Oualà un ti moment que l’aut vérole de thatcher est
morte et si ce papier n’est pas tombé plus tôt, c’n’est en
rien par respect ou quelconque grande morale pour la vilaine
dépouille de l’aut’ truc mais parc’que Jop Haut, qui
n’en reste pas moins un Fred, m’a branché sur un bouquin
« Les Dépossédés » qui nous replonge dans
l’Angle Terre modelée par la dame de fer et qui, contrairement à
ce que son écrivain pensait dans le prologue prend aujourd’hui, 20
ans après son écriture, toute l’ampleur de sa misère sur not’
territoire, en tout cas vu d’ici en Haute Normandie, pays
bien similaire, tant au niveau du climat, de l’architecture et de
l’industrie à Britton Land. Un papier a plier en hiver donc.
La bête est morte, chah !
Mais qu’est-c’que c’est supposé m’faire,
moi ti français ?
Tout d’abord j’me suis toujours demandé
qu’est-c’que les angles avaient pu bien faire comme salop’rie
pour mériter un tel fléau, c’est vrai quoi, même en partant du
principe sacro-saint et tout Marcel que quand tu jettes une
enclume, elle te retombe inéxorab’ment sur le coin d’la gueule,
là faut r’connaît’ qu’ça a été du très Lourd !!
Puis, sur un second plan, ça me replonge dans not’
médiocrité, de c’coté ci du Channel. Pas facile de traiter les
brittons de putain d’hypocrites quand par chez nous la « paix
sociale » s’achetait à grand renforts de subventions pour
tout et rien, d’allocs et touti quanti.
Verset I : le livre (Robert McLiam
Wilson)
L’Angle terre du début des années 90, plus
aucune trace de folie, un bled morose et une population sous
antidépresseur.
Pour m’êt’ rendu en angle terre au début et à
la fin des années 80, des changements étaient déjà bien visibles,
misère, colère, tristesse. Le livre du Jop Haut « les
Dépossédés » y fait une plongée, début 90, au travers
de quelques foyers ou individus, rencontrés ici ou là, dans des
quartiers tristouilles de Londres, Glasgow et Belfast.
L’auteur s’y ballade de quartiers décrépis en
familles ou individus démolis, de situations personnelles aussi
simples que tragiques en un état de fait contre lequel personne n’a
de réponse, pas plus en 90 qu'aujourd’hui.
Guide pratique de la vie de merde, plus d’travail,
le foyer et la vie d’couple qui se barre en vrille, plus
d’logement, plus d’amis, plus de nom, une vie pour rien. Certains
en auraient fait des chansons, là c’est un livre, des pages, des
mots et des photos.
Tranche d’histoire, les uns se dépatouillent
autant qu’ils le peuvent pour replonger deux pages plus loin,
d’autres le vivent avec une philosophie d’traine lattes patentés.
La faute à qui ?
Le monde qui change, la terre qui tourne, des
patrons trop gourmands, la finance qui dirige le monde, des individus
qui bug devant un caillou sur la chaussée. Au centre de toutes les
discussions un élément en commun, l’aut’ monstre de
thatcher !
Sa politique de merde, son manque total d’humanité,
de compassion.
La fermeture des usines, les coupes dans le shitstem
d’allocations, familiales, logements, chômages, the full monthy !!
Pudique, ému mais complèt’ment prit dans
l’ouvrage, l’auteur y est bon pour des fois se retrancher dans
une chambre d’hôtel, loin, jamais assez, de ces personnages sur
qui le destin semble s’acharner joyeus’ment.
Le livre est touchant, à lire, même si on connait
l’truc par cœur, ou devrait. Vraiment je le conseille, en plus y
permet de replonger l’nez dans la discothèque sur quelques
galettes, celle-là même qui ont pris comme un coup d’vieux,
comme les Engagements, les Convictions et Vérités d’hier.
