samedi 4 juillet 2015

De L'imPORTaNce Des chOses Qui N'eN oNT Pas




De Bernie Bonvoison, la culture de masse n'aura retenu qu'une phrase, un slogan, Antisocial tu perds ton sang froid. C'est con, d'autant plus qu'il a aussi dit Y a que dans les HLM qu'ils ont toujours des problèmes. Mais comme mon Marcel de père n'a eu de cesse de me le répéter "La masse est conne, elle divise l'intelligence par le nombre". Bernie Bonvoisin a comme qualité principale d'être un individu revendiqué comme tel.

Avec lui, pas de Jésus à l'horizon et aucun démon a montrer du doigt, les dérives totalitaires des grandes familles de la Droite tombent sous les mêmes coups de schlague que le foutage de gueule de la Gauche populiste. Les seuls gonzes que Bernie a appelé tonton sont les frères de ses parents. Merci à lui. Du coup, forcément, les riantes années post 1981 qui verront reluire tout ce que le pays compte comme suce boules, de Renaud aux Bérus, se joueront sans lui. Chose qui n'a pas dû le tracasser plus que ça. Ce qu'il avait à dire sur fond de Hard Rock primaire, il l'avait déjà dit. 


La folie de l'islam radical et sa connivence avec un occident aveuglé par le fric (Mr Comédie), l’idolâtrie béate des illuminés de tous bords (Les sectes) l'utilisation de la crédulité des filles à coups bite dans le derche au nom de la libération sexuelle (Le Palace), l'impuissance des prisons à remplir leur rôle (Le mitard), la conscience ouvrière fourvoyée par ceux là même qui prétendent la défendre (Bosser huit heures), l'uniformisation consentie de l'individu (Préfabriqué), les désillusions du quotidien (Toujours pas une tune)... Tout y est passé, du brave con près de chez vous aux têtes couronnées de la démocratie, Bernie n'a pas fait le tri, il a fait dans le détail. Et les détails c'est justement ce qui m'a charmé quand il est réapparut là où je ne l'attendais pas. Dans les salles de cinéma.


Les Démons de Jésus, je vais tacher d'être clair et nuancé, encule à sec trente ans de cinéma subventionné. Scénario franc du collier savamment dosé entre rigolade potache, violence et connerie ordinaire, bande son parfaite (du Rhythm and Blues, Jerry Lee Lewis et Rose Tattoo) et interprétation en mode sans chichi. Un film qui ne cherche pas à péter plus haut que son cul. Je ne suis pas en train de vous vendre un génie, ni même un novateur, le film est bourré de références qui le surpassent mais c'est pas le propos. 
Les Démons de Jésus n'a gagné aucun prix mais cause sacrément à tous ceux qui ont un jour vécu autrement qu'en traversant dans les clous.


Les Démons de Jésus, c'est plus un casting trois étoiles, c'est une constellation. Victor Lanoux, Patrick Bouchitey, Thierry Frémont, Nadia Farès, Elie Semoun, Martin Lamotte... Bernie Bonvoisin lui même l'espace d'un clin d’œil à Jacques Tati, certainement pas des gonzes qui encombrent les devantures de cinéma mais assurément ceux avec lesquels j'ai envie de partager une plombe et demi de celluloïd.


Sorti en 1997, le film n'a pas pris une ride. Il dépeint toujours aussi bien la France de Mai 68, celle qu'en a eu rien à foutre des revendications des uns et des autres vu que ça la concernait pas. Jésus et ses troupes, la mixité des dortoirs ça leur en touche une sans réveiller l'autre, l'université c'est pour les caves. Les luttes des syndicats pour que leurs élus puissent mieux becter sur le dos de l'ouvrier, ça les défrise pas, l'usine c'est pour les caves. Les Démons de Jésus, c'est la France de toujours, celle de la mixité par la rue, celle du beignet sur le pif que tu distribues quand t’arrives plus à trouver les mots, que le gars en face soit facho ou arabe. Celle où tu ramènes ta gueule quand on t'a rien demandé et où tu te la fermes quand t'aurais un truc à dire. La France des petites frustrations qui font dégoupiller l'artillerie, celle des rancœurs qui mènent droit dans le mur. Celle de l'Humain dans tout ce qu'il est. La mienne en tout cas. Un ramassis de cons qui me ressemblent.


J'habitais cité Solimar quand j'étais môme sous le cru soleil d'Antibes, juste à côté de la cité Belvédère, entre eux et nous un terrain vague que chacun cherchait à s'approprier en construisant des cabanes, en envahissant le territoire juchés sur des vélos, en se défiant torse bombé. Notre version à nous de la bande de Gaza. Sauf que la bande du Solimar et celle du Belvédère se fourraient le doigt dans l’œil, le terrain vague n'était ni aux uns, ni aux autres, il était à moi. Je pampais aussi bien ceux d'un camp que ceux de l'autre, rien à foutre que les uns soient mes voisins de palier. Parce que dans la vie on n'est pas obligé de choisir un camp, on est juste tenu de rester soi-même. 



