samedi 20 juin 2015

SToNeRies De FaMiLLe




La vie est une drôle d'arnaque, on passe notre temps à vouloir tracer tout droit alors que tout n'est que cycles, rotations et répétitions. Y a qu'à voir, en 2015 les Rolling Stones tournent encore. Mieux, ils accaparent les unes. 
Les Stones c'est un peu mon premier groupe à moi, celui que j'ai ramené à la maison sans besoin de personne. D'abord sous la forme de trois 45 tours de la série L'age d'or des Stones, The spider and the fly (face B de Satisfaction), Jumping Jack flash et Sympathy for the devil, trois disques qui m'ont permis d'empiéter sur un territoire jusque là réservé à mon grand frère, la chaine HiFi familiale. Ça a été le début de mon indépendance, mon premier coup d'épaule.


Mon grand frère, qui l'était alors plus encore, vu que j'étais moi même petit, est un grand frère modèle 1958, un ado des 70's avec des sabots et des pattes d'eph' qui habillait nos dimanche matin en famille d'albums de Santana, des Who ou de Yves Simon -dont il faut écouter le Respirer, Chanter de 1974 pour se rendre compte qu'en France on a su sonner rock. Chouette bande son pour un univers de couleurs, un frigo orange, des fauteuils rouges, de la fumée bleue qui s'échappe de la pipe de notre père, une télé qui abandonne le noir et blanc aux souvenirs. Une époque où chacun cherchait son chemin de traverse, avant le sens unique direction cul de sac des années Mitterrand. Libres parce qu'encore déchainés. Les interdits c'est pas ça  qui nous contrariait la vie, dans les années 70. Les couvertures de Hara Kiri trônaient en devanture des kiosques, et le minot que j'étais découvrait le sourire de Marilyn Jess.


Et les cailloux chantaient un truc qui me colle encore au cœur et au corps. Les Stones, voyez-vous, je les aime par mégarde, comme j'aime mon frère, sans m'en être jamais vraiment rendu compte, haletant dans ma course effrénée, cherchant à les remplacer par d'autres. Pourtant, pendant que la cour du collège portait un deuil Back in Black, c'est sur Emotional Rescue que j'oubliais les devoirs à faire, de la même façon qu'aujourd'hui c'est avec From The Vault sur la platine que j'écris ces lignes.

Je les ai jamais vu en concert, je crois que mon frère non plus, on les a raté en 1981 pour des raisons différentes, et je pense que cette tournée fut la dernière à valoir le prix du ticket. Le triple album (plus dvd) paru y a quelques mois, qui retranscrit l'intégralité du concert à Hampton, Virginia, en 1981, le confirme aisément. 
 

Les Stones débarquent sur une version de Under my thumb à se crever les tympans d'effroi. T'en as pas deux qui jouent ensemble ! Haro sur l'accordage ! Putain que ça fait du bien de les entendre se ramasser cul par terre devant tout le monde. Du vivant pour de vrai, pas une course à la perfection. C'est ce trait de caractère commun qui m'a sans cesse ramené vers eux, ce refus de la compétition, cette volonté de n'en faire qu'à sa tête. Dès Shattered s'en est fini des approximations, le groupe se soude et trouve le groove sur Neighbours, la suite est sur du velours hérissé. Going to a go-go, Beast of burden, Miss you, les Stones au pinacle, Start me up en single du moment et Keith Richards, qui fête ses 38 ans ce soir là, vire à coups de guitare dans la tronche un gonze un peu trop enthousiaste en plein Satisfaction !


Depuis moins d'un an avec la série From The Vault, les Stones ouvrent leurs archives, les gars ont trouvé le truc parfait, deux triples vinyls avec à chaque fois le dvd du concert en cadeau. Le second volume propose un concert de 1975, l'un des premiers avec Ron Wood, le répertoire tourne autour de Let It Bleed, Exile on Main Street et It's Only Rock'n'Roll. L'ambiance est laidback, à l'image de l'imposant You can't always get what you want, épanouissement et plénitude avec une version de Angie d'une troublante beauté. Les Stones à Los Angeles, plus funky que jamais sous les lumières roses de la cité décadente. 

Le prochain album de la série sort le 22 juin et sera consacré à un concert au Marquee en 1971, les Stones dans un club au moment de Sticky Fingers (par ailleurs inutilement réédité en version deluxe).

2015 et on est toujours sur les mêmes ondes, les Rolling Stones arpentent le globe avec un Mick Jagger qui affiche 72 ans au compteur, mon frère est sur un lit d’hôpital et pour la première fois de ma vie je demande si les Stones ne vont pas réellement tous nous enterrer. 


Hugo Spanky


14 commentaires:

  1. J'ai l'impression que tu racontes mon histoire, à la différence que je n'avais pas de frangin et que j'ai découvert les Stones avec Black and Blue.
    Ahhhh ! Le sourire de Marilyne Jess !

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    1. Black and Blue c'est le grand disque méconnu des Stones, le versant funky de Sticky Fingers.
      Hugo Spanky

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    2. Et concernant Marilyn Jess, Gerard Kikoine sort un bouquin à la rentrée consacré au porno de ces années là. Ça promet de belles photos sur ranxzevox ))))
      http://fr.ulule.com/kiko-book/
      http://gauloisedenuits.com/kiko-book-le-livre-culte-de-gerard-kikoine/
      Hugo

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  2. Sur le live au L.A. Forum de 1975 la version dantesque de Fingerprint file avec Ron Wood à la basse (oui à la basse, vous avez bien lu) qui impulse un groove tonitruant est LE sommet de ce concert dont le défaut majeur est de s'essouffler sur la fin avec de titres qui finissent par se transformer en jams pénibles de junkies qui partent en vrille.

