C’est plus une nouveauté j’ai comme une tendresse pour les chanteurs, Poètes urbain d’Onc Joe à Lee Brilleaux, ceux qu’ont quelque chose a exprimer, qui savent le postillonner sur les 3 premiers rangs mais pas que…les vrais aussi, ceux qui savent quoi faire de leur voix, la moduler et tout et tout, une réelle tendresse.
De Frank Sinatra à Salif Keïta, de Sam Cooke à Shane Mc Gowan (si), de Jacques Brel à Alton Ellis, sans distinguo, la Vibe.
Cette putain de capacité à te prendre, t’amener, te chambouler, te foutre les larmes aux yeux comme te donner envie d’aller affronter un car de CRS à toi tout seul. C’est pas une question de capacité vocale ou de tessiture, juste le coté Soul. Un claquement de doigt, et c’est parti, un chant, une mélodie, pas besoin de studio compliqué, d’ingénieur du Son de chez Boeing, je béni le micro d’ambiance et c’ui qu'en a lourd sur la patate, ouais !
Ouvré la cage aux oiseaux !
Bien partagé est cette idée d’aller passer du bon temps, voir finir ses jours sous le soleil, tranquille allongé sur du sable fin, une attitude toute artistique, faut admet’ que l’Tourneur Fraiseur y songe aussi mais …
Siroter des cocktails sous les palétuvier, combien n’y ont jamais songé ?
Mais qui se demande combien y sont, à donner toute leur vie, toute leur âme, pour s’évader de sous les manguiers ?
La chanson a été utilisée pour faire vendre de l’alcool, pour charmer, pour purger ses peines, pour se battre et défendre des droits, pour ne pas finir à l’usine, chacun à sa façon a apporté sa pierre à l’édifice, nos étagères en sont la meilleure preuve.
J’adorerai un jour écouter quelqu’un me raconter ce concert d’Otis Redding à paname, une nouvelle musique, des types sur scène que t’as pas forcément trop l’habitude de voir en ces temps. J’ai adoré le «Buena Social Cloub», quel trésor de voir ces ti papys depuis bien trop longtemps oubliés, j’ai été tout à fait ravi de l’accueil qui a été réservé au film et aux tournées de chacun qui en ont découlées.
Me reste une belle contrariètrie, mes ti papys à moua, ceux qu’ont jamais eu droit à leur film, ceux dont les tournées ne se sont jamais passées que dans des clubs, pour un public conquis, sans affiche, sans presse, sans passage radio, sans rien, l’histoire de leur vie !
Alcatraz under the burnin’ sun
L’histoire nous rappelle encore aujourd’hui les turpitudes d’une île comme Cuba, on pourrait la croire maudite mais alors que penser de sa toute proche petite sœur, juste à coté, l’île aux pirates, la Jamaïque ?
Je veux pas causer de Ska, Rock Steady ou Reggae, ni de musique particulièrement. De Chanteurs, rien que de chanteurs, au plumage peut-êt’ un peu en vrac, aux couleurs passées mais au chant si mélodieux, si beau, profond et pourtant étouffé.
Si j’ai tendresse pour les chanteurs j’l’ai aussi pour les compils, des Formidables Rhythm & Blues aux Testament du Rock, et bien sûr aux douceurs de chez Treasure Ile et Studio One, Beverley’s ou High Note même quand pas très joliment éditées par Trojan.
J’en possède une qui me flatte tout particulièrement, m’attendri et me rappelle la connerie toute humaine. Hits Revival, The original Hits by the Original Stars, K-TEL NE 1363, une de plus oui, avec les habituels Jackie Wilson, Sam Cooke, James Brown, Martha & the Vandellas, Four Tops, Supremes et surtout, ce qui aux oreilles de doux crétins pourrait passer pour une hérésie, une vilaine farce ou tout simplement du bourrage de sillon, Monsieur Ken Boothe !
Ouais, un de ces oiseaux qui vous sifflent les mêmes douceurs mais sous d’aut’ latitudes.
Combien sont ils tous de la même époque, bercés par les mêmes influences, du chant religieux au Rock’n’Roll mais tous nés au mauvais endroit ?
Si le Ska ne me laisse pas de glace, le Rock Steady lui m’envoie carrément dans un aut’ monde, des Chanteurs tous plus magnifiques les uns que les aut’, des Trio Harmonics comme si l’en pleuvait, et je peux pas m’enlever d’l’idée que ces braves gars sont nés avec le pire boulet arrimé à leur pied, «Working on a Chain Gang» !
Combien j’aurai adoré qu’sur chacune de mes compils on me renvoit dans les cordes, demi-sonné, dans un aut’ monde, comme quand tu t’en prend un en pleine poire, que tu l’ai vu ou pas t’arriver, ce moment où tout se trouble, le monde fonctionne au ralenti, les sons t’arrivent complètement d’ailleurs et alors le moment un peu décisif, où tu te laisse tomber comme une veille chaussette ou tu te secoue et te reprend en main, quoua qui n’y’a, qu’est-c’que c’est ??
Combien j’aurai aimé trouver sur une compil Rock un morceau de Soul, Funk ou je n’sais quoi ! Un truc qui t’oblige a chercher, à t’ouvrir.