Les Dépossédés
Verset II : Original grain d’sable
Pas vraiment la peine d’aller si loin, des
situations tout à fait similaires j’en est croisées à plus
savoir où les ranger toute ma « tendre » jeunesse dans
ma banlieue, Bezons, Argenteuil, Nanterre,
Montreuil, Colombes même misère, même combat et
j’suis sûr qu’à Vaulx en Velin, Vénissieux,
Empalot et partout ailleurs où les jolis réverbères des
grandes villes ne brillent jamais des situations identiques piquaient
les yeux. Le seul distingo est que par chez nous, la banlieue, au
lieu d’êt’ bourgeoise et douce, habitée de jolies maisons avec
des arbres bousculés par la brise, concentre la misère dans des
tours aussi moches que bétonnées où ne subsiste que les noms des
ces putains d’végétaux, les Sycomores, les Peupliers
…Z’ont dû enlever les branches pour que personne ne s’pende,
Strange Fruit !
La vérole de thatcher jouait elle à un
autre niveau, bien plus élevé, bien plus cruel mais au moins
complètement assumé, l’intérêt du parti et du pays avant ses
habitants. Si pour ça fallait mentir, tricher sur les chiffres,
soutenir qu’il n’y avait aucun problème dans le pays, pas un
chômeur à l’horizon et des thunes plein les porte-money alors la
vilaine se dressait sur ses ti talons et de sa vilaine morgue
annonçait à l’humanité toute entière les bienfaits de son
régime de merde sur la santé des sujets de l’empire. Evil
Empire !!
Maintenant que ma liste de vacherie sur la bête est
bien entamée, un autre regard s’impose, que je l’aime ou pas n’a
que peu d’intérêt, et si on regardait les bienfaits de sa
gouvernance du pays dont onze ans comme Premier Sinistre.
N’est-ce t’il donc pas à cette immonde crevure
que nous devons tous une bonne moitié de not’ discothèque et, à
travers la musique une bonne partie de not’ individu ?
Que son règne ai été insupportable, on a connu
bien plus moche depuis, pour une large partie de la population est un
fait des plus tristes mais souvenez vous, de quoi ont été faites
ces 11 longues années de 79 à 90, des deux cotés de la manche.
Thatcher, sans le moindre état d’âme a
plongé son pays dans la sinistrose aiguë, haut la main mais très
sérieus’ment, qu’est-ce qu’il se passait-il donc chez nous ?
Fin 70 début 80, pas de chômage ? Des
porte-monnaie pleins ? Un avenir radieux avec maison, bambini,
crédits et berger fridolins ?
Les anglich ont vus leur empire s’écrouler comme
une merde avec l’aut’ sorcière équipée d’une scie égoïne et
de son sourire vampirique manipulant les lois, les chiffres, les
syndicats et j’en passe, mais de ce coté ci du bordel, un pharaon,
enfant pourri, imposteur d’la dynastie Jaurèssikh troquait
l’industrie contre la paix agricole commune, créait le nouvel
emploi du 20ème siècle, le travailleur social, parasite
à haute déclinaison, garde chiourmes en bas des immeubles, agent
d’occupation pour hypothétique recherche d’emplois qui
n’existent plus, aide à l’assistance en tout genre pour une
nouvelle génération d’humanoïde, Homo-assisté, fatigué,
déprimé un peu tout, sauf guerrier !
La vilaine dame, assise côte/côte du crétin
reagan, dessinait le 21ème siècle, sans ménagement,
sans vaseline pour causer plus cru, ouais, le monde de nos parents
était fini. Ils s’étaient fadés une guerre mondiale, plus celles
qui portaient pas d’noms lors des décolonisations, puis les
fameuses toutes petites « trente glorieuses ». Les miens
étaient d’avant guerre, 1932/33, le grondement de l’orage
suffisait à leur crisper le visage, la peur du manque et cette seule
et unique valeur, le Turbin !
La « rencontre » avec le Jop Haut,
qui est toujours un fred, s’était faite sur des coms de
félicitations à Cousin Hugh qui était descendu en pleine
nuit et en claquettes, masser l’entrecôte d’une bande de chiens
à punk un tantinet trop bruyant pour de braves cons qui se lèvent à
quatre du mat. Bien sûr, comme c’est souvent l’cas,
d’ « ignobles fachos » nous nous sommes vu
habillés, même pas mal, pour citer du Jean Gabin, MC Jean
Gabin, la Vérité nous, on l’a connaît, j’t’emmerde !!
Mais heureus’ment une « rencontre »
qui n’s’est pas limité à ça !