C'est ça Les Démons de Jésus. Comme Va Mourire de Nicolas Boukhrief ou Comme Un Aimant de Kamel Saleh et Akhenaton, le film de Bernie Bonvoisin ne pratique pas la flagornerie, il n'encense rien ni ne dénonce quoique ce soit, il ouvre juste une fenêtre sur un endroit vers lequel les regards ne se tournent jamais. Mai 1968 en France tel qu'on nous le vend ne concerne que ceux qui nous le vendent. Et même si la caissière est mignonne, c'est très con d'acheter un truc inutile.

Hugo Spanky

19 commentaires:

  1. À rapprocher un peu de l'œuvre de Dupontel, même univers déjanté, même folie destructrice.
    Grand bonhomme, ce Bernie, qui disait aussi : « Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale ! »

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    1. Et putain il avait pas tort, sauf que maintenant en plus de bosser faut aussi payer une assurance obsèques sinon t'as même pas assez de ronds.
      C'est bien qu'il ait aussi pensé à nous faire marrer avec ses films ))))
      Hugo Spanky

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  2. Bien vu. Ce film est grand, tellement grand qu'on croirait un film Belge :-)

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  3. Bon ben il tombe à pic ce papier, il éclaire les propos qu'on avait sur le post précédent concernant Renaud et pas que lui d'ailleurs, parce que même moi qui ne m'intéresse que de très loin à la politique, je me souviens qu'à l'élection de Mitterand tout le monde semblait super heureux, comme si on allait enfin mettre fin à une époque régie par des lois archaïques. J'avais pas encore l'âge de voter, mais je me rappelle que ce soir là j'étais bloquée dans les embouteillages à Toulouse pour assister au concert de Rose Tattoo que je n'ai pas pu voir du coup, peut-être bien comme le premier signe avant coureur de mauvaise augure, j'aurais du me méfier ;))
    Parce qu'en fait quand t'y penses, il vaut mieux un Président vieux jeu, même si t'es pas d'accord sur tout, tu sais au moins où te positionner. Qu'avec la fourberie, tu ne sais plus trop où tu en es en fait...
    Sinon Bernie je sais qu'il écrit des bouquins, je pense que ça doit être pas mal aussi

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    1. Bon je me réponds, soyons fous ^^
      Parce qu'en fait si on pousse plus loin le bouchon, aujourd'hui c'est le 5 Juin, et à cette même date en 74, la majorité est passée de 21 ans à 18 ans. Tout compte fait avec le recul, on pourrait se demander si c'était vraiment une bonne chose. Le permis et tout le reste ok, mais pour le vote, je me demande si on est vraiment mur à y comprendre grand chose. Je pense qu'à cet âge là on devrait juste se consacrer à soi-même pour pouvoir plus tard mieux prendre son envol.
      Je ne suis pas très claire mais je me comprends... aujourd'hui combien de personnes de 30 ou 40 ans sont encore chez leurs parents, je me demande si ce n'est pas un effet papillon de tout ça en fait..
      Bon, vous avez 4 heures... ^^

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    2. Je pense que c'était une façon de responsabiliser plus tôt les jeunes, depuis c'est vrai que ça a changé et que ça fout les miches tellement la jeunesse est amorphe. Bon des grands couillons qui à 50 balais se la racontent encore ado y en a toujours eu plein les bistrots et pour ceux là tu pourras jamais rien faire (sinon leur couper les vivres mais on va encore dire que je suis réac) mais pour ceux qui sortent de l’œuf je crois qu'il faut aller plus loin et par exemple en finir avec l'école obligatoire jusqu'à 16 ans. Les gamins s'y font chier et font que des conneries. Il serait surement mieux de revaloriser l'apprentissage et d'essayer de leur apprendre un métier. Ok, tu vas me dire qu'il y a plus de boulot mais ça j'y crois pas. Attention je vais parler comme un vieux con qui s'est toujours démerdé pour pas chômer trop longtemps mais "du boulot quand t'en cherches, ben, t'en trouves "
      Donc, petit A les former au maniement de la clé à molette. Petit B leur filer des coups de lattes dans le cul quand ils trainent au plumard devant call of duty. Et avec tout ça si ils savent pas pour qui voter, ils sauront au moins pourquoi ils votent pas.
      Ugh, do you understand ?
      Hugo Spanky

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    3. En 81, j'avais juste l'âge de voter pour la première fois et j'ai voté Mitterrand sans aucune hésitation. Je me souviens même qu'au moment du résultat c'était la fête dans tout le village.
      J'en suis revenu de Tonton mais je ne regrette pas un instant mon vote qui était un formidable bras d'honneur aux parents, aux profs, au système, aux institutions.

