mardi 2 octobre 2012

LaWLesS, DeS hoMmeS saNS Loi




Enfin, il aura fallu attendre sacrément longtemps mais on tient à nouveau un putain de film qui n’a pas à rougir des grands classiques d’antan. On le doit au duo John Hillcoat / Nick Cave qui, après le néo western australien « The proposition » au lyrisme certain mais quelque peu casse bonbons sur les bords, nous propose avec « Des hommes sans loi », un autre film de genre qui cette fois-ci traite du gangstérisme dans les années 30.

Situé en pleine campagne profonde Américaine lors de la prohibition, ce long métrage nous narre la lutte d’une fratrie de bootleggers contre un procureur corrompu assisté par un agent fédéral retors. L’histoire est donc simple et a l’avantage de ne pas s’aventurer dans des intrigues tortueuses à rebondissements multiples ridicules et inutilement emberlificoter par des flash-back cache misère comme c’est couramment le cas avec les films actuels d’une fatuité consternante (remember cette daube d’Inception qui cumule ces afféteries pour le pire des résultats). Rien de tout cela ici, l’histoire est bétonnée et n’a pas besoin d’artifices creux pour exister ; d’ailleurs la réalisation d’une fluidité exemplaire la sert admirablement : pas de montages cut débilitants, de plans parkinsonien qui donnent la nausée et d’effets d’optique de couleurs qui nous angoissent sur notre bonne santé oculaire.




Un récit, même exemplaire, ne peut cependant pas fonctionner sans personnages forts incarnés par des acteurs talentueux. Ça tombe bien, le casting ne comporte ni Robert Pattinson ni Asthon Kutcher et ni Colin Farrell, ces baltringues de fond de cours qui vous rendent le genre humain infréquentable ; au contraire, nous avons affaire ici à un trio exceptionnel pour interpréter les protagonistes principaux qui sont les trois frères Bondurant.


C’est Tom Hardy qui joue l’aîné, celui qui tient à la fois le rôle de père et de mère auprès de ses frères. S’appuyant sur un jeu tout en intériorité ou toutes les émotions passent par le regard, s’exprimant avec parcimonie et ne manifestant son mécontentement que par des grognements, se déplaçant avec une extrême lenteur, il compose un personnage qui en impose par sa seule présence et qui dégage une autorité naturelle.
Jason Clarke, qui campe le deuxième frère de manière également animale, arbore une dégaine de clochard forcément porté sur la boisson, et ses yeux bleu acier transpirent toute la frustration et la violence sourde qui le hante. Et quand il finit par libérer ses pulsions, il fait preuve d’une sauvagerie sans borne.

Mais les deux acteurs qui marquent le plus les esprits dans ce film sont Guy Pearce et, aussi ahurissant que cela puisse être, Shia Labeouf  (oui, le branleur inconséquent de Transformer!). Pearce incarne un agent fédéral ultra maniéré toujours tiré à quatre épingles dont la mission est de mettre au pas tous ces bouseux de bootleggers. Sa voix écœurante de suavité, sa gestuelle reptilienne, sa prétention incommensurable tout concourt à nous faire détester ce sale type pédant et on a qu’une envie, lui faire disparaître son sourire suffisant en lui pétant les ratiches en lui assénant une soupe de phalanges maison. Aussi brillante que soit la prestation de Pearce, c’est bel et bien le jeunot Shia Labeouf (ce blaze, tout de même !) qui domine ce casting de haut vol dans le rôle du benjamin des frères Bondurant. Dans un premier temps de nature pleutre, candide, intimidé par les femmes, il gagne peu à peu en assurance, prend de l’ascendant sur ses frères, devient gouailleur avec sa dulcinée et fait preuve d’une férocité qu’on ne lui soupçonnait pas. Labeouf avec un jeu d’une justesse étonnante, sans forcer le trait comme le ferait le Robert De Niro grimaçant de base, use de toute une palette d’émotions pour montrer l’évolution de son personnage.


Cet univers viril serait rapidement étouffant sans la présence de personnages féminins forts. La sublime Jessica Chastain, contredit sons aspect fragile avec sa force de caractère inébranlable, et fait vaciller le bourru Tom Hardy qui se retrouve aussi désarmer qu’un enfant face à elle. 


Quant à la délicate Mia Wasikowska, son espièglerie prononcée rend dingue le benjamin des Bondurant qui ne sait plus sur quel pied danser avec elle.
Certains reprochent à ce long métrage son classicisme, laissons ces abrutis s’astiquer la nouille devant « Holly Motors », le dernier méfait de Léo Carax, et allez savourer sans honte un film digne de ce nom dont l’histoire et les interprètes font toute la saveur.


Harry Max

3 commentaires:

  1. Pour faire un film qui tient la route, il faut 3 choses:
    1. Une bonne histoire
    2. Une bonne histoire
    3. Une bonne histoire
    (Audiard ou Gabin ?)

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    1. Gabin me semble t-il.
      Audiard et Lautner faisaient des merveilles même sans bonne histoire ;-)

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  2. Justement je voulais aller le voir,bonne critique encore une fois mon poulet,ça me donne envie d'y aller!!dja dommage il n'y a plus la dream team de ranxzevox pour aller le voir ensemble au ciné!!!DJAMEL

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