lundi 7 décembre 2020

PlasTiC oNo BaND


Comment veux-tu que ça sonne ? lui demanda Phil Spector

Comme dans les années 50, mais de maintenant lui répondit John Lennon. 

Les années 50 sont celles de Sun records et de Buddy Holly, le maintenant est celui de 1969. L'addition des deux âges d'or de la rock music. Ajoutez au résultat l'un des plus faramineux compositeurs qui soient dans une de ses phases parmi les plus créatives. N'en jetez plus, la platine déborde. Je pourrais presque m'arrêter là, vous devriez déjà être en train de chiner toutes les merveilles qu'incarne un tel idéal.

Le Plastic Ono Band, c'est vous, nous, tout le monde. L'idée de base de John Lennon et Yoko Ono est d'enregistrer là où ils sont avec qui est présent. Ce fut d'abord dans une chambre d’hôtel à Montréal pour Give peace a chance avec Petula Clark, Timothy Leary, Allen Ginsberg et une barbouze de la CIA, puis sur scène à Toronto. Quelle histoire ce concert de Toronto. Prenons quelques lignes pour nous souvenir qu'au retour de leur tumultueuse lune de miel largement prolongée en Bed-In, John et Yoko apprennent qu'ils ont été contacté par un jeune promoteur canadien désespéré de ne pas réussir à vendre les tickets de son Rock'n'Roll Revival Festival auquel doivent se produire Little Richard, Chuck Berry, Gene Vincent, Bo Diddley et Jerry Lee Lewis. Son idée pour trouver l'adhésion du public est de faire intervenir Lennon entre les concerts afin qu'il puisse promouvoir la paix dans le monde et présenter des artistes qu'il idolâtre depuis son enfance. Enthousiasmé, Lennon accepte à condition de pouvoir jouer et de récupérer les bandes du concert pour en faire un album qui sera le premier de son nouveau groupe...qui n'existe pas !

 

Le Plastic Ono Band est jusque là un assemblage purement conceptuel, sa formation originelle est un boitier cassette, un presse-papiers, un étui de brosse à vinyl et un tube plastique qui trainait par terre. Le risque de fausse note est limité, les chances de sortir le moindre son inexistantes. Un coup de téléphone à Eric Clapton étoffe sérieusement l'affaire, un autre à Alan White, jeune batteur de 19 ans qu'on retrouvera plus tard dans Yes, et un dernier à Klaus Voormann l'ami de Hambourg devenu bassiste. Rendez-vous est donné à l'aéroport de Londres, les répétitions auront lieu dans l'avion vers Toronto. Le répertoire ? Blue suede shoes, Money, Dizzy miss Lizzy, Yer blues, Give peace a chance, une nouvelle composition Cold turkey, inspirée à Lennon par le sevrage que le couple s'est imposé pour décrocher de la méthadone, et une indication : quand Yoko fera son truc, suivez moi. Le résultat, aussi brut que possible, est encore disponible à ce jour sous une pochette bleue signée d'un nuage. John Lennon vient de signifier son retour à la scène. 


Aux Beatles agonisants il propose d'enregistrer Cold turkey. McCartney n'en voit pas l’intérêt, George Harrison fait la gueule dans son coin. Qu'importe, Ringo Starr est partant, Eric Clapton est là, Klaus Voorman également et Billy Preston se cale à l'ébène et l'ivoire. La composition sera la première à être créditée à Lennon seulement. En face B, un titre de Yoko Ono, Remember love, dont je suis lassé de vanter les qualités. Quelques mois plus tard, Lennon remet ça, cette fois il souhaite enregistrer sur le champ une chanson qu'il vient de composer, la mixer dans la nuit et la sortir le lendemain. George Harrison, Alan White, Klaus Voormann et Billy Preston sont sur le coups. Le Plastic Ono Band prend forme. Instant Karma! casse la baraque partout dans le monde en ce début d'année 1970, N°1 en France, les gars, vous pouvez imaginer ça quand on voit le décor du jour ? En Amérique, elle marche sur les pieds de Let it be, la dépasse même un temps dans les charts et se vend à plus d'un million d'exemplaire. McCartney jette l'éponge et reconnait officiellement la séparation des Beatles.