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    4. Que mitterand ait été élu ma foi c'était dans le sens de l'histoire, à ce moment là inévitable, mais là où ça me pose soucis c'est la façon dont tout le monde s'est rangé derrière lui. Plus un artiste contestataire à l'horizon (je parle de ceux de gauche, ceux de droite ont eux été carrément expédié au goulag), François le monarque prenait la parole et tout le monde applaudissait, faut dire qu'il arrosait sa cour à grand coups de subventions et de nationalisations qui nous ont menés tout droit à ce qu'on est devenu aujourd'hui, les larbins des allemands. Le plus beau étant que le peuple de France compte pour changer cet état de fait sur le propre fils spirituel de mitterand, ce blaireau de hollande.
      Cher ta place tu l'as payé....
      Concernant les profs, ils étaient tous socialo et le sont toujours, quant aux institutions aucun président n'a fabriqué plus de fonctionnaires pour faire fonctionner le système que lui. Et tout cela était clairement annoncé dès le programme commun. Comme disait l'autre "on n'est pas sérieux quand on a 17 ans" Visiblement un an plus tard non plus.
      Bon, rassure toi, on s'est tous fait baisé comme toi sauf qu'il arrive un moment où faut ouvrir les yeux et que ce moment là j'ai l'impression qu'il arrive pas. T'as vu à quoi ressemble la classe politique française ? C'est tous des businessmen entourés de starlettes et pourtant il suffit d'ouvrir twitter (ou de discuter autour de la machine à café mais c'est devenu interdit je crois) pour s'apercevoir que chacun défend son camp mais qu'aucun ne le remet en cause.
      Hugo Spanky

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    5. C'est exactement ce qu'avait fait le Roi Soleil avant lui...

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  4. Excellent film. Mais "Pas de Jésus pour Bernie Bonvoisin", j'en suis pas si sûr.

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    1. )))))))
      Ni Jésus à l'horizon, ni démon (ce qui est quand même moins radical), au delà du clin d’œil au titre, je vois plus ça dans le sens où il prêche pour aucune paroisse qu'au sens littéral. Ses textes comme ce film d'ailleurs je les perçois plus comme des constats que des pistes à suivre.
      Je vais me pencher sur ses bouquins, je reviendrai sur le sujet si ça vaut le coup.
      Hugo Spanky

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    2. Et à ce propos, le quatrième album de Trust était pour moitié conceptuel autour justement du bien et du mal, de la religion et tout ça. Je l'ai pas écouté depuis sa sortie mais la lecture des textes devrait nous éclairer sur le sujet.
      Hugo

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    3. Je n'ai pas écouté un disque de Trust depuis des années, mais j'ai toujours bien aimé ce gars.
      Il avait fait aussi une série, sur France 2, je crois, qui était pas trop mal. Avec le gars des garçons bouchers entre autres.

      Il a toujours été honnête et sincère. Les paroles du premier trust (le seul que j'ai acheté et écouté vraiment) étaient pas si cons même si la musique a beaucoup vielli, je trouve.

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  5. bernie mon grand frère, j'ai lu quelque part que trust étaient les sex pistols de l'hexagone et c'est pas faux, vu qu'a l'époque j'ai découvert les 2 groupes quasi en même temps, sauf qu'avec bernie je comprenais les textes directement, et quand je réécoute c'est sacrément hard core parfois (au nom de la race ce genre de texte) respect éternel là aussi ... et les démons de jésus est pour moi post soixante huitard, tout ce qu'il en découle, de la poesie en fait, un grand bonhomme pour moi

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  6. ... et j'oubliais, cette merveille de nadia farès, quelle diamant celle là ... une femme comme j'aimerais en renconter

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    1. Ouais et on se demande bien ce qu'elle est devenue. Ça serait pas con qu'un réalisateur français se remette à faire de bons films un de ces quatre.
      Si tu l'as jamais vu mate Va Mourire de Nicolas Boukhrief, un bijou seulement disponible en streaming hélas. Le lien est en fin d'article ici : http://ranxzevox.blogspot.fr/search/label/Va%20Mourire
      Hugo Spanky

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    2. Laisse tomber il est même plus dispo en streaming...Une honte bordel, nous font chier pour pas qu'on télécharge et ils sont même pas foutu de mettre les films à disposition. J'ai voulu revoir Un moment d'égarement, le vrai pas le remake avec les autres nazes et bien figure toi qu'il existe qu'en VHS !!!! Et combien d'autres comme ça ? Je t'en foutrais de l'exception culturelle française...
      Hugo Spanky

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    3. Après les remake ratés made in U.S.A., nous avons droit désormais aux remake tout pourrave made in France !
      Non mais franchement Vincent Cassel et François Cluzet sont censés nous faire oublier Jean-Pierre Marielle et Victor Lanoux !? Au secours là !

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    4. Va y avoir le remake (américain) des Valseuses aussi...

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