Bien sûr y’a toutes les reprises, j’adore la version de Shinehead du «Answer Me» de Nat King Cole sur une rythmic toute vide et semi-digitale concoctée par les studios Jamaicains du milieu 80, brûle tout dedans à cette version du «Mr Fire Coalman» de Stiff Little Fingers du premier album des Wailing Souls chez Studio One, fond comme un triste bout de chocolat à cette délicieuse reprise du «Over the Rainbow» par le Magnifique Gene Vincent, qui ne le ferait pas ?
Ouais mais toujours des reprises, elles nous ont aussi ouvert les oreilles, qui pourrait aujourd’hui honnêtement se vanter d’avoir ouie le single de «Police & Thieves» avant le premier album du Clash, ou l’original «Armagedeon Time» de Willie Williams ?
Bien sûr qu’elles ont ouvert les oreilles mais cette petite « indélicatesse » ou « délicieuse attention » qui te pousse en avant.
C’est aussi par de trop nombreuses reprises que ces artists de cette île maudite ont pu traverser l’atlantique et se faire connaître, un peu, dans un circuit trop fermé, alors qu’ils méritaient de figurer sur l’intégrale des Formidable Rythm & Blues.
A quelque miles d’Atlantic City, quelques encablures de chez Stax, quelques minutes supplémentaires de vol de chez Motown, devant un micro, dans un studio moite en enfiévrés, des trésors de chanteurs et de chansons, des vraies, bien écrites et orchestrées, ont été enregistrées par des types dont les tripes avaient le même assaisonnement que des Sam Cooke, Otis, Ben E. King et autres Aretha Franklin ou Four Tops, jouées par des types aussi virtuose que les MG’s de Booker T ou les Funk Brothers mais ces trésors sont restés enfouis, jetés, méconnus, mésestimés ou tout simplement rejetés parce que pas ou mal promotionnés, et pourtant, mon Ken Boothe est tout à fait à sa place sur la compil.
Q’aurait été l’existence d’un Delroy Wilson, Alton Ellis, John Holt, Toots Hibberts, Slim Smith, Pat Kelly, Phyllis Dillon, Marcia Griffiths, les Gaylads, Carlton & the Shoes, les Techniques, le génie musical d’un Don Drummond, Roland Alphonso, Jackie Mittoo… j’vais pas tous les citer, sont trop nombreux.
C’est comme si y manquait tout un chapitre à la musique, à la chanson et là encore une fois je parle pas de musique « Jamaicaine », de Rock Steady ou de Dancehall, non, de musiciens ou de chanteurs, de Talents.
Un chanteur aussi talentueux que Jimmy Cliff n’est connu ou reconnu que pour de tristes médiocrités Reggae nightisante, sincèrement, prenez le temps d’écouter ses prods de début 60 !
La dernière fois que j’ai vu Toots sur scène c’était dans un club toutm‘nab’ de Toulouse où faute de réservations, personne ne réserve ses places de concert à Toulouse, et surtout pour des clubs tout rikiki, le show a été interrompu par le déclenchement vengeur de l’alarme incendie qui a littéralement écrasée la fausse sono du club ! Une vraie de location, sans la garantie des réservations eu été trop onéreuse sans doute !!
Alton Ellis , pourtant fréquent sur scène en Angleterre a du se contenter d’un mini club et de mini flyers distribués chez les disquaires du coin pour sa dernière apparition en France à bordeaux.
Tout ces gens auraient mérités la tête d’affiche de l’Olympia, de putains de vraies salles de concert et surtout d’une honnête reconnaissance, d’un vrai respect.
Les deux tiers de ceux cités plus haut sont morts, dans un asile suite à une dépression, comment ça une dépression, sous le soleil ? Dans le parfait anonymat d’un hôpital de banlieue anglaise ou yankee, des fois juste chez eux, leur éternel chez eux, celui dont ils n’ont jamais pu décollés, les bidonvilles de Kingston, de l’Alpha Boys School, Orphelinat qui les a vu grandir et souvent recueilli avant la fin à leur maison, et oui, dans le Ghetto, simple et humble où seul un dallage un peu onéreux sur la terrasse te rappelle que le type a eu un jour un hit.
En gros oualà, j’ai une putain d’douceur pour les chanteurs, de Dean Martin à Alton Ellis, et une putain d’rancœur, toujours ce pourquoi !
J’ai de plus en plus peur que l’étiquette qu’on colle aux individus fasse oublier qui y sont, qu’un bon Chanteur n’est pas un artiste de Rock, Variété, Soul ou Reggae, c’est un bon Chanteur Point !
C’est sûr c’est pas l’top des exemples pour le chant, mais quel dommage y doit-êt que quelqu’un ait pu passer à coté d’un Joe Strummer parce qu’il n’apprécie pas le son du Clash ou des
Mescaleros, passer à coté de la douceur des chansons d’Alton Ellis ou Delroy Wilson, de ce chant implacab’ que vous souffle Monsieur Leroy Smart rien que parce qu’il s’agit de chanteurs immatriculés Reggae, Merde, ce sont tous des Chanteurs, des types qui savent, qu’ont su, émouvoir avec leur seul arme, leur voix, et le tout poussé par la merde du monde dans lequel y vivaient et c’est allègrement chier sur l’histoire que d’occulter tous ces types qui ont mis tant, donner tant, exprimer tant sur quelques minutes d’une bande sonore !
J’aime trop les arbres, et y’en a tant, pour m’arrêter devant l’premier, aussi chouette soit-il, aussi important soit-il, y peut pas cacher la forêt et j’aime les forêts parc’que dedans tu peux y fredonner des Chansons !!
7red