D’la bande à Two Tones, mes ti préférés, et ce
jusqu’à maint’nant, ont toujours été Ze Beat. Les
mélodies, le Son, le Rythme, le cuivre de Papa Saxa, le Toast
de Ranking Roger, ouais, sans aucune honte ni gène, Ze
Beat !!
Depuis ce premier album où le groupe s’excusait
au dos du disque de ne pas avoir eu les moyens d’y glisser les
lyrics, mais demandait au public de bien vouloir y faire gaffe, un
simple geste… Un truc balaise !
La bande à Two Tones était la bouffée
d’air frais avec London Calling et en attendant Sandinista,
quelque chose d’autre à se mettre entre les oreilles pour sortir
de Machine Gun Etiquette et écouter différemment Prehistoric
Sounds, mais très sincèrement, c’est les seconds albums de
tout ces joyeux p’tits gars qui m’ont collés au plafond,
vraiment, j’ai adoré le More Special, le Celebrate the
Bullet, bien sûr le Wha’ppen et pour d’autres raisons
le Absolutely de Madness.
La bouffée d’air frais sera vite passée, le cap
des deux albums, comme un mur du Son, aura fait son tri, la petite
poignée de groupes alignés au départ s’écrasera en 1981, exit
The Specials, Selecters, Bodysnatchers, mes ti
préférés, The Beat, sortiront un album de mieux, en 82, le
superbe Special Beat Service, qui tout comme son confrère, et
dernier album aussi, de la même année pondu par Jam, le
Magnifique The Gift, raccrochera mes oreilles à des rythmics
très Soul, toujours équipées de la même puissance de feu
Made in 77.
Sorti eux aussi indemnes de ces fatidiques années
81/82, Bad Manners, dont je ne conserve aujourd’hui
que le Loonee Tunes et toujours Madness.
On a avec ces deux groupes l’image même de ce qui
me pique les yeux !
Le Combat Rock, tout l’monde le sait, s’est
arrêté un triste jour de septembre 83, merci à lui.
Deux options alors étaient de mise, s’entériner
dans un monde fictif avec des groupes qui rejouent sans cesse le même
refrain ou « passer » à aut’ chose, s’épanouir les
ouies, s’émanciper des épingles et autres clous, des damiers pour
ceux qu’en portaient !
Une connaissance « toute relative » de
la musique Jamaïcaine m’avait permis de glisser
délicatement dans les Two Tonesries, ces Basses qui roulent
comme l’eau d’un torrent sur les galets, le Toast des Deejays qui
te bouscule dans la dance. Le Clash ou les Jam, plus
encore avec London Calling, Sandinista et the Gift,
qui t’ouvraient sur aut’ chose.
Je n’ai jamais été un grand fan des Punks pas
mort, jamais trop compris leur utilité, à choisir je trouvais plus
intéressant la bande à Oï, Angelic Upstarts,
Business, 4 Skins (première main), vilains bourrins,
oui, mais tellement plus dans leur élément qu’Exploited,
Crass et j’en passe.
Je me suis essayé aux Style Council, General
Public et autre Fine Young Cannibals, je n’en ai gardé
que les deux premiers albums de Dexys Midnight Runners ou le
Jo Boxer !
Y va où l’gars, j’y arrive !
Tout ça remonte à au moins trente ans et mes
dernières galettes achetées ne sont aut’ que le premier album des
Chantels ; une, superbe, double compil Best Of des
Shangri-Las et le Very Best Of des Cadillacs, rien de
bien neuf donc mais mon oreille m’oblige, et je l’en remercie, a
écouter le dernier album de Madness, et ouais, les même que
cité plus haut !
Madness, les Nutty Bwoys
version 2012. Si cet album ne me fait pas d’effet bœuf
c’est avec un putain d’plaisir de constater que les joyeux lurons
sont toujours dans la place et avec quel talent.
Si cet album ne m’envoie pas en l’air plus que
ça, le groupe si, toujours. J’avais adoré le second album, plus
riche que tous les aut’ trucs sortis à la même époque et j’ai
continué à acheter les autres au fil du temps, avec un drôle de
goût pour le 7 ainsi que le Rise & Fall, trop…,
pas assez …, le Keep Moving de 84 m’avait bien plus
accroché, bien que se barrant dans tous les sens, la rythmique
générale de l’album m’était plus facile, et puis quoi attendre
de ce groupe pas vraiment formaté !
Quand je réécoute aujourd’hui le troisième
album des Members « Uprhythm-Downbeat », je me
dégoûte autant que je me fais honte. Ce disque est extra Pourquoi
avoir aimé, même avec certaines difficultés, Sandinista,
avoir acheté et joué jusqu'à la corne les albums de Ian Dury
et laissé celui-ci de coté ?
Eternel problème que le changement, pourquoi «mon»
groupe fait-il aut’ chose ?
Pourquoi des uns l’accepter et pas des aut ‘ ?
Si Madness a bien commencé sa carrière avec
les ti gars de la vague Two Tone ; du Punk Rock
bien Jamaïcanisé donc, le groupe ne s’est pas gêné à
très vite faire sa propre musique, Pop !
Un de mes blocages est bien celui-ci, rapprochant
systématiquement ce terme de Pop à sheila & ringo, à
midi première et rubettes.
Sans doute pour ces mêmes raisons que certain de
mes disques n’ont, pendant longtemps, pas vraiment bénéficiés
d’une réelle écoute, un truc digne du job effectué.
C’est ainsi qu’au milieu des 90’s, alors que
les ondes résonnaient de Carpet Inspirée et aut’ putes à frange,
je glissais, le nœud au ventre, dans un Joe Jackson torturé
et, suite à une superbe interview de Suggs, où il contait la
triste fin du groupe, les moments de doutes, le saxo assurant la
tournée matinale des poubelles, eux le groupe emblématique des
80’s, redécouvrais la beauté de deux de leurs derniers albums,
plutôt sombres eux aussi.
