Harry Max, notre traqueur de séries en chef, est absolument formel, Kenny Powers est le personnage incontournable du moment. Et il a foutrement raison !
Il ne vous a
pas échappé que depuis quelque temps l’équipe de Ranx
est en mode Ferrell
tout azimut. Et après avoir vu quasiment toute la production
cinématographique du bonhomme, on se sent tellement frustré -car en
manque de notre dose quotidienne d’humour déjanté- que l’on en
vient à regarder de plus près les personnes qui gravitent autour de
lui.
Et là
autant dire tout de suite que l’on trouve du lourd.
Tout le
monde ou presque connaît les incontournables Steve
Carrell (« The
Office » version U.S. où la vie de
bureau passée au crible de la satire décapante, « L’incroyable
Burt Wonderstone » et ses magiciens
frappadingues à l’égo aussi démesuré que la grandiloquence de
leurs tours), John C.Reilly
(l’acolyte de Will dans
le gravissime « Step Brothers »
qui a également joué dans « Walk
Hard : The Dewey Cox Story »,
un curieux film sur l’ascension et la chute d’un chanteur),
Sacha Baron Cohen
(dont « The Dictator »
son dernier méfait en date est exemplaire de connerie) et les
indéboulonnables Vince Vaughn (toujours
impérial même dans ses films les moins convainquant) et Ben
Stiller (dont son film « Déjanté »,
avec Jim Carrey dans
un rôle plus inquiétant que comique, se doit d’être réévalué)
mais avez-vous déjà entendu parler de Danny
R. Mc Bride ?
Son visage
de rustaud mal embouché ne vous ait peut-être pas inconnu puisque
il apparaît, entre autres, dans « Le
monde (presque) perdu » au côté
de Mr Ferrell; dans
« 30 minutes
maximum »,
où il joue le rôle d’un criminel amateur (et surtout abruti
total) qui se balade avec des explosifs sur lui et dans «Date
Limite » qu’il sauve de
l’indigence grâce à sa mémorable interprétation d’un vétéran
paraplégique belliqueux de la guerre d’Irak qui met une branlée
magistrale à un Robert Downey Jr.
qui ramenait un peu trop sa fraise face à lui.
Bref, on
pourrait croire que ce drôle de gugusse là est un spécialiste des
seconds rôles marquants dans lesquels il excelle à un tel point
qu’il fait de l’ombre aux acteurs principaux qui ont le malheur
de s’être frotté à lui (une sorte de John
Goodman donc) sauf qu’il est bien plus que
cela. Et il nous le prouve haut la main avec sa série « Eastbound
and down » où il est tour à tour
co-scénariste, co-producteur et –enfin- acteur principal.
Dans cette
série diffusée sur HBO,
il incarne Kenny Powers
un joueur de baseball dont l’éphémère heure de gloire est depuis
bien longtemps révolue. D'ailleurs il est à ce point dans la
lose la plus extrême que lui et sa coupe de cheveux d’un autre
monde n’ont pas d’autre choix que d’aller squatter dans la
famille de son frère aîné qui habite un bled si paumé que même
votre tante Georgette ne voudrait pas y foutre un doigt de pied. Lorsqu'il débarque chez son frangin, ce lascar se croit d’emblée
en terrain conquis et, comme il se prend encore pour une célébrité
à qui tout est due, il se comporte tel un seigneur dans son domaine.
Avec un tel comportement, il ne tarde pas à se mettre à dos sa
belle sœur qui voit d’un mauvais œil l’arrivée dans son foyer, jusqu'à là bien paisible, d’un type qui jure tel un roumain à
qui on a piqué son lave glace et qui enquille les verres d’alcool
avec autant de dextérité que les membres de Mötley
Crüe lors de leur fastueuse époque. Sommé
de trouver un emploi, il obtient un poste de professeur d’éducation
physique dans un lycée où il assène ses cours désastreux entre
deux rails de coke tandis qu’il drague à fond les manettes une de
ses anciennes conquêtes alors qu‘elle est fiancée au principal,
soit son propre patron!