 



Quelques mois plus tard, c'est pour participer à un concert londonien au bénéfice de l'UNICEF que Lennon et Ono sont contactés en catastrophe, réduit à sa portion congrue, Alan White et Klaus Voorman, le groupe accepte de se produire, confiant en sa capacité à faire feu de tout bois. L'après midi précédant le concert, le couple rencontre Eric Clapton et George Harrison alors en tournée avec Delaney & Bonnie. Outre leur participation les deux compères proposent, pour porter le surnombre, de rameuter toute la troupe, parmi laquelle Jim Price et Bobby Keyes aux cuivres et un Keith Moon en goguette venu s'ajouter au dernier instant. C'est à 17 musiciens et sans aucune répétition que le Plastic Ono Band s'exprime ce soir là dans un ravageur déluge sonore. J'aimerais savoir qui étaient les 200 gamins massés au pied de la scène ce soir là, je ne serais pas surpris que ce soit ceux qui ont formé les groupes new wave quelques années plus tard tant ils étaient en communion avec la folie de Yoko et la virulence du groupe dira Lennon extatique en évoquant ce concert incendiaire. Alan White témoignera lui de sa difficulté à conclure un morceau parti en vrille depuis plusieurs minutes au fil d'une  improvisation des solistes, tandis que Lennon martelait avec acharnement un riff Bo Diddley, j'ai soudain pensé à accélérer le tempo pour leur donner un signal de fin, cela allait fonctionner lorsque Keith Moon interpellé par ce regain d'énergie se mit à converser avec moi en augmentant encore le tempo, multipliant les roulements délirants en me fixant avec un regard de maniaque...

 



Fin 1970 Lennon fait ses adieux à Abbey Road en enregistrant ce qui reste son meilleur album solo, un disque primordial, incontournable, supérieur en bien des points aux dernières productions des Beatles. Avec Plastic Ono Band, Lennon fait le bilan de l'homme qu'il est sous le costume devenu trop étroit de Beatle John. Les textes sont virulents comme jamais, de véritables mises à nu, sans concession, sans démagogie. Les hippies (I found out), les carcans philosophiques, idéologiques, culturels et religieux (God), tous sont égratignés, dépecés, reniés. Lennon fait son introspection (Look at me, Remember), exorcise sa frustration fondatrice (Mother), dénonce l'oppression sociétale dont fait preuve la classe ouvrière (Working class hero), certains y verront la culpabilité d'un millionnaire de la chanson, n'empêche que. Plastic Ono Band ouvre une multitude de brèches desquelles émergeront la révolte du punk le plus lettré, mais aussi la vague d'auteurs/compositeurs qui, en Amérique, feront du rock des 70's le penchant adulte de son turbulent jeune frère des 60's.

Si il trouve son public dans la foulée du succès de Instant karma! le disque peine néanmoins à passer en radio, trop rêche pour être réellement populaire, trop dérangeant. Enregistré en mode dépouillé avec Ringo Starr et Klaus Voormann, Phil Spector à la production, les interprétations sont squelettiques, viscérales, les compositions sont toutes exceptionnelles. Plastic Ono Band est un bloc indissociable, une œuvre conceptuelle à laquelle répond en jeu de miroir un second album portant le même titre, enregistré en même temps avec les mêmes musiciens et distribué sous pochette jumelle, le versant Yoko Ono. Un album tout aussi libérateur, plus violent encore, si frontal qu'il faudra longtemps avant que sa valeur ne soit reconnue.  

