Des FiLLes vach'teMenT ATypiques
Enfin un bouquin sur les
Slits, pas sur un groupe de filles dans le Punk ou le
Rock, pas un Girls Band, pas une équipe de féministes
énervées non, juste un groupe de Rock, avec des filles
dedans !
Comment et pourquoi les
Slits ont été un groupe important, et même plus
qu’important, même si pratiquement jamais cité !!
Sans aucun doute le
groupe le plus Punk avec les Subway Sect ou Alternative
TV jamais mit en place, aucun rapproch’ment avec l’univers du
Rock’n’Roll, aucunes références, à rien, juste faire un
truc, le leur.
1976/77, une toute petite fenêtre, impossible 10 ans avant
et déjà plus possib’ deux ans après. Un groupe monté de bric et
de broc, d’envie.
La musique, un truc secondaire, juste une attitude mais pas un de
ces trucs déjà très vite rangés dans des cases. Les Slits
n’étaient pas un groupe de « Féministes » avec le
mode d’emploi de la révolution des foufounes et de la rhétorique
de vilaines saucisses qu’ont que’que chose a prouver, juste une
bande de nana qu’avait surtout pas envie de vivre la vie, chiante à
crever, d’leur mère ou d’la voisine de palier.
Pas envie d’attend’, se faire marier et une l’éternité à
ruminer.
Si les yankees Runaways étaient là avant, elles jouaient
dans le près carré des lascars, guitares entre les g’noux, moue
de filles à soldats et sans doute bien plus de couilles que l’grateu
d’van halen, les Slits elles, ont achetés leur harpent
d’terre et l’on travaillé, à la corne.
Pas de cindy lauper, annabella lwin, t’être même
de madonna et autres suiveuses sans que ces quatre chipies ne
décident un jour, non pas de jouer, mais d’utiliser un instrument,
de musique, qu’on s’entende !!
Si la furia de 77 a révélée un paquet d’individus et
de groupes offrant aut’ chose qu’un fond sonore pour Aujourd’hui
Madame, les Slits qui étaient dans la motrice se sont
toujours retrouvées recalées dans le wagon d’queue.
Correction Train !
L’album Cut ne sort qu’en 79, éclair de génie,
non pas musical, bien que perso j’adore, non celui de
ne pas avoir cédé, ne pas avoir sorti un single ou même un album
de plus qui resterait aujourd’hui dans le bac Punk-Rock
immatriculé 77, tranche de nostalgie pour ceux qui y étaient,
et pire encore pour ceux qui en rêve.
Les Slits c'est en fait deux histoires.
Une qui pause 4 nanas biens énervées, bien que joyeuses
déconneuses, relativ’ment incapab’ de jouer d’un instrument
mais avec une Revendication, Exister, elles et par elles même,
modèle 76 avec le Punk, c’était tout à fait
possible.
La seconde, serait l’histoire de ces 4 nanas, déjà plus tout à
fait les même, et oui on est maint’nant en 77, qui vont
s’extirper de ce magma tout foutraque en créant leur son, leur
monde.
Un Joe Jackson ou les Pogues l ‘ont fait, les
Specials ou Dexys Midnight Runners aussi, et je
les en remercie au passage mais qui a pensé a remercier les Slits
pour l’énorme contribution au monde de la musique qu’on a écouté
au long des années 80 et 90 ?
On aurait pu avoir un groupe de filles jouant du Rock Lourd
ou du Ska, un Girls Band de gentilles andouilles aux formes
avantageuses surinant les ondes des radios FM avec leur sirop de
sucre fondu, non, on est tombé sur un nid d’sorcières braillardes
nous fabriquant moult décoctions avec du Rock, du Reggae,
du Jazz plutôt vachement Free, des tempos qui ne tiennent pas
sur du 4 temps, des ambiances Africano-Londoniennes et une
palanquée de hululements à faire frémir un banc d’chouettes !
