vertébrale sur du Funk se verra sur le champ interdit à vie de réécouter Gene Vincent, tu vas vite te rendre compte que se laisser embarquer par Kool c'est comme ouvrir les volets sur le soleil éclatant d'un matin d'été. On y prend goût très vite.

      Pour les débuts, le 1er album, Wild and Peaceful et Spirit of the Boogie se détachent du lot mais encore une fois, quand t'es lancé dans l'écoute c'est tellement bon...
      Donc, en gros, du 1er jusqu'à As One, prends tout ce que tu trouves et t'emmerdes pas.
      Le Funk c'est bon pour la santé.

      Ravi de t'avoir embrouillé un peu plus.)))))
      Hugo Spanky

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  4. À 17 ans j'avais souvent la main dans mon slip. À 20 ans j'avais souvent la main dans une culotte des filles. C'était l'époque du :"La main dans l'machin, le machin dans la main mais plus rarement le machin dans le machin". À 70 ans quand je mets la main dans mon slip, je ne me souviens plus pourquoi ?...

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  5. Moi aussi je les aime le Kool and the Gang des chemisettes ! ;))

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  6. ha bon t a une cousine dans le gers??? et ben!!!!

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    1. Pam ! Je t'ai reconnu ))))))
      Hugo Spanky

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    2. rooo , zut alors!!!!, mais bon c est vrai t a une cousine dans le gers , qui écoute du funk? kool!!!! Pam

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