 



Les albums jumeaux du Plastic Ono Band effraient les midinettes du Glitter Rock inconsolables de la fin du mythe venu de Liverpool, celles ci adhéreront plus volontiers aux Wings de Paul McCartney. Par son individualisme forcené John Lennon débecte les jusqu'au-boutistes du rêve communautaire tout autant que par ses désillusions il glisse entre les mailles de la récupération. Ni Walrus, ni Egg man, plus insaisissable que jamais, il ne trouve réconfort qu'auprès de Yoko Ono qui, plus hérissée qu'aucune autre, ne trouve protection que dans les bras de John. De cet amour qui s'exprime sans pudeur, ne commettons pas l'erreur de nous sentir exclus. Plastic Ono Band en deux disques frondeurs offre asile à tous ceux qui ne se reconnaissent en rien, ni personne.


Avant que Imagine ne vise l'universalisme en enrobant le gâteau de sucre pour le rendre au goût de tout le monde, dixit Lennon, le Plastic Ono Band en tant que groupe sortira encore le single Power to the people pile un an après Instant karma!. Si Mother avait connu un prévisible revers dans les hit parades de Noël peut enclins à célébrer un questionnement sur l'abandon parental, Power to the people, premier titre entièrement enregistré à Ascott, la résidence londonienne du couple, réconciliera son auteur avec le public et deviendra l'hymne des poings levés. En face B l'impitoyable Open your box de Yoko Ono exprime son avis sur la main mise des hommes édictant à leur convenance les critères de libéralisation de la femme, en les résumant avec lucidité à d'hypocrites intentions purement sexuelles. Le titre sera censuré aux Etats-Unis. Open your trousers, open your thighs, open your legs, open, open, open, open your mouth... 
 
 

En ce mois de décembre qui voit commémorer le souvenir de John Lennon, qui aurait fêté ses 80 ans en octobre s'il n'avait été assassiné il y a 40 ans le 8 décembre 1980, paraissent deux évocations de son parcours post Beatles. Gimme Some Truth qui propose un condensé plus ou moins vaste selon l'option choisie, double album ou coffret, auquel il conviendra de trouver des absences tant une intégrale s'impose. Je dois néanmoins souligner l'excellent boulot effectué par Sean Lennon qui a remixé plusieurs chansons en leur donnant un relief nouveau, surement salutaire pour une écoute 2020 bien différente de celle qui était la notre lorsque nous faisions hurler les 45tours sur nos tourne-disques saturés, comme plus tard dans les juke box des bistrots.

 

Un superbe livre évoque également à travers des citations des protagonistes -mais seulement en langue anglaise faute d'éditeur français à la hauteur de l'évènement- et un grand nombre de photographies qui s'y rapportent, ce que le Plastic Ono Band fut entre juillet 1969 et mars 1971, une parenthèse sans fard qui balafra en profondeur des utopies devenues incarnation d'une lâcheté passive qu'il convenait de dénoncer. Le business de la guerre, le jeu criminel des politiciens, la soumission aux classes sociales organisée par le patronat, la télévision et les religieux, autant de choses, que Beatle John avait aidé un temps à oublier dans l'insouciance, devenues trop insupportables pour être tues plus longtemps par le citoyen Lennon.                                     Ainsi soit-il.


Hugo Spanky

 
J'ai traduit un (très) long papier signé Vicki Sheff paru à l'origine dans le Playboy américain et à ma connaissance resté inédit en France :
 
Il relate de l'intérieur les heures, jours, semaines, mois et années qui ont suivi l'assassinat de John Lennon tel que Yoko Ono les a vécu. C'est digne d'un roman policier, chantages, vols, abus, trahisons en tous genres. La saloperie humaine dans toute son arrogance.

25 commentaires:

  1. La bonne humeur est toujours instantanée à l'évocation de Keith Moon ;) Comme avec Ringo Starr d'ailleurs. J'adore son enthousiasme et sa façon simple de foncer, au feeling.

