Qu’elles semblent vaines les commémorations menées par un président même pas fichu de porter un costard avec élégance, incapable de se tenir en affichant l’honneur de la nation, entouré d’un ramassis d’anciens soixante-huitard qui se ramènent pour la photo en hommage à un évènement qu’ils ont conchiés, il y a quarante ans de ça. Bande de cons, complexés de la patrie. Jamais, peut être, il n’aura été aussi primordial de connaître l’Histoire, celle qui fait que les choses sont comme elles sont, celle qui les expliquent aussi. L’Histoire est un vaccin contre les erreurs du passé, elle démontre par l’exemple ce que les Hommes peuvent faire de pire comme de meilleur. Comme lorsqu’ils payent leur dette, et que viennent en Normandie les Américains, comme étaient venus les Français, Lafayette en tête, quelques siècles plus tôt, pour leur offrir leur indépendance (et niquer les Anglais, ce qu’on a toujours eu le bon goût de faire à la moindre occasion). Entre désarroi et incompréhension, entre respect pour ces ricains venus s'écrouler dans le sable, et la farouche volonté de ne jamais oublier que cette nation rayonnante s’est bâtie dans le sang, alors qu’on l’aurait rêvé différente des autres, 7red exprime notre époque qui ne retient plus rien, de peur de s’encombrer de l’essentiel au détriment du futile.
H. DaY
Habiter la Normandie propose quelques trucs pas dégueu, les pommes, excellent pour le cholestérol, une météo sans grande surprise, 360 jours de pluie par an, les aut’ y fait gris et tout plein d’pages d’histoires, les vikings, les angliches, les alliés. Sous la plage, du résiné !!
Voilà plus d’une vingtaine de jours que les yankees ont débarqués, ici et là tous les jours on croise des jeeps, des véhicules blindés et, quand même plus rarement, telle une nuée de chenilles processionnaires, une colonne de tanks Sherman. « C’est pas ma marque préféré !» aurait dit l’ami fritz.
Ça va êt ça tout l’été, comme d’hab, mais cette année plus encore. Et ouais, sont joyeus’ment fêtés tous ces braves ti gars venus se faire casser la gueule sur la côte normande il y a 70 ans. En fait y’a pas trop un arbre qui n’ait pas pris son lot de mitraille, un champ qui n’ait été labouré au 88 ou 75 millimètre, pratiquement pas un endroit où un type, quelque soit son uniforme n’ait laissé un peu d’son sang.
Toute cette tranche d’histoire, pour êt’ honnête, j’m’en bats un peu les noix, et ce depuis tout p’tit. La guerre, j’l’ai vécu par procuration avec des parents qu’en étaient encore un gros peu traumatisés et le débarquement, la libération n’ont jamais été pour moi que des films, Hollywood style, un peu longs, donc parfaits pour ma digestion et mon clucage de paupières.
Les yankees, j’ai jamais été fan, d’abord y z’ont flingués les Indiens et j’ai toujours aimé les Indiens. Du coup, même coté musique, pour moi les s’tat zunis, ça se limite au Rock’n’Roll des 50’s, la Soul des 60’s, le premier Ramones et le Hip Hop fin des 70’s. Je sais, pour un pays aussi massif l’en reste pas grand chose. « Faut expliquer, m’sieur l’juge, que mon client a grandi devant une carte du monde où c’qu’entre le Canada et le Mexique y’avait un peu rien». Délicatement, l’océan Atlantique se combinait au Pacifique, et c’était très bien comme ça.
Tout c’pataquès sur le brave G.I. venu se faire crever sur une plage normande au p’tit matin, comme tout l’monde j’le connais, le respecte mais c’est bien la première fois que je me pose quelques questions d’ssus.
Comment vivaient ces mômes, à quoi est-c’qu’ils pensaient, qu’est-c’qu’ils aimaient ?
Que l’histoire leur ait dit d’aller libérer l’Europe, l’Asie des méchants pourquoi pas, mais en fait pourquoi y aller ?
Eux n’étaient ni sous les bombes ni sous l’occupation et, jusqu'à Walt Disney, qui partageaient en fait pas mal des idéaux de ces mêmes méchants pointés du doigt.
Bloqué à la maison, j’ai profité de cette journée du 6 juin dédiée aux commémorations du débarquement. Après tout, à passer trois mois au milieu de véhicules de guerre, de types paradant dans leur bel uniforme de G.I., parachutiste, marin & aviateur, allié, autant êt’ un peu au jus de l’histoire.
Ces mômes loin de chez eux depuis deux ans, entraînés, ballottés dans tous les sens pour, désolé pour le terme, finir sur la plage.
C’est cette image qui me fait mal, celle du gamin qui, des fois sans même êt’ sorti de la barge se fait faucher. Celle d’un aut’ qui a parcouru, avec son barda, déjà plus de 50 ou 100 mètres avant de s’effondrer sous les balles ou partir en lambeaux, fumé par une mine ou un obus.
De quoi était faite sa vie, qu’est-c’qu’il espérait, à quoi est c’qu’il croyait ?
Je débarque, quelques bizoux à d’accortes demoiselles, un ennemi qui bat vite fait en retraite, Captain America qui en deux s’maines arrive à Berlin, libère l’Europe et revient se faire couronné au pays ?
Que les balles ne peuvent pas blesser ou tuer un yankee ?
La vie aux s’tat zunis était elle si moche ou si dure qu’il en était préférable de venir se faire flinguer à l’aut’ bout du monde ?
Est c’qu’on leur inculque depuis tout p’tit cette image du super balèze qui arrive avec son calibre à la main, sauver l’ordre, la démocratie, la justice et éliminer tous les méchants ?
Quelques mètres sur une plage
Ça fait maint’nant plus d’vingt jours qu’on croise sur les routes, sur les places de village, un peu partout sur la cote des jeeps et des véhicules blindés, des types qui paradent dans leur uniforme, d’époque, grand libérateurs.
Feux d’artifices, bals populaires, nettoyage des cimetières, plaques commémoratives à la mémoire de…
Tous ces gars qui n’ont pu faire des fois que quelques mètres, libérer l’Europe de la connerie barbare, du fascisme, du nazisme.
Hate Day
Je ne me suis jamais trop posé de questions sur ce qui a poussé ces mômes à y aller. Je n’ai jamais trop eu la moindre belle, douce, respectueuse pensée pour ce qu’ils ont donnés mais aujourd’hui, où l’Europe et surtout le pays a voté, beaucoup trop en masse, pour l’extrême droite, je regarde différemment cette image. Quelques mètres sur une plage.
7red