jeudi 13 septembre 2012

KiLLeR jOe


William Friedkin a pété une durite. Lui qui était déjà adepte d'un cinéma sans concession, on parle quand même du réalisateur de L'exorciste, Police Fédérale Los Angeles, French connection et de Cruising que des films pas vraiment réputés pour leur noblesse de sentiment et l'amour de leur prochain donc, s'est complètement lâché la bride sur son dernier film Killer Joe.
Pour la première fois, il aborde le genre de l'auto-parodie et nous délivre un film à l'humour aussi malsain que tordu. Ce film ne doit surtout pas être pris au premier degré sous peine de passer complètement à côté.

Scénarisé par Tracy Letts, l'auteur de Bug, le précédent Friedkin qui était déjà bien gratiné et traitait de la folie de façon glauque, Killer Joe lui se complaît dans les scènes scabreuses mais de manière si outrancières qu'elles en deviennent comiques.
Se déroulant au Texas, dans un cadre rural misérable, là où des personnes ont en guise de maison, pour les mieux lotis, des mobile-homes décrépis et vétustes, ce long métrage nous présente une famille recomposée dysfonctionnelle de bouseux la plus terrifiante du monde : une belle-mère qui se balade la chatte à l'air comme si de rien n'était, un père veule d'une crétinerie abyssale, un fils demeuré qui attire les emmerdes à répétition, une adolescente illuminée sujette à des crises de somnambulisme.

Cette joyeuse équipe de dingues va plus ou moins se liguer pour élaborer l'assassinat de leur mère afin de toucher une juteuse assurance vie. Et pour les aider dans leur entreprise, ils ne vont rien trouver de mieux que d'engager un flic, tueur à gages à ses temps perdus. Et autant dire que ce flic dans le genre frappé du ciboulot, il bat n'importe qui à plate couture ! Rien qu'en le voyant débarquer, on comprend tout de suite avec la dégaine qu'il se paye (tout de noir vêtu stetson compris) et son élocution traînante que ce gazier n'est autre que la putain d'incarnation de l'ange du mal.


Dans ce rôle Matthew McConaughey, qui habituellement interprète des bellâtres inconséquents, s'en donne à cœur joie : regard de dément, crise de violence démesurée (il faut le voir tabasser un type à coups de boite de conserve!), comportement sexuel déviant (le monsieur aime les vierges), etc. 
Personne ne sortira indemne de la confrontation avec ce sinistre personnage d'une amoralité sans égale.


Mais là où Friedkin surprend le plus, ce n'est pas tant par son histoire invraisemblable que par le ton qu'il emploie. Avec ce long métrage il se moque de tous ces films qui, pour faire branché et cool, en rajoutent à foison dans la violence, le sexe et les situations incongrues. Il envoie valser toutes convenances avec véhémence et nous montre à quel point tous ces films sont vains et absurdes au bout du compte. Car si lui également a tout au long de sa riche carrière proposé des œuvres dérangeantes, contrairement à Tarantino et compagnie, il ne l'a jamais fait pour amuser la galerie mais plutôt pour nous plonger corps et bien face à la noirceur humaine la plus crasse.
Bref, si vous allez voir ce film vous aller être surpris mais pas de la manière dont vous le penser.

2 commentaires:

  1. Un peu le début d'Affreux, sales et méchants" avec des personnages qui n'ont pas l'air mieux ni pires, ça me tente bien cette affaire. De toute façon après avoir vu "Le requin aux deux têtes" je peux tout voir ;))

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  2. Avec Gina Gershon ! Il y aura toujours une bière au frais pour le type qui a réalisé Police fédérale Los Angeles.

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