mardi 18 janvier 2011

Va mOURiRe


C'était il y a dix ans, quinze peut être, je ne sais plus mais à ce moment là encore canal plus méritait d'être une chaine payante. Régulièrement on y découvrait des films différents, pas de ceux qui se contentent de vous scotcher à votre fauteuil mais de ceux qui vous mordent l'oreille et vous embarquent au large.
Au large, comme sur cette mer qui, au même titre que la musique d'Iggy Pop, ne cesse de rythmer le Va Mourire de Nicolas Boukhrief

Va Mourire, comme va trainer ton cul ailleurs, comme prends pas trop les choses au sérieux. Va mourire comme de toute façon on ne sort jamais de quoique ce soit intact. Va mourire comme une grosse claque dans la gueule qui m'avait gaulé par surprise.


Va Mourire c'est la méditerranée, c'est Antibes et ses paysages immenses au milieu desquels l'homme paraît toujours plus insignifiant. Le Sud, la bouche de travers, les shorts en nylon, la bite à l'air, les peaux cramées, la sueur sale au creux de la nuque et l'odeur qui va avec. Le Sud, son mal de tête qui jamais ne cesse, la faute à ce soleil qui cogne sur les relents de la veille. Le Sud et les ambitions démesurées qu'il plante dans les esprits rendus fous par l'ennui. Le Sud et la Mer, tentatrice et garce qui vous montre un au delà que jamais l'on atteint. La Mer, qui donne envie de s'enfuir, libre. Mais vers où ? Et avec quoi ?


Les trois fadas de Va Mourire crèvent doucement de se raconter les mêmes histoires jours après nuits, de tourner en rond dans le même circuit, de tremper leurs queues dans le sable plus encore que dans les chagattes de passage. Petits coups tordus, quotidien de maboules et toujours ce vieux rêve d'un ailleurs qui soit différent, le rêve de Marius, celui de tous ceux qui cherchent à distinguer un signe quelque part sur la ligne d'horizon. 

Un ailleurs sans toute cette connerie qui vous bouffe, sans les mafieux à deux balles qui se la racontent en fourrant de la coke dans les naseaux d'une gamine de treize ans, sans la violence plus désespérée qu'assumée des frontistes nationaux. Sans toutes ces cicatrices, surtout, en forme de légendes locales qui finissent par vous pousser à faire plus con, plus traumatisant, pour soi-même devenir l'une de ces histoires qui se perpétuent en même temps qu'elles s'enjolivent.


Immatures, amoureux les uns des autres, les trois gonzes savent qu'ils sont chacun d'entre eux le boulet de l'autre, ils savent aussi qu'on échappe à rien, qu'on se donne juste un peu d'air et d'illusions en s'imaginant quitter les siens, mais qu'au final, comme une malédiction, la mer vous renvoie sur votre rocher et sans cesse vous remémore que malgré les envies de grandeur que le soleil donne aux hommes, il vaut toujours mieux sa propre misère que la richesse des autres.


Va Mourire, un film qui pue la pisse, la sueur et le foutre. 
Va mourire et pas pour semblant.
                                                                                    
  Hugo Spanky

                                                                                                
http://www.universcine.com/films/va-mourire

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