Depuis quelques années maintenant, Gad Elmaleh tente patiemment de vivre son rêve américain. On l'a ainsi vu adapter avec réussite le Saturday Night Live sur M6, puis apparaître dans la série de Woody Allen, Crisis in six scenes, le tout dans une logique d'intégration du milieu de l'humour juif new-yorkais, notamment chaperonné par Jerry Seinfeld. Mal connu par ici, Seinfeld est pourtant le mètre-étalon du comique à la française tel qu'il a été façonné par le Jamel Comedy Club. Les diffusions en France du Tonight Show de Jimmy Fallon, qui se conclut régulièrement par un stand up, et du SNL ont bâti un pont avec New York que Gad Elmaleh nous propose dorénavant de franchir en sens inverse.
Avec sa série de huit épisodes réalisée en Amérique avec des moyens et un cahier des charges correspondants aux critères de là bas et diffusée sur Netflix depuis quelques jours, Gad (c'est son blaze ricain) tente la grande aventure sans trimballer de complexes, utilisant les nuances pas toujours subtiles qui séparent notre continent de celui de nos rêves de mômes pour nous raconter une histoire qui ressemble beaucoup à la sienne.
Petit résumé de l'affaire, Gad énorme vedette en France (grosso merdo le titre de la série) débarque en conquérant sur le sol de L.A bien décidé à renouer avec son fils, dont il ne connait que la pension alimentaire qu'il lui coûte depuis 15 ans. Le môme est l'archétype du petit californien tête à claques biberonné au mythe du surhomme, obsédé par son physique qu'il compte utiliser sans tolérer d'obstacle pour réussir dans le monde merveilleux de la mode. Dans sa quête de succès, il est coaché par son beau-père, un acteur raté que sa mère utilise à sa guise pour satisfaire ses envies sans trop se soucier de l'un comme de l'autre.
Planquez-vous, le grain de sable vient d’atterrir à l'aéroport international de Los Angeles.
Pour faire simple, le casting se partage en deux clans, Gad d'un côté, le fils, sa mère et son beau-père de l'autre. Entre le marteau et l'enclume se situe Brian, l'assistant de Gad, lien à tension variable entre deux cultures finalement pas si jumelles que ça.
On peut s'en douter pour si peu que l'on soit disposé à jouer franc jeu, Gad Elmaleh est au niveau, il parvient à faire oublier les rôles parfois outranciers qui le caractérise en France (Chouchou, au hasard) au profit d'un salutaire second degré dont il est aisé de comprendre qu'il est la raison principale de sa volonté d'exil outre Atlantique. La révélation de la série reste malgré tout l'impeccable Matthew Del Negro dans son rôle de beau-père vénéré tombant inexorablement en disgrâce. De cet acteur, je n'avais que le vague souvenir de l'avoir aperçu dans Les Soprano, il a depuis cachetonné dans pas mal de séries U.S sans jamais connaître la consécration. Ce qui ne m'étonne finalement pas, vu la récurrente médiocrité lisse des têtes d'affiches de block busters (quelqu'un peut me dire si l'interprète de Jon Snow connait une expression autre que celle de St Bernard sous Xanax qu'il affiche invariablement ?).
Outre la réussite de la distribution, la réalisation est une autre bonne surprise et l'écriture est chiadée. Sans chercher à trop en faire, sans user des stéréotypes les plus convenus, Huge in France déride les lèvres gercées et parvient à faire passer beaucoup de choses sans être inutilement bavard. On ne sombre ni dans le brave con de français qui débarque chez big boss, ni dans l'humilité complexée. Gad Elmaleh réussi ce petit miracle d'être quasiment omniprésent sans devenir indigeste, ni tirer la couverture à lui -d'où l'importance d'un casting béton- et renouvèle complétement son personnage sans s'éloigner de qui il est véritablement. Je veux dire par là que j'apprécie plus souvent les humoristes français lorsqu'ils sont invités pour leur promo dans des émissions de télé, plutôt que dans les rôles qu'ils incarnent au cinéma. Si c'est également votre cas, Huge in France est pour vous. Ce qui risque d'être coton c'est de le savoir, vu l'accueil pour le moins tiède que la série devrait recueillir chez nous de la part des professionnels de la profession. Netflix est devenu la nouvelle bête noire du conglomérat télévisuel français (et par conséquence du cinéma) depuis sa réussite dans un domaine auquel personne par ici n'avait jugé bon de croire. Gad Elmaleh se fait doucement rôtir le cul par les médias depuis qu'il s’investit autrement qu'en lubrifiant les rouages de la machine à intermittents et d'afficher aussi clairement son ambition ne devrait pas lui éviter une nouvelle volée de rumeurs nauséabondes.
On peut choisir de n'en avoir rien à foutre, seul compte le plaisir que l'on retire de ce qui se présente, sans génie mais très concrètement, comme la première étape d'une nouvelle ère.
Petit résumé de l'affaire, Gad énorme vedette en France (grosso merdo le titre de la série) débarque en conquérant sur le sol de L.A bien décidé à renouer avec son fils, dont il ne connait que la pension alimentaire qu'il lui coûte depuis 15 ans. Le môme est l'archétype du petit californien tête à claques biberonné au mythe du surhomme, obsédé par son physique qu'il compte utiliser sans tolérer d'obstacle pour réussir dans le monde merveilleux de la mode. Dans sa quête de succès, il est coaché par son beau-père, un acteur raté que sa mère utilise à sa guise pour satisfaire ses envies sans trop se soucier de l'un comme de l'autre.
Planquez-vous, le grain de sable vient d’atterrir à l'aéroport international de Los Angeles.
Pour faire simple, le casting se partage en deux clans, Gad d'un côté, le fils, sa mère et son beau-père de l'autre. Entre le marteau et l'enclume se situe Brian, l'assistant de Gad, lien à tension variable entre deux cultures finalement pas si jumelles que ça.
On peut s'en douter pour si peu que l'on soit disposé à jouer franc jeu, Gad Elmaleh est au niveau, il parvient à faire oublier les rôles parfois outranciers qui le caractérise en France (Chouchou, au hasard) au profit d'un salutaire second degré dont il est aisé de comprendre qu'il est la raison principale de sa volonté d'exil outre Atlantique. La révélation de la série reste malgré tout l'impeccable Matthew Del Negro dans son rôle de beau-père vénéré tombant inexorablement en disgrâce. De cet acteur, je n'avais que le vague souvenir de l'avoir aperçu dans Les Soprano, il a depuis cachetonné dans pas mal de séries U.S sans jamais connaître la consécration. Ce qui ne m'étonne finalement pas, vu la récurrente médiocrité lisse des têtes d'affiches de block busters (quelqu'un peut me dire si l'interprète de Jon Snow connait une expression autre que celle de St Bernard sous Xanax qu'il affiche invariablement ?).
On peut choisir de n'en avoir rien à foutre, seul compte le plaisir que l'on retire de ce qui se présente, sans génie mais très concrètement, comme la première étape d'une nouvelle ère.
Hugo Spanky