Kitty, Daisy & Lewis sont comme un rêve. Ils ont l'attitude, la dégaine mais surtout ils ont le talent. Imaginez que les Cramps de Psychedelic Jungle aient zappé l'influence garage pour lui substituer celle du Calypso, du Funk/Blues de la Nouvelle-Orléans, et vous aurez une idée de ce qui vous attend sur les deux premiers albums du trio. Écoutez Messing with my life sur Smoking in heaven, pas de filtre sur les voix, de l'humanité plein le swing.
Third, troisième et nouveau disque, change quelque peu la donne. Terminé l'ultra-minimalisme, fini de flatter le puriste, les musicologues avertis sont prévenus, Kitty, Daisy and Lewis ont vingt ans et sont bien décidés à écrire leur avenir en le conjuguant au présent. On n'est pas chez Imelda May bordel! Ce qui ne les empêche pas de faire sonner Good looking woman comme un original de Professor Longhair, simplement ils ventilent, aèrent, creusent leur propre style jusqu'à réussir à en imprégner chaque registre que leurs foutus dons d'instrumentistes leurs autorisent d'aborder. Turkish Delight démarre comme un ersatz de Desmond Dekker de plus, sauf que l'intro n'est pas finie qu'on est déjà ailleurs, violons en goguette et la voix qui se joue des barrières spatio-temporelles, Jane Russell goes to Trinidad ! Et puis il y a ce Baby bye bye addictif au possible, un hit armé d'un clip qu'il est interdit de rater.
Mazette, ce groupe s'amuse des genres en les amalgamant les uns aux autres dans un shaker qui facilite le transit, là où d'autres auraient rendu la chantilly indigeste. Pourquoi ? Comment ? Tout connement en se contentant de foutrement bien jouer, le miracle est là, Kitty, Daisy & Lewis n'utilisent aucun gimmick, quand ils sonnent funk c'est qu'ils savent quoi jouer pour ça, quand ils en croquent pour le Ragtime ou arborent des parures Country c'est la même, tout est dans l'accent, dans le souffle, rien ne pèse trois tonnes. Et quand le fantôme de Julie London les effleure, ils en tirent un Never get back d'une exquise beauté.
Kitty, Daisy and Lewis m'ont attrapé par l'oreille, achevé par les mirettes et je mise mon billet sur eux. Je ne suis pas le seul, le disque est produit par le seul gonze qui pouvait comprendre leur démarche, je vous le donne en mille, Mick Jones ! Les bonnes adresses ne changent pas.
Hugo Spanky