vendredi 15 mars 2013

MaRCeL PaGNoL






"Un Schpountz n'est pas un idiot. Un Schpountz raisonne parfaitement sur toutes choses, il vit comme tout le monde, il a même du bon sens. Sauf en ce qui concerne le cinéma. Et quand il s'est mis dans la tête qu'il ressemble à un grand acteur, il le croira toute sa vie. Et on peut leur faire toutes blagues possibles, ils ne s'en apercevront jamais qu'on se moque d'eux".







 
"Tout condamné à mort aura la tête tranchée" est la phrase qu'Iréné décline, tantôt tragique, pathétique ou même comique, pour montrer l'étendu de son talent d'acteur, à un parterre de gens du cinéma, moqueurs, parisiens de leur état. Cette histoire aurait pu être celle du Corbeau et du Renard, mais cet Iréné là, lui le fromage il ne l'a pas fait tomber, il l'a savouré et s'en est même délecté, car sous son air naïf et prétentieux, il y a au fond un être ambitieux, sain, aveuglé par sa passion pour le grand écran mais sûr de son originalité  "...je vais faire une entrée pas ordinaire, d'ailleurs je vais leur porter le coup de j'arnaque, la raie au milieu..."

                               


Ne vous laissez pas intimider par le fait que ce soit un film de 1938 en noir et blanc. Le Schpountz est joyeux, profond, bien rythmé par les faces à faces d'Irené (Fernandel) et son oncle (Fernand Charpin), des expressions comme on en fait plus , et des tirades qui valent bien plus que leur pesant d'or ;) C'est du grand art, du Pagnol !

Marcel Pagnol déborde d'humanisme et c'est avec beaucoup d'amour et d'empathie qu'il filme la nature humaine et ses petits travers avec la même passion  exacerbée de Méditerranéen que l'on retrouve chez John Fante (en plus ce cette ressemblance physique assez bluffante). Mais contrairement à Fante poursuivi par une sorte de fatalité qui fera de lui un paria dans le monde de l'écriture ainsi qu'un subalterne dans celui du cinéma, Pagnol, fort du succès de ses livres bâtira son indépendance en créant son propre studio, sa compagnie de distribution, ses laboratoires, ses salles de projection. Ainsi que sa propre famille de techniciens et d'acteurs, ô combien indissociable de son univers. Dans La femme du Boulanger, Raimu, un de ses acteurs fétiches, nous touche de part son physique débonnaire et sa bonté d'âme, nous émeut aux larmes sans pour autant que l'on éprouve de pitié pour ce boulanger pourtant affublé de cornes de chef de gare ;) 

  

Les dialogues de tous ces films (La fille du puisatier, La Trilogie Marius-Fanny-César, etc...) sont réglés comme de l'orfèvrerie, je pourrais les écouter pendant des heures sans même voir les images qui les habillent. Ça me rassure que ces livres soient encore étudiés dans les écoles y compris à l'étranger. Pagnol, homme aux talents multiples, va droit au cœur grâce à sa sincérité sans borne pavée de bonnes intentions. Inventif et volontaire à une époque où le cinéma était considéré par les Grands du Théâtre comme un refuge de médiocres prêt à trahir leur Art si pompeux pour une vulgarité de celluloïd. Pagnol choisira de leur dire merde, moi aussi.
Comme la musique adoucit les mœurs, l'accent marseillais des écrits de Pagnol couvre d'un voile de pudeur les épaules nues des filles perdues. Les hommes accrochés, pour un temps encore, au sens de l'honneur n'en perdent pas pour autant ce cœur et cette indéfinissable tendresse que seule permet la sincérité des sentiments d'amour les plus profonds. Maris cocufiés, pères bafoués, tous, au delà des éclats de voix, des verres brisés, des strangulations grandiloquentes aussi fréquentes que les poignées de mains, sortent grandis de situations qui après les déchirures, cimentent un peu plus encore leurs liens, non plus juste parce qu'ils sont de la même famille mais parce qu'ils se sont choisis et révélés les uns aux autres.

                                                           
Sylvie & Hugo Spanky


6 commentaires:

  1. Plus vrai qu'la vie, une grande tranche de poésie bien beurrée d'sincérité et largement confiturée d'soleil, sans jamais êt' lourd.
    Toujours du bonheur !!

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  2. PAGNOL c'est le soleil,la Provence,les parties de pétanque,de belotes les expressions"tu me fends le cœur",le prénom bien sur MARCEL avec tout ce que çà représente!!!!ce n'est pas mon fils MARIUS qui va me contredire dja!!!BISES

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  3. tu sais le schoupntz on l'a appris à l'école ainsi le château de ma mère et tous les autres livres de PAGNOL,on a bien rigolé,est ce que maintenant les jeunes s'y intéresseraient encore aujourd'hui?il fait lire parce que c'est la mémoire de notre monde les livres!!!si un jour il arrive un bug informatique que restera t il? bises dja toujours là pour défendre les valeurs!!!!

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  4. Il y avait aussi Giono avec "Regain" ,d'ailleurs je me demandais si aucune musique ,chanteur ,et compositeur avait pu raconter cette vie au rythme de la nature ,genre du blues provençale,un truc à creuser aah aah !

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  5. Excellent réalisateur: content de le voir cité sur ce blog. J'avais également apprécié le Schpountz, magnifiquement interprété par Fernandel

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    1. Je cogite depuis un bon moment un papier plus complet sur l’œuvre du bonhomme et son importance dans l'histoire du cinéma. Faut que je trouve l'angle.
      Hugo Spanky

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