lundi 26 septembre 2011

IMPaCT !


Sans savoir ce qui nous pousse, y a des moments dans la vie où les idées à la con se bousculent sous nos cranes. Parfois même qu'on est deux à avoir les mêmes.

Prenez Johnny Hallyday, ça à l'air de rien dit comme ça, pourtant ça peut mener loin. Je m'explique, le cas Jojo, on le sait, est une affaire qui dépasse l'entendement. Voilà quelque chose comme 50 ans qu'il rythme l'actualité de notre pays sans qu'on sache trop ce qu'on en a à foutre de sa dernière conquête, de ses états d'âme suicidaires, de ses convictions politiques et encore moins de sa vision de la musique. C'est déjà un miracle en soit qu'un gonze pareil ait tout ça en lui. Et c'est peut être ça le truc, notre pays a un besoin irrépressible de croire aux miracles.




Ok, je dois admettre qu'il a également gravé quelques-uns des meilleurs titres de rock jamais enregistré dans notre langue. C'est même là que mes soucis commencent. Voyez vous, comment se prétendre amateur de bonne musique sans disposer à porter de mains de choses aussi indispensables que La fille à qui je pense, Excuse moi partenaire, Retiens la nuit, Fils de personne, Hey Joe, Cheveux longs et idées courtes ou encore Je suis né dans la rue ?  


Et je peux en rajouter autant sans que quiconque d'un tant soit peu honnête ne trouve quoique ce soit à redire. Évidemment qu'investir pour autant dans l'intégrale du bonhomme peut sembler un chouïa exagéré, même pour quelqu'un d'aussi peu raisonnable que moi. Alors j'ai trouvé la solution : la série Impact! 8 volumes achetés à tarif intermarché quelque part vers la fin des 70's. Le meilleur de la crème, des débuts chez Philips, visage poupon et rictus arrogant jusqu'au moustachu flippant de Voyage au pays des vivants. Pensez-y, des albums de Johnny Hallyday écoutables du premier au dernier morceau sans qu'une poussée d'hémorroïdes ne vous fasse jaillir du canapé pour arracher le diamant de son nid de sillons. 
Bref, on était bien content avec madame de s'apercevoir que parmi nos nombreux disques communs figuraient aussi ceux là. 

On était tellement content qu'on n'a pas su se retenir de jouer la surenchère. Je lui en bouchais un coin en brandissant un Sylvie Vartan tout aussi Impact tandis qu'elle me rétorquait avec un Eddy Mitchell affichant crânement Société anonyme, Alice et Si tu n'étais pas mon frère. Puisqu'elle le prenait comme ça, je dégainais aussi sec, Henri Salvador, Brel, Elvis, Jerry Lee et Chuck Berry, elle égalisa à grands coups de Platters, James Brown et, plus vicieux, un Dario Moreno qui malgré mes sarcasmes a fini par devenir un incontournable du dimanche matin. On trouve de tout dans la série Impact ! C'est là que ça se complique.


Je vous le donne en mille, l'apéro aidant, on a conclu un pacte Impact, on allait se payer chaque volume de la série qui viendrait à croiser notre route. Pas vraiment une folie financière, vu que les bestioles se dénichent dans le moindre vide-grenier, la plus misérable brocante, le plus pouilleux des Emmaüs et que lorsqu'un vendeur tombe sur un amateur du genre, il le bichonne jusqu'à lui refiler tout le lot pour une paire d'euros symboliques, trop heureux de s'en débarrasser. 
C'est pas au porte monnaie que bon nombre des galettes estampillées Impact font le plus mal, vous l'aurez pigé, c'est aux esgourdes que ça frappe ce genre de méchancetés. Sur les nerfs qu'elles vous mettent. 




Dans un premier temps, on a frayé tête baissée, ne connaissant aucune limite, stockant à tout va Mike Brant, France Gall, Dalida et même un Claude François période où il était persuadé d'avoir signé chez Motown. Pire, on a trouvé moult qualités à tout ça et encore aujourd'hui je peux vous les défendre tous un par un.


Puis le doute s'est installé sournoisement au détour d'un Richard Anthony particulièrement ardu. Le temps des concessions était venu. Je tolérais un Nana Mouskouri tout en sirtaki mais bloquais bêtement sur un Rika Zaraï pourtant guère plus mauvais. Ma chérie connaissait désillusions et frustrations en remarquant l'absence de l'indémodable Quand je t'aime sur le volume consacré à Demis Roussos


Dans la foulée, Mort Shuman nous a plombé plus d'un Martini aux olives avant qu'Hervé Vilard ne fasse tourner au vinaigre un Corbière moins coriace que lui. La messe était dite, l'affaire entendue.

Notre entreprise prenait l'eau de toute part, pour un Michel Sardou à peu près correct, un Stone & Charden made in Normandie nous refilait l'envie de raser la région tout entière.


On en est là. Mais on n'a pas renoncé. Un Philippe Clay que je redoutais au plus haut point, vieux souvenirs de mon enfance traumatisée par ce physique de croque-mort qu'il trimballait dans les divertissements du samedi soir, s'est avéré de toute beauté. Du moins pour quiconque trouve de la beauté dans ce que je définirais comme un Boris Vian encanaillé du côté de Pigalle plutôt que de Saint germain des près, tout en gouaille populaire et affaire de coup de surins qu'il est notre Philippe Clay, un nuage bien noir sur une journée ensoleillée. Il y a Whisky, cigarettes et petites pépées dessus et ça, ça vous pose un homme. Perso, c'est le genre de chanson dont je n'ai pas encore trouvé de raison valable de me passer. 




Pas plus tard que le weekend dernier, on a laissé filer un C Jérome sans trop nourrir de remord mais on a raflé un Sacha Distel tout de swing vêtu, la bonne surprise du jour. 
Je guette le volume consacré à Leny Escudero et aussi le Yves Montand, un Jean Richard chante attise ma curiosité et je me demande à quoi peut bien ressembler un disque de Raymond Souplex. Ma chérie espère mettre le grappin sur Alain Barrière, Carlos, Maria Candido aussi.
Sinon, tout va bien. 

Hugo Spanky

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