    Bien que toujours perçu comme Le mouton noir des Beatles, Lennon a toujours fait partie intégrante et indissociable de ce groupe, implanté, immuable, à l'image de leur coiffure playmobil. Il fallait une force démesurée pour pulvériser tout ça. Sans rien renier je suppose, mais pour avancer à travers ce mur en béton armé, solidement érigé de concert avec une jeunesse frénétique et carnassière. Parce qu'il avait déjà toute l'artillerie en main, la tâche de Yoko fut de lui rappeler qu'il n'avait besoin de personne d'autre que lui pour soulever ses alter egos (humour ;D).

    Après personnellement, et peut_être pas objectivement mais, pour moi il n'y a rien à jeter chez John Lennon. J'ai moins aimé sa période "contre la guerre" sur le tard, car je trouve qu'il perd un peu pied, et qu'il y a un décalage, un flou, avec son mode de vie, l'art conceptuel, les médias et tout ça... il y a un trop. Quelque chose qui le dépasse et qu'il ne maitrise plus. Mais ça reste de ma part sans jugement parce que c'est le parcours de sa propre existence, et surtout d'un contexte. C'est même normal, mais c'est juste injuste qu'il ait croisé la route de ce ☠⚡😡 au moment où il était sur le fil du rasoir. Meilleur morceau du monde. Pour et avec Yoko qui les fondra l'un à l'autre à jamais. Depuis toujours, et pour toujours.
    Elle lui a toujours fait honneur, même sans en parler. On le voit dans elle, et à travers. C'est fou. Il n'est même pas question d'hommage à ce niveau. C'est de l'immortalité pure dont il s'agit.
    Et sinon, l'Instant Karma, je préfère l'écouter saturé 🤘

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    1. Oui. Je suis tellement d'accord que je vais en profiter pour m'attarder sur ta conclusion vu que j'en ai tout juste parlé dans le papier. Moi aussi je l'aime saturé et craspec mon instant karma, c'est comme ça qu'il arrache le plus et puis ça a du sens, toutes ces voix qui braillent "yeah we all shine on" faut que ça crache, que ça postillonne à travers les enceintes (pas du tout covid comme morceau))
      Les remixes de Sean en ont fait autre chose, ce qui est déjà mieux que de vouloir améliorer l'intouchable. C'est surtout vrai sur Cold turkey, là où le final de l'original est un brouillard de guitares qui se filent des coups de stiletto à l'aveugle dans une rue borgne, il a épuré les aspérités et en a fait un combat intergalactique façon sabre laser. Je dirais que le groove hargneux en prend un coup, on est plus proche de Pink Floyd dans le résultat. Jealous guy est différent aussi, on est d'accord que jealous guy on va pas pouvoir l'aimer plus qu'on ne l'aime déjà. Le truc c'est ça, je crois qu'on n'est pas la cible, c'est plus pour séduire les audiophiles de 2020 qui se déchire la tête au surround 5.1 )))
      Le gros point positif c'est que la voix de Lennon est mise en relief, alors qu'il l'enterrait un peu dans le mix, du coup vu que Lennon est un chanteur fluctuant ça devient pas aseptisé. J'ai remarqué qu'ils n'avaient pas mis Woman is the nigger of the world, surement que ça passerait plus de nos jours. Si ça c'est pas le signe des grands que d'avoir fait des trucs qui passent plus de nos jours...)))
      Allez, je dirais que c'est parfait pour ceux qui ont encore besoin d'un petit coup de pouce pour être convaincus, ça fera plus joli dans leur stéréo et nous on continuera à explorer les pistes alternatives et les démos bordéliques en cassette dans l'auto-radio )))

      Un mot sur Ringo Starr, je peux pas faire autrement tellement je l'aime sur Plastic Ono Band. Il est parfait avec son minimaliste de façade qui cache mille et une astuces. On le sent concerné, livré à lui-même sans que monsieur wah wah ne les lui brise avec ses indications.