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    1. Angie aussi est magnifique sur le Live 75 mais tu as globalement raison. Celui de 81 par contre c'est une tuerie d'un bout à l'autre, un répertoire de folie et une très haute énergie dans l'exécution. Quel pied putain quand les Stones défouraillent.
      Et dans les deux cas ils sont beaux à voir. Le coup du dvd inclut dans l'album c'est le top.
      Hugo Spanky

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    2. Bon, après revisionnage du concert de 75 je réfute totalement tes allégations outrancières, le concert est extra.
      Hugo Spanky

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  3. Comme dit sur un autre blog, pas fan des Stones mais je ne vais surtout pas me séparer du vinyle et de la pochette de l'époque !
    A mon avis il doit y avoir une côte bonbon pour cette pochette...

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    1. c'est le bon côté des rééditions, ça fait tomber les prix et ça met des copies neuves en circulation. Sticky Fingers je l'ai en triple, il sautait pas au même endroit sur chaque exemplaire mais ça rendait l'écoute fastidieuse ))) Mon exemplaire préféré est celui qui est rayé sur Can you hear me knocking, m'a toujours gonflé ce morceau (comme Moonlight miles d'ailleurs). Bon, maintenant je l'ai aussi tout neuf avec plein de morceaux inutiles en plus (Wild horses et Dead flowers sont quand même superbes dans les versions bonus).

      Mais c'est la série From The Vault qui vaut vraiment le coup, les deux triples sont magnifiques y a pas d'autre mot et les dvd qui vont avec nous plongent dans des concerts comme il n'en existe plus. Le live de 75 c'est les Stones à Los Angeles, comme dans leur salon, ils jouent sans rien avoir à prouver, pur moment de musique vivante. Et il n'y a aucune côte pour ça.
      Hugo Spanky

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  4. Oui les Stones tournent encore en 2015 c'est dingue. Hier justement je me disais que si j'étais tombée dans le coma dans les années 80 et sortie aujourd'hui, je n'aurais aucun jet lag musical. La même variété française en tournée, et les Kinks, les Who, Led Zeppelin, Dylan etc... font la une des magasines "rock". Côté télévisuel c'est pareil, on enfonce des portes ouvertes avec des débats stériles sur le réchauffement de la planète, la sur-consommation, la sur-mondialisation, et on a casé les élèves du petit conservatoire de Mireille dans un château, bref, je ne sais pas si tout recommence mais j'ai surtout l'impression qu'à ce rythme là on recule.
    Sinon pour ma part je ne me souviens absolument pas quel est le premier disque que j'ai acheté.... Mes parents écoutaient Bill Halley, Fats Domino, du charleston, Sidney Bechett etc... et le top ultime le nec plus ultra 45t de Guy Marchand "La passionata" ^^ Après de moi-même j'adorais la variété française et plus tard les Beatles, Gene Vincent et suis passée directement du hard rock à la musique de drogué ;))
    Ton histoire est aussi la notre comme dit Keith Michards. Aimons-nous vivant.

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    1. Je pleure de rire avec tes conneries ))))) Guy Marchand bordel ! Quel putain d'acteur aussi. Harry Max si tu m'entends sors toi les doigts du cul et torche un papier sur lui !!! Pense aux photos qu'on va pouvoir caser )))
      Et moi aussi j'avais pris la filière François Valéry en CPPN ))))
      https://youtu.be/6Z9U0yHQ7Ow
      Hugo Spanky

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    2. Mais tu plaisantes ! Il est à moi Guy Et à moi seule non mais ^^

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  5. Rien que les générations de "déçus" des Stones démontrent leur longévité. Ça donne envie de s'en repasser un ... tiens, au boulot je suis, je dois avoir quelque live pour étancher.
    Chacun sa claque: Still Life, intro Duke Ellington et une version de Under My Thumb. Ce titre renaît à mes oreilles, tellement content de leur effet qu'ils insistent sur cette intro qui d'un coup rejoint les GRANDES intro/riff de nos amis.
    Au passage: je n'ai pas vérifié si il y a par ici une chronique sur le livre de Keith Richard, chez moi, il prend la poussière, je n'ai ni eu la patience de le finir, ni la bonne idée de sauter des passages pour fouiller....

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    1. Le livre de Keith Richards y a pas de chronique vu qu'il m'a tellement fait chier que je l'ai jamais fini.
      Still Life, oui, d’accord sur toute la ligne, grand disque. Le live 81 dont je cause en est une sorte d’extension, même tournée sauf que là le concert est en entier.
      Les déçus des Sones, les déçus des uns ou des autres sont des blaireaux, dans la vie on est jamais déçu que par soi-même.
      Allez hop, je m'envoie le dvd au Marquee 1971.
      Hugo Spanky

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  6. Je dépose le lien ici. Il mène vers Lana del Rey chez ma copine Ina qui anime un talk show assez relevé depuis un bar de Hambourg/Altona au bord de l'Elbe : https://www.youtube.com/watch?v=clGpZdf3bwY
    Il y a deux tables et de l'ambiance. Elle reçoit des gens intéressants.
    Bel été (dans deux jours, je pars sur mon île de Vendée.)

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