Et puis il fallut exister
par soi-même pour les trois survivants de l’odyssée, et il faut se
rendre à l’évidence, aucun des trois n’a réussi à le faire,
sinon ce brave illuminé de Robert. Infatigable travailleur revenant
mille fois sur ses obsessions, ne dérivant jamais très loin de ce
qui semble être sa quête depuis 1975, unir les musiques du monde
sans pour autant nous casser les bèlbes avec de la World music pour
touristes. Surtout Plant a su mettre de la chaleur dans son cocktail,
ne pas bêtement se contenter de
confronter sonorités millénaires et indigences synthétiques en
s’imaginant alchimiste génial. Loin de là même, Robert
Plant est plutôt du genre artisan jardinier, Silence ça pousse
version stéréo minimaliste, c’est un peu ça le nouvel album du
Robert, ce Lullaby And The Ceaseless Roar qui me délivre l’esprit depuis une
grosse semaine, sans même que j’ai eu besoin pour cela de faire
passer l’herbe du potager dans une paire de Riz la Croix scotchés
à l’ancienne.
Je vais dire une de ces
énormités dont j’ai l’habitude, Robert Plant n’a jamais
aussi bien chanté que sur ce nouvel album. Et rarement d’aussi
fantastiques mélodies. Son nouveau groupe, les Sensational Space Shifters,
a pigé que rien ne servait de pousser notre homme dans les aiguës,
en lui tissant un magma de puissance sonore en guise
d’accompagnement. La magie est ailleurs. Je ne vais guère m’expliquer sur cette impression, c’est une telle évidence à
l’écoute que cela s’avère totalement inutile. Robert Plant
susurre, fait se perdre la mélodie dans une diction proche
du talk-over, juste avant de la sublimer en la délivrant dans un
écrin soyeux d’un naturel qui fait maudire un peu plus encore, les
voix déshumanisées des hits que l’on nous déverse sur la gueule, via des ondes que plus aucune fréquence ne module. J’espère que les
radios oseront jouer Rainbow comme elles jouent le West coast de Lana
Del Rey, à eux deux ces titres nous emmènent dans une époque qui
n’a jamais existé, comme si les seventies avaient duré 20 ans, et
qu’au lieu de la remise à zéro du punk, la musique avait continué
d’avancer, de se mouvoir en un mélange créatif, qui aurait laissé
l’idée même de revival à ce que les Sha-Na-Na en avaient fait,
un truc marrant pour se saouler au bistrot, certainement pas à
ramener à la maison.
Prenez Little Maggie, le
traditionnel qui ouvre la cérémonie, rythmique concassée, banjo, ambiance Folk-Blues du Sud, et strates d’instruments
venu d’Afrique, si délicatement déposés qu’ils n’éloignent
pas le morceau de son delta originel, pas plus que les sonorités
électroniques qui, malicieusement, les remplacent sans que l’on
sache par quel miracle elles sont arrivées là, si ce n’est que le
break terminal les impose délicieusement. Ce morceau ne fait pas
voyager façon carte postale, il est lui même un voyage. Au fil des
minutes, les paysages changent, sans se chasser les uns les autres,
comme lorsque que l’on regarde par la fenêtre d’un train. On est
partie prenante, soudain embarqués loin de notre fauteuil.
Sans commettre aucun faux
pas, c’est tout l’album qui défile ensuite.
Hugo Spanky
Le morceau Rainbow est une pure merveille qui nous secoue l'échine de frissons dès la première écoute et qui nous ensorcelle au moyen d'une structure incroyablement complexe.
RépondreSupprimerD'ailleurs, tous les morceaux de ce formidable album restent limpides en dépit de leur construction rythmique alambiquée; c'est comme s'ils coulaient de source et du coup ils nous charment de manière durable.
Pour autant, même une chanson dépouillée telle que l'admirable A stolen kiss arrive à nous toucher droit au coeur tant une émotion quasi palpable semble la parcourir.
Tout en délicatesse et finesse d'exécution ce disque s'impose d'emblée comme un classique indémodable.
Outre Little Maggie et Rainbow dont tu dis tout le bien qu'il faut penser, A stolen kiss est absolument magnifique au même titre que l'envoutante Embrace another fall.
SupprimerPoor Howard si typiquement country, Turn it up et l'excellent House of love complètent le haut du tableau talonné par Somebody there.