      Ah et sur son implication contre la guerre, je pense que c'est venu pour foutre en l'air tout ce diktat du silence qu'on imposait aux artistes d'alors. Il était aussi fasciné par les médias et la publicité, il se demandait ce que ça pourrait donner si c'était utilisé pour autre chose que vendre une nouvelle voiture ou des barres de chocolat. War is over if you want it, ça a je pense fait bouger les consciences en impliquant tout le monde par le if you want it. Comme tu dis faut tenir compte du contexte, les USA envoyaient des gamins se faire trucider en tirant leurs noms à la loterie... Y avait de quoi avoir envie de ramener sa gueule. Il l'a fait et puis il est passé à autre chose, c'est ça aussi que j'aime chez lui, toutes ces vies qu'il a eu et qui à chaque étapes l'amenaient un peu plus près de lui-même.

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  2. Encore ??!!! tu pourrais juste faire "Le Plastic c'est fantastique". :D

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    1. T'as raison, j'ajoute une photo et un clip à ta rime et j'ai une chronique de Charlu )))

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    2. :))) pas faux. Tiens, je me demande bien pourquoi Macca III va sortir ces jours-ci.

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    3. M'en parle pas, je vois d'ici tous les blogs se mettre à l'unisson pour tresser des louanges à ce pauvre Paulo qui sort d'une année difficile. J'ai pris les devants pour proposer une alternative cadeau ))))

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    4. Avant de te lire, j'ai écouté samedi le Tin Machine numéro 1. La vesion de "Working Class Hero" me rend fou.. et du coup j'ai ressorti l'original et l'album. C'est vraiment un sommet, le truc même qui devient flippant de mettre à nouveau de peur de se faire embarquer par des émotions trop fortes et mettre la journée à revenir à un spleen supportable. C'est du ligneux.
      Sinon, on en a déjà parlé, tu me mets "Give peace a chance"..me barre en courant.. c'est pas possible. J'espère que s'il était encore là, il ne mettrais pas son pyj télétubies pour hurler sur son lit "Trump est un vilain" :o ))))

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    5. ah oui, merde c'est con, elle était pas mal la pochette de la compile..s'il lui avait pas mis l'écouvillon dans l'oreille. ;D

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    6. Il avait déjà nuancé tout ça de son vivant. A ce titre le bouquin qui vient de paraître est très intéressant. Je crois qu'il avait besoin de casser son image et qu'il prenait plaisir à s'afficher le plus désopilant possible, peut être pour diriger vers lui cette haine qui s'abattait exclusivement sur Yoko.
      Je dis ça mais personnellement je trouve qu'au niveau de l'engagement pour promouvoir la paix, c'était pas si con de le faire ainsi. Le documentaire sur le Bed In est assez édifiant quant aux mentalités que ça secouait, il y a des passages où ils se font agresser de manière très directe et Lennon gère ça de façon incroyable. Faut se souvenir que peu de temps plus tôt l'Amérique profonde appelait à le tuer et brulait ses disques parce qu'il avait comparé la popularité des Beatles à celle de Jésus. Il y a là dedans quelque chose qui fait écho à ce qu'on vit aujourd'hui avec les caricatures. Quelque chose de très éloigné de la façon dont l'Amérique nous vend ses idéaux, et que Trump aura permis de remettre en lumière. La division de ce monde en deux catégories n'est toujours pas à notre avantage et la scission ne se situe pas uniquement là où l'on voudrait que l'on se contente de regarder. Pour moi Lennon a mis la lumière là dessus. Il a aussi pris soin de préciser qu'il ne connaissait aucune solution, sinon la paix.
      Give peace a chance ou All you need is love ne sont pas des chansons que je sais évaluer, leur but est d'être le plus simple possible afin d'en faire des hymnes, comme Joyeux anniversaire. Dans le bouquin il y a un passage là dessus, au moment où ils vont enregistrer Give peace a chance dans leur piaule, un second guitariste dont j'ai oublié le nom vient prêter main forte et il raconte qu'en doublant la guitare de Lennon il a ajouté des fioritures harmoniques pour enjoliver l'affaire. Lennon lui a demandé de ne pas le faire et de jouer la compo telle qu'elle est afin qu'elle soit la plus facile possible à mémoriser. Je pense que ça résume bien son intention.