Si l’est devenu très vite concevable qu’un groupe de
Punk-Rock joue occasionnel’ment des morceaux de Reggae,
la formule des Slits à partir de 77 travaille de plus
en plus sur l’Up Tempo, ralentissant généreusement
leurs morceaux, proposant ainsi des espaces à leur toute jeune
chanteuse, Ari Up, qui vocalise à qui mieux-mieux et invente
par là même Bjork, ben ouais, fallait l’dire !!
Le travail avec Dennis Bovell sur Cut reste
remarquable, les filles n’y produisent pas un Rock Reggae
sirupeu/Police-isé mais un savoureux mélange des genres. Ne gardant
du Punk-Rock que le coté Individualiste, s’affirmant
comme des femmes libres de toutes entraves Rock‘n’Rollesques,
masculines, ne jouant qu’avec leurs propres règles du jeu et
surtout de la conduite. Les toujours trop brèves séquences filmées
à cette époque par notre si cher et précieux Don Letts nous
le confirmes.
L’engagement « féministe » des Slits
s’arrêtera là, penser et faire par elle même, ce qui ne les
empêchera pas d’avoir, depuis le départ de Palm Olive, un
batteur masculin et même un producteur sinon rasta, en tout cas
emprunt d’une culture où la femme est fermement réclamée en
cuisine. La petite anecdote sur la « rencontre »
Marley / Slits en raconte si long...
Précurseuses, inventives, pas plus intéressées qu’ça d’êt’
un groupe de Punk, de Rock, de Reggae ou de
variétoche de plus, juste faire leur truc, mixture pas possible
sortie du gros chaudron qu’était Londres à cette époque,
mélange des genres, les basses aussi rondes qu’énorme du Reggae
et des Sound Systems qui se multiplies en ville, des guitares
elles très nouillave, acérées et une batterie complètement
bancale, minimale, plus proche des tambours de l’Afrique.
Comme Public Image, comme Basement 5, comme encore
d’autres qui se lanceront à leur tour, World Music &
Fusion, et feront oublier ceux et celles qui étaient là à la
base du truc. Comme d’hab, ceux qui initient l’bazar sont
rarement ceux qui en tirent que’que chose, Same Player Shoot
Again …
La parenthèse du Punk trop vite refermée, les Slits
sont déjà hors jeu lors de la sorti de Cut, un très bon
disque vraiment, avec une pochette hum…resplendissante, en tout cas
vite rétrogradé par la presse tant papier que radio, par des cindy
lauper et autre kim wilde, à la fantaisie bien plus
malléable ou la plastique vachement plus … irréprochab’.
Il ne reste au groupe, et la c’est dommage, immatriculé
Punk-Rock, que cette frange cloutée iroquoise méchamment à
chien qui fera les beaux jours d’Anagram Records et qui n’avait
absolument rien à foutre des premiers groupes de 77, jugés
vendus et poseurs sur fond de Pop. Les tirades d’un Jimmy Pursey
dans le NME à propos notamment du Clash sont plus
qu’éloquentes, ni, et j’en reviens, sic, au (mauvais) goût de
mes punks à chien, à un quelconque brassage de musique comme
d’identité.
Pour le début des années 80 coté aventureux, même si il
a légion de groupes super intéressants, le portail doucement se
ferme. Plus de place pour ce qui ne tiendrai pas dans un Top of
the pops tout propret, surtout pas de revendications, et, grand
malheur, c’est au bout d’une vilaine ballade avec la dope que
s’efface des types comme Malcolm Owen, emportant avec lui
tous les espoirs chaudement contenus dans les Ruts, une moitié
des Pretenders et j’en passe.
1981, nos bruyantes amazones enregistrent un second LP, The
Return of the Giants Slits, qui sortira en 82 sans le
moindre intérêt ni des médias ni du public. Un album bien trop
calme pour nos joyeuses sorcières, oscillant entre chants
malpoli-phoniques et transe Africaine, un drôle de cocktail
très avant garde, celui-là même qui fera bouger le monde 10 ans
plus tard sous le nom de World Music.
Les filles, désolé pour le/les batteurs, se trouveront
renforcées d’une cinquième énervée en la présence de Neneh
Cherry, belle fille du trompettiste de Jazz Don Cherry
présent sur l’enregistrement et une tournée.