On les a vécu toutes ces années où de bons gars
se sont retrouvés comme des cons, sans rien pas vraiment, mais sans
ce seul truc qui faisait d’eux des mecs vivants, le taf. On les a
vu s’étioler, perdre toutes envies, sombrer. Des types durs comme
des rocs, se foutre en l’air, passer par la f’nêtre, pendu dans
la cave ou biberonner du 5 étoiles, toujours en silence, debout dans
la cuisine, caché derrière les rideaux.
Réelle coupe franche, rien à voir avec tous ces
« fier de ne rien faire », « les ouvriers
sont des cons », on est des gosses d’ouvriers,
j’revendique et les collègues avec j’en suis sûr !
J’étais r’monté sur Londres à la mi 80, toutes ces manifs, ces sittings, ces concerts en faveur des mineurs et des métallos. Leurs bonnes femmes avec les mômes, coincés entre deux banderoles, vendant tout et n’importe quoi pour subsister, eux, leur famille, celle des autres.
Les concerts allaient bon train, du groupe de Rock
le plus marteau pilon aux chanteurs sucrés à la cons du top of the
pops, la vilaine maggie avait créer un vrai mouvement, non
aux fermetures tout azimut de l’industrie, à la vie sous perfusion
d’assisté, Coal not Dole !
La politic c’est comme le pognon, des trucs qui
m’intéressent pas, mais comme le pognon, que je suis bien obligé
de compter chaque jours, toutes leurs conneries politrickeuses, je
les vois, les comprend et les subies au quotidien, alors du coup,
même si ça m’fait chier, et ça m’fait chier, parlons en !
En France il était d’bon ton de chier sur la dame
thatcher, jusqu’à not’ Renaud national qui avait
dû signer là sa dernière vraie bonne chanson, Miss Maggie,
bien sûr quand même avec l’accord du pharaon d’l’élysée,
diplomatie et suçage de noix oblige.
Pour la frange plus Rock, le mimétisme des
groupes anglo-saxons obligeait à en faire de même, conspuant le
château et ses habitants, oubliant juste de parler aux vrais gens,
des vrais gens. C’est comme ça qu’en pleine grève à rallonge
des métallos et la dégringolade, déjà, de l’industrie chez nous
mi 80, c’est un Lavilliers qu’a remporté l’pon-pon avec
ses « Mains d’Or », pas quoi la ram’ner
hein !!
La Maggie si faut la détester, c’est pour
c’qu’elle a fait, elle autant qu’les aut’. Le Libéralisme,
elle l’a pas inventé, promotionné oui, envers et contre tous,
avec le plus grand cynisme, oui, sans la moindre compassion pour les
gens mais sincèr’ment, même les crèves qui dirigent la barque
aujourd’hui passeraient pour d’ignob’ libéraux au devant d’la
morale de l’époque !!
Elle et son pote reagan ont redessiné le modèle économique dans
l’quel on baigne, ou se noie, c’est selon. Elle, puisque c’est
d’elle que j’cause, avec son affreux sourire, a regarder son
pays, et l’europe avec, couler dans la crasse, s’enfoncer dans la
merde, avec la douce idée que ceux qui le désirent, ceux qui auront
la force, pourront s’en extraire.
Merci à elle, je lui dois mes disques les plus
intéressants après ceux de 77, pour lesquels au passage elle n’y
était pour rien. L’angle-terre qui y est décrite ne respire déjà
plus rien d’attirante et de faste. En réponse à la réaction de
la vilaine toute une population s’est construite entraînant avec
elle musique et idées, des espèces de scottish dégingandés
ficelant une Soul moderne et colorée, la communauté
antillaise de Londres qui explose les Dance hall avec des
Basses de goinfres et construit des ponts avec le monde du Rock
jusqu’alors bien blanc, face au nazionalisme et à l’homo-phobie,
déjà bien en place, des groupes ouvertement gay chip’ront la
première place des hits parade et, même dans c’qui se faisait de
plus médiocre et mercantile un soupçon de civism’, de conscience
anti-establishment trouvait ça place. On ne peut malheureus’ment
pas en dire autant après son départ du 10 downing street.
Les angliches ont passés 11 ans à lutter contre
cette folle, chacun à leur façon, avec leurs armes, et par chez
nous ?
Pas besoin de lutter contre l’état, c’est vrai
si bon et généreux. Le grand changement de 81 a vue un pays sortir
de la crise économique, trouver le plein emploi et les richesses
s’accroître, non j’déconne !