      Working class hero incarne une particularité que j'aime beaucoup chez Lennon, il affirme fermement une opinion et en même temps laisse place à la conversation (on retrouve ça sur Revolution avec son in et out), ça s'inscrit dans sa démarche pacifique, dans le sens où il désigne une lutte tout en prévenant que son avis peut muer si la situation évolue. C'est toute la différence avec les endoctrinés va t-en guerre campés sur leurs positions.
      Tin Machine (dont on ne dit pas assez de bien) en a fait une bonne version, je suis d'accord avec toi. Bowie admirait Lennon, ils ont fait Fame ensemble c'était un drôle d'ovni ce morceau. Peut être qu'en voulant se fondre dans un groupe et faire des choses plus crues, Bowie avait cette rage qui caractérise Plastic Ono Band à l'esprit. Marianne Faithfull aussi l'a honorée dans un autre registre. Ce qui me fait penser que j'ai toujours trouvé que Sister morphine devait quelque chose à Working class hero.

      Bon, je peux le dire cent fois que ça ne sera pas moins vrai, Plastic Ono Band est un disque essentiel, peut être même unique de par les émotions dont tu parles et qu'il dégage effectivement à chaque note. Après, niveau spleen, j'en suis à un point où il me console plus qu'il ne m'enfonce, je m'accroche à sa combativité plus qu'au constat qu'il pose. C'est dû à mon naturel optimiste sans doute ))))

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    7. Je bloque aussi sur la pochette, très 2020 au final. Elle est dans les temps, à tous les niveaux. La date évidement, la ressemblance frappante avec Sean Lennon jusqu'à osciller entre l'un et l'autre indéfiniment, et le style diablement épuré et direct, le message est clair -ça c'est la griffe Yoko-. C'est l'hameçon idéal et parfait pour capter, pas les collectionneurs parce que eux l'achèteront coûte que coûte, mais les nouvelles générations, qui, s'ils le désirent par la suite, pourront remonter le courant. C'est intelligent comme démarche.

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    8. J'adore tout ce que fait Sean (contrairement à Julian .. et encore plus James (mcca)). Là j'écoute "Cold Turkey" de la compile .. je pense que ça va le faire .. le son ... ah ..voilà Working.. Je vais réécouter Sister Morphine avec cette idée pour voir, les accords sont quasi les mêmes, le petit slide solo blues en moins.
      Bon..vais voir le truc de Paulo III.. j'espère que tu as ménagé pépère .. il est en train de pleurer son frère sur FB :D)))))))

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    9. Tu garde ça pour toi..mais dans mes troubles souvenirs..je me souviens m'être écroulé gamin à l'écoute de "Jealous Guy".. sérieux. Je ne connaissais pas les Beatles de moi même (surement qq airs inconscients à la radio).. quel age ?? 10 ans.. 11.. ?? c'était pas du tout ce que l'on écoutait à la maison en famille. Qq années après..pof la troupe, les arborescences.. C'est lui tu sais qui m'a fait découvrir Paul McCartney ;D

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    10. J'avais répondu à Charlu avant de voir son commentaire sur la pochette. T'as tout dit, Sylvie, sur cette compilation et son but, elle est revendiquée ainsi par Sean Lennon, un moyen de capter les jeunes. Bon, autant le travail sur la musique est fait avec attention et amour, autant les sabots sont nettement plus balourds en ce qui concerne la pochette. Le classicisme gris et la photo sont bien choisis, la flèche et les points qui ponctuent le nom et le titre nettement moins (manque plus que le com derrière le point et on aurait la totale), tout comme le reste du packaging intérieur qui est également dépersonnalisé.
      On sera d'accord pour dire que l'époque actuelle ne restera pas célèbre pour sa subtilité.
      Mais comme tu le dis la démarche est intelligente. Et utile. La difficulté rencontrée par les compilations consacrées à Lennon était la grande disparité sonore des enregistrements originaux, ainsi que l'absence de transition entre la première partie de sa carrière solo et Double Fantasy qui était très moderne et venait après 5 ans de silence. La production était un élément important pour Lennon, dans le sens où il en faisait vite abstraction ))) Une fois qu'il avait trouvé la couleur qui correspondait à ce qu'il voulait exprimer sur son disque, il faisait peu de prises afin de conserver l'excitation typique du rock'n'roll des origines qui n'a eu de cesse d'être sa référence. C'est pour ça qu'il travaillait avec Spector, parce qu'il pigeait vite et savait dénaturer n'importe quel studio. Du coup, les albums ont le son qu'ils ont et c'est pas plus important que ça parce qu'on a grandi avec et que les chansons le transcendent.
      Tout ça c'est l'Histoire, à laquelle Gimme Some Truth applique la mise à jour windows 10 )))