Le double vinyls 3 faces est splendide et le cd est à sa place, offert avec.
Hugo Spanky
"Le double vinyls 3 faces est splendide et le cd est à sa place, offert avec."
SupprimerJe l'ai relu trois fois .... avec plaisir et sourire
ça prend ! robert plant entre dans sa musique, comme un bashung ou un rachid taha (vu un très bon concert par chez moi l'année dernière), en dehors de tout style ... il joue libre (et pourtant pour moi les jeunes strypes jouent tout aussi libre, mais plus stylé ce qui agace, mais quel GROUPE !!! ... je suis client des groupes de rock). j'écoute des extraits de l'album au moment même ou je vous écrit, ça me le fait ... et après je vais passer par les mummies, j'ai besoin de cette énergie ! ... lana del rey, ça m'inquiète, ça manque de rythme, dans l"ambiance je préfère m’immerger dans portishhead ou les cocteau twins. salut !
RépondreSupprimerJ'ai pas trop accroché au trip hop, trop propre, les mélodies sont parfois sympa mais ça manque de vie, on les croirait sous morphine. Lana Del Rey dans son nouvel album va vers des sons plus crades, des ambiances qui me touchent. Après c'est certain que niveau rythme c'est pas James Brown.
SupprimerCocteau twins ça fait partie de ces groupes vers lesquels je n'ai jamais été attiré. Y a quoi de bon chez eux pour tenter le coup ?
Hugo Spanky
Merci d'avoir mentionné Shaken'n’stirred, qui est effectivement un album magnifique et courageux !
RépondreSupprimerJe l'aime celui là, je me joue encore le vinyl de temps à autres, il fonctionne toujours. The principle of moments était bien aussi.
SupprimerHugo Spanky
FABULEUX ! HUGO ! FABULEUX !
RépondreSupprimerton post est FABULEUX !
( pour ceux qui veule voir ma trombine à l'époque il faut suivre mon blog, mais c'est un Falk )
Bises rugueuses sur ton visage de US TROUP.
J'accroche pas aux Cocteau Twins, c'est pas que c'est mauvais c'est juste que ces ambiances ne me touchent pas. Cure à fait des trucs pas mal dans le registre mais ça me semble venir des fins fonds d'un passé qui n'est pas le mien. Je trouve les Depeche Mode plus intéressant, ils ont fait des albums fantastiques une fois débarrassés des tics des débuts.
RépondreSupprimerJe dois reconnaître que toute la production after punk ne m'a que très peu passionné, Siouxsie, Jesus & mary machin, Joy division et tous ces groupes sont trop froids pour moi, trop d'héro et pas assez de groove, je leur préfère Frankie goes to Hollywood ou Dee Lite même si franchement de toute la période fin 80 et la quasi totalité des 90's je ne garde que le Hip Hop. Le rock de cette époque s'appelle Public Enemy en ce qui me concerne.
Ce qui nous arrive, c'est juste qu'on n'est pas des crétins obtus accrochés désespérément à leur 16 ans, on a évolué et du coup on se régale d'échanger nos parcours et coup de coeur sans se sentir obligé de remplir un cahier des charges.
On est une bonne bande, je suis aux anges que se croise sur Ranx des gens aux univers variés qui confrontent leurs point de vue et ouvrent des pistes à suivre. Un univers en mouvement plutôt qu'un lieu pour s'auto-congratuler, ça me va.
Hugo Spanky
c'est ça hugo, en même temps mon p'tit doigt me disais qu'il y avait de grandes chances que ça t'aide pas à planer dans la mélancolie ha ha ... pourtant on se connait pas ... d'accord pour dee lite ... mais depede moche sérieux ... pour moi c'est bien ce qu'il y a de pire dans cette scène là ... t'es un drôle d'oiseau toi ... mais puisque que je pense qu'on sera à jamais d'accord sur gene et ses blue caps entre autres, ça me va ... c'est les couleurs "flipper" de ce blog qui m’ont attiré dans cet antre me suis je demandé l'autre jour, et puis la tonalité ha ha ha ... 80 et 90 c'est la chute pour moi (et même les débuts 2000), mais ce n'est qu'une illusion car j'en ai profité pour remonter le temps et découvrir ce que je cherchais depuis longtemps ... même si mon amoureuse à l'époque m'a initié à l'art dramatique de ces années là, ou on ne passait pas par des blogs pour se faire découvrir des sons, il y avait des fêtes chez des inconnus et on se prêtait des disques si affinités, et parfois on dansait dessus ... je ne vis pas la vie comme une nostalgie, il suffit d'une occasion de temps en temps, même si c'est plus rare, et tout reviens c'est là, c'est toujours présent ... puis ça repart et ça reviens plus tard ... passionnant. et là j'arrête ... don cavali devait passer par chez moi c'soir ... il est pas v'nu annulé ... je me suis tapé du violoncelle, bah, j'ai revu des potes. j'ai le 45t "master and servants" quand même, intéressant ouais, cette chanson sur la discipline ha ha ha. salut.