Mad Not Mad et The Madness, groupe
désabusé, se dissolvant, The Madness a été enregistré
avec moins de la moitié du groupe.
Ces deux disques, de 85 et 88, ont le Son de leur
époque, les lyrics, super bien écris, sonnent graves, tout comme
pour le « Blaze of Glory » de Jackson c’est ce qui
a dû me causer.
Ce groupes qui avait écrasé les charts avec plus
de hits que quiconque, soudain hors propos, trop pop !
1984, c’est un peu mon année maudite, je
lui attribut toute les merdes du monde, si les english avait leur Top
of the pops, c’est en 84 qu’est apparue chez nous le Top 50,
changement radical du rapport avec la zic !
Avant, ceux qui se sentaient concernés se
démerdaient pour aller chercher chez le disquaire leurs perles
rares, et occasionnellement passer pour un con « M’sieur,
z’auriez des albums de Leroy Smart ou Delroy Wilson ? »
Likkle Punk in Bangarang Palais !! Du
vécu !
Et l’aut con qui te demande si tu préfères pas
le dernier michel delpech, dans ton cul connard !!
Ouais, du jour au lendemain c’est plus nous qui
allions chercher nos disques, c’est une institution de trou du cul,
de plus, qui te disait quoi écouter !
Le monde de la musique n’était plus l’affaire
de quelques Misfits et autres Marginaux, elle était
devenue un produit de con sommation distribuée sur une échelle tous
les jours plus grande. On a le recul aujourd’hui pour savourer
l’truc.
Pour le coup, une partie de la prod devenait vraiment
« alternative » quand l’aut suivait le chemin des super
marchés.
La « politisation » dans la musique aussi, artistes ou
groupes engagés, les bonnes causes. Peut-êt’ que c’est ça qui
a causer du tort au groupe, les uns restant sur leurs chapeaux et
damiers de 80, d’aut’ dans la pseudo radicalité du moment se
voyant tantôt défenseur de l’humanité, d’aut’ du drapeau,
les groupes et leur musique au milieu de tout ça, Pfuuu … !
Madness a eu pour folie de la jouer Pop,
jamais en aucune façon blasé de ce qui se passait autour deux .
Le coté grand n’enfant du groupe ne doit pas faire oublier des
chansons telles Grey day ; Uncle Sam ;
Tomorrow’s just another day ; le Splendide One
Better Day tout comme le Ghost Train ; Don’t
quote me on that comme une justification, (qui doit se
justifier ?) qu’on peut avoir le cheveu court et des
babouches martens sans pour autant êt’ un faf, vraiment une sale
époque !
Pop, ouais et pourtant on est loin des cochonsetés
toutes médiocres audit de ce coté de la manche.
Bien que pas anglais pour deux pounds, c’est avec
un réel plaisir que j’ai appris que Madness serait de la
fête du jubilé de leur bourrique de reine, ouais, si j’aurais
trouvé particulièrement moche une invite faite aux Clash et
carrément a gerber une participation des Pistols, c’est
avec le smile que d’imaginer les Nutty Bwoys, 30 ans plus
tard, représenter une partie de cette populace de la perfide albion.
Si ce dernier album ne fait qu’un de plus pour ce
groupe je ne saurai que trop conseiller son précédent, le
magnifique, y’a pas d’aut’ mot, « The Liberty of Norton
Folgate », sublime fresque d’un quartier, aussi libertin que
mal famé de Londres.
Dans le même esprit que l’album The Good the
Bad & the Queen de Damon Albarn, Madness rend
hommage à ce quartier, plein de vie, plein de vrais gens, ceux
qu’ont fais Londres, aujourd’hui simple morceau de macadam
rapprochant du centre des affaires.
J’en profite, et ce sera bien la seule fois, pour
vanter le film de Julien Temple qui accompagne ce disque. Si vous en
avez l’occaz, attrapez vous les cinq volumes de ce film sur you
tube, zip it up un coup de movie maker pour le reconstituer et vous
avez un spectacle de Madness sur scène d’une durée d’une
heure, featuring Rhoda Dakar et un big orchestre à cordes et
à cuivres, dans un superbe théâtre d’époque, mis en scène et
narré par le groupe lui même avec de splendide dessins et gravures
elles aussi d’époque.
Vraiment magnifique, tout comme l’album qu’il
illustre, 12 titres à tomber à la renverse, le groupe est bien
meilleur qu’une simple image, un simple riddim. Toujours aussi
loufoque, burlesque mais bien plus touchant, le regard porté sur une
tranche d’histoire, leur musique d’une rare richesse est ici
accompagnée de cordes, cuivres pour une farandole infernale. La
musique transpire ce quartier, jouisseurs, artists, mec errants.
Comme je le faisais très finement remarquer à
cousin Hugh « ces P…. d’anglais restent leur
meilleur sujet de chanson ».
Un album tellement massif que malheureusement le
petit dernier « oui oui si si ja ja da da »
résonne comme l’album de bons ti gars certes, mais salement
débutant !
En plus de trente ans on en a vu défiler, certains
nous ont touchés pour plutôt très longtemps, d’autres sont
restés une poignée de singles, quelque chose pour se rappeler ou
dancer.
Madness, fait parti de ceux qui restent,
espèce de Monty Python d’la musique, vilains gentils ptit
gars du quartier, popeux en doc martens, on peut rajouter devant ce
superbe album, poètes du macadam Londonien et officiellement Grelots
d’la Couronne. Aren't They ?