1982, exit les Slits. Ari Up reformera le
groupe, différemment et elles enregistreront même un album en 2009,
mais c’est déjà une autre histoire.
Coté discographie, il existe 3 Peel Sessions, des
enregistrements de 77, 78 et 1981, très mal
distribués et salement bidouillés sur les éditions cd ainsi que
quelques très bon Bootlegs, Girls Next Door est terrib’ !!
A l’opposé de la trop brève carrière du groupe, sa séparation
s’est faite sans étincelle. Après avoir horrifiées, remuées,
fatiguées la vieille Angleterre, les promoteurs, les managers et
autres maisons de disques, c’est un groupe un peu las qui rend les
armes. Comme d’autres, cinq ans à se vivre dessus, à partager le
bon comme la galère, l’incompréhension, la fatigue et avec l’age
des envies d’ changer d’air, nouvelles opportunités, sans faire
de bruit, sans avoir besoin de faire de longs discours, d’un regard
se comprendre, « je s’rais pas à la prochaine répèt »,
nous non plus et zip it up, les teignes sont entrées dans
l’histoire.
Je voudrais en remettre une couche sur la Production du premier
album assurée par Dennis Bovell, sur le type en tout cas.
Déjà un producteur reconnu même si de Lover’s Rock et
musicien notamment avec Matumbi et avec LKJ, ce type
d’une culture total’ment différente qui se trempe, excuser
le jeu d’mot, avec les Slits, les Fentes, un
groupe de Femelles Vociférantes toute Punk, un groupe qui ne
risquait ni de lui ramener Fortune ou célébrité.
Je tiens à en rajouter parce que je sais très bien que tout ceux
qui ont un jour ou l’aut’ scotchés sur le Punk-Rock
connaissent tous Linton Kwesi Johnson, tout comme je le sais
et depuis vraiment trop long de temps, les amateurs de Jamaïcannerie,
qu’elles soient Roots, Rub a Dub, Ragga DanceHall
n’ont absolument rien à foutre ni de l’histoire ni de ceux qui
l’ont fait, donc toujours un point commun avec les à chiens
d’aujourd’hui.
Rappel à quel point des types comme Don Letts, Dennis
Bovell, Dennis Morris sont, étaient eux aussi, des traits
d’union plus qu’important. Après tout si j’avais pu me faire
produire un titre en 77 par Lee Perry, c’est pas
Complete Control que j’aurais Choisi !
Si les Slits sont passées telles des comètes
pétaradantes, sans être plus ou mieux reconnues qu’ça, c’est
au travers d’aut’ groupes que leur impact fait écho. Siouxsie
et ses banchés et Poly-styrene avec X Ray Spex ou Gaye
Advert à la basse de Adverts dès 76, des femmes
impliquées, pas juste de joly minois pour faire frémir les
pré-pubères. Nina Hagen, très pote avec Ary Up, The
Raincoats avec Palm Olive après son départ des Slits
et The Mo-Dettes avec Kate Korus, première gratte des
Slits too. Les Bodysnatchers et Pauline Black
des Selecters pour la bande à Two Tone.
N’en pas douter, des chanteuses telles Sinéad O’Connor
ou Annie Lennox, de l’aut’ folle de Deee-Lite à
Lily Allen ont toutes un tribu à rincer aux Slits.
Avec le départ d’Ary Up en 2010, pour une autre
scène, toutes idées de revoir un jour les Slits est perdu,
tant mieux, rien à foutre de Rolling Slits et je suis sûr
d’une chose, comme elle l’a toujours fait, toujours été, la
Miss Ary Up doit en faire voir de toutes les couleurs au chef
d’orchestre, Original Germa-ïcaine Bad Gal !!
Des Filles Atypiques de Zoë Howe aux éditions
Rytrut, à lire, vraiment.
Aujourd’hui la parité homme femme est inscrite dans la loi,
journal officiel et toute ces conneries, Les Slits à grand
coup d’accords & miaul’ments sal’ment dissonants l’ont
mise à jour dans le Rock, mais ça c’était avant !!