RépondreSupprimerOn se prêtait les disques ? Mais tu es fou, ne fais jamais ça malheureux. Encore moins les emmener en soirée.
SupprimerDepeche Mode, je sais, ça peut surprendre et j'en ai été le premier surpris mais le fait est qu'ils ont fini par faire de bons albums, si Harry Max passe par là il te dira lesquels. En tout cas le dernier est bien, Delta Machine, tente toi tu verras. Bon, ça rigole pas beaucoup, c'est certain.
80's et 90's fallait pas chercher du Rock, Johnny Thunders a cané et ça a été un peu fini, restait Willy de temps en temps et les Cramps encore moins souvent mais sinon bernique. C'était le bon moment pour s'aérer la tête avec d'autres sons, le Hip Hop pour moi, la Techno pour d'autres (sales la plupart du temps avec leurs clébards dans la fourgonnette moisie) ou le Dancehall, Yoko Ono (avec elle ça marche dans toutes les décennies) que sais-je
Ou alors comme tu dis se faire une remontée d'acides et farfouiller là où on était pas encore allé dans le passé (et y a de quoi faire, j'ai toujours pas terminé).
Don Cavali a annulé ? Serge c'est quoi ce bordel ?
Les mecs qu'ont décidé de mettre du violoncelle à la place étaient sacrément couillus.
Hugo Spanky
Il faut que j'envoie ta chronique à un internaute dont j'aime les conseils et qui a détesté (pour l'instant, ne t'a pas encore lu !) le Robert Plant.
RépondreSupprimerPas de chance, au moment où je te lis le boulot va démarrer, il me faudra mettre l'album plus tard.
Une claque à Peter Gabriel qui n'en mérite pas tant; C'est par lui que je connais Salif Keïta, et oui, la production tente un "crossover" convenu mais ne gâche pas le talent des grands.
A suivre, je vais vite communiquer cette adresse
Merci à toi, c'est sympa de faire circuler les papiers des uns et des autres.
SupprimerPour le cd, j'ai jamais compris le principe de supprimer les vinyls qui a accompagné sa mise en place. Remarque qu'on peut s'en prendre qu'à nous même (enfin aux autres surtout) vu que les maisons de disques ne croyaient absolument pas au format et n'imaginaient pas un seul instant que le public l'accepte, ils n'ont fini par le mettre en place que sous la pression des fabricants de hifi (Philips et Sony) et encore avec parcimonie. C'est son succès populaire qui finalement aura causé, pour un temps, la fin du vinyl. D'où mon bonheur sarcastique de voir le juste retour des choses que l'on vit aujourd'hui.
Hugo Spanky
Eh eh, coucou c'est moi le mec qu'a pas du tout aimé...à la première écoute ;D
SupprimerCarrément méchant au début, comme si j'écoutais chanter une petite vieille. Puis j'y suis revenu sous une autre humeur.. et y'a qq trucs qui passent "Embrace another fall" et surtout le sublime "Up on the hollow hill"..mais bon, légèrement un peu plus emballé, mais pas plus que ça.... Surtout qu'à ce moment là, je découvrais le nouveau Marianne Faithfull.. proche la voix :D. vachement plus embarqué.
Bon, je dis rien pour Peter Gabriel parce que c'est la 1ere fois que je viens ici .. mais bon ;D
Allez hop, dans mes liens
Charlu
L'abus de Marianne Faithfull est dangereux pour les oreilles. Je ne vois pas d'autre explication.
SupprimerBienvenu Charlu
Hugo Spanky