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    11. Jealous Guy, elle est fortiche à tellement de niveaux qu'elle me fait encore craquer tout grand et biscoto que je suis. Gamin, c'était par l'émotion brute qu'elle dégage à laquelle s'est ajoutée adulte la compréhension de la désarmante sincérité de son texte. A-t-on entendu ailleurs pareille confession ?
      Il existe une prise avec de l'harmonium qui vaut d'être connue, ainsi qu'une de Steel and glass sur laquelle les riffs de guitare se font des tacles non homologués. A l'occasion faudra que je te fasse passer ça, je viens de t'envoyer une invite sur facebook, ça sera plus simple.

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    12. Je vous lis en écoutant "Steel and Glass" justement. basse , percu, guitare folk.. une tuerie.. et c'est sur spoti. Il me faut ça sur les enceintes, les vraies pour les organes.

      ah oui.. ps: "Power to the people"..pareil... en bonus c'était pas plus mal.

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    13. Moi j'ai écouté Sarting over et Mind Games, elles déboitent ;))

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    14. Oui ça claque méchant tout ça, Walls and bridge est un super album avec un groove pas possible dont Steel and glass est un bon exemple.
      Parmi les prises alternatives qui trainent sur le net il y a aussi la 1ere prise de I don't wanna be a soldier mama qui est une tuerie.
      Fais péter les watts, les fondations vont trembler:
      https://youtu.be/XNrYHs2OSuY
      Faut que Sean s'y colle aux prises alternatives, y a de quoi faire. A son propos, t'as raison, il est autrement plus doué que Julian (en même temps il a une mère qui compte pas pour du beurre dans l'équation))).
      Ses albums avec sa charmante copine sous le blaze Ghost of the saber tooth tiger (si je l'ai dans l'ordre je me fais la bise))) trace une route lysergique que leurs clips finissent de rendre addictive (mate ça sur youtube) et ceux avec Leslie Claypool ont une ambition à laquelle on n'est plus habitué de nos jours.
      Sans oublié ceux enregistrés avec maman Yoko (tous depuis Rising en 1995).

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    15. C'est clair que cette compil' claque sévère, c'est du bon boulot. Le final dément de Cold Turkey dans les esgourdes ça vous secoue son homme !

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    16. Le final de cold turkey avec la guitare de Clapton qui s'élève en grondant au dessus de celle de Lennon dédoublé à n'en plus finir, c'est la grosse gifle de la compil (pas la seule, mais celle là laisse des traces sur la joue)))

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    17. On a commencé comme des vieux schnock de résistants avec ce remix, et au final on le veut tous ah ah ah ! ;D

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  3. Je n'ai rien d'autre à dire que : FASCINANT !