Si une était facile a identifier comme vipère,
j’ai personnell’ment passé 14 ans à me demander si on avait
tous de la merde plein les yeux ou un putain d’vaccin contre
l’venin.
La jeunesse utilise la musique pour exprimer des
idées, faisons leur des zéniths et une fête de la musique, leurs
« Idées » n’sauraient y résistés.
Il reste une frange incorruptib’, alternative,
quelques subventions, labellisez moi l’nom et passagez moi ça en
radio, une fois qu’tout c’beau monde aura sur la tête son bonnet
à manu tchao… la suite on la connait.
La politrick ne m’intéresse pas, j’ai juste mes
convictions. Je me fou de la couleur, politic ou individuelle d’une
personne, tous les jours mon seul et unique critère de jugement
reste ce délicieux proverbe Africain « On est
s’qu’on Fait, pas ce qu’on Prétend », armé d’un
truc pareil j’crains rien ni personne, juste des fois un peu moi,
quand j’m’emporte…
Avec Ranx Ze Vox on a poussé l’truc
jusqu'à se trouver l’étiquette politrick ultime,
Les réacs de gauche, et nique tout !!
Les bienfaits de l’age et de la tempe grisonnante, voir d’une légère calvitie pour certain, nous détache du cortège de couards qui courent en meute, on pense et vie comme on s’le sent, on dit s’qu’on veut et on n’écoute s’qu’on veut, définitiv’ment pas dans l’moule. Le grain d’sable dans la machine. We Are de Poison.
Des Rockers pour les hippys, des skins pour les
Punks, des trop noirs pour les trop blancs, des trop réacs pour les
trop ouvert d’esprit, juste une poignée d’lascars qui font avec
c’qu’y z’ont, avec s’qui a été compris, avec s’qui a été
subit.
Les Dépossédés, ont auraient tous pu en
écrire au moins un chapitre, tous, nous comme vous qui lisez ces
lignes.
La faute à qui ?
Thatcher, Reagan, Giscard, Mite-errand ou les aut’
qu’ont suivis, not’ date de naissance, p’t’êt’ juste nous.
La cinquantaine se profile délicat’ment, je
décarre tous les matins à 4.30 pour aller gratter à l’usine pour
1098 €uros par mois et non, toujours pas de Rollex ni le moindre
pinc’ment pour les « fier de ne rien faire ».
Kriegspiel Station !
C’que je possède n’a pratiquement aucune valeur
marchande, c’est juste à moi, c’est juste moi. Du premier album
du Clash au dernier I.A.M., ma trop encombrante
filmographie Lino Venturesque et aut’ dialogués par
Audiard, mes bandes Dessinées et ma batterie de gamelles de
cuisine. Je fais l’même nombre de kilomètres quotidien avec la Ka
qu’avec une Jaguar, juste plus mal au dos et plus humble
quand je sors du véhicule .
Les années sont passées, par dizaines, les trucs
auquel tu t’accroche, les engagements comme les idéaux, y’a rien
qu’a résisté.
Les Godfathers du Punk servent de
générique à des experts télévisuels, les mamies avec qui je
gratte se font des coupes et des mèches de couleurs à te faire
pâlir les nœud nœuds qui ornent les pochettes paink &
désordre… Won’t Get Fooled Again, Hum ?
Toutes les années 80 ont été marquées par la
peur du grand satan avec ses grandes oreilles, la guerre froide, s’ta
z’uni nous écoute, nous espionne, ont est fichés, ont est plus
qu’des numéros.
What’s my name ?
Toutes ces années ont été marquées par un seul
“engagement”, l’individu, la reconnaissance de l’individu,
arracher, s’arracher l’étiquette avec le matricule agrafé sur
l’oreille, pour en arriver où ?
Passer des journées entières le nez collé sur un
portab’ ou un ordi, à lire ou raconter chacun d’tes gestes,
d’tes paroles. Les mêmes qui « militaient » pour le
respect d’l’individu qui aujourd’hui applique leur emprunte
digitale pour allumer leur basar. Z’ont plus peur d’êt’
fichés, sont bien sûr d’êt’ aut’ chose qu’un code barre ?
Dépossédé, une notion bien relative quand en fait
tu alimente toi même la chaudière qui t’brûle les pieds.