On l’aura
compris Kenny est une
enflure de première qui ne pense qu’à sa poire et se sert sans
vergogne de quiconque pourra lui rendre service. Pour lui sa présence
dans cette ville minable est un cadeau inestimable qu’il fait aux
bouseux qui l’habitent: c’est un putain de Dieu et on lui doit
respect et obéissance. Seulement voilà, il passe rapidement aux
yeux de tous pour ce qu’il est véritablement: un plouc
égocentrique au bord du gouffre d’une lâcheté sans nom qui
accumule les bourdes impardonnables.
L’un des
nombreux moments les plus jouissifs de la saison 1 (qui ne se compose
que de six épisodes de vingt-cinq minutes seulement), c’est
incontestablement lorsqu'il se retrouve face à un vendeur filou de
voiture de luxe, incarné par un Will Ferrell
en roue libre, qui l’humilie publiquement
en prouvant aux yeux de tous qu’il ne vaut plus rien en tant que
lanceur au baseball.
Tout le
talent de cette série est de nous faire aimer ce personnage peu
amène, qui possède les pires défauts qu’ils soient, au travers
de scènes touchantes où ils révèlent ses fêlures car au-delà de
la gaudriole une certaine gravité se fait jour.
Entouré
d’un casting de premier choix (la mimi Katy
Mixon dans le rôle de la femme qui lui fait
tourner la tête; le désopilant Steve Little
qui incarne l’inquiétant disciple de Kenny
Powers qui ferait n’importe quoi pour être
son ami, même s’accuser d’un accident de voiture à sa place!;
le bipolaire Andrew Daly qui
joue le principal méchamment largué du lycée qui ne parvient à
faire l’amour qu’après s’être excité sur son vélo
d’appartement alors qu’il contemple sur un écran plasma des
filles à poils qui se fouettent à coups de soutifs dans une
piscine; l’hilarant Ben Best qui
interprète le tenancier de bar constamment stone qui fournit Kenny
en drogues de toutes natures, notamment en stéroïdes qui, selon
lui, seront indispensables pour son retour en tant que champion de
baseball et Sylvia Jeffries
dont son personnage de pute cradingue apprendra qu’il faut se
méfier d’une excursion en jet ski avec un Kenny
revanchard), Danny R. Mc Bride fait
feu de tout bois avec cette série qui n’hésite pas à pratiquer
un humour rentre dedans et mal élevé.
Quant on
sait qu’en plus de cela la musique a été confiée à Wayne
Kramer (l’ex MC5
pour les incultes et là, si vous n’arrivez pas à le situer, vous
n’avez qu’à retourner écouter cet âne de Calogero !)
et que chaque extraits de chansons est une tuerie, il n’y a plus à
tergiverser: il faut impérativement, bande de petits branleurs que
vous êtes, vous jeter illico presto sur ce petit bijou car il en va
de votre bien être, non mais!
Pour l’instant la série comporte 3
saisons et la quatrième, qui sera hélas son ultime, est annoncée
pour septembre 2013 sur les écrans américains. Pour ma part, je me
suis fait d’un seul tenant la saison 1, tellement elle est
addictive.
Pour finir
de vous convaincre, sachez seulement que la saison 2 monte encore
plus en puissance narrative. Elle débute par un surprenant
changement de décor (muy caliente…), l’arrivée de nouveaux
personnages plus extravagants que d’habitude (c’est dire !),
elle balance des pétages de plomb plus outrés ainsi que des moments
de gêne plus prononcés et, pour couronner tout ça, nous avons
droit à l’apparition, à la fin du quatrième épisode, d’une
guest star de choix qui promet beaucoup, ce vieux briscard Don
Johnson himslef qui ces derniers temps fait
son come back au détour de multiples rôles secondaires qui, au vu
du talent qu’il déploie, nous fait amèrement regretter que sa
carrière cinématographique n’ait jamais vraiment décollé.
Bref, regarder Kenny Powers, un fils de pute de première que vous allez finir par adorer !