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  4. Tout ça m'a donné envie de reprendre des petits bouts de carrière de Yoko. En fait, je cherchais à écouter REMEMBER LOVE (Alors comme ça moooonsieur est lassé Pfff) c'est fait, étonnante de simplicité surtout d’une dame qui nous prépare souvent à être bousculé. En me promenant sur AMG je tome sur un lecteur qui a détesté « Unfinished Music No. 1: Two Virgins » Merci M. Hirakida, car pour prouver votre sympathie à Yoko vous proposez l’écoute de « Soul Got Out of The Box ».
    Oui, oui j’ai vérifié, tu en parlais déjà il y a qlq années, p’tain, l’époque de bas les masques.
    https://ranxzevox.blogspot.com/2016/09/oh-yoko.html
    Y revenir n’est pas inutile.
    Tu te souviens, ton commentaire qui concluait qu’un de ces jours tu reviendrais nous casser les pieds (ha ha) avec un papier sur les albums de RINGO STAR. Je tente la fidélité mais j’ai pu le louper cet article… ou bien.
    En attendant, je vais profiter de mon passage « chez moi » me rebrancher sur SOULSEEK (qui m’a un peu manqué, ou l’inverse) pour récupérer « Blue Print… » & « Witch 1 & 2 »
    Marrant, mais écouter sur SPOTIFY ne me suffit pas. En attendant je fais.
    Sinon, le Lennon ? Qui a dit ne pas l’apprécier à son juste talent ? Haaa peut-être les comparaisons entre Sir McC ?

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    1. Yoko, j'y suis de nouveau en plein dedans (et j'ai écouté Rotogravure de Ringo pas plus tard qu'hier, donc ça viendra peut être))). Two Virgins a fait partie de ma programmation, je ne sais pas selon quels critères on peut détester ce disque, tout comme Life with lions et Wedding Album, ils sont en dehors de toute notion d'évaluation. J'aime être dans l'environnement qu'ils créent, je ne leur connais aucun équivalent. On peut aussi ne pas se sentir concerné.

      Soul got out of the box, elle est géniale celle là. Blueprint for a sunrise est un bon choix pour aborder Yoko, il est varié et équilibré tout en contenant tous les ingrédients qui font son charme, même les plus extrêmes, et il a une bonne énergie. Complète ton téléchargement de l'album par les trois morceaux supplémentaires paru sur un ep promo, tu les trouveras sur soulseek en tapant "a blueprint for a sunrise" (en rajoutant donc un a au titre de l'album) the paths (sorte de dub psychotique de I want you to remember me) et les versions longues de It's time for action et Are you looking for me.

      Et quand tu auras digéré tout ça (les deux Witch vont t'occuper un moment également)chope toi l'album Rising qui précède Blueprint, il est tout aussi bon (mais un chouia moins dingo). Lui aussi est complété par un ep qui vaut le coup, Rising Mixes.

      Dans le registre Remember love, il y a Listen the snow is falling qui date de la même période.

      Je me suis fait un dossier avec des titres piochés un peu partout et parfois hors albums (il y a beaucoup de morceaux éparpillés dans la production de Yoko, comme ceux qui composent la série de 25cm vinyl parus en tirage limité et sur lesquels se trouvent d'excellentes collaborations avec Anthony and The Johnson ou RZA du Wu Tang Clan. Dans le même ordre d'idée il existe aussi un excellent ep avec The Flaming Lips. Et même un titre de 1995 avec Paul et Linda McCartney ! Oui ça existe )))
      Bref, quand tu seras mûr pour le grand saut, tu me fais signe et je charge tout ça dans la box.

      Ah, c'est quoi AMG ?

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    2. Dans la box pour un 25 décembre, ça me ferait un joli cadeau? Ha ha, comme je suis en congé à partir du 24 je pourrai me plonger dans ces partenariats. Surtout que madame pas féministe mais égalitrice forcenée écoute une forte majorité d'artistes féminines pour compenser mes sélections qui sont je l'avoue déséquilibrées. En attendant je SPOTIFY, j'apprends à ne plus être "proprio" de mes écoutes... "proprio" je pense au jour où rien ne pourra lire le MP3, faut me faire un stock de PC :-))
      AMG un raccourci pour All Music Guide. ici "https://www.allmusic.com/album/unfinished-music-no-1-two-virgins-mw0000019765/user-reviews" et pas de Nipponophobie...

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